Le sommet de Copenhague avance. Et un des débats les plus virulents porte sur le coût de la lutte contre le réchauffement. Combien cela va-t-il coûter? Et, qui va payer? On sait que cela va être très, très cher.
Dans le même temps, la crise financière mondiale continue. Après l'Islande et Dubaï, c'est le tour de la Grèce d'être en quasi-faillite. C'est un paradoxe intéressant : l'argent est devenu une ressource de plus en plus rare alors que les besoins financiers pour "sauver la planète" explosent.
Bien sûr, certains Cassandre nous expliquent qu'il suffit de faire marcher la planche à billet "comme les américains entre 1942 et 1945" pour régler le problème. C'est oublier un peu vite que les Trente Glorieuses, avec ces taux de croissance à deux chiffres et son inflation, ont permis de résorber ces déficits rapidement. Mais, il est peu probable que une telle croissance se reproduise dans un monde où le manque de ressources risque de plomber tout redémarrage de la croissance.
Dans le même temps, les sceptiques du réchauffement, mais aussi les gouvernements en place, utilisent l'arguments de la perte de croissance pour justifier une limitation de leurs efforts : les pays pauvres ont besoin de toutes leurs ressources pour financer leur développement, les pays riches ne veulent pas trop dépenser pour lutter contre le changement climatique car cela limiterait leur croissance, etc...
Ces justifications ne résistent pas à l'analyse : d'abord, parce que actuellement, et depuis 30 ans, la croissance est atone partout (sauf dans les pays émergents), le système actuel ne permet donc pas une "vraie" croissance. d'autre part, les historiens qui se sont penchés sur les pays qui ont connu des révolutions économiques entraînant une forte croissance économique sont unanimes : une croissance forte suppose une révolution industrielle, économique et culturelle(on dirait aujourd'hui systémique).
Prétendre ne pas s'engager, sous prétexte de préserver une croissance qui n'existe plus est donc un argument bidon. La réalité est que la seule possibilité de croissance qui existe aujourd'hui est celle de la révolution systémique écologique. Dans vingt ans, il y a aura des pays gagnants et en croissance économique, c'est ceux qui auront construit une économie dynamisée par la généralisation des énergies renouvelables, de la généralisation de l'usage des matériaux recyclables, d'une société qui aura construit un cercle vertueux autour de la durabilité. Et puis, il y a aura les autres, qui n'arriveront plus à combler leurs retards, continuant à dépendre de sources énergétiques et de ressources de plus en plus rares et coûteuses, payant au tarif fort leurs négligences passées.
Déclencher ce cercle vertueux d'une croissance écologique représente bien la seule solution. Mais comment amorcer le processus? Où trouver les capitaux pour cela dans un monde où l'argent se raréfie? Il n'y a qu'une solution: utiliser l'argent des activités carbonées et polluantes pour investir dans les activités décarbonées et durables. C'est le principe des contributions incitatives.