Pour comprendre le fonctionnement des contributions incitatives, voilà les trois principes clés qui permettent de comprendre comment cela marche.
Il faut demander plus à l'impôt
et moins aux contribuables
Alphonse Allais
Les contributions incitatives sont des micro-taxes payées sur les activités polluantes. L'argent récolté permet aux plus démunies d'investir dans les transitions écologiques et énergétiques.
Pour comprendre le fonctionnement des contributions incitatives, voilà les trois principes clés qui permettent de comprendre comment cela marche.
« Cela réglerait d’un seul coup l’ensemble des problèmes d’équité fiscale qui pourraient se poser à l’intérieur des pays européens », commente-t-il dans un entretien aux Echos. Cette proposition est portée par la Suède, qui entend la soumettre prochainement à ses partenaires européens.
Mais comment croire qu'un consensus serait trouvé rapidement : pour se mettre d'accord, c'est encore 6 mois à 24 mois de perdus!!
C'est un des problèmes posés par la mise en place d'une fiscalité environnementale pertinente : sa capacité à exister est inversement proportionnelle aux nombres des acteurs impliqués. Il semble donc beaucoup plus judicieux de créer des taxations s'appliquant sur des catégories précises, qui l'accepterait car ils seraient bénéficiaires de dispositifs incitatifs alléchants.
Cette démarche éviterait une taxation collectif déresponsabilisante dont chacun chercherait à s'extirper ou à frauder pour y échapper. Bref, c'est faire le pari de l'intelligence et d'un individualisme d'acteurs pleinement responsables, d'un "individualisme altruiste" assumant leurs choix en toute connaissance de cause.
C'est un des fondements des contributions incitatives, fidèle à son premier commandement : Tu ne choisiras pas une taxation uniforme pour tous.
Cette démarche fait preuve de souplesse et d'adaptabilité plus grande qu'une taxe uniforme et automatique. Elle respecte davantage la liberté et la prise d'initatives.
Des exemples ? La démarche mise en place sur le photovoltaïque ou sur les automobiles neuves vont dans ce sens.
Mais on pourra multiplier les exemples qui prouvent que des contributions spécifiques seront immédiatement efficaces et se mettront en place avec beaucoup moins de résistances qu'une taxation unique qui concentre toutes les résistances comme on le voit aujourd'hui.
1-Tu ne choisiras pas une taxation uniforme pour tous
2-Tu adapteras la fiscalité à chaque communauté, chaque groupe ayant des intérêts communs
3-Tu construiras cette fiscalité en concertation avec les acteurs concernés
4-Tu utiliseras les profits de cette fiscalité pour investir dans l'économie verte sans les incorporer au budget de l'Etat
5-Tu donneras les profits de cette fiscalité aux acteurs investissant dans l'économie verte du même
groupe qui y ont cotisé
6-Tu équilibreras les profits et les dépenses d'investissement pour ne pas alourdir la dette publique
7-Tu consacreras une partie de cette investissement pour aider la recherche dans le secteur concerné
8-Tu consacreras une partie de cette investissement pour aider les catégories sociales défavorisées
9-Lentement et petitement tu commenceras mais inexorablement ta taxation augmentera
10-Positivement tu proposeras chaque acteur tu respecteras
Le sommet de Copenhague avance. Et un des débats les plus virulents porte sur le coût de la lutte contre le réchauffement. Combien cela va-t-il coûter? Et, qui va payer? On sait que cela va être très, très cher.
Dans le même temps, la crise financière mondiale continue. Après l'Islande et Dubaï, c'est le tour de la Grèce d'être en quasi-faillite. C'est un paradoxe intéressant : l'argent est devenu une ressource de plus en plus rare alors que les besoins financiers pour "sauver la planète" explosent.
Bien sûr, certains Cassandre nous expliquent qu'il suffit de faire marcher la planche à billet "comme les américains entre 1942 et 1945" pour régler le problème. C'est oublier un peu vite que les Trente Glorieuses, avec ces taux de croissance à deux chiffres et son inflation, ont permis de résorber ces déficits rapidement. Mais, il est peu probable que une telle croissance se reproduise dans un monde où le manque de ressources risque de plomber tout redémarrage de la croissance.
Dans le même temps, les sceptiques du réchauffement, mais aussi les gouvernements en place, utilisent l'arguments de la perte de croissance pour justifier une limitation de leurs efforts : les pays pauvres ont besoin de toutes leurs ressources pour financer leur développement, les pays riches ne veulent pas trop dépenser pour lutter contre le changement climatique car cela limiterait leur croissance, etc...
Ces justifications ne résistent pas à l'analyse : d'abord, parce que actuellement, et depuis 30 ans, la croissance est atone partout (sauf dans les pays émergents), le système actuel ne permet donc pas une "vraie" croissance. d'autre part, les historiens qui se sont penchés sur les pays qui ont connu des révolutions économiques entraînant une forte croissance économique sont unanimes : une croissance forte suppose une révolution industrielle, économique et culturelle(on dirait aujourd'hui systémique).
Prétendre ne pas s'engager, sous prétexte de préserver une croissance qui n'existe plus est donc un argument bidon. La réalité est que la seule possibilité de croissance qui existe aujourd'hui est celle de la révolution systémique écologique. Dans vingt ans, il y a aura des pays gagnants et en croissance économique, c'est ceux qui auront construit une économie dynamisée par la généralisation des énergies renouvelables, de la généralisation de l'usage des matériaux recyclables, d'une société qui aura construit un cercle vertueux autour de la durabilité. Et puis, il y a aura les autres, qui n'arriveront plus à combler leurs retards, continuant à dépendre de sources énergétiques et de ressources de plus en plus rares et coûteuses, payant au tarif fort leurs négligences passées.
Déclencher ce cercle vertueux d'une croissance écologique représente bien la seule solution. Mais comment amorcer le processus? Où trouver les capitaux pour cela dans un monde où l'argent se raréfie? Il n'y a qu'une solution: utiliser l'argent des activités carbonées et polluantes pour investir dans les activités décarbonées et durables. C'est le principe des contributions incitatives.
Et si il y avait une autre manière de faire la taxe carbone? Les contributions incitatives représente la solution alternative à une taxe carbone dont ne veulent pas la majorité des français . Plus lisible, beaucoup plus efficace, outillé pour être juste socialement et pour dynamiser l'économie verte, les contributions incitatives se révèlent la deuxième génération de fiscalité écologique qui, avant même son application, rend obsolète la taxe carbone.
Les contributions incitatives, comment cela marche?
une fiscalité écologique plus lisible: la contribution incitative est payée par un groupe particulier, c'est ce groupe, cette communauté d'intérêts qui en bénéficie.
Exemple: la taxe carbone payée par les transporteurs routiers sur le gasoil devient une contribution incitative dont les bénéfices reviennent à la communauté des entreprises de transports. Il en est de même pour la communauté des automobilistes, celle des propriétaires de logements, etc...
Une fiscalité plus efficace: les recettes de la contribution incitative servent principalement à investir dans une économie p écologiquement plus responsable.
Exemple: dans le transport routier, les recettes de la contribution servent à développer le ferroutage et à investir dans des camions hybrides.
Une fiscalité plus juste socialement: une partie de ces recettes (5 à 10%) est redistribuée aux populations pauvres sous la forme d'actions et d'obligations vertes, bloqués sur 5 à 10 ans et produisant des intérêts. Ainsi, la justice sociale contribue au développement d'une économie verte.
Une fiscalité qui dynamise l'économie. L'intégralité des recettes de chaque contribution est réinvestie chaque année dans l'économie verte, les subventions et aides octroyés évoluent en fonction des recettes, elles sont établis en concertation avec les membres de la communauté concernée. Une petite partie est utilisée pour financer des projets de recherche. Contribuant à la relance économique, cette fiscalité peut se permettre de commencer assez bas (10 euros la tonne de carbone) dans la mesure où son évolution sera strictement déterminée (de l'ordre de 3 à 4 euros par an).
Conclusion : les contributions incitatives respectent le principe posé par Nicolas Sarkozy : toute fiscalité supplémentaire ne doit pas peser sur les ménages et les entreprises.
Contrairement à la monolithique taxe carbone, les contributions incitatives plurielles et souples représentent l'avenir et le dynamisme.
Les contributions incitatives fonctionnent sur le même principe que la contribution climat-énergie mais avec trois différences fondamentales :
1-La presque totalité de l'argent récolté est utilisée pour investir dans le développement durable. En effet, ce qui est important dans ce nouveau système fiscal dont nous avons besoin, ce n'est pas de punir le pollueur ou de culpabiliser le méchant automobiliste qui prend sa bagnole. Cette démarche de père fouettard est inefficace auprès du bon peuple qui ne comprend pas pourquoi ce qui a été bien hier, et pratiqué par ses parents et par tout le monde, deviendrait mauvais.
Ce qui est important, c'est de montrer le positif, de récompenser celui qui va vers le développement durable, qui investit dans le renouvelable, dans les économies, dans une attitude plus responsable. "Si tu fais cela, on te donne de l'argent". Et, quand c'est mis en place, cela marche ! Regardez ce qui fonctionne dans le développement durable depuis le Grenelle de l'Environnement ? Les tarifs très favorables lors de l'installation de panneaux photovoltaïques et, même si on peut émettre des réserves, le bonus-malus dans l'automobile.
2-Ne pas envisager une taxe unique, censé tout englober, résoudre tout, être la solution qui s'applique à tous. Imaginer des contributions différentes, multiples, qui s'appliquent à chaque situation et, pour lequel, chacun verra son intérêt. Imaginer des communautés d'intérêts autour d'une contribution.
Cela évitera déjà la course à l'échalote pour échapper à la taxe carbone. Et puis, une contribution unique est une usine à gaz, ici, chacun trouvera de l'utilité à posséder un système contributif qui permettra à sa communauté d'avancer vers une économie plus durable.
Qu'est ce qu'une communauté d'intérêt? Cela peut être une corporation professionnelle, ayant les mêmes préoccupations et les mêmes intérêts, Les pêcheurs, les camionneurs, le transport aérien par exemple. Cela peut être aussi un groupe sociologique (les ruraux, les automobilistes). Chacun de ses groupes a les mêmes problèmes, il émet du carbone en quantité importante, il est confronté, à plus ou moins long terme, à la raréfaction du combustible (hydrocarbure) qui permet son activité. Laissons chaque groupe trouver ses solutions particulières ! Acceptons la diversité et la singularité de chacune de ses communautés !
3-LA taxe carbone repose sur une ambiguïté fondamentale : pour réduire vos émissions de carbone, nous allons vous faire mal tout de suite pour que vous changiez rapidement (le temps presse et c'est vrai !). Donc, si on veut faire changer rapidement, il faut aller fort. Donc, faire mal et donc être impopulaire. Mais la cause environnementale a aussi besoin de convaincre. Mais comment convaincre en frappant fort? Peut-on être populaire si on cogne ? Ce paradoxe est crucial pour l'écologie. La solution passe par la récompense plutôt que par la punition. Il faut donc donner de l'argent à celui qui veut investir et surtout prélever des sommes petites, qui augmenteront de manière très progressive.
Résumons LES contributions incitatives, ce n'est pas LA taxe carbone pour trois raisons:
-les contributions sont trés faibles et augmentent de manière très progressive
-l'argent est réinvesti quasi-exclusivement dans le développement durable, la réduction des émissions carbone particulièrement
-chaque communauté construit, dans son intérêt, le système contributif qui lui correspond le mieux.
Quelques exemples de contributions incitatives:
-sur le transport maritime
-pour l'électricité photovoltaïque
-pour le réseau TGV
Dans le débat sur la taxe carbone, On sait l'importance de la redistribution de l'argent récolté. Nicolas Sarkozy veut instaurer cette taxe à prélèvement constant. Suivant la proposition de Hansen dans une lettre à Obama, la fondation Hulot défend l'idée d'un chèque à chaque français. La commission Rocard sur la CCE penche plutôt pour un chèque pour les plus défavorisés.
Qu'en pensez?
D'abord, le chèque pour tous. Quel est l'intérêt écologique d'un chèque pour chaque ménage ? Il est pratiquement nul ! Le chèque est beaucoup trop faible pour que les ménages français investissent, par exemple, dans une voiture écologique. Il est donc plus probable que l'argent récolté serve à financer un voyage en avion ou à acheter des fringues venant tout droit de Chine. Pas terrible pour lutter contre l'effet de serre ! Pas terrible, non plus, pour responsabiliser nos concitoyens !
Ensuite, le chèque pour les plus défavorisés. Avec les difficultés des classes moyennes, il sera bien difficile de trouver un seuil. De plus, il aura toujours une partie de la population qui sera juste au-dessus et qui trouvera cela inacceptable. Et encore une fois, l'écologie politique sera impopulaire.
Mes propositions :
Utiliser comme seuil pour l'attribution de ce chèque, la position des français par rapport au logement, en distinguant les propriétaires des locataires. Les propriétaires de leur logement, qui pourront bénéficier des investissements consentis dans le cadre des contributions incitatives, n'auront pas de chèque vert. Les locataires, par contre, y auront droit.
Mais l'usage de ce chèque vert sera réglementé pour qu'il soit au service des politiques environnementales.
Trois possibilités :
-le bénéficiaire prévoit de devenir propriétaire. Les différents chèques sont mis de côté sur un compte spécial type Plan d'épargne logement. Les fonds sont utilisés, en attendant, en obligation pour investir dans l'économie verte.
-le bénéficiaire peut utiliser cet argent pour investir dans l'économie verte : actions et obligations.
-le bénéficiaire utilise cet argent pour investir dans la copropriété où il est locataire lors de l'installation de panneaux solaires ou d'éoliennes dans celle-ci. Ces deux possibilités permettent à ces populations défavorisés d'espérer un complément de revenus.
Comment serait financer ces chèques verts? Par un prélèvement sur les contributions que j'ai estimé à 5% ou 10%.
Au moins ainsi, on est sûr que l'argent sert réellement à faire avancer la lutte contre le réchauffement ! On ne peut pas prétendre qu'il y a urgence et laisser les énormes sommes récoltées se perdent dans des consommations inutiles et productrice de gaz à effets de serre !