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Twitter : @Rcoutouly

Il faut demander plus à l'impôt

et moins aux contribuables

 

Alphonse Allais

 

Outil fiscal

Les contributions incitatives sont des micro-taxes payées sur les activités polluantes. L'argent récolté permet aux plus démunies d'investir dans les transitions écologiques et énergétiques. 

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Un résumé de la pensée de l'auteur sur la crise écologique 
19 octobre 2012 5 19 /10 /octobre /2012 06:50

 

isolants.jpg

La publication de mon article intitulé Comment favoriser l'utilisation d'isolants écologiques en relançant l'économie française? a donné lieu à des commentaires très intéressants que je publie (1) in extenso à la fin de cet article.

Cela mérite quelques points d'analyse et de précisions.

Tout d'abord, il s'agit d'une réaction classique d'industriels qui vivent toute réforme réglementaire ou fiscale comme une attaque contre leurs démarches économiques.  C'est classique dans une culture française qui favorise  la défiance généralisée, particulièrement entre l'Etat et les entreprises.

Cela démontre aussi que le système de normes industrielles, très développé en France, induit des pesanteurs conservatrices qui ne favorisent pas notre économie  (Les limites du système de normes énergétique dans le bâtiment).

Bien entendu, aucun isolant ne peut prétendre "économiser plus d'énergie qu'elles n'en nécessitent pour leur fabrication". La fabrication, le transport, la commercialisation et le recyclage d'un produit isolant nécessitent toujours de l'énergie, l'ensemble de cette énergie formant ce qu'on appelle l'énergie grise d'un produit. 

On doit aussi tenir compte des émissions de gaz à effets de serre, émissions qui sont souvent négatives pour certains isolants  dits "naturels", puisqu'ils contiennent des matériaux riches en carbone. Ces matériaux vont être stockés dans le bâtiment tout le long de la durée de vie de l'isolant, constituant un "puits de carbone".

D'une manière générale, pour la majorité des produits, les isolants "naturels" utilisent moins d'énergie grise et émettent moins de gaz à effet de serre.

La base INIES est très difficile d'accès pour le citoyen car elle est constituée de centaines de fiches techniques (une par produit), réalisées par les constructeurs eux-mêmes. Elle ne permet pas des comparaisons faciles (2).

D'une manière générale, construire une différenciation fiscale autour d'une logique de normes serait catastrophique: elle serait illisible pour le consommateur et donnerait lieu à une coûteuse guerre de tranchées entre constructeurs qui serait préjudiciable à l'économie française du secteur.

Le système fiscal que je propose est différent et vise, d'abord, à favoriser les entreprises françaises. 

La différenciation fiscale des deux taux de TVA se fait sur une base simple: votre produit est-il constitué à partir de matériaux complètement renouvelable? Si la réponse est affirmative, vous bénéficiez du taux de TVA le plus bas.

Si on raisonne à long terme, cette mesure favorise l'industrie française car cela va la pousser à choisir des matériaux renouvelables, qui resteront toujours disponibles, et à s'éloigner de matériaux issus du sous-sol qui sont, par définition, non renouvelables. L'accès à ces derniers sera, en effet, de plus en plus difficile et coûteux.

De plus, le différentiel entre les deux taux va dégager des ressources financières qui vont permettre aux entreprises françaises d'investir dans des processus de production d'isolants, basé sur des matériaux renouvelables.

Ainsi, le faible différentiel de taux de TVA ne porte pas préjudice aux entreprises françaises du secteur, l'écart étant faible au début. La progression du différentiel étant prévue et connue, les industriels pourront anticiper en connaissance de cause, les évolutions prévisibles du secteur.

Ils auront aussi la possibilité d'utiliser les financements publics pour investir dans des procédés techniques à base de matériaux renouvelables. Cet argent proviendra justement de la contribution issue du différentiel entre les deux taux de TVA.

Conclusion: la réaction de défiance des industriels provient d'un réflexe de défense compréhensible mais injustifié. Le système de contribution incitative  a été imaginé certes pour favoriser les bonnes pratiques environnementales mais il a été aussi construit pour favoriser les entreprises et le maintien de l'emploi   en France et en Europe.

 

 

 

 

 

(1)    

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"Je me permets de prendre contact avec vous à propos de votre article intitulé "Comment favoriser l'utilisation d'isolants écologiques en relançant l'économie français ?" Je travaille pour le FILMM, Syndicat National des Fabricants d'Isolants en Laines Minérales Manufacturées. Des informations au sein de votre article sont erronées et portent préjudice à la filière des laines minérales de verre et de roche. A titre d'information, je souhaite vous préciser que les laines minérales font parties des produits qui ont réalisé des Analyses de Cycle de Vie (ACV) depuis longtemps et publié leurs FDES sur la base INIES (www.inies.fr). Pour mesurer l'impact environnemental d'un produit isolant, il faut prendre en compte l'intégralité du cycle de vie de ce produit, depuis l'extraction des matières premières jusqu'à la fin de vie (démolition par exemple). Les laines minérales de verre et de roche, utilisées pour le bâtiment, permettent d’économiser plus d’énergie qu'elles n'en nécessitent pour sa fabrication, transport et élimination, ce qui a pour conséquence une réduction sensible des émissions de CO2, gaz à effet de serre des bâtiments.

La seule base de comparaison possible pour le bilan environnemental des produits est l’analyse des FDES publiées.

Il est en effet important de comparer des valeurs pour des produits ayant la même performance thermique et adaptés à la même application (c'est-à-dire même unité fonctionnelle). Les valeurs en m3 n’ont donc pas de sens et défavorisent les produits très performants comme les laines minérales.

Pour information, les usines de fabrication des adhérents du FILMM sont toutes situées sur le territoire français.

Je vous remercie pour l'attention que vous porterez à ces informations.
Bien cordialement,
Mélanie Lecardonnel. Agence DM&A."

 

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"Les laines minérales font parties des produits qui ont réalisé des Analyses de Cycle de Vie (ACV) depuis longtemps et publié leurs FDES sur la base INIES (consultables sur www.inies.fr). Les laines minérales de verre et de roche, utilisées pour le bâtiment, permettent d'économiser plus d'énergie qu'elles n'en nécessitent pour sa fabrication, transport et élimination, ce qui a pour conséquence une réduction sensible des émissions de CO2, gaz à effet de serre des bâtiments. La seule base de comparaison possible pour le bilan environnemental des produits est l'analyse des FDES publiées. Il est en effet important de comparer des valeurs pour des produits ayant la même performance thermique et adaptés à la même application (c'est-à-dire même unité fonctionnelle). 

 

Pour information, il existe 7 usines de fabrication de laines minérales sur le territoire français...

Estelle Mouton"

(2)  Par exemple, la fiche technique de l'Alphalene 50 90 mn d'Isover fait 31 pages et nécessite, pour sa lecture,  les compétences  d'un technicien du bâtiment.

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commentaires

P
Quelques petites erreurs qui ne changent rien au résultat<br /> <br /> Erreur d'unité : λ de 0,04W/mK au lieu de 0,04m2K/W<br /> Erreur d'arrondi : Conductance mur non isolé 0,86 au lieu de 0,8 W/m2K<br /> Erreur d'arrondi : Conductance mur isolé 0,27 au lieu de 0,2 W/m2K
Répondre
P
La physique a des règles intangibles. Ne pas les respecter c’est se fourvoyer à coup sûr comme précisé dans mon article « Connaissance et conception » à l’adresse<br /> http://www.passivact.com/Infos/InfosConcepts/files/ConnaissancesEtConception.html. Votre raisonnement part d’une erreur fondamentale.<br /> <br /> La recherche de l’énergie grise nécessaire à l’utilisation d’un isolant pendant son cycle de vie permet de conclure que les moins bons isolants de ce point de vue, la laine de verre dont la densité<br /> est de 100kg/m3, nécessitent moins de 1500kWh/m3. L’énergie nécessaire est donc de 15kWh/m2 par cm d’épaisseur au maximum soit 150kWh/m2 pour une épaisseur de 10cm qui est une épaisseur couramment<br /> utilisée actuellement. Ces informations sont accessibles sur des sites très orientés écologie qui ne peuvent pas être taxés d’abonder dans le sens des industriels.<br /> <br /> Quelle est alors l’énergie de fonctionnement que permet d’économiser cette isolation dans nos constructions en prenant en compte cette épaisseur e de 10cm = 0,1m et une conductivité standard<br /> d’isolation λ de 0,04m2K/W ?<br /> <br /> Un mur en bloc creux de béton de 20cm enduits 2 faces, sans isolation, type années 1970, à une conductance minimale de 0,8W/m2K. Il perd 0,8Wh/m2 chaque fois que la température extérieure est<br /> inférieure de 1K (ou 1°C) à la température intérieure.<br /> <br /> Celle de ce même mur, isolé avec 10cm d’isolant a une conductance inférieure à 0,2W/m2K. Il perd plus que 0,2Wh/m2 dans les mêmes conditions.<br /> <br /> La différence est donc d’un minimum de 0,6W/m2K<br /> <br /> Pour connaître l’énergie économisée, il suffit de connaître les degrés heure nécessaire pour maintenir une température confortable du côté intérieur alors que l’extérieur est soumis aux aléas du<br /> climat. Le résultat varie en fonction de la température intérieure jugée confortable et du climat extérieur. Le calcul suivant la méthode des maisons passives du Passihaus institut avec une<br /> température intérieure de 20°C et un climat Parisien donne une économie de 0,6W/m2K*66kKh/an soit environ 40kWh/m2/an.<br /> <br /> En 4 ans l’énergie économisée par cet isolant est donc de 40kWh/m2/an*4ans soit 160kWh/m2 ce qui peut être considéré équivalent à l’énergie grise nécessaire pour son cycle de vie.<br /> <br /> En 40 ans l’isolant économise 10 fois l’énergie grise qui a été nécessaire à son cycle de vie, de l’extraction des produits nécessaires à sa fabrication jusqu’à sa destruction.<br /> <br /> Ce raisonnement n’est pas une quelconque croyance mais un fait basé sur la seule loi qui compte, celle de la physique. La conclusion est qu’un isolant, quel qu’il soit, permet d’économier plus<br /> d’énergie qu’il n’en nécessite pour sa fabrication<br /> <br /> Votre raisonnement sur les isolants est donc fondé sur une erreur et n’a donc aucune validité. Il est par contre vrai avec les matériaux de structure. Ce n’est pas pour autant qu’il ne vaut pas<br /> mieux utiliser des isolants nettement moins polluants dont l’énergie grise peut être divisée par 10 par rapport à la laine de verre. Au lieu de continuer à fabriquer des isolants polluants, les<br /> industriels devraient aller dans le sens du vent, celui de la production industrielle d’isolant écologique. C’est à cette seule condition que leur prix pourra réellement baisser. Les contributions<br /> incitatives du type bonus malus ou tarifs progressifs devraient aller dans ce sens pour être règlement efficaces au moins dans le cas des isolants.
Répondre
R
<br /> <br /> "Votre raisonnement sur les isolants est donc fondé sur une erreur et n’a donc aucune validité".<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Je pense au contraire que nous sommes ... d'accord !  Bien entendu, la qualité de l'isolant et la volonté d'aller vers<br /> le passif sont aussi mes priorités.<br /> <br /> <br /> Mais chercher des isolants moins polluants répond à d'autres objectifs écologiques qui ne sont pas uniquement la réduction<br /> des émissions de gaz à effet de serre: limiter notre dépendance à des matériaux du sous-sol et constituer des puits de carbone par exemple.<br /> <br /> <br /> <br />