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Il faut demander plus à l'impôt

et moins aux contribuables

 

Alphonse Allais

 

Outil fiscal

Les contributions incitatives sont des micro-taxes payées sur les activités polluantes. L'argent récolté permet aux plus démunies d'investir dans les transitions écologiques et énergétiques. 

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Un résumé de la pensée de l'auteur sur la crise écologique 
25 janvier 2011 2 25 /01 /janvier /2011 21:12

  IMPOT.jpg    Pendant longtemps, c'est à dire depuis 5 ans, en France, fiscalité verte fut, synonyme de taxe carbone. La presque totalité des sympathisants verts ou pro-Hulot ne juraient que par cette taxe. Et pourtant, moins d'un an après son abandon, plus personne n'en parle. Que s'est-il passé dans l'opinion?

 

Dès septembre 2007, dans un article intitulé Faut-il mettre en place la taxe carbone, j'avais prévu son abandon. On ne reviendra pas sur les raisons de ce renoncement, j'expliquais déja à l'époque ses faiblesses.

Ce qui m'intéresse ici, c'est les enseignements que l'on peut tirer de cet échec. J'en distingue deux, liés, à chaque fois, aux apparences trompeuses de la taxe carbone.

Ce qui séduisait dans la taxe carbone, c'était l'idée -géniale- de mettre en place une fiscalité basée sur un dégagement de gaz carbonique, c'est à dire sur les conséquences immédiates de l'action humaine.

La taxe carbone permettait à la fiscalité de s'affranchir des repères habituels de la fiscalité. Elle s'intéressait aux activités humaines et non uniquement aux classifications sociales et de revenus qui servent habituellement à catégoriser les différents contribuables. Mais, en limitant les activités humaines a un seul type de polluant, le législateur allait stigmatiser une activité particulière et s'interdire, de fait, d'intervenir sur d'autres problèmes préoccupants.  

 

Ce qui séduisait aussi dans la taxe carbone, c'était l'idée, tout aussi géniale, de mettre en place un impôt progressif qui permettrait aux acteurs économiques et sociaux de s'adapter progressivement, en anticipant sur l'augmentation de la taxation pour investir dans des activités moins polluantes.

Mais cette adaptation contraint les acteurs concernés à investir. Dés lors, les clivages se font jour entre ceux qui refusent, par avance, de le faire, puis entre ceux qui peuvent le faire et ceux qui, ne le pouvant pas, se trouvent piégés par une taxe qui contraint sans permettre d'évolution, sans offrir de portes de sortie.

Depuis la crise est passée par là, creusant les déficits, et limitant les capacités d'investissement. La taxe carbone est donc passée à la trappe.

Pour répondre à ces défauts, j'ai proposé deux modifications importantes à l'organisation d'une future fiscalité environnementale:

-d'abord, ne pas restreindre la multiplicité de nos problèmes à un seul indicateur : le dégagement de carbone. Je milite donc pour une multiplicité de petites taxation de préférence à une "grosse" taxe unique. 

Cela permettrait aussi davantage de souplesse et d'adaptation aux réalités de chaque défi que nous rencontrons : les enjeux de la mobilité des individus ne sont pas ceux du transport de marchandise, les difficultés de l'agriculture sont différentes de celle de l'industrie. Je propose donc de passer d'une taxe carbone unique à une multiplicité de contributions adaptés à chaque secteur économique.

-ensuite, il faut régler le problème des tensions autour du coût de cette taxe pour les acteurs, les tentatives de lobbying pour ne pas y être assujettis, en adoptant un principe simple : le produit d'une taxe environnementale est mis intégralement à la  disposition des acteurs qui la paie pour qu'ils puissent investir pour ne plus avoir à la payer. La fiscalité verte doit devenir un instrument d'investissement au service du développement durable. Elle doit se transformer en un outil de relance économique,  remplaçant l'outil traditionnel de relance qui était l'emprunt. Celui-ci a, en effet, montré avec la crise, ses limites. 

 

Ces principes, que j'ai posé dans mes écrits dès 2007, prennent la forme du concept de contributions incitatives.

 

  

Pour en savoir plus:

    fiscalité verte

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commentaires

P
<br /> Je comprends très bien vos craintes, et pense comme vous qu'il est préférable de ne pas jouer au "chamboule-tout" dans un pareil domaine. Mais il faut avoir du courage politique et dire haut et<br /> fort ce que l'on veut.<br /> <br /> L'économiste Christian de Perthuis, partisan de la taxe carbone, reconnaît que "les groupes de pression vont se déchaîner", mais dit aussi préférer une taxe imparfaite à rien du tout.<br /> Rappelons-nous que le principe "pollueur-payeur" a été adopté par l'OCDE en 1972. C'est bien le pollueur qui doit payer, et pas la collectivité par le biais de l'impôt.<br /> <br /> Je suis "pigouvien", parce que je sais que les chefs d'entreprise cherchent à fuir l'impôt, et qu'il leur faut avoir la baillonnette de l'Etat dans les reins pour avancer là où le veut l'intérêt<br /> général. Sans doute vaut-il mieux agir progressivement pour leur laisser le temps de s'adapter, ne serait-ce que parce que la France ne peut pas agir seule en la matière. Commençons par faire en<br /> sorte que la comptabilité de toutes les entreprises, de la plus grande à la plus petite, donne la mesure du poids de C0² mis en oeuvre pendant l'exercice, selon des méthodes normalisées, et<br /> qu'elles soient obligées de publier l'information : ce sera bon pour leur communication, et cela permettra de simuler la taxe verte qui viendra se greffer tôt ou tard dessus, en concertation avec<br /> nos partenaires économiques et sous le contrôle des électeurs. Le résultat sera beaucoup plus efficace, et rapidement obtenu, qu'en faisant confiance aux "coasiens" en poste à Bruxelles, qui<br /> réinventent une usine à gaz avec le marché des quotas : ça ne marche pas, et l'on voit bien, en voulant instituer en parralèle une "taxe carbone", que cela revient pratiquement à faire payer 2 fois<br /> le consommateur final tant les modalités en sont floues et arbitraires.<br /> <br /> Par ailleurs, je ne fais pas confiance à l'Etat pour décider de ce vers quoi il faut investir le produit de la taxe verte : les risques de dérive, de détournement, sont trop grands. Selon moi, il<br /> doit donner les objectifs, et laisser les entrepreneurs choisir le meilleur moyen de réduire leur empreinte écologique.<br /> <br /> <br />
Répondre
R
<br /> <br /> "pigouvien" "coasiens", est-on obligé de choisir entre ces deux alternatives? Les modèles économiques de ces auteurs ne sont que des<br /> modèles construits à un époque qui n'était pas la nôtre. <br /> <br /> <br /> Je suis d'accord avec vous : appliquer le marché des quotas est un marché de ... dupes!<br /> <br /> <br /> Mais je ne crois pas à la taxe carbone non plus : elle a déjà montré son inefficacité en n'étant pas mise en place<br /> en France. Et ses ancêtres scandinaves ont été installé dans un autre contexte culturel, dans une autre époque et sont davantage comparables à notre TIPP.<br /> <br /> <br /> ll faut innover et, pour cela, il faut laisser les acteurs économiques agir en toute liberté, tout en permettant<br /> aux Etats et aux pouvoirs publics de retrouver du pouvoir sur les choix écologiques : c'est l'esprit de mon système de contributions incitatives. Ne pas faire confiance aux Etats, mais alors quel<br /> pouvoir pourra réguler le système?  <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br />
P
<br /> Note pour M. COUTOULY<br /> <br /> Je partage vos objectifs. Dans mon esprit cependant, la taxe verte telle je la conçois aura vraisemblablement un tel effet dans les comptes des entreprises qu'elle génèrera un important surcoût qui<br /> ne pourra qu'aboutir à augmenter les prix de vente le long de la chaîne de production, facteur d'inflation. Au final, le consommateur ne pourra payer que si le taux de TVA est abaissé. Le produit<br /> de la taxe verte pourra bien entendu être utilisé par l'Etat dans le cadre de sa politique environnementale ou d'aménagement du territoire, mais le même résultat pourra être obtenu en amenant les<br /> entreprises à financer elles-mêmes les efforts à consentir pour diminuer leur empreinte écologique, simplement en jouant sur le prix de l'unité de pollution. Entre 15 €, 200 € (en Suède) et 700<br /> €(ancien prix payé par EDF aux produteurs privés) la tonne de CO², il y a de la marge, où les pouvoirs publics peuvent se mouvoir de façon discrétionnaire (en concertation cependant avec nos<br /> voisins).<br /> <br /> <br />
Répondre
R
<br /> <br /> Je viens de relire vos deux commentaires, je vous remercie de vos encouragements.<br /> <br /> <br /> Nous avons cependant un point de divergences : vous estimez que la taxation écologique doit être forte pour être dissuasive. Je ne suis pas d'accord : dans ce cas, comme on l'a vu pour la taxe<br /> carbone, des forces se conjugueront pour empêcher sa mise en place.<br /> <br /> <br /> C'est l'esprit du système démocratique qui veut cela. Je penche donc plutôt pour des taxes faibles, voir très faibles, mais dont le prix augmentera inexorablement. Ce qui sera incitatif, c'est<br /> l'utilisation de cet argent pour investir dans des démarches non-polluantes. <br /> <br /> <br /> Je veux donc renverser le paradigme habituel de la fiscalité verte qui veut que l'on va sanctionner le pollueur et que cela sera suffisant. <br /> <br /> <br /> <br />
P
<br /> Alors que l'on parle d'une importante réforme de notre code fiscal, il est urgent de s'aviser qu'une fiscalité environnementale est capable non seulement de répondre aux objectifs de clarification<br /> et de justice nécessaires, mais de satisfaire aux exigences du bon sens. "La maison brûle, et l'on ne fait rien !" ? Eh bien agissons, autrement qu'en affichant de bonnes intentions. Engène<br /> Schueller prônait déjà, en 1956, un "impôt sur l'énergie". Tout le monde est aujourd'hui d'accord avec cela, à condition de pas être concerné. Les multiples taxes environnementales qui existent<br /> sont largement inefficaces (23ème rapport du conseil des Impôts, 2005). La taxation du carbone par le biais du système des quotas européens revient à vendre un droit de polluer. Cela n'a pas de<br /> sens. Tournons le dos à Pigou, et suivons Coase en taxant les pollutions sans pitié pour les pollueurs : c'est le seul moyen de les rendre vertueux, et de les faire s'organiser en générant moins<br /> d'externalités négatives pour la collectivité. Faisons notre "Eco-révolution" (CJD - 21/05/2010), changeons de paradigme économique pour faire de l'écologie politique (Corinne Lepage.<br /> <br /> Ce n'est pas utopique : les ingénieurs et les comptables sont capables de dénombrer des quantités de polluants intégrés dans une chaîne de production. Que les pouvoirs publics en normalisent les<br /> méthodes de collecte et leur donne un prix ; cela sera valorisé dans les comptes de résultat des entreprises, pour alourdir leur coûts et servir de base à une taxation verte. La taxe verte peut<br /> frapper les équivalents-carbone, et tout ce que l'on voudra bien donner la peine d'inventorier pour un réduire l'impact (déchets, métaux lourds, etc). Le poids de cette taxe sera telle qu'elle en<br /> viendra à remplacer petit à petit la TVA, pour ne pas peser sur les prix. Le consommateur final se tournera évidemment vers le producteur le mieux disant. Celui qui pollue trop devra s'adapter, ou<br /> sera balayé par les plus économes : c'est une dynamique vertueuse qui s'enclanche. Il y aura des sinistres, des laissés pour compte, mais pouvons-nous nous permettre de les laisser faire ? Dans<br /> toute révolution, il y a des victimes, mais la collectivité montre à chacun la voie du salut. Ceux qui préfèreront continuer à polluer depuis ailleurs, verront leur produits pénalisés à l'entrée de<br /> notre marché. Cela nécessite, bien entendu,du courage politique,notemment vis à vis des lobbies, et une parfaite harmonisation au sein de l'UE. Mais les temps sont propices pour être entendus de<br /> nos partenaires.<br /> <br /> Rendons-nous compte que ces bouleversements sont en même temps une formidable opportunité pour nos entreprises et notre jeunesse, qui y trouveront la source d'une croissance nouvelle et d'un<br /> fructueux engagement citoyen : c'est ce que l'on peut appeler du développement véritablement durable, et c'est donner du corps à ce concept de RSE que l'ONU nous demande d'intégrer depuis plus d'un<br /> demi siècle !<br /> <br /> Il est heureux que nous puissions débattre publiquement de ces sujets par le biais de "blogs" comme celui-ci. Merci à son concepteur. Espérons qu'ils permettront de faire avancer les idées pour les<br /> rendre incontournables à nos édiles et à nos élus.<br /> <br /> <br />
Répondre
R
<br /> <br /> Tout à fait d'accord avec votre analyse.<br /> <br /> <br /> Ce que je défend, en prolongeant le principe du pollueur payeur, consiste à y associer deux modes d'actions complémentaires :<br /> <br /> <br /> -le produit payé par le pollueur doit être utilisé pou financer les investissements verts. Je ne crois donc pas à une taxe qui remplacerait les taxes existantes (TVA ou autre).<br /> <br /> <br /> -le pollueur payeur est finement ciblé, comme l'investissement recherché. On entraîne donc une dynamique dans chaque branche et chaque territoire pollué<br /> <br /> <br /> <br />