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Il faut demander plus à l'impôt

et moins aux contribuables

 

Alphonse Allais

 

Outil fiscal

Les contributions incitatives sont des micro-taxes payées sur les activités polluantes. L'argent récolté permet aux plus démunies d'investir dans les transitions écologiques et énergétiques. 

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Un résumé de la pensée de l'auteur sur la crise écologique 
17 octobre 2010 7 17 /10 /octobre /2010 16:12

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Dans le dernier numéro d'Alternatives Economiques, fêtant le trentième anniversaire de cette passionnante revue, son nouveau rédacteur en chef, Thierry Pech, se livre à un exercice intellectuel particulièrement stimulant : 

"Un individu qui se serait endormi en 1980 et qui se réveillerait aujourd'hui aurait sans doute quelques surprises. Il chercherait probablement du regard les grands ateliers de la société industrielle qui peuplaient naguère les abords de sa ville, aujourd'hui recouverts par de vastes zones commerciales et pavillonnaires. "

Au-delà de la lecture recommandé de cet article, revenons sur cette première phrase de son article. Car, c'est sans doute la faiblesse de la démonstration de son auteur. En économiste éclairé, celui-ci s'intéresse surtout aux transformations sociales, culturelles et politiques qui se sont succédées depuis trente ans. Il passe un peu rapidement à mon goût sur les transformations spatiales, pourtant les plus immédiatement visibles.

Car le plus étonnant et, sans doute le plus oublié, c'est la dévoration des espaces à la périphérie des agglomérations, grandes ou petites. Pendant ces trente ans, la surface artificialisée (recouverte de béton ou de bitume) a presque doublé sur le territoire métropolitain atteignant près de 10% de la surface totale. Cette artificalisation s'est combinée à un étalement multipliant toujours plus le coût et le temps des déplacements.

Cet étalement a été accompagné par un autre phénomène, c'est la différenciation des espaces, l'apparition de zones répulsives ou, au contraire, attractive. 

Ces phénomènes combinés (étalement et différenciation) ont entraîné, dans tous les pays développés, une augmentation importante des prix de l'immobilier, augmentation qui ne semble guère avoir souffert de la crise économique.

Ces augmentations ont progressivement diminué le pouvoir d'achat des populations, endettés toujours plus pour pouvoir se loger et se constituer un patrimoine. Ce phénomène a accru aussi la différenciation entre les générations, les plus jeunes, derniers arrivés sur le marché de l'immobilier, souffrant de ce processus davantage que leurs aînés.

On l'a vu avec le déclencheur que fut la crise des subprimes aux Etats-Unis, on le voit aussi avec l'évolution économique de pays comme l'Espagne, la bulle immobilière a artificalisé la croissance.

On l'oublie trop souvent mais la crise perdure parce que le pouvoir d'achat des -jeunes- ménages est plombé par l'immobilier.

Et les économistes l'oublient trop souvent : si les prix de l'immobilier augmentent, c'est à cause de la rareté des espaces disponibles.

Conclusion: la réflexion sur les solutions à la crise doit impérativement tenir compte de ce phénomène en cherchant des solutions pour densifier les espaces urbains.

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22 septembre 2010 3 22 /09 /septembre /2010 06:02

 

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Le mensuel Rue 89 d'octobre contient un dossier particulièrement intéressant intitué "Et si la croissance ne revenait plus?". Ce dossier travaille une question que j'ai pour ma part traité dans quelques articles : la croissance ne cesse de décroître en Europe et aux Etats-Unis depuis 30 ans. La raison principale avancée dans ce dossier est celui de l'épuisement des ressources.

Mais le dossier se révèle parfois paradoxal puisqu'il intitule un de ces articles : "l'Enigme des 30 glorieuses chinoises". En effet, si notre croissance diminue à cause de la baisse des ressources, pourquoi ce phénomène n'atteint pas la Chine? (et les autres pays émergents)

C'est sans doute parce que le moteur principal de la croissance est ailleurs. Il se trouve, à mon sens, dans la consommation des Espaces couplé à l'extraordinaire "atelier du monde" que constitue l'industrie chinoise. Celle-ci fournit les devises nécessaires  pour poursuivre les investissements dans les routes, les immeubles et les réseaux urbains de toute sorte qui fournissent, à leur tour, emplois et richesses....

Tout cela se fait au détriment des territoires qui changent radicalement de visages : le rural remplacé par l'urbain, le maillage de plus en plus dense des routes mais aussi des lignes électriques, des réseaux d'adduction d'eau, ... C'est ce qui frappe tous ceux qui se rendent dans ce pays et qui ont eu la chance d'y retourner : il change en permanence sous l'aiguillon de l'industrie  du bâtiment et des travaux publics toujours plus dynamique. Cet extraordinaire boom aura une fin quand les espaces urbains et péri-urbains auront été "consommés", c'est à dire équipés. C'est ce que nous connaissons en Europe depuis une bonne vingtaine d'années où les nouvelles constructions viennent remplir quelques friches et quelques "dents creuses" mais le gros du travail a été déjà fait et la croissance n'est plus qu'un lointain souvenir, une nostalgie d'un ancien temps que l'on ne retrouvera plus.

Que l'on ne retrouvera plus? Sauf à tenter une autre forme de croissance, celle qui consisterait à faire de nos zones urbaines des espaces d'un réel développement durable, économes et autonomes en énergies. Cela sera l'objet d'un autre article !

 

Voir à ce sujet mon article reprenant la métaphore du jeu Blokus et tous les articles de la catégorie crises économiques/écologiques.

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28 août 2010 6 28 /08 /août /2010 08:47

 

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Retraites, dettes publiques, chomâge, croissance anémiée : autour de ces problèmes récurrents et de plus en plus problématiques, le débat fait rage au sein de la société française. Dans les médias, les forums sur internet, dans les familles, chacun y va de son explication, et de ses solutions, défendant pied à pied son point de vue.  Mais ce débat n'est-il pas, pour des considérations idéologiques, et par manque de recul des protagonistes, totalement biaisé? Ne faut-il pas chercher d'autres systèmes d'explications à ses origines?

 

Malgré les divergences de point de vue, on peut rassembler les opinions autour de deux familles qui recoupent le paysage politique français.

Première famille qui explique la crise par des rigidités structurelles et un Etat qui serait dépensier. La famille de droite explique que les rigidités administratives empêchent les entreprises d'être concurrentielles et que l'Etat et les fonctionnaires ont un poids financier qui progressivement nous ruine.

La deuxième famille, celle de la gauche, explique les problèmes français par les inégalités au sein de la population française, les riches ne participants pas de manière suffisante à la solidarité nationale. Elle affirme aussi les nuisances du modèle spéculatif.

 

Ne rentrons pas dans les profondeurs de ce débat. Prenons un peu de recul et de hauteur pour examiner la situation. Cette situation de crise, nous la partageons aujourd'hui avec l'ensemble des pays de l'Union Européenne. Nous la vivons depuis longtemps, en gros depuis 1973, avec un approfondissement de cette crise, de plus en plus difficile malgré quelques périodes de rémissions.

Depuis près de 30 ans, les pays européens ont tenté différentes politiques pour enrayer cette crise. Certes, on a cherché parfois des modèles (scandinaves, anglais, allemand, etc...) qui semblaient avoir des solutions. Mais si parfois des spécificités nationales semble avoir diminuer l'ampleur de certains aspects de la crise, elles sont bien présentes partout, quelque soit le pays.

Ainsi, la famille de droite prend souvent le modèle anglo-saxon comme référence. Mais le Royaume-Uni, comme les Etats-Unis d'ailleurs, ont aujourd'hui une dette publique abyssale, alors qu'ils ont toujours appliqués des politiques publiques largement moins interventionnistes que nous (y compris chez leurs libéraux, dits de gauche). Comment ne pas émettre un doute alors? Et si le problème était ailleurs? Dans autre chose qui aurait échappé à l'analyse courante?

La famille de gauche a vu ses conceptions politiques mise en pratique dans de nombreux pays européens, parfois pendant des décennies entières (France, Espagne, pays scandinaves, ...). Et pourtant, cela n'a pas suffit à empêcher les délocalisations et la montée du chômage. La répartition des richesses a continué à s'aggraver. Comment là aussi, alors, ne pas se mettre à douter? Et si la recherche de davantage d'équités, le souci de solidarité, n'étaient pas suffisants pour éviter l'approfondissement de la crise? Et si, le problème était ailleurs, si on n'avait pas compris ce qui s'est passé?

 

J'utilise souvent la métaphore du gâteau pour expliquer mon point de vue : la gauche explique que, pour résoudre le problème, il faut repartager le gâteau en faisant des parts plus égales. La droite a une opinion différente : les parts ont été découpés de manière trop nettes et rigides, il faut donc mettre le gâteau en miettes et chacun pourra se servir selon ses besoins.

Mais ni l'un, ni l'autre, n'ont  compris ce qui s'est passé depuis 1973.  Chaque année le gâteau a distribuer a été de plus en plus petit. On ne s'en est pas rendu compte parce que le mouvement a été imperceptible au début, parce qu'il a été masqué par des artifices, des confiseries posées sur la pâtisserie qui ont fait illusions (explosion urbaine, progrès technologiques, spéculation temporairement positive) qui nous ont fait croire que le gâteau continuait à être aussi beau et aussi gonflé qu'il l'était à l'époque des Trente Glorieuses.

En réalité, nous nous sommes, collectivement, appauvris pendant toutes ces années, voyant gonfler nos dettes, nos dépenses, perdant des recettes. Cette tendance a pris, certes, des chemins différents selon les pays, mais elle est une constante forte dans l'ensemble de l'Union Européenne et des Etats-Unis.

 

Que s'est-il passé alors depuis 30 ans dans nos pays dits, à l'époque, développés? Comment expliquer cette tendance de fond? Pourquoi aucun volontarisme politique n'a réussi à l'enrayer de manière forte et durable?

 

Pour comprendre ce qui s'est passé, il faut chercher les tendances de fond de nos sociétés. Il faut abandonner l'écume de l'actualité quotidienne, relativiser les signes locaux et temporaires qui feraient croire à la fragile victoire d'une thèse sur une autre. Il faut chercher les tendances lourdes, les mouvements de fond, faire le travail que recommandait l'immense historien Fernand Braudel : se placer dans le temps long, celui qui recoupe plusieurs décennies, se mesure à l'échelle d'un continent. Il faut dépasser l'analyse pointilliste des faits et chercher la synthèse, ce qui nous rassemble tous, depuis 30 ans, sur l'ensemble de notre vieux continent.

Que partageons-nous donc, tous,depuis si longtemps?

A mon sens, deux choses :

 

-Notre dépendance a une matière première devenue névralgique dans nos existences quotidiennes : le pétrole et autres hydrocarbures. Nos modes de déplacement et d'habitat sont fortement dépendant de ce carburant, nos vies quotidiennes dépendent du plastique devenu le matériau incontournable de la quasi-totalité des objets qui nous environnent. Devenu omniprésent, nous avons oublié son existence devenue une évidence qui ne se discute plus.

Or, cette addiction a un coût très important. La facture pétrolière pour notre seul pays représente actuellement une dépense nette de 60 milliard par an. Si le pétrole remonte à 200 dollars le baril, nos économies ne résisteront pas à quelques années de cette dépendance. 

Depuis quelques années, cette tendance se renforce. D'autres matières premières voient leur prix augmenter : les céréales, le papier récemment, les minerais.  Cela s'explique par la montée en puissance des pays émergents qui en se développant vont accroître la consommation de ces différentes matières premières.

 Depuis maintenant une bonne quinzaine d'années, la conséquence de ces dépendances aux matières premières se fait lourdement sentir sur notre balance commerciale et sur notre balance des paiements. Nous perdons actuellement, pour chacune de ces deux balances, plusieurs dizaines de milliard par an.

Notre pays s'appauvrit ainsi de plusieurs dizaines de milliards par an. Chacun en paie le prix : les entreprises, les ménages, les administrations.

  -un phénomène n'a fait que se renforcer depuis le début des années 80 : la mondialisation de l'économie. Celle-ci, en jouant sur les différentiels de salaire et de compétitivité a progressivement mis hors jeu des pans entiers de l'industrie européenne. Nous, les Européens, achetons toujours plus de produits manufacturés hors d'Europe.

Ce phénomène est de moins en moins compensé par une valeur ajoutée de nos entreprises, qui, pans par pans, se voient progressivement privés des avantages comparatifs qu'elles possédaient en terme d'avances technologiques.

Ainsi, notre balance commerciale se trouve de plus en plus amputée par ces achats de produits manufacturés, achetés dans l'atelier du monde asiatique. Alors que la fermeture de nos propres ateliers accroît le coût social d'une population de plus en plus fragilisée.

 

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Que faut-il en conclure?

Quelques idées.

D'abord, il est souvent courant de définir la crise par ses indicateurs : le taux de chômage, le taux de croissance, le poids de la dette. Il serait préférable de le définir par les processus en cours, ceux qui l'expliquent et en constituent l'enjeu: la dépendance toujours croissante aux matières premières, aux hydrocarbures et aux produits manufacturés.

Ces dépendances, de plus en plus importantes, nous fragilisent de plus en plus.

Si il fallait définir notre crise depuis trente ans, il faudrait le faire autour de l'idée d'appauvrissement continu, certes, relative au regard du reste du monde, mais bien réel.

Il est devenu nécessaire de sortir du débat mortifère sur les responsables du problème : les riches et les spéculateurs pour le camp de gauche, l'Etat et les fonctionnaires pour le camp de droite, sans compter une certaine droite qui stigmatise les pauvres et les étrangers. Si il fallait désigner une responsabilité, elle serait à chercher dans nos modes de vie à tous : l'hyperconsommation déresponsabilisée autour du pétrole, ressource vitale à l'économie du XXéme siècle.

Cela nous permettrait de nous attaquer au seul débat qui, me semble-t-il, mérite qu'on s'y intéresse: comment en sortir? 

 

Pour en savoir plus:

Pourquoi la croissance économique ne reviendra plus?

Endettement de la France: trouver des solutions

La mondialisation, au coeur de la crise financière


 

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6 août 2010 5 06 /08 /août /2010 04:45

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Les économistes et les journalistes l'évoquent dans  leurs articles et chroniques : la croissance va revenir. On guette les "signes de reprise", on traque les indicateurs significatifs, bref, on l'attend comme on attendrait le retour du fils prodigue.

 

Et pourtant, il ne se passe et il ne se passera rien : la Croissance ne reviendra pas.

Elle ne reviendra pas, comme je l'ai expliqué dans un récent article, en tout cas pas dans nos "vieux" pays occidentaux, même si elle va continuer à exister dans des pays "émergents".

Pourquoi?

Essentiellement parce que l'organisation de nos pays n'offrent plus de marges de manoeuvre pour construire cette croissance. Nous avons complexifiés progressivement nos organisations sociales, utilisés, et souvent gaspillés, nos différentes ressources. Nous avons construit des systèmes sociaux compliqués qu'il est devenu difficile de faire évoluer. Et surtout, nous avons utilisés, exploités, et construits l'espace dont nous disposions et qui a été le principal levier de notre puissance.

 

Pour comprendre ce qui se passe, une métaphore est bien utile : celle du jeu Blokus. 

Dans celui-ci, les joueurs doivent remplir un damier avec des formes précises (les minos), chacun devant placé le maximum de formes sur le plateau. Au début, le jeu est facile, puisque le plateau est vide. Mais, au fur et à mesure que le plateau se remplit, il devient de plus en plus difficile de trouver de la place pour les derniers minos.

Cette logique de jeu de plateau se retrouve aussi dans le jeu de Go.

Elle décrit assez bien ce que nous vivons. Creusons la métaphore.

Dans un premier temps, les ressources, les espaces sont largement disponibles. Chaque joueur (pays, acteur, ...) peut donc envisager sa progression (sa croissance) facilement. Il peut organiser sa progression assez librement, c'est à dire choisir les modalités d'organisation qui lui convienne.

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Quand un joueur trouve une opportunité, il progresse rapidement, un peu comme un pays qui vit une révolution industrielle qui stimule sa croissance.

Mais au fur et à mesure du temps, les espaces sur le plateau se raréfient. Il faut réfléchir davantage à chaque coup pour espérer trouver une nouvelle opportunité de placer un élément supplémentaire. De même, dans nos sociétés où toutes les ressources et les espaces ont été utilisés, il devient difficile de trouver de nouvelles possibilités. 

Peu à peu, les solutions diminuent et le jeu se fige. Dans Blokus, quand il n'y a plus de solutions, on compte les points et on recommence une partie.

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Dans nos sociétés, nous avons utilisés tous l'espace, les territoires et les ressources  à notre disposition. Nous ne pouvons pas renverser le plateau et recommencer une partie. Nous pouvons, par contre, changer les règles du jeu (c'est le but de ce site que de proposer de nouvelles règles du jeu, particulièrement sur le plan fiscal, mais aussi dans les domaines de la mobilités, de l'utilisation des ressources et de l'urbanisme).

Mais nous ne retrouverons plus la croissance.


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3 juillet 2010 6 03 /07 /juillet /2010 07:16

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En ces périodes où la crise et l'inquiétude sont scrutés à la loupe, minute par minute, il est bien trop rare que l'on s'intéresse aux explications à l'origine de nos Crises. L'une des explications tient au phénomène de la désindustrialisation, phénomène souvent connu, mais aussi minoré ou oublié.


Phénomène souterrain, qui n'apparaît en lumière que lors du temps court que constitue la fermeture d'une usine. Les Médias  en parleront pendant ce bref moment, évoquant la souffrance des salariés, mais sans s'intéresser trop ni aux racines du processus, ni à ses conséquences à terme.


Pour le caractériser, plutôt que de long discours, prenons trois lieux significatifs du processus à l'oeuvre:


premier lieu : une usine, la compagnie du savon de Marseille installée dans le quatorzième arrondissement de la ville.

Quelle est son histoire?

"l'entreprise résume parfaitement l'évolution de l'industrie du savon à Marseille. C'est d'abord, dans les années 1850, une petite usine de bougies installée dans un quartier champêtre de Marseille. L'arrivée de la lampe à pétrole et du bec de gaz oblige l'établissement à se reconvertir, et à la fin du XIXe siècle apparaît la savonnerie Leca, qui devient ensuite la savonnerie J.B. Paul.

En 1909, alors que les concentrations se multiplient, l'usine unit ses forces à celles des huileries Antonin Roux. La savonnerie Antonin Rous et J.B. Paul subsiste ainsi pendant un demi-siècle avant que la vogue des savonnettes n'entraîne son rachat en 1969 par un groupe américain qui scinde à nouveau ses activités, revendant l'huilerie à Lesieur et la savonnerie à Unipol. L'entreprise devient propriété de l'Union Général des Savonneries qui crée "le Chat", avant de passer entre les mains d'un lessivier allemand et de fusionner avec uns société nantaise pour devenir la Compagnie du savon de Marseille, son appelation actuelle." (source françois Thomazeau)

Il ne reste plus que deux savonneries à Marseille alors qu'il y en avait au début du XXe siècle plus de 90.

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L'état de leurs bâtiments montre qu'il ne s'agit plus d'industries ultra-moderne dans lequel on investit. En réalité, il s'agit ici de niches particulières de produits de luxe dans lequel une poche industrielle. survit.

Leur histoire montre le processus de désindustrialisation en oeuvre. Parti d'un capitalisme familial franco-français, l'entreprise est rachetée par des grandes compagnies internationales qui l'utilisent au mieux de leur intérêt propre. Ici, ce qui les intéresse, c'est une image de marque, une "marque de fabrique" qui garde une valeur importante. Et c'est sans doute pourquoi on garde les bâtiments en l'état, sans y investir beaucoup. Ceux-ci se dégradent car l'entreprise mère ne veut pas mettre de l'argent dans une usine dans lesquels les coûts de production sont élevés. Cette entreprise multinationale préfère investir dans de nouvelles usines ultra-modernes installés dans les pays émergents où la main-d'oeuvre est beaucoup moins chère tout en étant de plus en plus compétente.

Jusqu'au jour, où elle décide de fermer cette usine. Les personnels sont en mis au chômage brutalement. C'est le coup de projecteur médiatique et dramatique.

Le processus que je viens de décrire est à l'oeuvre dans l'ensemble des filières industrielles. Seuls résistent les grands groupes français qui gardent parfois quelques usines phares (Renault par exemple) et quelques secteurs clés (Aéronautique) où le processus n'a pas démarré.

 


deuxième lieu : un port à conteneur, le port ouest de Marseille.

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Celui-ci reçoit un trafic de plusieurs centaines de milliers de conteneurs par an (équivalent à la taille d'un conteneur de 20 pied). 

Quand on imagine ce trafic de conteneurs grandissant d'années en années, on  imagine un trafic dans les deux sens : Marseille exportant des conteneurs pleins autant qu'elle en importe.

Et bien, non, directement lié au déséquilibre de la balance commerciale, la moitié des conteneurs en provenance d'Asie repartent vides d'Europe. 

Pour deux conteneurs achetés par les pays européens, un seul est vendu par l'Europe. La proportion suffit à comprendre le phénomène à l'oeuvre : l'Europe achète ailleurs ses produits, elle s'appauvrit et ferme au fur et à mesure ses usines.

 


troisième lieu : plan de campagne, une des plus grandes zones commerciales d'Europe

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Ici, dans ce lieu de "la France moche", se vend tout ce que les ménages marseillais achètent. Et les produits présents sur les étalages proviennent d'où? De Chine, du Vietnam, d'Indonésie, ...

Pratiquement jamais du Japon, des Etats-Unis et du reste de l'Europe. 

Le processus d'appauvrissement est ici à l'oeuvre.  Des chômeurs, renvoyés après la fermeture de leur usine, viennent acheter des produits fabriqués par leur concurrent asiatique. Ils utilisent, pour payer, leurs allocations chômage financées par la Nation. Celle-ci s'appauvrit donc à chaque fois qu'un achat a lieu. 

Ce processus à l'oeuvre n'est pas seulement un processus économique aux conséquences sociales et humaines importantes, il est aussi un processus d'appauvrissement environnemental global puisque la mondialisation industrielle permet de continuer à consommer des ressources naturels non renouvelables, épuisables, parce qu'il contribue au dégagement de carbone et de produits néfastes dans notre environnement.

 

Comment alors enrayer ce processus? Faut-il d'ailleurs l'enrayer? Que faut-il proposer pour sortir de cette dynamique infernale qui nous appauvrit chaque jour un peu plus, cela sera l'objet d'un prochain article.


Pour aller plus loin:

La Croissance, une idée bien fatiguée

La mondialisation, au coeur de la crise financière

L'endettement, un problème écologique?


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26 juin 2010 6 26 /06 /juin /2010 16:11

 

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Dans un de ses excellents billets publiés dans LeNouvelObs, Jean-Claude Guillebaud, après avoir lu le dernier bouquin de Jacques Attali se livre à une analyse de la situation actuelle. Je partage pleinement son analyse au point de la recopier ici:

"Le débat démocratique n'intéresse plus vraiment par lui-même. On devrait se demander pourquoi? Suggérons une hypothèse : il est devenu barbant parce qu'il est ordinairement sans vision, sans représentation de l'avenir. Qu'est-ce à dire? Chez nous, en Occident, règnent encore - mais pour peu de temps - l'indolence et la profusion des marchandises. (...)

En réalité, l'enrichissement continu sur lequel nous avions fondé, après la guerre, nos systèmes démocratiques et gagés la paix sociale, apparaît crûment pour ce qu'il était : moins un destin garanti qu'une temporalité éphémère, une phase hors norme du destin occidental. Chacun sent obscurément que la fête est finie.

Du coup, le modèle européen s'en trouve virtuellement ruiné. Trente Glorieuses, Etat providence et Sécurité sociale : sous les replâtrages au jour le jour (...) s'ouvre une béance aussi profonde qu'une question : qu'était donc, au fond, cet état de croissance sinon une commode mise en abîme de l'inégalité, une trêve partielle entre riches et pauvres, patiemment reconduite de budget en budget?

(...) Dans l'Europe endettée, la croissance vacille. C'est ailleurs, vers l'Asie mirobolante et affolée qu'elle s'est expatriée (...) Privées de ce grand lubrificateur social que représentait la croissance, nos démocraties se durcissent, se raidissent. (...) C'est pied à pied que la vieille social-démocratie fait retraite."

Chrétien dans l'âme, Jean-Claude Guillebaud pourrait être taxé de millénariste masochiste, mais, il est trop subtil intellectuellement pour se laisser aller à ce genre de piège.

Sa pensée est en tout cas plus fine et précise que celle de Jacques Attali qui disait dans le Matin du 29 mai 2010 :  

 

"Pourquoi les Etats s’endettent-ils?

Trop de pays vivent au-dessus de leurs moyens parce qu’ils n’osent pas augmenter les impôts. Dans une démocratie, il est plus facile de diminuer les impôts que de les augmenter, tout comme il est plus facile d’augmenter les dépenses que de les réduire. On se retrouve dans une situation où les dépenses augmentent plus vite que les impôts. En quelques années, l’Occident a connu une augmentation spectaculaire de l’endettement. On ne connaît pas de précédent à un mouvement d’une telle ampleur, d’une telle étendue géographique, d’une telle vitesse.

Dans le même temps, la Chine a complètement effacé sa dette et des pays comme l’Inde, le Mexique ou le Brésil, l’ont réduite.
Il y a eu une inversion depuis sept ou huit ans. Les pays émergents ont connu une forte croissance. Ils ont maintenant émergé. Ceux du Nord n’ont fait que maintenir artificiellement une croissance grâce à l’endettement."


Nous sommes d'accord avec Jacques Attali : l'endettement a été le moteur de notre faible croissance depuis des décennies. Mais ce concept de croissance, représentée partout, comme le saint-Graal de la réussite économique, mérite d'être davantage creusée.

On sait qu'elle est une construction en partie artificielle, alimenté facilement par la construction en rase campagne d'une autoroute, ou par des accidents de circulation qui "créent" de la croissance alors que la mise en place d'une politique éducative ou de santé la plombe lourdement.

Il faut encore prolonger le raisonnement et croiser le concept de Croissance avec celui d'Environnement, cette dernière ayant une influence sur la première.

En effet, on se doute que des matières premières abondantes et abordables facilitent la croissance en favorisant son développement. On envisage plus rarement l'idée que la densité de population et la disponibilité d'espaces vierges sont des atouts pour une croissance importante.

On prendra un exemple simple pour le comprendre : la construction d'une rocade autour d'une ville. Si celle-ci est construite sur des champs de betteraves, son coût est faible, mais sa construction créant des emplois, elle alimente le PIB avec succès. Par contre, installée dans un univers urbain, sa construction va subir des retards, des infrastructures supplémentaires vont devoir être financés (extracteur de fumée, tunnels, recouvrement). Elle sera donc moin "intéressante" pour notre PIB.  Au fur et à mesure du temps, la complexification constante de nos sociétés ont entraîné une augmentation des coûts, et une diminution du ratio recette/dépense pour l'Etat, les entreprises comme pour les particuliers. Les bénéfices de chaque opération diminuant, nous avons perdu cette croissance, devenue un fantasme d'économistes, des politiques et des syndicalistes.  

 

L'opinion publique, et les personnalités qui lui donnent du corps, sont victimes de ces représentations de la croissance, et de la référence constante au Paradis perdu des Trentes Glorieuses, seul grille à notre disposition pour comprendre notre monde.

C'est pourquoi le futur est inaudible et indiscible pour beaucoup. On n' y voit que deux solutions :

-l'option apocalyptique de la destruction brutale de notre monde et de son effondrement

-l'option de la continuation du même monde, avec la même organisation qui nous a "réussi" jusqu'à maintenant.

Or, ce dont nous avons besoin, c'est de nouvelles grilles de lecture du monde à venir.

Nous avons besoin d'imaginations capables d'inventer des mondes nouveaux pour notre futur, mondes réalistes mais différents construit autour de l'économie verte et sans le pétrole.

Nous avons besoin d'envisager, d'inventer des façons de passer de notre monde d'aujourd'hui à ces mondes imaginaires mais réalistes et durables.

 

Nous avons besoin d'imaginer une nouvelle forme de croissance endogène et durable qui ne reposent plus sur l'exploitation de ressources non renouvelables

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Pour aller plus loin:

Endettement de la France: trouver des solutions

Le pétrole nous ruine? Supprimons-le!

La mondialisation, au coeur de la crise financière

L'endettement, un problème écologique?

 

 

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26 mai 2010 3 26 /05 /mai /2010 23:02

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Notre endettement croissant est inquiétant. Comment analyser ce phénomène? Quelles solutions faut-il envisager? Comment échapper aux propositions habituelles et conventionnelles des partis politiques?


Trouver 100 milliard sur trois ans !

Comme si cela était facile, comme si on oubliait que l'endettement français avait augmenté de 1000 milliard en vingt ans, comme si on ne savait pas que la majorité de cet accroissement de la dette provient du coût croissant des intérêts de la dette.

Nous (les français et les européens) sommes dans une impasse politique et financière. Parce qu'on oublie les causes de ce phénomène : l'endettement augmente parce que nous vivons au-dessus de nos moyens. Nous avons toujours l'illusion d'être un pays riche (et nous le sommes encore comparativement à une majorité de pays) donc nous avons dépensé sans compter. Comme un ancien riche qui n'arrive pas à réduire son train de vie.


Pour maintenir cette illusion, nous avons emprunté de quoi maintenir notre niveau de vie. Nous avons oublié une chose : notre "salaire" collectif à baissé, a fortement baissé inexorablement depuis 30 ans. Notre salaire, c'est l'excédent de richesse que nous avons dégagé, c'est la balance des paiement ou/et la balance commerciale. Or, elles ont diminué pratiquement chaque année depuis une vingtaine d'année de dizaine de milliards par an. La seule facture des hydrocarbures est actuellement de 60 milliard par an, argent irrémédiablement perdu chaque année pour maintenir notre modèle de vie construit autour de l'automobile et des énergies fossiles.


Aujourd'hui, les créanciers se présentent à notre porte. Que faut-il faire?

Première option : celle choisit par la gauche. Elle prend deux formes:

1-Reprocher au sein de la famille à l'un de ses membres d'être trop dépensier. Il est de bon ton de dire qu'il suffit de réduire les inégalités et prendre davantage aux riches. Mais les riches font partis de la collectivité nationale. Or, c'est celle-ci qui s'appauvrit collectivement. Le redécoupage des parts du gâteau ne peut cacher l'essentiel : le gâteau est beaucoup plus petit qu'avant. 

2-Faire la sourde oreille. Croire et espérer que les choses vont s'arranger naturellement, que la "crise" va s'arrêter. Mais la crise dure depuis 37 ans, il ne s'agit plus d'une crise, mais d'un mouvement long et lent de dégradation continue. Cette dégradation correspond à la fin du modèle des trente glorieuses construit autour du partage de la richesse et de la production de masse de biens de consommation reposant sur des ressources nombreuses et accessibles (terres, minerai, pétrole, etc...). Cette période est fini irrémédiablement. Il faut s'en convaincre et cesser de rêver au retour impossible de cette abondance. 


Deuxième option: celle choisit par la droite. Elle prend elle aussi deux formes.

1-Prétendre que nos problèmes proviennent de rigidités "structurelles" qu'il faut casser. Autrement dit, si la famille France s'appauvrit, c'est que les cloisons de sa maison sont trop épaisses et nombreuses, donc il faut casser les cloisons. Comme si casser allait nous enrichir ! Pour reprendre la métaphore du gâteau, c'est nous faire croire que c'est la suppression du moule empêcherai le rétrécissement du cake !

2-Répondre au problème de l'endettement par la seule recherche d'économies, et donc la "vente" de tous ce qui est "inutile" (trop de services publics, d'aides variées ...). Si une famille est endettée, il est légitime qu'elle fasse des économies, mais elle doit les faire de manière raisonnée. En effet, vendre son patrimoine pour payer ses dettes, c'est s'exposer à l'appauvrissement réelle. Il faut donc faire les bons choix et les faire sur le long terme : vendre la voiture et l'appartement et se retrouver à vivre sous les ponts n'est pas la bonne solution !


Autrement dit, il faut s'attaquer aux sources réelles de notre appauvrissement : notre balance des paiement déficitaires.

Elle a réellement deux causes :

-A-le recours à des ressources naturelles non renouvelables de plus en plus rares et chères.

-B-le partage du "travail" dans le cadre économique de la mondialisation où nous sommes perdants actuellement. 

Il faut donc d'autres pratiques :

-A-construire une économie basée sur les énergies renouvelables et les matériaux recyclés

-B-une économie recentré sur le local sans pour autant perdre nos parts de marché dans le cadre de la mondialisation.

Pour cela, il faut inventer de nouveaux mécanismes, de nouvelles politiques publiques volontaristes. Le coeur (au sens de moteur nucléaire) de ce dispositif proviendra d'une fiscalité nouvelle, favorisant ces bonnes pratiques, irriguant l'économie de cette dynamique positive.

Pour en terminer avec la métaphore de la famille endettée: plutôt que de vendre une partie de son patrimoine, elle doit se poser les bonnes questions. Est-il nécessaire de garder deux coûteuses voitures, alors que l'essentiel des activités des membres de la famille peut se faire en transport en commun? Le voyage annuel aux Seychelles de toute la famille est-il indispensable? Le renouvellement du moindre objet cassé par un neuf est-il efficace? 

 

Il ne faut pas casser nos biens mais envisager une autre manière de les utiliser et de vivre avec.

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24 mai 2010 1 24 /05 /mai /2010 08:37

 

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Utilisons les 60 milliards de la facture pétrolière pour quelque chose d'utile. Débarrassons-nous de ce boulet économique ruineux. Luttons contre le chômage! Oui, mais comment?

 

Chaque année, notre pays doit payer une facture de 60 milliards pour sa consommation d'hydrocarbures.

Imaginons que nous n'avons pas à payer cette facture. Rêvons un peu. Evacuons notre principe de réalité. Oublions nos connaissances raisonnables et lâchons-nous !

Et bien, que pourrait faire un pays comme le nôtre avec ses 60 milliards de plus?

Pour la dette, les 100 milliards à trouver en trois ans? En moitié moins de temps, le problème est réglé !

Mais utilisons-les de manière plus utile (on réglera la dette plus tard).  Transformons cet argent en emploi, payons des gens pour travailler. Au SMIC, avec les charges, Soixante milliards par an cela représente la création de 2,4 millions d'emplois. Si on y rajoute les emplois induits (ces gens consomment davantage et cela crée de l'emploi), nous sommes à prés de 4 millions. Nous avons éliminé le problème du chômage et relancé l'économie, réglé en grande partie aussi, les problèmes de déficit des caisses maladies et retraites.

La suppression du pétrole réglerait nos problèmes économiques et sociaux, et aiderait à lutter contre le réchauffement climatique. Magnifique !

Cher lecteur, je sais que tu me lis goguenard, le sourire aux lèvres, en disant, bon, il m'énerve ce sympathique  utopiste qui a sans doute une voiture et une chaudière au gaz (il a raison!). Revenons à la (triste) réalité.

 

Revenons-y, d'accord. Imaginons qu'une fiscalité intelligente bouleverse la donne, en désavantageant l'utilisation du pétrole dans l'économie et les usages. Que cette fiscalité permette de favoriser le développement des véhicules propres et de sources d'énergies renouvelables.

Alors on relancera l'économie de notre pays et de l'Union Européenne, on limitera l'endettement et on permettra la création de millions d'emplois.

Rêvons-nous? Oui, mais d'un rêve réaliste et tangible, d'un rêve à portée de main et d'espérance.

Cher lecteur, n'oublie-pas : 60 milliards de pétrole, c'est 2,4 millions d'emplois.

 

Pour aller plus loin :

L'économie verte créatrice d'emploi, créatrice de croissance

La mondialisation, au coeur de la crise financière

Endettement de la France: trouver des solutions

Inventer un système fiscal écologique innovant

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19 mai 2010 3 19 /05 /mai /2010 06:44

 

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Dans la tourmente financière et économique que nous vivons ces derniers jours, découvrant, heure par heure, sur nos écrans et dans nos journaux, cette descente aux enfers de l'économie européenne, tentons de prendre un peu de recul et cherchons les racines des problèmes qui nous assaillent.

Depuis les années 80, nous sommes rentrés dans l'ère de la mondialisation. Celle-ci était construite autour d'un principe : le partage du travail entre les différentes parties du monde. Les dominants (Europe, Japon et USA) se gardent les productions à haute valeur ajouté (aéronautique, software informatique, etc...) et déléguent à certains pays du tiers monde la production d'intrants agricoles et de biens manufacturés plus "simples", tout en utilisant le pétrole comme énergie abondante et bon marché.   

Ce modèle s'est progressivement modifié, de manière souterraine, sans que nous nous en rendions compte. Les pays du tiers-monde auxquels nous avions confiés ces tâches se sont enrichis. De sous-développés dans les années 70, ils sont devenus émergents dans les années 90, aujourd'hui, Brésil, Chine, Inde, pays pétroliers, ils se sont transformés. Il s'agit des véritables pays puissants et dominants aujourd'hui dont nous sommes, maintenant, dépendants. Pourquoi?


La mondialisation a entraîné l'enrichissement du tissu industriel des pays émergents alors que le nôtre s'appauvrissait. Dés lors, les balances commerciales et les balances des paiement de nos pays sont devenus déficitaires alors que les leurs devenaient excédentaires. Ainsi, ces dernières années, le pétrole et le gaz coûtaient, par an, 60 milliards d'euros à la France. La balance commerciale, la balance des paiements ou "le solde des transactions courantes" de la France ont, pour chacun d'entre eux, baissé de plusieurs dizaines de milliards chaque année, depuis des décennies.

Cela signifie que notre pays s'est appauvri chaque année de plusieurs dizaines de milliard par an. Ce phénomène, existant depuis des décennies, s'accentuant d'années en années, a dégradé la situation de notre pays et des autres pays européens, créant une croissance atone et un taux de chômage élevé.

Pour maintenir la prospérité et lutter contre l'appauvrissement progressif, les Etats, les particuliers et les entreprises ont utilisé l'arme du crédit. En anticipant une hypothétique croissance future, ils ont emprunté sur les marchés, de quoi maintenir leur niveau de vie. Où ont-ils trouvé l'argent? Dans les pays émergents qui disposaient de liquidités grâce à leur balance des paiements excédentaires.

La boucle s'est donc refermé et les marchés, aujourd'hui, viennent simplement, mais dans les affres de la spéculation, remettre les pendules à l'heure et nous signifier que nous  nous sommes appauvries. Nos illusions tombent.

Ce qui est dramatique, c'est que nous vivons depuis 35 ans dans la croyance qu'il s'agit d'une crise alors que le problème est profondément structurel.

Ce qui est tragique, c'est que les idéologues de tous poils, nous ont fait croire à leurs remèdes. A gauche, on nous a dit qu'il s'agissait de mieux partager le gâteau, en oubliant que le problème provenait  davantage de la diminution de la taille du gâteau. A droite, on nous a affirmé que c'est nos rigidités qui expliquaient nos problèmes, comme si la suppression du moule éviterait le rétrécissement du cake !

Ce qui est inquiétant, c'est que nos problèmes ne vont pas s'arranger avec  l'accroissement de la concurrence mondiale pour l'accès aux ressources.


Aujourd'hui, les questions principales que je me pose, tournent autour de l'avenir. Nous n'avons pas le droit de désespérer. Nous avons l'ardente obligation de trouver des solutions. 

Celles-ci sont à chercher dans la sortie progressive de  la mondialisation effrénée, dans le recentrage, sans enfermement, des économies sur le local. Elles sont à chercher aussi dans une économie dont le seul moteur plausible et crédible sera l'économie verte, construite sur de nouveaux leviers d'actions innovants que se donneront les pouvoirs publics. 

 

 

Pour compléter cet article:

L'endettement, un problème écologique?

L'économie verte créatrice d'emploi, créatrice de croissance

La croissance verte est-elle possible ?

 

 

 

12 décembre 2009

"C’est un paradoxe intéressant : l’argent est devenu une ressource de plus en plus rare alors que les besoins financiers pour "sauver la planète" explosent. Bien sûr, certains Cassandre nous expliquent qu’il suffit de faire marcher la planche à billet "comme les américains entre 1942 et 1945" pour régler le problème. C’est oublier un peu vite que les Trente Glorieuses, avec ces taux de croissance à deux chiffres et son inflation, ont permis de résorber ces déficits rapidement. Mais, il est peu probable que une telle croissance se reproduise dans un monde où le manque de ressources risque de plomber tout redémarrage de la croissance."

 

 

17 octobre 2009

"Sortir de l’économie basée sur l’emprunt. Les économies du XXéme siècle ont été construite sur la création continue de masse monétaire par le recours à l’emprunt. La dette a été un moyen d"amorcer la pompe" économique, créateur de richesse. Cette création de richesse n’était pas un problème quand les taux de croissance arrivaient en grande partie à compenser le coût du crédit. A l’époque, les matières premières étaient abondantes et bon marché, ce qui facilitait les remboursements. La probabilité forte d’une économie décroissante et les excès, dans tous les domaines, (dette publique, dettes des entreprises, des particuliers )liés à l’usage immodéré du crédit sont deux facteurs dont la conjugaison devient une addiction dangereuse pour tous ceux qui en abusent. Les coûts croissants des matières premières, des ressources naturelles, mais aussi de la mise en oeuvre du principe de précaution rendent les chantiers du XXIéme siècle beaucoup plus onéreux que ceux du XXème siècle. Les pays gagnants du XXIéme siècle seront ceux qui utiliseront le recours au crédit avec modération et éviteront le creusement des dettes publiques et privées."

 

 

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9 mai 2010 7 09 /05 /mai /2010 00:00

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Le plan de sauvetage de la Grèce est un laboratoire de notre avenir européen. Les choix opérés conditionnent-ils notre avenir? Quels liens peut-on faire entre cet endettement, notre situation économique et les inquiétudes environnementales? 

La situation critique de la Grèce mérite  qu'on s'interroge car les problèmes que cela soulève sont cruciaux pour tous les pays européens et les Etats-Unis. L'endettement est un problème à rattacher à celui de la croissance, du développement et à celui du développement durable. 

Plusieurs principes doivent être développés :


-l'endettement n'est pas seulement celui de l'Etat. Aujourd'hui,  des ménages et des entreprises sont eux aussi endettés, dans une proportion importante. Cet endettement a été nourri pas la croyance que "demain, cela ira mieux" et qu'on investit pour l'avenir, car la croissance "va revenir". L'évolution de la situation a démontré le contraire. Le secteur, où ces croyances ont fait le plus de ravages, reste celui de l'immobilier, où l'endettement  a beaucoup augmenté, créant du même coup, une croissance parfaitement artificielle, qui a contribué à nourrir l'illusion de la croissance continue.

-l'endettement est un problème beaucoup plus préoccupant que le réchauffement climatique. Le premier est une certitude, le second est discuté et soumis à des hypothèses et des interprétations variées. De plus, l'endettement a une conséquence dramatique sur l'éventualité de réussir le combat écologique : endetté, une personne, ou un groupe, n'a pas les moyens de réagir et de se défendre lorsqu'il rencontre des problèmes. La préoccupation écologique et la préoccupation de la dette  sont deux questions  vitales pour notre avenir, au même titre l'une que l'autre, imbriquée l'une dans l'autre.

-l'endettement est l'ennemi de la croissance, puisqu'on n'a plus les moyens de grandir quand on doit d'abord payer ses dettes. L'endettement est aussi l'ennemi du développement durable, car comment construire le développement durable quand l'avenir est hypothéqué par cette menace? Comment investir dans un réseau de transport en commun (pour la collectivité), l'isolation de sa maison (pour un particulier), le secteur de la green économie (pour une entreprise), si on croule sous les dettes? On est condamné à attendre au lieu de s'engager et de participer aux nécessaires transformations collectives et particulière dont nous avons besoin.

-l'endettement n'est pas uniquement un problème de financiers, de malversations bancaires, détaché de la vie réelle et des choix collectifs des citoyens. Certes, on peut reprocher, à juste titre, au secteur financier d'en avoir aggravé les effets, mais il s'est construit autour de nos choix de vie de tous les jours, nourris par la dynamique des consumérismes. Vouloir toujours plus d'autoroutes, de voitures derniers cris, d'appartements plus grands, d'un système social plus protecteur, alors que la création de richesse ne le permettait pas immédiatement nous a poussé à créer de manière artificielle cette richesse que nous n'avions pas. De là est né nos dettes, toujours plus importantes, au fur et à mesure que le système financier créait les outils qui nous permettait de croire que cela serait sans conséquence.

 

Tout projet de réforme, tout programme politique doit courageusement abordé cette question. Penser que les citoyens de notre pays se contenteront d'un discours démagogique, niant le problème, cachant les choix douloureux inévitables à venir, c'est se bercer d'illusions. Les citoyens attendant un discours et des solutions concrètes à ces problèmes.

Les solutions écologiques et fiscales devront à la fois ne pas créer de la dette supplémentaire et nourrir la vitalité du tissu économique. 

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