Depuis septembre 2007, je critique vertement la taxe carbone de Sarkozy.
Pourtant, il est probable qu'elle ne soit jamais appliquée, et cela pour trois raisons. La première tient à l'impopularité d'une nouvelle taxe. Quel gouvernement prendra ce risque politique?
La seconde tient à la difficulté de fixer une assiette à ce type de taxe. Le taux de CO2 est un indicateur chimique difficilement conciliable avec les contingences fiscales ou administratives. Il sera donc difficile de créer des taxes proportionnelles à la consommation de carbone.
Mais la dernière raison est sans doute la plus embarrassante : la taxe carbone est progressive pour pousser les consommateurs à changer leurs habitudes de vie. Mais cette taxe sanctionne de mauvaises habitudes sans donner aux personnes les moyens de changer. A quoi cela sert-il de sanctionner celui qui utilise son véhicule automobile si le réseau de transports en commun n'est pas à la hauteur ? A quoi bon sanctionner la surconsommation énergétique de logements mal isolés dont les propriétaires n'ont pas les moyens de financer l'isolation thermique? Pourquoi pénaliser le transporteur routier si il n'existe pas de système de ferroutage assez conséquents pour encourager les chefs d'entreprises à l'utiliser?
Et voilà! Cette taxe carbone subit un enterrement de première classe. Nous en connaissons les raisons : le concept de taxe carbone généralisée était une erreur dès le départ, un "machin" bureaucratique de plus, inadapté, sans souplesse, réactivité et adaptation aux réalités économiques et sociales qui ne pouvait que susciter que le rejet.
Pourtant d'autres solutions de fiscalité environnementale existent. Pour ma part, je défend depuis septembre 2007, le principe des contributions incitatives, plus légères et plus positives que la lourde taxe carbone.
Je l'ai défendu dans le cadre du Grenelle de l'Environnement, puis lors de la conférence des experts pour la mise en place de cette contribution, en vain. Il est fort dommage de ne pas avoir été entendu.
Souhaitons que les hommes de bonne volonté et le personnel politique s'emparent sans peur de cette question et ne la rejetent pas dans les oubliettes.
Car ce qui est à craindre, c'est ce que j'écrivais en septembre 2009:
Il y a une seule certitude : le brave écologiste, qui avait déjà bien du mal à défendre ses idées face au scepticisme ambiant se fera clouer le bec d'entrée : "ton truc, le réchauffement c'est une bonne excuse pour nous prendre encore des sous !"
Bravo, "LA taxe carbone" est devenue l'enterrement de première classe dont nous n'avons guère besoin alors que l'urgence menace !