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Twitter : @Rcoutouly

Il faut demander plus à l'impôt

et moins aux contribuables

 

Alphonse Allais

 

Outil fiscal

Les contributions incitatives sont des micro-taxes payées sur les activités polluantes. L'argent récolté permet aux plus démunies d'investir dans les transitions écologiques et énergétiques. 

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Un résumé de la pensée de l'auteur sur la crise écologique 
5 novembre 2011 6 05 /11 /novembre /2011 07:28

 

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Après cette folle semaine, où la situation grecque a focalisé l'attention, nous sommes tous dans l'attente d'un dénouement a une crise interminable et insupportable dans ce qu'elle révèle de la fragilité de nos sociétés démocratiques.

 

Toute la semaine, on a entendu les dirigeants européens et les experts nous dire qu'il fallait  faire ceci ou cela, pour retrouver ensuite "une situation normale", pour faire "revenir la croissance". Or, il est fort probable que cette crise mondiale, européenne et grecque continue, et pendant fort longtemps. Il est plausible de penser que la crise va durer et que nous ne retrouverons pas la croissance.

Pourquoi? Essentiellement parce que les "élites" qui nous gouvernent n'ont pas compris la nature des problèmes que nous rencontrons depuis 3 ans. Pour eux, il s'agit d'une crise économique classique qui a pris une ampleur inédite et qui a été aggravé par l'ampleur des déficits publics. Il suffit donc de régler les problèmes "techniques" que nous rencontrons pour reprendre le cours "normal" de l'histoire, le retour de la prospérité, de la croissance, d'une croissance mondialisée, élargie pour le bonheur des peuples.

Retrouver la croissance?

Le nez dans le guidon, nos experts et nos politiques considèrent  la croissance comme la situation normale de nos sociétés modernes et démocratiques. Pourtant l'Histoire nous enseigne que les situations de croissance économique sont davantage l'exception que la règle dans l'évolution des sociétés humaines. Ils sont obsédés par l'espérance de retrouver le Graal de la croissance, cette méthode quasi-magique qui a permis à l'Europe pendant 30 ans, et aux pays émergents depuis dix ans, de connaître croissance de plus de 5% et plein emploi.

Cette situation singulière n'arrive qu'une fois quand une conjonction de facteurs se trouve réunis: stabilité politique et sociale, économie fortement exportatrice, territoires disponibles pour permettre l'expansion territoriale des activités humaines.

Cette dernière condition est très importante car elle explique pourquoi la "grande" croissance n'a lieu qu'une seule fois: quand l'urbanisation a eu lieu, le phénomène ne peut se reproduire.

L'obsession de nos dirigeants à retrouver ce graal  explique leurs échecs renouvelées: on a cru, on croit encore que "la reprise" nous tend les bras, qu'il suffit de trouver les bons relais de croissance pour que tout redémarre comme avant: mais quel levier de croissance peut-on espèrer?

-une industrie novatrice dans de nouveaux domaines? Les pays émergents ont acquis suffisamment d'autonomie et de réactivité pour rapidement nous tailler des croupières

-l'émergence d'une société de la connaissance porteuse d'emplois et de richesses nouvelles? Le monde, l'Europe et la France voient le nombre de diplômés au chômage augmenter chaque année. Utile individuellement, le diplôme n'est pas suffisant pour créer l'emploi et la richesse.

-une nouvelle économie basée sur les services nouveaux à la personne? Utile, pour les personnes qui en ont besoin, ces services réclament de la richesse pour les financer mais ne vont pas en créer directement. 

Faut-il désespérer? Non, car il reste un secteur de gisement de développement d'emplois et de richesses, un seul, sur lequel nous pouvons retrouver une situation singulière, c'est celui d'une économie "verte" totale, qui renouvelle l'ensemble des fondamentaux de nos organisations sociales. Passer à une société pleinement "durable" nécessite des modifications importantes des réseaux, de la circulation des flux, de l'usage des ressources qui vont réclamer des équipements nouveaux porteurs de nouvelles richesses. Ce foisonnement d'initiatives et de bouleversements, ce découplage multifactoriel avec l'ancienne économie est le véritable espoir de demain. Il faut nous détourner de l'ancien monde et aller vers un monde nouveau.

Nous n'en sommes pas encore là car les déficits publics sont venus plomber durablement l'espoir de nous en sortir.

 

Le boulet des déficits:

L'origine des déficits publics et privés dans nos vieilles sociétés occidentales provient de la croyance de nos élites en la croissance. Souvenons-nous, il y a seulement 2 ans, le gouvernement actuel (mais il aurait pu s'agir d'un gouvernement de gauche) lançait le grand emprunt sous les applaudissements de l'ensemble des experts. Les mêmes élites nous bassinent aujourd'hui avec "le piège de la dette".

Le recours à l'emprunt par les Etats, les entreprises et les particuliers  a été vécu, il y a encore très peu de temps, comme un palliatif : "en attendant que cela aille mieux, pour se relancer", on emprunte. Avec l'idée que, plus tard, quand le soleil aura réapparu, on remboursera.

Nous n'avons rien remboursé car le soleil n'est pas revenu. Il n'est pas revenu car nous avons dépensé l'argent de la relance pour faire des choses qui n'ont rien amélioré, parce que nous avons utilisé cet argent pour des usages inutiles et désuets. 

Revenons à la Grèce : depuis 20 ans, elle a acheté avec l'aide de l'Europe des aéroports, des autoroutes, des voitures et du pétrole. En quoi ces achats ont-ils apportées un surplus de richesse et de puissance économique à la Grèce? Ils ont apporté aux Grecs du confort et les attributs de la richesse mais n'ont pas développé et modifié, de manière profonde, l'économie du pays. La croissance des biens n'est pas la croissance des moyens de produire de la richesse.

J'ai pris l'exemple de la Grèce mais il pourrait s'agir aussi bien de l'Espagne ou de la France. Nous avons eu tous les mêmes politiques et nous sommes tous dans le même piège. Le paroxysme grec s'explique par des dépenses militaires trop importantes, une culture  de la fuite fiscale et des politiques libérales de réduction des impôts qui ont plombé progressivement ce pays comme elles en ont aggravé la situation de bien d'autres. 

Il faudra sortir du piège de la dette comme il faudra sortir de l'ancienne économie. Mais avec quel argent? Puisque les systèmes classiques de l'emprunt public et les outils fiscaux traditionnels sont dépassés, il va falloir innover et inventer de nouveaux outils.

Il va falloir "découpler" la fiscalité de la fiscalité traditionnelle. Concevoir une fiscalité découplée du budget de l'Etat qui permette le financement des éco-innovations nécessaires à un autre développement, une fiscalité qui ne se perd pas dans l'océan de l'Etat mais qui, étroitement ciblée, exclusivement au service de la relance utile de l'économie, auto-régulé permette de favoriser et de financer la nouvelle économie verte dont nous avons besoin. Ces contributions incitatives nouvelles seront au service du découplage de l'économie et des sociétés avec l'ancien monde dont nous devons sortir.

Conclusion: la Grèce n'est pas l'enfant terrible de l'Europe, celui qu'il faut bannir, punir et réformer. La Grèce est membre à part entière de la grande famille européenne, elle appartient à notre histoire commune.

Ses maux et ses travers sont les nôtres. La famille européenne doit prendre conscience que notre maison commune est dépassée, inadaptée à l'évolution de son environnement. Il faut reconstruire nos lieux de vie, sortir de l'économie du pétrole, du consumérisme à outrance pour construire un foyer durable, où la culture et l'éducation servent au développement des personnes et non au seul développement économique. Cette construction nécessite la sortie de l'ancienne économie, de l'ancienne fiscalité pour un découplage, un nouvel horizon sociétale, économique et fiscale.

 


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22 octobre 2011 6 22 /10 /octobre /2011 07:23

 

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Depuis des mois, la crise grecque est l'épicentre d'un séisme économique dont les secousses ne semblent devoir ne jamais s'arrêter. Les pompiers des gouvernements et des instances internationales ne cessent d'aller d'un foyer à un autre. Mais chaque mois qui passe voit les brasiers d'incendies se multiplier. Et l'impuissance publique alimente la colère des peuples. Comment comprendre une crise rendue de plus en plus inquiétante par sa vigueur et par ses singularités?

 

Pour interpréter le désastre que nous vivons, nous pouvons en rester à une colère qui s'arrêterait à la désignation des coupables que sont les banquiers et les riches. On peut aussi prendre du recul et parler de "crise systémique". Mais l'usage de plus en plus fréquent de cette expression, par les experts et les élites, ne cache pas leurs difficultés à mettre un sens précis à cette formule et à l'embrasement interminable de nos économies. Tentons ici de fournir un cadre explicatif global à ce qui nous arrive.

Cette crise multiplient les singularités parce qu'il ne s'agit pas d'une crise unique mais de la superposition de crises différentes qui viennent se conjuger et s'alimenter mutuellement. Il est d'autant plus difficile d'analyser les événements que ceux-ci cachent parfois la véritable nature des tensions qui sont en train de travailler  nos sociétés.

Décryptage et énumérations.

La crise de la dette en Europe est la manifestation la plus brûlante de ce qui nous arrive. La majorité des pompiers européens dirigent leurs lances à incendies dans cette direction. Pourtant, le foyer ne cesse de s'étendre. Une raison simple à cela : ils n'ont pas compris la nature du problème qu'ils rencontrent. Toutes les économies des pays européens, depuis 30 ans, vivent un déficit et un ralentissement de croissance. Dans nos sociétés de consommation, ce rythme poussif semble inacceptable. On a donc essayé, en vain, de "réalimenter la pompe" par du déficit public. 30 ans de ce régime impuissant ont créé la méfiance des investisseurs. Dans les budgets, chaque prévision de croissance est surestimée. L'année suivante, chaque compte public confirme une dégradation de l'endettement. Les pompiers vident leur cuve et ce manque d'eau vient alimenter l'incendie.

L'impuissance politique a régler les problèmes en cours s'est étendue à toutes les puissances du XXéme siècle (Europe, Amérique du nord, Japon). Cette crise de la gouvernance trouve ses origines dans le mythe libéral du laisser-faire. Chaque Etat s'est débarrassé des armes à sa disposition pour réguler le fonctionnement de son pays. Les plus puissants et les plus rapaces se sont servis au passage, creusant les inégalités et alimentant la colère populaire. Pour continuer la métaphore de la catastrophe, nous avons des pompiers impuissants car dans les décennies précédentes, on a diminué leurs outils d'intervention.

Dans le même temps, l'ouverture des marchés a permis le développement de nombreux pays mais les "vieilles" puissances paient, par des déficits abyssales, la différence. Nos sociétés de consommation de masse deviennent dépendantes des importations de biens que nous sommes de moins en moins capables de produire nous même. La crise actuelle est la manifestation la plus visible d'une rupture historique qui signifie la fin de la puissance occidentale. L'Europe des dettes prouve que nous avons vendu les outils qui assuraient jadis notre puissance.  On ne peut que se féliciter d'avoir distribué généreusement au reste du monde les instruments de nos richesses. Mais aujourd'hui, le roi est nu et ne sait plus comment retrouver le bonheur qu'il a connu.

 

Cet élargissement des réjouissances à l'ensemble du monde a eu une autre conséquence. Il a accru le nombre d'invités au banquet consumériste de l'Humanité. Or, les ressources étant limitées, il ne semble plus y avoir assez de mets sur la table pour nourrir tous les convives. Bien entendu, habitués à faire bombances, les élites et les experts ont du mal à croire à cette rareté des biens. Ils cachent et se cachent la réalité d'un phénomène qui s'étend à toutes les ressources et à tous les richesses. Pourtant la rareté alimente la spéculation et l'inéluctable augmentation des prix. Cet inexorable phénomène n'en est qu'aux prémices. C'est le premier acte de la fin de la société de consommation où, à la table du festin, prendre et jeter paraissaient naturel, où chacun avait oublié l'exceptionnel de cette période d'abondance dans l'histoire de l'Humanité.

 

A ces quatre crises, il faut en ajouter une dernière, invisible et inconnue pour la presque totalité des observateurs. Si cette crise se révèle si discrète, c'est parce que nous la voyons se dérouler sous nos yeux chaque jour. A force de la voir tous les matins, nous ne percevons pas son importance et son inéluctabilité. De quoi s'agit-il? De la crise des espaces et des territoires. Depuis 50 ans, le développement de nos sociétés s'est appuyé sur l'urbanisation, l'artificialisation progressive des terres. Cet élargissement du territoire des hommes est inexorable : une terre goudronnée ou construite en béton ne redeviendra jamais "naturelle". Les besoins des hommes imposent cet élargissement qui ruine la biodiversité. Mais le problème n'est pas seulement écologique: en étendant son emprise, les hommes se sont privés de nouvel espace pour agrandir leur activité. Les zones les plus utiles ont été artificialisées depuis longtemps. Les prix  augmentent, les tensions aussi.

 

Parce que ces cinq crises se conjugent et sont inéluctables, nos problèmes actuels réclament d'autres politiques que celles que mènent nos élites. Il faut une vision globale et des actes forts, pensés sur une décennie, qui nous sortent des politiques traditionnelles de démocratie dont l'horizon s'arrête aux prochaines élections.

 

A ce constat des cinq crises, le lecteur serait tenté de dire : si cette analyse est exacte, il n'a rien à faire, autant continuer à profiter des miettes du festin avant notre fin. Rien ne serait plus faux que cette analyse: l'Histoire nous enseigne que les phases de prospérité suivent les phases de déclin, que l'innovation vient au secours de Nations en apparence fragiles qui en viennent à rebondir.

L'Europe a un atout essentiel aujourd'hui : la qualité de ses intelligences conjugée à la profondeur de son histoire. Cette sagesse la rend capable de voir bien plus loin que des jeunes nations ivres du nouveau bonheur du consumérisme. Nous en connaissons les limites et les imperfections.

Nous sommes les seuls à avoir la vision globale, à avoir atteint les limites de notre modèle économique. Ce discernement nous permet d'imaginer le monde durable de demain dont l'humanité va avoir un cuisant besoin.

Ce que l'on entend par Durable ici, ce n'est pas un mot à glisser dans un discours politique ou un concept à suggérer dans une campagne de publicité, c'est la (re)construction d'un monde où les avantages de la démocratie occidentale, le progrès scientifique et l'esprit d'entreprise se conjugent pour créer une société où les biens produits seraient durables et limitées, où la consommation des esprits prendrait le pas sur la consommation des ressources, une société de l'économie circulaire.

Il s'agit d'une utopie? Certes, mais les utopies d'hier sont les réalités d'aujourd'hui. L'espoir de l'avenir est le moteur des révolutions. Or, nous avons besoin d'une révolution des esprits et des méthodes qui sera à l'origine d'une dernière phase de croissance. La seule croissance possible devant nous, c'est celle qui peut faire naître l'économie durable dont nous avons besoin pour continuer  à préserver les atouts de nos sociétés démocratiques. Pour cela, il faut de nouveaux outils politiques, de l'imagination et de l'invention, de l'innovation politique. C'est l'objectif du site innovation politique/fiscalité environnementale. Au travail !

 

 

 

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1 octobre 2011 6 01 /10 /octobre /2011 06:26

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La très grande majorité des observateurs de l'énorme crise que nous vivons en direct, ont une analyse exclusivement financière : la crise est purement économique. Dans cet article, nous voulons expliquer que cette crise a d'autres origines : la crise puise ses racines dans une crise écologique mondiale, crise invisible encore car elle est en train de naître.

Pour  comprendre, usons d'une métaphore "automobile". Pour les observateurs, l'"automobile" de la croissance ne cesse de ralentir,  et chacun se dit que  ce ralentissement tient au passage d'une côte vraiment raide. Sitôt passé le col, la voiture pourra re-accélèrer.

En réalité, la voiture de la croissance ne cesse de ralentir car elle se déglingue de plus en plus, les pièces sont usées et encrassées. Cessons d'appuyer sur les pédales, soulevons le capot et  tentons de comprendre pourquoi notre véhicule se révèle obsolète.  

Cette relation entre crise économique et crise écologique est ignoré des analystes. Seuls les écologistes le suggèrent mais ils ont bien du mal à l'expliquer: Terraéco, par exemple, depuis deux mois, fait sa une sur cette double crise mais sans convaincre de ses liens.(*)

 

1-Une crise latente depuis des décennies:

Depuis des années, les puissances occidentales connaissent une croissance ralentie, une dette publique qui augmente, et un chômage de plus en plus lourd à porter. Si ces processus varient selon les pays, la tendance générale se retrouve partout, en Europe bien sûr, mais aussi aux Etats-Unis et au Japon. Toutes les différentes politiques choisies pour lutter contre ce phénomène ont échoué.  

La crise actuelle trouve ses origines dans les montages financiers des banques ayant servi à alimenter la spéculation immobilière. Elle a été suivie par une crise des dettes publiques.

Or ces deux processus concomitants ont suivi le même chemin: le gonflement des emprunts des Etats, des entreprises et des ménages.

Chacun s'est endetté. La croyance est largement partagée : demain sera meilleure, demain, on remboursera. Et investir aujourd'hui suffit à espérer en l'avenir. 

Or, l'avenir s'est progressivement bouché. Il s'est refermé car la rareté s'est progressivement imposée, dans tous les secteurs de nos vies et nos économies. Sans que nous nous en rendions compte, la rareté a fait grimpé les prix, accrue l'endettement de chacun, pour rembourser des sommes de plus en plus lourdes, sur des temps de plus en plus long.

La rareté? De quoi s'agit-il? L'accès, de moins en moins aisé, à des ressources qui ont nourries notre croissance lors des Trente Glorieuses, a progressivement grippé la croissance. 

Nous croyons que cette crise est une crise cyclique de plus.  Nous sommes dans la situation du futur cardiaque à la veille d'une thrombose . Il pense vivre un coup de fatigue de plus alors que ses artères sont complètement bouchées.

Notre crise est le fruit de nos excès passés comme la victime d'un infractus qui paie son hygiène de vie déplorable.


2-La rareté au coeur de la crise:

Quel rôle joue la rareté dans le processus de crise? Elle accroît la concurrence et donc augmente les prix. Elle est partout, dans tous les processus de la vie économique. Progressivement, depuis des décennies, l'offre de ressources augmente moins vite que la demande sans cesse croissante. Les prix montent et les différents acteurs économiques s'endettent pour s'adapter à cette évolution.

La concurrence pour l'accès aux ressources minérales  issues du sous-sol semble le premier frein à la croissance. L'achat d'hydrocarbures explique, à lui seul, le déficit de la balance des paiements de la France depuis une décennie. Dix ans de pétrole, c'est la moitié du déficit public français. Et ce phénomène touche tous les autres pays occidentaux.

Bauxite, phosphate, fer, .... bien d'autres achats viennent plomber les comptes des entreprises, puis par ricochet, celui des Etats et des ménages.

Le même processus est en route pour les ressources alimentaires. En Europe, les prix des fruits et légumes sont artificiels : ils seraient beaucoup plus élevés si on tenait compte des externalités, de la consommation réelle des ressources environnementales nécessaires pour les produire. Pourtant, l'indice des prix alimentaires a été multiplié par trois  depuis 2000. La demande croissante de produits alimentaires dans le monde rencontre les limites des facteurs à la base de la production alimentaire : terre, eau, énergies...

Les territoires sont soumis à la concurrence entre les différents usages : partout sur la planète, l'agriculture subit l'avancée de l'urbanisation.  Les zones "naturelles" sont soumises à une pression énorme. Les métropoles s'étalent au détriment des zones agricoles. Les prix de l'immobilier explosent entraînant la spéculation immobilière.

La "rareté" des espaces disponibles est en lien direct avec la crise financière : pour trouver l'argent nécessaire pour financer les emprunts immobiliers, les banques ont inventé les produits dérivés.

Enfin, dernière rareté, la quantité de travail disponible n'a pas augmenté aussi rapidement que la population active: le chômage explose.

La conjonction de ces différentes rareté a entraîné une embolie des systèmes économiques, incapables de répondre à l'explosion de la demande. La mondialisation, en démocratisant un système économique réservé auparavant à l'Occident,  a accéléré le phénomène.

Le recours à l'emprunt, "en attendant des jours meilleurs", a fini de grippé le système : par exemple, depuis des années, le budget de l'Etat français, se fonde sur des prévisions de croissance erronées, systématiquement revues à la baisse mais qui, à chaque fois, ont favorisé le creusement de la dette.

La majorité des experts et analystes sont incapables de trouver les réponses à la crise, faute d'avoir les bonnes grilles d'analyse.  

Intégrer la rareté croissante des biens et des territoires nécessaires au développement devient indispensable pour espérer trouver des voies de sortie.


3-Comment en sortir?

Il faut cesser de croire au "retour de la croissance". Elle ne reviendra plus. Cette résignation nécessaire permet alors d'envisager d'autres voies pour re-construire des sociétés viables et justes. 

Le partage plus équitable des espaces, du travail et des biens devient alors une exigence vitale. La recherche d'une économie durable, fondée sur des circuits circulaires d'utilisation des ressources, exige alors des politiques volontaristes et innovantes.

Tenir compte de la rareté dans les processus de production impose des écosystèmes humains complexes. Dès lors, il faut envisager d'autres modalités d'actions économiques : l'argent ne peux plus être le seul outil de régulation et de redistribution économique.

Il faut tenir compte des différentes externalités pour obtenir le coût réel d'un bien. Il faut aussi tenir compte de la durabilité d'un bien ou d'un service pour en apprécier la valeur.

Dès lors, seule la fiscalité permet de différencier les "bons" usages des "usages" polluants ou gaspilleurs de ressources. La fiscalité environnementale devient l'instrument indispensable de régulation des politiques innovantes dont nous allons avoir besoin.

Cette fiscalité a un autre intérêt : lourdement endettés, les pays et les ménages n'ont plus les marges de manoeuvre financières qui leur permettraient d'investir pour entamer ces nécessaires mutations. C'est à cela que doit servir la fiscalité environnementale : leur donner des ressources pour s'adapter à un monde où la rareté devient un facteur crucial.

 

Résumons: pour aller plus loin, il faut faire le deuil de la croissance à tout prix, chercher  Les origines environnementales de la crise financière, comprendre que nos ressources sont limitées, que le pétrole est une addiction dont nous devons sortir. Il nous faut admettre que la dette est un problème sérieux. Alors seulement, nous pourrons trouver des réponses cohérentes à nos difficultés, trouver des solutions globales au cancer du chômage, imaginer les outils fiscaux de demain, inventer l'urbanisme et l'agriculture dont nous aurons besoin pour des sociétés durables et stables, au risque de chercher l'utopie.


(*) Dans le numéro d'octobre de Terraéco, le dossier consacré aux pistes pour sortir de la crise, on trouve, pelle-mêle: "faire dire la vérité écologique aux marchés" mais aussi "renforcer la mixité hommes-femmes", "développer des monnaies non-spéculatives", créer des Etats-Unis d'Europe", .... Un inventaire à la Prévert plutôt qu'une stratégie globale.

 

 



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8 août 2011 1 08 /08 /août /2011 07:48

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De jour en jour, depuis 3 ans, le monde, et particulièrement le monde occidental, semble s'enfoncer dans une crise sans fin,  de plus en plus profonde et inquiétante. Préoccupés par l'urgence des réponses à trouver, l'homme de la rue, le journaliste comme le personnel politique, ne semblent pas trop se poser la question des racines du mal qui nous ronge chaque jour un peu plus. Or, on ne pourra  en sortir que si on a compris ce qui est en train de se jouer dans ce grand théâtre de la peur.

Evacuons rapidement les explications simplistes et monolithiques, même si nous savons que chacune d'entre elles participe à la vérité complexe : les riches font de la prédation, les dysfonctionnements du système financier américain, l'irresponsabilité des banques, nos vies à crédit.

Le mal est trop profond, trop ancré en nous, la colère qui monte trop puissante, pour se limiter à ces simplifications rassurantes qui désignent un bouc émissaire toujours commode et finalement rassurant. Avant les trois ans de crise financière, n'avons nous pas connu 30 ans de crise larvée, de ralentissement, de montée progressive du chômage?

Partons de ces deux dates : 2008, le déclenchement, est-ce un hasard, mais jamais le cours du baril de pétrole n'a été aussi haut? Entre septembre 2003 et juin 2008, on a assisté à un quintuplement des cours du brut, avec un record historique de plus de 103 dollars en mars 2008. La crise démarre à l'automne 2008. Chacun sait aussi que la crise de 73 commence  par un choc pétrolier.

La concurrence pour l'accès aux hydrocarbures: la corrélation entre notre crise et ce problème de pétrole n'est pas un hasard.

Mais il ne faut pas limiter le problème à celui du pétrole : prix alimentaires, prix des matières premières, toutes les courbes étaient ascendantes avant 2008.

On a donc ici un faisceau d'explications qui s'ordonnent autour des progrès de la mondialisation. Celle-ci renforce la concurrence pour l'accès aux ressources dans une planète de plus en plus globalisée.

Mais cela ne suffit pas à expliquer ce qui s'est passé. Le déclenchement de la crise, l'étincelle provient de la crise des subprimes. Or, ces produits bancaires complexes ont été construit autour du marché du logement.  En effet, depuis 20 ans, l'ensemble du monde occidental voit des tensions énormes autour de l'immobilier. Il devenait de plus en plus difficile de trouver des fonds pour acheter dans ce secteur économique. Les subprimes ont été la réponse -pourrie- du système financier à cette difficulté.

Les prix, de plus en plus inaccessibles de l'immobilier, proviennent essentiellement de la rareté croissante des biens et des terrains.  C'est donc la difficulté à gérer la demande d'espaces et de territoires urbains, qui explique aussi le déclenchement de la crise.

 

Intéressons-nous maintenant à la crise des dettes publiques. Leur augmentation depuis 30 ans provient de l'incapacité des gouvernements à sortir d'une logique keynésienne où l'endettement provoquerait nécessairement de la croissance.

Ce qui a fonctionné jusqu'aux années 80 ne fonctionne plus et fonctionne de moins en moins bien. Les taux de croissance des pays occidentaux restent particulièrement bas car ils ont utilisé tous leur territoire utile pour cela et ne disposent plus d'une "Nouvelle Frontière" pour croître. Les pays émergents, qui possèdent encore ces espaces sont, pour l'instant, moins touchés par ce phénomène.

Pensant réactiver la croissance, ils ont inexorablement creusé leur déficit dans un monde où les tensions pour l'accès aux ressources et aux territoires rendaient chaque tentative de plus en plus coûteuse.

 

En définitive, la rareté croissante est le fil directeur qui explique nos malheurs: l'insuffisance des ressources alimentaires et du sous-sol, le manque de terrains et finalement la pénurie d'argent. Ce qui nous arrive provient d'une loi économique fondamentale: la loi de l'offre et de la demande.

Mais ici, cette loi implique tous les secteurs de l'économie, toutes les ressources et tous les pays. Notre vieux Occident, bien rouillé et davantage nanti,  en subit le plus les conséquences. Cette crise est totale et globale.

Elle est, avant tout, une crise environnementale. Nous sommes en train d'atteindre les limites de nos prélèvements sur notre planète et nous le payons, et le payerons, de plus en plus cher.

Et, pour s'en sortir, il faudra cesser de ne regarder que "l'écume des choses" -la crise financière qui nous menace dans l'immédiat- pour comprendre, imaginer et inventer les moyens d'actions qui nous permettront de gérer collectivement cette rareté multidimensionnelle.

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4 août 2011 4 04 /08 /août /2011 08:48

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Regardez autour de vous ! Sauf si vous êtes en pleine forêt, il est probable que vous soyez entouré d'objets, de nature diverses, fabriqués à base de pétrole.

Le plastique a envahi l'ensemble des activités humaines. Habillement, ameublement, loisirs, sports, électro-ménagers : il est présent partout. Sa principale qualité est aussi son défaut le plus terrible : stable et solide, il se diffuse dans nos océans et dans nos organismes.

Si les premiers plastiques industriels ont été fabriqué à partir du lait (la galalithe), à partir des années 30, ils seront presque exclusivement construit à partir d'hydrocarbures, principalement le pétrole.

 

Car le plastique est révélateur de l'évolution de nos sociétés : sans que nous nous en rendions compte, nous sommes devenus dépendants du pétrole qui a envahit l'ensemble des activités humaines: un kilogramme de boeuf "coûte" 2 litres de pétrole, 1 kilomètre d'autoroute 60 000 litres et chaque européen en consomme en moyenne 4,5 litres par jour.

 

Bien entendu, la principale utilisation concerne l'alimentation de nos moteurs à explosion. Et sur ce point, malgré des recherches incessantes, nous n'avons pas réussi à remplacer l'efficacité énergétique de l'essence: électricité, hydrogène, air comprimé, aucun n'a autant de qualités. 

Aucune autre énergie n'est capable de propulser un véhicule d'une tonne sur un millier de kilomètres, à grande vitesse, avec un combustible pesant une soixantaine de kilogrammes.

 

 

Le pétrole est devenu indispensable car il a suffi de le prélever dans le sous-sol. Il y était présent en grande quantité. Il suffisait de le trouver et il jaillissait !

Autant de qualité pour un produit abondant et bon marché : toutes nos sociétés se sont développés autour de lui. Transports, chauffage, objets du quotidien, il a tout envahi au point que nous l'oublions.

Nous avons l'impression qu'il a toujours existé, comme un fidèle serviteur, toujours présent et efficace, toujours disponible et corvéable. En somme,  mais avec davantage d'efficacité, le pétrole joue dans nos vies, le même rôle que jouait l'esclave pour le citoyen romain.

Nous ne pouvons plus nous passer de lui : le pétrole est devenu une addiction générale.

 

 

Et pourtant, nous savons tous que ce produit miraculeux va disparaître. Mais comme nous ne savons pas quand, nous continuons à en profiter, nous ne nous préparons pas vraiment à son extinction. 

Le sujet est controversé : En 1970, les réserves de pétrole, publiées par les compagnies pétrolières, représentaient 72 milliards de tonnes de pétrole, soit  30 fois la consommation annuelle de l'Humanité. Il était légitime de penser que nous aurions des problèmes vers l'an 2000.

Or, nous en avons consommé depuis 125 milliards !  Et les compagnies pétrolières nous annoncent maintenant 180 milliards de réserve !

Comme si le pétrole se renouvelait tout seul ! 

Dépendants aux hydrocarbures comme nous le sommes, nous ne croyons donc plus aux prophètes de malheur qui  nous prédisent sa fin.

 

Que s'est-il passé en réalité? Le prix du pétrole aujourd'hui est 30 fois supérieur au prix de 1973. Cette évolution des prix et de la technologie a permis de trouver de nouvelles réserves et d'aller plus loin : l'exploitation pétrolière en mer profonde n'existait pas et c'est là que se trouvent les gisements les plus importants.

Mais en 70, seuls les habitants des pays développés étaient des consommateurs assidus. Aujourd'hui, et à l'avenir, l'ensemble des populations du globe vont devenir dépendants.

 

Nous allons donc bien atteindre le pic pétrolier tant redouté et annoncé. Mais nous allons l'atteindre quand? Même si le sujet fait débat, les estimations raisonnables  sont de 40 ans de réserve. Mais il ne s'agit pas de 40 ans de tranquillité.  Car, de plus en plus, nous allons être de plus nombreux à vouloir d'une ressource miracle de plus en plus rare.

 

Les prix vont donc continuer à monter. Or, toute à notre addiction, nous ne nous rendons pas compte du coût colossal de notre dépendance.

Prenons le cas de la France, depuis des années, elle subit une balance commerciale déficitaire. Or le seul responsable de cette perte  est le pétrole. Pour l'année 2009, sur 50 milliards de déficit, 40 milliards sont imputables aux hydrocarbures.

La France perd donc chaque année 40 milliards à cause du pétrole. Rêvons un peu: imaginons que nous puissions nous en passer, convertissons ces économies en emplois pérennes. Nous pourrions créer alors 200000 emplois !

 

Le pétrole nous a rendu complétement accro et il se prépare à nous ruiner, si nous ne faisons rien, si nous ne trouvons pas les solutions cohérentes et globales pour y répondre.

 

Pour aller plus loin sur cette question:  Faut-il se préparer à la fin du pétrole?

 

 

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3 août 2011 3 03 /08 /août /2011 06:41

 

 

endettement

 

 

La dette publique française est actuellement de 1600 milliards d'euros environ, soit 20000 euros par habitant. Le remboursement de cette dette représente actuellement plus de 120 milliards d'euros (intérêts et capital). Le simple remboursement des intérêts est équivalent aux recettes de l'impôt sur le revenu.

Dans l'opinion publique française, il est courant de considérer que cette dette n'est pas un problème. L'économiste Jean-Paul Fitoussi, keynésien convaincu, est un des fervent défenseurs de cette idée.

Nous voudrions pointer les trois erreurs les plus courantes, que l'on trouve sur les forums et dans les discussions autour de ce thème.

1-"Il suffit à la France de retrouver sa souveraineté monétaire pour régler le problème, puisque on pourra "créer" de l'argent". Les tenants de cette thèse réclament la "libération monétaire" faisant remonter la source de nos problèmes à la loi du 3 janvier 1973 qui aurait empêché la banque de France d'émettre sa propre monnaie.

Cette vision appartient à une tradition française de la création "spontanée" de l'argent. Sous l'Ancien Régime, les caisses royales étaient souvent vides et les historiens affirment que les dettes du trésor royal sont une des causes principales de la Révolution Française. Deux épisodes fameux montrent pourtant bien que l'argent "ne s'invente pas".

En 1720, pendant la Régence, John Law tente par la création de la compagnie du Mississippi de résorber la dette publique. L'émission d'actions est censée alimenter le trésor royal, il déclenche en fait une fièvre spéculative, une bulle boursière qui explose, détruit la confiance et Law doit fuir avant d'être lynché. Law avait vendu "du vent" aux Français, en faisant miroiter des profits chimériques.

A partir de  1789, l'émission d'Assignats utilisés comme papier monnaie par l'Etat en déficit pour payer ses dépenses courantes aboutit à sa dépréciation et la spéculation. Les révolutionnaires  l'utilisent pour financer leurs guerres. La quantité d'Assignats n'a cessé de gonfler, perdant toute valeur jusqu'à son retrait en 1796.

D'une manière générale, l'abandon par la majorité des Etats de la création monétaire spontanée pour régler leur problème de déficit correspond à une réalité économique : elle déclanche de l'inflation ce qui a des répercussions sur le pouvoir d'achat mais aussi .... sur les taux d'intérêts de la dette qui augmentent!

Ce phénomène  a une explication simple : la création monétaire accroît la masse monétaire alors que la richesse réelle n'a pas grandi. C'est donc la valeur de l'unité monétaire qui baisse pour "régler" ce paradoxe. 

Il n'y a donc aucun espoir de voir la planche à billets nous aider à résorber la dette. Même les Etats-Unis, qui ont bénéficié de la position hégémonique du dollar pour utiliser cette technique pendant 30 ans, sont en train  de le payer.

 

2-"Il suffit  à la France de faire payer les riches pour régler le problème, puisque c'est eux qui ont l'argent".

Depuis une dizaine d'années, en France et ailleurs, les plus riches ont obtenu des baisses d'impôts très importantes. Ils payent en proportion beaucoup moins d'impôts que les classes moyennes.

Cette situation est d'autant plus regrettable que les riches, même retranchés dans leurs villas ou sur leur yachts, utilisent les biens publics  à leur profit. Dans les pays qui les accueillent, leurs voitures empruntent les routes payées par la collectivité. Ils se font soigner et bénéficient du système de santé nationale. Leurs enfants sont scolarisés dans des écoles, publiques ou privées, financées par la Nation. Et leurs biens sont protégés par la force publique.

Peuvent-ils alors régler notre problème de dettes? Même si cette mesure n'est pas la seule facilité fiscale qui leur soit accordé, le bouclier fiscal n'a jamais "coûté" à l'Etat plus de 500 millions d'euros par an.

En admettant que  l'on demande aux riches une contribution supplémentaire de 10 milliards par an, il faudrait un siècle pour que celle-ci suffise à éponger nos déficits!

Certains espèrent alors la nationalisation et l'expropriation de leurs biens. Mais dans un monde totalement globalisé, où l'on peut faire circuler des millions d'un simple clic, cela semble bien hasardeux. De plus, cette mesure éloigneraient définitivement les investisseurs de l'Hexagone: plus personne ne se risquant à investir un centime dans un pays si il craint de le voir capter par l'Etat.

Aussi, si les facilités fiscales accordées aux riches expliquent, en  partie, l'augmentation de nos dettes, il ne suffit pas ni à le comprendre, ni à le résoudre.

 

3-"La dette n'est pas un problème puisque la France est un pays riche".

Le patrimoine national de la France, c'est à dire la différence entre les actifs et les passifs, est estimé à 12 115 milliards d'euros, dont 76%  sont détenus par les ménages. C'est une bonne nouvelle  !

 

Cette richesse explique d'ailleurs pourquoi notre pays bénéficie encore des meilleurs appréciations des agences de notation. Ce qui a une conséquence positive sur nos dettes puisque nous pouvons emprunter (mais pour combien de temps encore?) à un taux très bas de 3%.

Mais il faut savoir que le patrimoine des Français est de plus en plus détenu par ... des étrangers ! Plus de 42% des titres du CAC 40 mais aussi des propriétés, des vignobles, des entreprises. Un dixième des résidences secondaires appartient à des étrangers.

Se reposer sur notre richesse pour continuer de vivre à crédit.  Ce raisonnement s'apparente à la procédure de l'hypothèque : je peux emprunter grâce à ma maison, il suffit de garantir mes emprunts en hypothéquant mon bien.

On sait où parfois cela mène : on perd sa maison comme le vivent actuellement des centaines de milliers d'américains !

L'emprunteur prudent sait qu'il faut éviter d'aller trop loin dans les dettes. Or, la France perd de sa richesse nationale depuis des décennies, sa dette s'alourdit.

Continuer à  dire que cela n'est pas grave car nous payeront plus tard, est infantile et dangereux.


Conclusion: le discours sur la dette a toujours été considéré comme un discours de droite libérale. Cela était vrai dans les décennies de la fin du XXéme siècle où on pouvait se  permettre d'utiliser l'emprunt comme arme économique.

Aujourd'hui, alors que "le feu est à la maison", continuer à croire qu'il s'agit d'un discours réactionnaire relève de l'inconscience. 

Quand le chef de famille a ruiné son ménage, tout le monde trinque, les enfants, les plus faibles, davantage encore.

Si on s'intéresse à l'intérêt commun et aux plus faibles, alors on doit se préoccuper de ce problème qui doit devenir un problème aussi pour la Gauche !

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20 juillet 2011 3 20 /07 /juillet /2011 08:17

Depuis 30 ans, nous vivons une crise continue en France et en Europe qui s'approfondit aujourd'hui. Pour pouvoir espérer en sortir, il faut en comprendre les raisons.

Les problèmes:  Dans le processus de crise, la désindustrialisation ( La désindustrialisation, un processus peu visible) joue un rôle important. Ce processus s'inscrit dans celui de mondialisation ( La mondialisation, au coeur de la crise financière).

L'atonie de la croissance à plusieurs explications ( La crise, quelles explications?) dont la moins connue est le coût grandissant des matières premières et, particulièrement, de la première d'entre elles : le pétrole.

L'endettement a été utilisé pour relancer l'économie, mais on découvre aujourd'hui que cela nous mène dans une impasse ( L'endettement, un problème écologique?  et  Endettement de la France: trouver des solutions).

La majorité des observateurs n'a pas compris le rôle primordial que joue les territoires dans la croissance. La consommation d'espace dans un monde saturé est une explication importante à ce que nous vivons ( La Croissance, une idée bien fatiguée     ,  Pourquoi la croissance économique ne reviendra plus?  et  La croissance chinoise consomme des territoires)

 

Les fausses solutions:

Les observateurs  admettent finalement que les solutions traditionnelles, qui s'affrontaient, de gauche (plus d'égalité) comme de droite (davantage de liberté économique), ne peuvent  plus répondre à nos difficultés actuelles. 

Le débat porte aujourd'hui plutôt sur la mondialisation (faut-il la prolonger, et prolonger l'Europe? ou, au contraire, démondialiser?).

Mais nous commençons à comprendre que ce débat ne suffit pas : le coût croissant des matières premières -conséquence de la mondialisation- vient accroître nos difficultés.

Certains agitent l'idée d'une croissance verte mais cette proposition fait hausser les épaules de la majorité des analystes qui considèrent que l'écologie a d'abord un coût et que quelques champs d'éoliennes ne suffisent pas à relancer la machine économique.

En réalité, l'approfondissement de la crise que nous vivons depuis 30 ans, a pour origine les défauts d'une gouvernance qui ne semble plus avoir d'outils pertinents pour agir. Cette impuissance est augmenté par l'endettement généralisé qui prive le corps social de leviers pour (ré)-agir.

La recherche de nouvelles pistes:

Le redémarrage de nos économies nécessite une révolution qui va relancer la société, la remettre en marche. Cette révolution sera industrielle et économique mais aussi sociale. Elle doit surtout être environnementale car les racines de nos problèmes viennent de là: nos réussites du XXéme siècle étaient fondées sur la consommation de territoires et de matières premières abondants et bons marchés.

Il faut d'abord que la gouvernance s'appuie sur de nouveaux leviers : celui de la fiscalité doit être privilégié car il est, aujourd'hui, l'outil le plus souple et le plus concret disponible pour les Etats et les collectivités territoriales. Il faut, en ce domaine, être créateur et innovant. C'est dans une fiscalité novatrice que nous trouverons des marges de manoeuvre que l'endettement ne peut plus nous proposer.

Il faut ensuite s'intéresser aux problèmes industrielles. Il faut favoriser la relocalisation d'activités de production à condition qu'elles respectent certains critères : usages de matières premières renouvelables, production recyclable, faiblement émettrices de CO2.

Il faut aussi avoir une politique d'urbanisme volontariste dont le seul horizon de relance se situe dans la verticalité, le réhaussement des immeubles.

Dans un monde de concurrence effrénée, la recherche d'autonomie dans la consommation et la production d'énergie, d'eau, de nourriture et de matières premières doit être privilégiés par les différents acteurs.

 

C'est dans ce bouquet d'activités innovantes, installant la logique du développement durable dans tous les secteurs économiques et dans tous les domaines d'activités, que se situe l'espoir d'une révolution économique qui pourra nous sortir du piège dans lequel nous nous sommes enfermés en continuant à utiliser les vieilles recettes des Trente Glorieuses.

 

 

 


 

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13 mars 2011 7 13 /03 /mars /2011 11:07

clemenceau.jpg

 

En ces temps de montée en puissance du Front National, d'augmentation des prix du pétrole et autres désastres sur la planète, il est permis d'avoir une vision pessimiste de notre monde d'aujourd'hui. Et si nous étions à la veille d'un désastre gigantesque à l'échelle planétaire? Je ne crois absolument pas aux millénaristes qui nous parlent de 2012 comme d'une punition divine. Par contre, j'ai le sentiment que nous nous trouvons dans un temps qui rappelle l'année 1914. Comme si notre XXIéme siècle commençant ressemblait au début du XXéme siècle. 

En ce début de 1914, peu de personnes imaginait le désastre qui allait avoir lieu comme nous pouvons difficilement prévoir ce qui va se passer. Pourtant, ce qui est parfaitement possible,  c'est le scénario suivant : le Peak Oil, le pic pétrolier a effectivement lieu et déclenche, en cascade, une crise majeure.

Les tensions planétaires augmentent autour de cette ressource cruciale. Les mécanismes spéculatifs, à l'échelle mondiale, qu'on a déjà vu à l'oeuvre pour les aliments de base, font monter les prix de manière vertigineuse (doublement, triplement du prix en quelques mois). Les ressources alimentaires, dépendantes du pétrole, viennent à manquer. Les tensions économiques ont des répercussions sur la situation politique des différents pays, favorisant les nationalismes et les conflits ethniques. Des situations de guerre, et de guerre civile, se développent partout. Les Etats affaiblis n'arrivent plus à maintenir la paix à l'intérieur de leur pays

1914 a été l'événement déclencheur d'une "guerre civile européenne" qui a duré 30 ans et fait 70 millions de morts. Cette crise aujourd'hui peut être le point de départ de "guerres civiles" à l'échelle mondiale qui pourront durer une cinquantaine d'années, avant que l'Humanité puissent reconstruire des sociétés durables à la fin du XXIéme siècle comme nous avons pu le faire au XXéme siècle lors des Trente Glorieuses.

 

Prenons ce scénario pour une hypothèse de travail et non comme une réalité possible. Examinons la pertinence de la comparaison entre 1914 et aujourd'hui. Conscient des limites de cette méthode comparative, cherchons les points d'analogie entre les deux époques. 

L'équivalent de la guerre de 1914, c'est la crise majeure qui pourrait se déclencher à cause du pétrole. Dans la deuxième moitié du XIXéme siècle avait eu lieu un certain nombre de guerres entre les Etats Européens comme nous avons vécu un certain nombre de crises économiques à intervalle régulier. On s'attend donc à vivre une nouvelle crise sans se rendre compte que la crise liée au pic pétrolier va être d'une autre dimension.

L'équivalent de de la montée en puissance des Etats nations au XIXéme siècle, après le printemps des peuples de 1848, c'est l'importance de l'économie pétrolière depuis les années 50. Elle a permis la réussite économique des pays occidentaux, elle est en train de permettre la réussite des pays émergents. De la même manière, la multiplication des Etats-nations d'abord en Europe occidentales, puis dans l'Europe des Balkans a pu être perçu comme un progrès. 

L'équivalent du processus d'alliances entre les pays, de traités liant les différents pays, à l'origine du déclenchement d'une guerre à l'échelle mondiale en 1914, c'est le processus de mondialisation qui entraîne la globalisation des réussites comme des problèmes. L'effondrement d'un pays pétrolier aura des conséquences sur l'ensemble de l'économie mondiale.

A l'échelle de la France, aujourd'hui le pays est focalisé sur le problème de l'immigration. De même en 1914, la France était davantage préoccupée par le conflit autour de l'Eglise et l'Etat, autour de la laïcité, négligeant les tensions internationales.  En réalité, il s'agissait d'un conflit d'arrière-garde, la sécularisation et la laïcisation de la société française était un processus largement entamé. De même aujourd'hui, nous sommes focalisés sur "les étrangers" et l'Islam alors que la grande majorité des immigrés sont français et en cours d'intégration.

En 1914, les pacifistes étaient déconsidérés et leurs cris d'alarme étaient accueillis avaient scepticisme. Aujourd'hui, leur équivalent sont les écologistes qui ont bien du mal à être pris au sérieux. Au début du XXéme siècle, la Paix était dans les discours politiques et les actes n'étaient pas à la hauteur des enjeux. Aujourd'hui, on utilise le Greenwashing et on verdit les discours mais on a du mal à prendre des décisions fermes pour sortir du modèle industriel dans lequel nous nous sommes engouffrés il y a 50 ans.

 

On pourrait continuer ainsi la comparaison. Elle a, bien entendu, ses limites. Et, on pourrait, tout autant, faire la liste des différences entre les deux périodes et démontrer les insuffisances de ma démarche analogique. Ce qui me semble, cependant intéressant, c'est la même situation de cécité entre les deux moments. 

En Histoire, il est fréquent de se dire : "mais pourquoi les gens de l'époque n'ont pas compris ce qui nous semble évident aujourd'hui?". C'est tout le piège de l'anachronisme qui est l'ennemi de l'historien. Le point de vue des contemporains de l'événement ne peut pas être celui  de l'historien qui sait ce qui s'est passé ensuite. Le contemporain de l'événement analyse la situation avec les outils à sa disposition. Or, notre appareillage intellectuel est construit autour de l'idée que le pétrole est une bonne chose puisqu'elle est à l'origine de notre prospérité. Nous pensons qu'il ne peut disparaître puisque nous l'avons toujours connu.

J'espère que ce scénario ne se réalisera pas. Je suis convaincu que, de toute manière, l'Humanité a les moyens de rebondir et de construire une société durable et prospère sans le pétrole. Clemenceau disait au début du XXéme siècle qu'il se sentait naturellement pessimisme pour demain mais profondément optimiste à long terme. A l'échelle du XXéme siècle dont il a connu le début, il avait profondément raison.

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17 janvier 2011 1 17 /01 /janvier /2011 21:09

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Re-édition d'un article d'octobre 2009 qui, à mon avis, reste largement d'actualité.

La situation de la planète devenant de plus en plus difficile lors de ce siècle qui commence, il y aura des gagnants et des perdants. Sous quelles conditions, certains pays sauront s'en sortir alors que d'autres verront leur situation s'aggraver?

 

Depuis les années soixante-dix, la croissance en Europe est faible et la situation devient plus difficile avec la multiplication des crises financières, industrielles, écologiques etc.... Certains pays arriveront à s’adapter, d’autres verront les problèmes s’accumuler. Tout dépendra de l’intelligence des hommes politiques au pouvoir, de leur capacité d’anticipation, de leur capacité aussi à se donner des moyens innovants d’agir.

Dans le monde du XXIéme siècle, les pays développés qui s’en sortiront devront répondre à trois conditions :

1-Sortir de l’économie basée sur les hydrocarbures du XXéme siècle. Ce système qui a assuré la réussite des pays développés est devenu un véritable boulet pour les économies : le gaz et le pétrole coûtent de plus en plus chère et pèsent sur les balances commerciales de ces pays. L’augmentation continuelle de leurs prix, dans les décennies à venir, handicaperont les pays les plus dépendants, creusant le différentiel entre eux. Les pays gagnants à la fin du siècle seront ceux dont la production d’énergie, moteur de la croissance, dépendra le moins des énergies fossiles : pétrole, gaz mais aussi nucléaire et charbon.

Le modèle de l’économie pétrole, que nous avons tous dans la tête, doit disparaître car il est mortifère pour nos économies et nos modes de vie.

2-Sortir de l’économie basée sur l’emprunt. Les économies du XXéme siècle ont été construite sur la création continue de masse monétaire par le recours à l’emprunt. La dette a été un moyen d"amorcer la pompe" économique, créateur de richesse. Cette création de richesse n’était pas un problème quand les taux de croissance arrivaient en grande partie à compenser le coût du crédit. A l’époque, les matières premières étaient abondantes et bon marché, ce qui facilitait les remboursements. La probabilité forte d’une économie décroissante et les excès, dans tous les domaines, (dette publique, dettes des entreprises, des particuliers )liés à l’usage immodéré du crédit sont deux facteurs dont la conjugaison

devient une addiction dangereuse pour tous ceux qui en abusent. Les coûts croissants des matières premières, des ressources naturelles, mais aussi de la mise en oeuvre du principe de précaution rendent les chantiers du XXIéme siècle beaucoup plus onéreux que ceux du XXème siècle. Les pays gagnants du XXIéme siècle seront ceux qui utiliseront le recours au crédit avec modération et éviteront le creusement des dettes publiques et privées.

Le modèle de l’économie de l’emprunt, que nous avons tous dans la tête, doit disparaître car il est mortifère pour nos économies et nos ... économies.

3-Reconstruire des leviers efficaces pour agir. Si l’économie libérale a permis une formidable croissance en libérant les acteurs économiques de toutes les contraintes, elle a, dans le champ de la mondialisation, poussé les Etats à se débarrasser des leviers traditionnels dont ils disposaient pour réguler et peser sur la marche du monde. Ils ont donc perdu la plus grande partie des marges de manoeuvre dont ils disposaient pour maîtriser leurs espaces. La nécessité d’agir pour une économie plus durable et moins dépendante du crédit doit pousser les Etats à retrouver des outils d’actions et des politiques publiques efficaces. Celles-ci doivent être innovantes pour répondre aux défis du XXIéme siècle. La concurrence issue de la mondialisation a poussé les pays à ouvrir de plus en plus leur économie. Sans chercher à les refermer, les pays gagnants du XXIéme siècle seront ceux qui seront construire des politiques publiques qui leur permettent, à la fois de respecter la liberté économique tout en leur redonnant les moyens d’agir dans les sphères industrielles, énergétiques et financières.

Le modèle de l’économie du laissez-faire, que nous avons tous dans la tête, doit disparaître car il est mortifère pour nos économies et notre capacité d’actions.

La concurrence pour l’espace de plus en plus vital sur une planète de plus en plus peuplée ; la concurrence pour l’accès et l’usage des ressources, voilà d’autres facteurs qui multiplieront conflits et difficultés. Seuls ceux qui arriveront à construire une économie et une écologie durables basées sur l’énergie et les ressources renouvelables arriveront à s’en sortir, les pays comme les individus.

 

Sur le même thème:

Une croissance durable est possible et nécessaire

 

La Croissance, une idée bien fatiguée

 

 

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6 janvier 2011 4 06 /01 /janvier /2011 05:38

La majorité des experts et des journalistes focalisent leur réflexion autour du problème de l'effet de serre. Or, en réalité, ce problème n'est qu'un aspect parmi d'autres. je préfère, pour ma part, parler de crise planétaire, crise systémique et plurifactorielle.

Re-édition d'un article de juin 2009.

 

Décrivons les quatre aspects principaux de cette crise planétaire due à la densification de l’Humanité sur la Terre. Le premier est celui du réchauffement climatique, la majorité des scientifiques est d’accord pour dire qu’il a déjà commencé à faire sentir ses effets en ce début de siècle, effets sur la végétation, sur les populations animales, sur la banquise arctique, sur les phénomènes climatiques, effets qui devraient aller en s’accentuant au fur et à mesure de l’augmentation de l’effet de serre, de la concentration croissante de dioxyde de carbone dans l’atmosphère.

Le second est celui du décalage croissant entre l’offre d’hydrocarbures et la demande de cette ressource énergétique vitale qui se développe au fur et à mesure sur la planète. Cette crise « en ciseaux » commence et devrait prendre de l’ampleur dans la première moitié du siécle avec la disparition du pétrole bon marché.

La troisième est celle de la raréfaction des autres matières premières présente dans le sol et le sous-sol, qu’il s’agisse des métaux, du bois, du sable, du ciment, etc. Ces différentes ressources vont devenir progressivement de plus en plus convoités dans les cents ans à venir, certaines d’entre elles devenant rares entraînant une concurrence croissante pour y avoir accès alors que les ressources sont limitées.

Enfin, la quatrième est la demande croissante en produits alimentaires pour nourrir l’ensemble des habitants de la planète, et, particulièrement, du premier aliment, l’eau, nécessaire aussi pour d’autres besoins humains. Si les spécialistes ne sont pas tous d’accord sur la capacité de notre planète à nourrir l’Humanité (6, 12 milliards d’hommes ? Ou davantage ?), il est certain que l’écart grandissant entre une demande de plus en plus importante et une offre limitée, entraînera des augmentations de prix insupportables pour une partie croissante des populations.

S’attaquer à l’effet de serre nécessite aussi de tenir compte des trois aspects du problème.



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