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Twitter : @Rcoutouly

Il faut demander plus à l'impôt

et moins aux contribuables

 

Alphonse Allais

 

Outil fiscal

Les contributions incitatives sont des micro-taxes payées sur les activités polluantes. L'argent récolté permet aux plus démunies d'investir dans les transitions écologiques et énergétiques. 

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Un résumé de la pensée de l'auteur sur la crise écologique 
16 août 2012 4 16 /08 /août /2012 08:03

taxation-carbone.jpg

 

Les défenseurs de l'écologie politique sont les seuls à avoir une vision lucide de l'évolution de notre planète, les seuls à avoir compris que la croissance ne reviendra plus et qu'il faut inventer un autre monde. Pourtant, quand il s'agit d'inventer des solutions pour changer ce monde, celles qu'ils proposent se révèlent souvent consternant.

J'en veux pour preuve, la proposition suivante, entendu hier dans un documentaire, formulé par un expert dont je n'ai pu noter le nom: "le problème du réchauffement climatique sera réglé lorsque les retraités américains auront compris qu'ils pourront financer leur retraite en taxant le pétrole".

 

Arrêtons-nous quelques instants sur cette proposition. Bien entendu, il est inutile de croire que le problème serait seulement américain : les pays émergents qui poussent au développement vont continuer même si le retraité américain devient subitement écologiste !

Mais ce qui est plus grave, c'est d'oublier que c'est justement le retraité américain qui achète le pétrole ! Ce qui est plus grave, c'est aussi de vouloir faire dépendre nos droits à la retraite d'une ressource aussi fragile que le pétrole. Quand il n'y en aura plus, comment allons-nous financer nos retraites?

Les "experts de l'écologie" jouent aux apprentis sorciers. Concentrés sur le problème du réchauffement climatique, ils oublient d'autres composantes de la stabilité sociale, établies par l'histoire des sociétés. Ils sont prêts à les détruire pour que leurs  idées triomphent.

Il faut le dire haut et fort : l'idée de taxer les émissions de carbone pour payer une partie de nos "charges" sociales et de nos impôts est une très mauvaise idée. Elle est séduisante car elle donne l'illusion qu'on va tout régler d'un seul coup, mais elle est inapplicable, dangereuse et inefficace.

Inapplicable car cela sera une véritable usine à gaz : quelle proportion de "charges sociales" sera payée par la taxation carbone? Quelles négociations pour faire accepter ces impôts nouveaux aux plus démunies? Comment vont réagir les entreprises pénalisées par un impôt nouveau?

Dangereuse car nous allons faire dépendre notre contrat social, celui qui finance nos retraites, notre assurance-maladie, nos assurances-chômage de ressources non renouvelables et en cours de disparition. C'est détruire notre contrat social et le faire reposer sur du sable.

Inefficace car cette taxation carbone ne va pas répondre à la seule question qui vaille : comment ne plus dépendre d'énergies fossiles, de plus en plus coûteuses et rares? 

En réalité, s'il doit y avoir une fiscalité environnementale qui augmente le coût des émissions de carbone et des énergies non renouvelables, alors le produit de cette fiscalité doit avoir une seule destination: financer les investissements considérables dont nous allons avoir besoin pour sortir de notre dépendance aux hydrocarbures et au charbon.

En d'autres termes, le produit de cette fiscalité carbone doit revenir à ceux qui l'ont payé pour qu'ils puissent se donner les moyens de ne plus la payer !

Retournons la formule et formulons-la ainsi : "le problème du réchauffement climatique sera réglé lorsque les particuliers et les entreprises auront compris qu'ils pourront échapper aux énergies fossiles en les taxant pour financer les moyens de s'y soustraire".  

Conclusion: Echapper à notre dépendance aux énergies fossiles et polluantes est possible avec davantage d'efficacité énergétique des nouveaux équipements, de sobriété des consommateurs, avec le recours croissant aux énergies renouvelables, mais cela a un coût. Dans nos sociétés endettées, le seul moyen de financer cette transition, c'est le recours à une fiscalité environnementale qui soit au service de l'investissement écologique.

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