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Il faut demander plus à l'impôt

et moins aux contribuables

 

Alphonse Allais

 

Outil fiscal

Les contributions incitatives sont des micro-taxes payées sur les activités polluantes. L'argent récolté permet aux plus démunies d'investir dans les transitions écologiques et énergétiques. 

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Un résumé de la pensée de l'auteur sur la crise écologique 
22 décembre 2013 7 22 /12 /décembre /2013 07:16

 

aixmarseille.jpg

 

Aix-Marseille-Provence sera un bel ensemble et représente l'avenir. Pourtant, il manque, à cette belle idée, le petit zeste d'imagination et d'innovation qui fera décoller la métropole à venir.

La deuxième conférence métropolitaine, qui s'est tenue le 20 décembre 2013 au palais du Pharo à Marseille, a permis de mesurer les progrès réalisés en un an. La réflexion collective avance. Elle permet de construire une stratégie collective, devenue indispensable car les difficultés s'accumulent sur ce territoire aux potentialités indéniables. 

Toutefois, sur deux thèmes cruciaux, les propositions ne se révèlent pas convaincantes.

L'un des chantiers s'intitule mobilité et accessibilité.  La métropole voit les trois principaux corridors d'accès à Marseille accueillir chacun, chaque jour,  plus de 50000 véhicules individuels. Cette quantité a augmenté de  20% ces dix dernières années. Cette croissance va continuer, de 15 à 30% à l'horizon 2040. L'embolie se prépare. Chacun en a conscience, pris entre la nécessité de trouver des solutions collectives et la nécessité individuelle de se déplacer: le palais du Pharo étant desservi par une seule ligne de bus, il est probable que la grande majorité des participants à la conférence a utilisé sa propre voiture. 

Les solutions proposées ne semblent pas convaincantes: aménager le pivot de la gare Saint-Charles et installer des voies dédiées aux cars sur les autoroutes. C'est une conception ancienne et dépassée qui s'intéresse en priorité aux grandes infrastructures. Dans la crise longue que nous vivons, où l'argent se fait rare, les évolutions des grands axes ne pourront pas répondre à la mutation urbaine en cours.

Ce qui caractérise la métropole Aix Marseille Provence, c'est  son polycentrisme, l'étalement et l'émiettement urbain.  Augmenter de 10% la vitesse des bus dans les corridors ne répond pas aux besoins d'habitants qui ne se déplacent pas du centre d'Aix à la gare Saint-Charles mais, par exemple, d'Eyguières à Luminy. Jamais l'offre de transports en commun ne pourra répondre, de manière satisfaisante, à toutes les demandes singulières. Les dizaines de villages péri-urbains doivent être reliés rapidement aux multiples pôles marseillais mais aussi à la douzaine de centres urbains qui constituent la métropole.

Un des maîtres mots de la journée fut le verbe fluidifier. Il vaut mieux consacrer l'essentiel des moyens financiers à la diminution des voitures individuelles se déplaçant dans les principaux corridors. Les nouvelles mobilités alternatives (vo-voiturage, autopartage, coworking, ...) vont permettre d'utiliser un seul véhicule pour plusieurs trajets individuels. Mais ces nouveaux moyens de transport se heurtent, pour l'instant, à la difficulté de faire se rencontrer l'offre et la demande.

Comment connaître celui qui, comme moi, se rend chaque matin, d'Eyguières à Luminy? Or, notre époque, avec le développement de la géolocalisation et du haut débit, va permettre de répondre à cette question.

La métropole peut devenir un pôle innovant dans ce domaine. Il vaut mieux consacrer l'essentiel des moyens financiers dévolus aux mobilités au développement d'une plate-forme numérique commune permettant à chacun de trouver le bon véhicule au bon moment plutôt que de continuer à vouloir perdre de l'argent dans l'amélioration des infrastructures. 

Le mobile sera au coeur de nos mobilités: grâce à lui, nous pourrons nous déplacer rapidement dans la métropole, c'est l'idée que nous défendons depuis 4 ans.

 

L'autre thème, où la réflexion stratégique ne permet pas de répondre aux difficultés, à venir est celui de la disponibilité foncière. 1000 hectares de terres agricoles disparaissent chaque année et pourtant le territoire se révèle incapable d'accueillir les entreprises car le foncier, dans les zones d'activités, est saturé à 98%. Les prix de l'immobilier ne baissent pas malgré la crise, signe d'une demande toujours forte face à une offre insuffisante.

Si le territoire veut préserver sa prestigieuse armature naturelle qui représente un de ses principaux atouts, il faudra en effet se contenter des espaces déjà urbanisés. Les propositions faites à la conférence se tournent vers l'entre-deux, le travail à la marge sur les restes du puzzle fragmenté d'une urbanisation qui a déjà utilisé toutes les ressources à sa disposition.

Mais ces solutions ne peuvent convaincre: comment loger les 200 000 habitants supplémentaires attendus? Comment répondre à la demande des entreprises et des ménages qui cherchent des espaces toujours plus chers? Là aussi, l'embolie menace alors que nous ne voyons pas émerger des propositions convaincantes, et à la hauteur des enjeux.

Il n'y a pourtant qu'un seul chemin possible: celui de la densification des espaces. Face à l'étalement urbain subi, il faut inventer un nouvel urbanisme qui permette de repolariser l'habitat et les activités.

Là encore, il faudra innover. Le rehaussement des immeubles, la surélévation des bâtiments existants et la réaffectation des activités vont permettre de construire une densification cohérente. Certes, il faudra, pour y arriver, que le législateur s'empare de la question et donne les moyens aux copropriétaires d'assumer la re-construction de leurs biens. 

Mais ces outils vont permettre d'augmenter l'offre d'espaces d'activités et de logements tout en facilitant la transition énergétique. La vente des nouveaux espaces créés par le rehaussement va, en effet, permettre de financer la rénovation énergétique du bâtiment ancien.

La surélévation peut devenir une méthode innovante qui va dynamiser l'offre foncière en allant la trouver là où on ne la cherche pas: sur nos toits. Les techniques existent, il ne reste plus qu'à les appliquer. 

La réaffectation des activités peut offrir d'autres pistes comme le montre cet exemple qui conjugue culture d'innovation, transition énergétique et cohésion sociale: comment re-utiliser les futures friches commerciales?

 

L'OCDE vient de publier un rapport qui décrit les atouts de cette métropole et la nécessité d'une "croissance plus inclusive". C'est en travaillant sur les transports, l'environnement et la qualité de vie de ses habitants que le développement économique pourra se poursuivre. Aix-Marseille doit surmonter ses fragmentations en inventant une nouvelle façon de "faire corps".

Prenons un exemple significatif: le consensus existe autour de la nécessité de créer un objet emblématique comme le ticket unique de transports publics. De nombreuses métropoles en sont équipées. Mais il faut voir  plus loin encore, il faut inventer l'application unique qui va relier-via leur téléphone mobile- tous les voyageurs et tous les moyens de transport de la métropole

 

Conclusion:  réalisée par la mission interministérielle pour le projet métropolitain Aix-Marseille-Provence, la réflexion conduite mérite le respect pour sa qualité et sa pertinence. Elle lui manque seulement l'audace de ceux qui savent anticiper sur les idées innovantes, s'en emparer pour disposer de l'avance qui fera la différence avec les métropoles concurrentes.

 

 

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29 octobre 2013 2 29 /10 /octobre /2013 07:43

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Les ratés de la mise en place de l'écotaxe poids lourd, les résistances qu'elle suscite doivent nous faire réfléchir. C'est, dans la manière dont nous prenons une décision, dans nos sociétés démocratiques modernes, dans le déficit du dialogue social en France que se situe l'origine de cet échec, comme de ceux qui l'ont précédé. 

 

Pour comprendre l'échec de l'écotaxe poids lourd, tournons-nous vers le passé. En 2007, dans la commission "lutter contre les changements climatiques et maîtriser la demande d'énergie", lors du Grenelle de l'environnement, cette idée d'une écotaxe surgit. Elle est adoptée par une commission d'experts et de représentants des corps intermédiaires. Seuls, les organisations patronales émettent des réserves.

Extraits (page 47/90) "Le groupe propose la mise en place d'une éco-redevance kilométrique sur les poids lourds et prend acte des réserves exprimées par le MEDEF et la CGPME."

La majorité au pouvoir, qui a conçu le Grenelle, légifère et vote la mise en place de cette écotaxe. La même qui aujourd'hui se fait des gorges chaudes des difficultés de la nouvelle majorité.  

Dans ce processus, à quel moment le dialogue a-t-il eu lieu entre les transporteurs, leurs salariés d'une part et le pouvoir législatif et exécutif d'autre part? On a bien du mal à le percevoir.

On assiste, une fois encore, à un désastre de l'Etat démocratique qui, dans ses procédures, se révèle incapable de tenir compte de la complexité de l'entrelacement des enjeux économiques, écologiques et organisationnelles.

Nous assistons ainsi à un triple désastre.

Désastre dans la circulation de l'information: allez sur google, tapez "écotaxe poids lourd" et lisez les articles de presse consacrés à ce sujet. Vous y retrouverez partout  les mêmes faits, les mêmes chiffres, parfois les mêmes phrases et paragraphes! C'est bien la preuve que l'information tourne en boucle, que les journalistes n'ont plus le temps d'aller sur le terrain. C'est la démonstration d'une société autistique qui n'écoute plus ses membres. Quel journaliste a pris le temps d'aller interroger un petit entrepreneur routier breton? Ou un fonctionnaire qui déploie son énergie depuis des mois pour mettre en place cette écotaxe?

Désastre du dialogue social: ce processus autistique se retrouve dans les modes de gouvernance qui néglige la parole des fonctionnaires d'encadrement et des petits patrons, ces personnes qui travaillent énormément, font "tourner la boutique France", mais qu'on écoute guère. Combien de députés ont pris le temps d'en écouter quelques-uns avant de voter cette loi? On aimerait être sûr que leur nombre dépasse une dizaine! Et cela ne s'est pas fait par mépris, mais plutôt parce que la guerre de tranchées parlementaire ne laisse guère le temps de le faire.

Désastre de la Recherche: une société démocratique paye les chercheurs pour qu'ils puissent faire remonter leurs analyses de la complexité de nos sociétés. Mais combien sont les économistes, les géographes et les sociologues qui travaillent sur les enjeux de la fiscalité environnementale? Quels sont les modes de dialogue et de communication entre les chercheurs, et entre les chercheurs et le monde politique? Pourquoi aucuns travaux, à ma connaissance, n'a  mis en garde vigoureusement contre les difficultés d'application de taxations "verte" mal pensé?

Vous n'êtes pas convaincu par ces propos? Prenons un autre exemple, dans un autre domaine, qui me fera sortir, ponctuellement, de mon devoir de réserve de fonctionnaire.

Le décret du 15 novembre 2006 modifie la loi du 10 janvier 1991 (loi Evin). Il prévoit l'interdiction de fumer dans les lieux fermés et dans les établissements publics. C'est une excellente loi qui a permis de faire reculer la cigarette.

Sauf que ... son application dans les lycées pose d'énormes problèmes aux proviseurs. En effet, le public de jeunes fumeurs, entre 15 et 17 ans, le public cible pour les dealers, descend donc, à chaque récréation, dans la rue, devant les lycées pour fumer. Les dealers se mêlent à cette foule, vendent en toute discrétion et, surtout, donnent les adresses où l'on peut s'approvisionner.

Voilà donc une loi admirable, qui, dans son application, a favorisé le développement de la consommation de drogues par notre jeunesse et permis aux trafiquants de  développer leurs activités en leur offrant des "plates-formes" publiques pour trouver de nouveaux consommateurs.

A l'époque, seuls le millier de proviseurs, responsables de l'ordre public dans leur établissement, et leurs syndicats, avaient protesté et signalé ce danger. Il aurait suffi alors de remettre un endroit, étroitement circonscrit, à l'intérieur des lycées, où l'on aurait été autorisé à fumer pour limiter ce problème.

Les proviseurs n'ont pas été entendus. Quel personnel politique  a pris le temps de les écouter? Combien de journalistes ont écrit un article sur cette question? Quels sont les chercheurs qui ont travaillé sur ce sujet? 

Cet exemple montre à quel point le système de gouvernance français est un échec. Depuis une dizaine d'années, à minimum, il ne fonctionne plus. Dans une période très difficile comme celle que nous vivons aujourd'hui, cela devient très délicat. Rappelons que l'écotaxe poids lourd a été adopté en 2009 à l'unanimité par le parlement. Quand une loi, approuvée par l'ensemble du spectre politique, provoque une révolte, c'est bien que la gouvernance démocratique ne fonctionne plus.

 

La faillite de l'écotaxe n'est qu'un échec de gouvernance de plus. Elle démontre l'incapacité de nos sociétés à trouver des solutions concrètes et simples à des difficultés qui mêlent des enjeux différents. Elle prouve les processus autistiques qui empêchent la communication entre les différentes parties du corps social. Si nous voulons sortir, à la fois, des crises économiques et écologiques qui plombent nos sociétés, il faudra bien inventer de nouvelles méthodes de gouvernance.

 

 

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8 juin 2013 6 08 /06 /juin /2013 08:43

debat transition

 

La deuxième phase du débat sur la transition énergétique se termine, -celle de la participation et de la concertation-, dans un processus marathon qui s'étale sur 9 mois. Pourtant on  peut déjà affirmer qu'il sera un échec. Et cela pour plusieurs raisons:

-ce processus se voulait exemplaire du déploiement de la démocratie participative. Certes, les manifestations, les débats en province foisonnent. Mais le débat n'a jamais pu passer au premier plan de l'actualité. Il est resté finalement assez confidentiel, n'intéressant que les citoyens et les entreprises ... déjà intéressés. L'opinion publique ne s'en est pas emparée, n'en a pas compris les enjeux. Combien de fois, le lecteur de cet article, a-t-il vu un sujet journalistique consacré à ce débat, dans les dernières semaines? La réponse est probablement le chiffre 0!

-cette année de discussions et de réflexions, lancée par la conférence environnementale de septembre 2012, pourra être perçu, plus tard, comme une année de perdue. Devant l'urgence économique et climatique, dans un calendrier politique rythmé par le mandat présidentiel de 5 ans, fallait-il "perdre" une année d'actions et de réformes?

-les propositions risquent d'être d'une grande banalité. Le coeur du processus, les auditions de grands témoins devant le conseil national, le jeudi, ont été globalement très décevantes: il s'agit le plus souvent de patrons de grandes entreprises ou de grandes organisations qui ont souvent eu une approche conservatrice, avec parfois des approches de lobbying, contre-productives; rien d'innovant, de révolutionnaire; des points de vue trop globales et approximatifs; et surtout, une approche colbertiste qui ne s'intéresse guère aux initiatives locales et préfère faire confiance aux grandes entreprises et aux grands corps d'Etat. On a du mal à croire que ces caciques, aux tempes blanchies, vont avoir l'inventivité nécessaire pour imaginer le monde de demain.

-le nucléaire a été "l'oeil du cyclone" du débat. On a tourné autour, sans jamais oser l'affronter frontalement, car les enjeux étaient énormes et les positions tranchées. Faute de l'avoir fait, les recommandations risquent d'être des compromissions qui ne permettront pas de donner un cap à une politique. Il aurait été préférable de le mettre, au contraire, au coeur du débat, en posant clairement la question: comment sortir du système électrique nucléaire français actuel? Avec quel coût? Sur combien de décennies? Il faudra bien en effet, dans les trente années à venir, fermer les 58 centrales construites à partir des années 70. Mais le lobby nucléaire ne pouvait pas accepter ces questions pourtant inévitables sur le long terme.

-les débats sont passés un peu vite sur le nerf de la guerre: le financement de la transition. Les premières estimations, selon les scénarios, oscillent entre 40 et 65 milliards d'euros par an, étalés sur des décennies. Les recommandations finales du conseil national et le projet de loi prévu pour l'automne 2013 risquent d'accoucher d'une coquille vide car la question du financement, pourtant cruciale, ne sera pas résolue.

 

Que retiendra l'Histoire de ce débat? Celui d'une bonne idée qui risque de se perdre dans les limbes, d'une usine à gaz qui a oublié l'essentiel: l'inventivité et l'innovation nécessaire à toutes les révolutions réussies.

 

 

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7 avril 2013 7 07 /04 /avril /2013 08:18

 

financetransitin.jpg

 

Aprés un démarrage lent, le débat sur la transition énergétique semble enfin lancé et prend, peu à peu, sa place dans le paysage démocratique français. Mais ce débat souffre d'un manque de clarté sur le coût réel de cette mutation. Or, il s'agit de l'enjeu le plus important: comment la financer?

Même si un des cinq groupes de travail du conseil national est consacré à ce thème, on trouve peu d'estimations précises d'une évolution énergétique complexe, dont les trajectoires restent encore incertaines. On attend le rapport sur ce sujet, après la saisine du conseil économique social et environnemental, prévu fin avril.

La fondation Nicolas Hulot faisait en mai 2011 une estimation de 600 milliards d'euros sur une décennie, soit 3% du produit intérieur brut. Mais ce chiffre interroge: la transition énergétique durera en effet bien davantage qu'une dizaine d'années. 

L'association Négawatt annonce depuis des mois se pencher sur les enjeux économiques de son scénario. L'étude attendue, pilotée par l'économiste Philippe Quirion, vient de sortir mais se révèle, sur ce point, bien décevante: Négawatt s'intéresse surtout aux emplois créés par son scénario mais a bien du mal à en chiffrer le coût.

L'Allemagne ayant pris de l'avance sur notre pays, il est intéressant d'aller voir ce que cela leur coûte. Peter Altmaier, le ministre de l'environnement d'Angela Merkel, a parlé, pour sa part, de 1000 milliards sur vingt ans. 

Pour maintenir sa compétitivité, notre voisin d'outre-Rhin préserve les entreprises et fait payer la transition par les particuliers. Les ménages ont vu leur facture énergétique gonfler de 80% en dix ans. Même si les Allemands restent attachés au tournant énergétique, ce choix fait débat.

Il faut cependant réaliser que c'est la bonne santé de l'économie allemande qui a permis de financer la sortie rapide du nucléaire.

La France n'est pas dans cette configuration: Etat, ménages et entreprises n'ont guère de marges de manoeuvres financières, étant donné le fort endettement et la faiblesse en capacité d'investissement. Or, la transition suppose des infrastructures lourdes et des efforts étalés sur de nombreuses années.

La fondation Nicolas Hulot, et l'économiste Alain Grandjean plaident pour un grand emprunt auprès de la banque centrale Européenne, avec des dépenses affectées uniquement aux investissements. Mais cette proposition est-elle réaliste? 

Le modèle du grand emprunt de Nicolas Sarkozy a montré ses limites: dans le contexte économique qui est le nôtre, il aura permis  de récolter quelques dizaines de milliards d'euros. C'est bien insuffisant. Alain Grandjean prétendait contourner le problème en créant une agence d'investissements, financée par une banque publique qui se refinancerait à taux nul ou très faible.

Le démarrage de la banque publique d'investissement, une promesse du candidat Hollande, prouve à la fois la viabilité et les limites de cette démarche. Là encore, on financera quelques dizaines de milliards, bien loin des 600 milliards estimés par la fondation Hulot.

En réalité, il reste une seule solution viable : utiliser la création de la taxation carbone pour affecter l'argent récolté au financement de la transition. L'institut Coe-Rexecode, proche du patronat, vient de publier une étude qui estime que la mesure rapporterait entre 2 et 8 milliards d'euros à l'Etat par an. C'est donc un levier non négligeable qui pourrait permettre de lancer le programme de transition.

Bien entendu, ce choix sera combattu par le ministère du budget qui cherche à récupérer cette manne pour limiter l'endettement public.

On voit donc bien que le débat sur le financement de la transition rejoint  le débat sur l'austérité budgétaire qui sévit partout en Europe.

Choisir d'affecter cet argent au tournant énergétique sera parier sur la relance économique que pourra générer le lancement d'une transition maîtrisée. Mais il faudra le faire avec lucidité et imagination, les marges de manoeuvres créées par la taxation carbone devront être utilisées avec efficience. Les enjeux sont énormes car celle-ci se retrouvera au centre d'enjeux qui mêlent relance économique, transition énergétique, lutte contre le chômage et l'endettement. 

Pour aller plus loin:  Transition énergétique: la question du financement est cruciale et irrésolue

Comment financer et réussir la transition énergétique?

Un prochain article abordera cette question : Comment réussir le financement de la transition énergétique par la taxation carbone?


 

 

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6 janvier 2013 7 06 /01 /janvier /2013 08:14

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Dans un article précédent, nous avons décrit les enjeux qui se dessinent autour de la création d'une véritable métropole autour de Marseille. Nous avons montré aussi la nécessité d'une politique inventive et audacieuse pour espérer faire repartir économiquement la grande agglomération du sud de la France. Voici quelques propositions, pour les deux décennies à venir, pour la faire redémarrer.

 

1-Dépasser les oppositions au projet de métropole:

Imposer la métropole à toutes les communes serait risquer de voir toute dynamique détruite de l'intérieur par les freins qui mettraient les nombreux opposants.

Il est préférable de déterminer fermement les limites de la métropole (les Bouches du Rhône sauf l'ouest de la Camargue et des Alpilles) et de ne faire participer que les communes qui y sont favorables.

Cela mettra les élus locaux devant leurs responsabilités. En effet, seules les municipalités adhérentes pourront contribuer aux projets économiques et aux décisions.

Nous proposons aussi que la dotation financière de l'Etat  à chaque commune baisse d'un 1% par an pour les communes qui refuseraient de participer. Cette diminution sera continue et progressive à raison d'un 1% par an. Ce faible pourcentage initial ne remettra pas en cause l'équilibre financier de ces communes mais les mettra devant leur responsabilité : l'argent économisé sera reversé à la métropole pour compenser l'énorme inéquité fiscale entre les communes.

 

2-Une politique audacieuse pour le logement:

La crise n'empêche pas l'explosion des prix de l'immobilier dans l'agglomération. Le déficit de logements est aigu: il se creuse de deux logements pour 1000 habitants par an. La situation sera, à terme, explosive et l'est déjà pour les populations les plus défavorisées.

Le respect des trames naturelles et agricoles à protéger ne permet plus l'urbanisation diffuse qui a dominé depuis trois décennies. Désormais les marges de manoeuvre foncières sont très limitées et se cantonnent à la réaffectation des friches industrielles et à la densification du pavillonnaire.

Nous proposons d'inventer une autre manière de densifier les espaces urbains existants, de retrouver du foncier pour créer des logements et de réinventer de la mixité sociale. De quoi s'agit-il?

Le territoire de la métropole est constitué, en grande partie, d'immeubles et de cités construits dans les années 60 et 70. Ces bâtiments sont obsolètes dans leur conception et sont des passoires thermiques et acoustiques qu'il faudra isoler pour répondre aux exigences de la transition énergétique.

Nous proposons de surélever ces immeubles pour y créer de nouveaux logements. Si chacun de ces immeubles de 3 à 5 étages pouvait recevoir un étage supplémentaire, si chaque barre ou tour de cités pouvaient accueillir 2 ou 3 étages supplémentaires, on retrouverait des marges foncières qui feront baisser la pression des prix qui pèsent sur le logement des habitants de cette région.

Techniquement, cette opération sera possible si on surélève avec les techniques de l'habitat passif en utilisant des matériaux renouvelables et légers (bois, paille, chanvre). Politiquement, elle sera acceptable si l'argent dégagé par ces nouveaux "terrains" n'est pas accaparé par les promoteurs mais est utilisé pour la rénovation thermique de l'ensemble des immeubles. Les habitants de l'ensemble de ces immeubles verront leur facture de chauffage baisser fortement. 

 

3-Une politique inventive pour les mobilités:

Les travailleurs de l'aire urbaine marseillaise vivent leurs déplacements comme un cauchemar au quotidien. La coordination des politiques menées est indispensable, de même que la continuation des projets de transports en cours, mais ne suffiront pas à répondre aux problèmes concrets des habitants qui souffrent du temps et de l'argent perdus dans les transports. 

Leurs habitudes et leurs besoins de mobilités imposent l'automobile comme le mode de déplacement dominant, le seul assez souple pour répondre à des besoins fragmentés par une répartition des activités sur une aire urbaine qui s'est organisée autour d'espaces aux fonctions spécialisées: les territoires du travail, du commerce et de l'habitat ne sont rapidement accessibles que par la voiture individuelle. 

Pour aider à sortir du "tout-auto", nous proposons une politique originale et innovante: le mobile au coeur de nos mobilités

De quoi s'agit-il? Les habitants volontaires -ils sont nombreux à utiliser quotidiennement leur voiture et à espérer trouver d'autres solutions- acceptent de se faire suivre par géolocalisation lors de leurs déplacements par un système installé sur leur téléphone portable.

En contrepartie, la métropole leur permet d'utiliser tous les moyens de transport collectifs du département (métro, Bus, train, parking de délestage) pour un euro par jour.

Au fur et à mesure des adhésions à ce système, l'autorité globale de transport va disposer d'une base de données qui va lui permettre de piloter avec précision l'offre de transport: ouverture de lignes de bus, microbus répondant en temps réel à la demande, covoiturage...

Les habitants adhérents vont voir l'offre de transport proposé évoluer et apparaître sur leur téléphone. Les technologies actuelles permettent en effet de gérer en continue l'énorme masse de données que constitue les déplacements des habitants et des vecteurs de transport.

Ce projet technologiquement innovant peut constituer aussi un symbole fort qui peut renforcer l'attractivité de la métropole. 

 

4-Une politique imaginative en matière d'énergies:

La Provence est une des régions françaises les plus en retard pour les énergies renouvelables. Ce qui constitue un paradoxe en raison de son potentiel exceptionnel (régimes des vents et d'ensoleillement très favorables).

La région bénéfice pourtant d'une filière technologique et des compétences indispensables pour devenir un leader dans ces domaines.

Nous proposons de développer ces énergies grâce à différents projets spécifiques:

-l'installation de champs d'éoliennes sur la plaine de la Crau et sur l'ouest de la chaîne de l'Estaque.

-l'installation de champs d'éoliennes flottantes en mer,  champs d'éolienne combinés avec des installations d'aquaculture et de conchyliculture (moules en pleine mer). Ces activités sont conciliables. Elles permettront d'une part d'utiliser les compétences en activité sous-marine de la métropole, d'autre part, de développer le secteur de la pêche, handicapé par la baisse des socks de poissons.

-l'installation de panneaux solaires et de mini-éoliennes sur les toits des immeubles surélevés.

-l'installation de centrales à cogénération dans ces immeubles, installations innovantes mixant gaz et soleil.

-la création d'une centrale à méthanation, permettant de transformer en gaz naturel les surplus d'électricités produites par les éoliennes pendant les pics de vents.

La conduite de ces différents projets fera de la métropole Aix-Marseille-Provence un leader de la transition énergétique et développera ses compétences actuelles.

 

Mettre en place la métropole Aix-Marseille-Provence est une nécessité pour cette région. Mais elle a besoin de projets fédérateurs puissants lui permettant à la fois de dépasser ses difficultés et d'incarner l'avenir. Les projets présentés ici  ne sont pas des utopies futiles mais des impulsions concrètes techniquement possibles et réalistes du point de vue politique.




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29 décembre 2012 6 29 /12 /décembre /2012 11:18

marseille-2013.jpg

 

 Le 21 décembre 2012 s'est déroulé, au parc Chanot, à Marseille, la première conférence métropolitaine, consacrée à la mise en place de la métropole Aix Marseille Provence. Ayant eu la chance de participer à sa préparation comme expert associé (1), je peux donc exercer un regard critique sur un projet essentiel pour l'ensemble de la région.

 

Un haut niveau de réflexion:

S'entourant d'experts, d'universitaires, de chercheurs, Laurent Théry, le préfet délégué en charge du projet métropolitain, a permis la mise en place d'une réflexion collective et partagée de haut niveau. Les comptes-rendus des 5 ateliers-projets du 5 décembre (2) et les différentes tables rondes du 21 décembre  démontrent un niveau de conceptualisation particulièrement élevé, digne de conférences universitaires, la volonté de faire participer les citoyens, par l'intermédiaire d'une grande diversité de participants et une hauteur de vue qui fait honneur aux organisateurs de ces manifestations.

Ce haut niveau de réflexion contraste avec la faiblesse de sa couverture par les médias. La majorité des journalistes n'ayant visiblement pas compris les enjeux de la mise en place de la métropole provençale et écoutant, avec complaisance, les arguments de ses opposants.

 

Les enjeux de la métropole:

Ce territoire possède à la fois d'énormes atouts et de gigantesques handicaps. Parmi ceux-ci, le niveau préoccupant de corruption du personnel politique. On ne peut donc que se réjouir de la volonté de l'Etat de reprendre la main par ce projet de métropole.

La région marseillaise constitue une métropole de rang 2, à l'échelle de la Méditerranée. Elle est caractérisée par une ville centrale -Marseille- affaiblie et paupérisée dans une aire urbaine éclatée, multipliant les pôles urbains de rang intermédiaire. Chaque bassin de vie ayant ses propres logiques, les tendances centrifuges sont dominantes: le découpage en plusieurs communautés urbaine et la fronde d'une centaine de communes contre le projet de métropole prouvent que chacun a peur de perdre ses spécificités.(3)

Pourtant, il suffit de voir les bouchons, chaque jour, sur les trois autoroutes permettant d'accéder à la ville de Marseille, pour comprendre la cohérence globale de la métropole. Les grands hôpitaux, la plupart des grands théâtres sont marseillais. La métropole ne possède qu'un seul port de commerce et un seul aéroport. La faiblesse de la ville-centre est donc en réalité un handicap pour l'ensemble de la population qui vit sur un territoire qui correspond, grosso modo, à l'ensemble du département des Bouches-du-Rhône(4).

 

Les oppositions au projet:

3000 personnes ont manifesté, à l'extérieur du parc Chanot pendant la conférence du 21 décembre. L'organisation logistique de cette manifestation a été facilité par la participation de nombreuses mairies opposées à la métropole.

Les discours des opposants contiennent beaucoup de fantasmes comme, par exemple, la création d'une fonction publique de la métropole embauchant 10 000 personnes. 

Pour tout citoyen qui s'intéresse à la chose publique, cette rumeur est totalement irréaliste, d'une part parce que l'état des finances publiques ne le permet pas, d'autre part, parce que  la métropole signifie une répartition différente des compétences entre les différents niveaux territoriaux et non la création de nouveaux coûteux pouvoirs.

Il est dommage d'ailleurs que l'Etat ne se soit pas donné les moyens d'une communication plus précise sur ses intentions. S'il était heureux d'exclure les politiques et les journalistes de la réflexion initiale (pour éviter les pressions et les lobbys), il faut maintenant les tenir informé avec précision du projet et de son évolution.

Lors de la rédaction de cet article (le 4 janvier), il n'y a toujours pas de site internet officiel sur la métropole.

 

Les faiblesses du projet métropolitain:

Le contenu de la conférence et des ateliers-projets est très intéressant.  Il y a pourtant trois aspects importants sur lesquels il faudra être attentif dans la construction de la future métropole:

-Comment intégrer les opposants au projet? Lors de la première table ronde du 21 décembre, le maire de Marseille, Jean-Claude Gaudin faisait remarquer qu'on ne peut obliger à participer ceux qui ne le veulent pas. L'Etat va devoir inventer des solutions pour mettre les élus opposés au projet devant leurs responsabilités: on me peut continuer à profiter de la métropole sans en payer le prix, sans participer, d'une manière ou d'une autre, au collectif que la métropole constitue.(5)

-Quel chantier décisif pour faire avancer économiquement la métropole? L'emploi et le logement sont au coeur des problèmes des habitants de l'aire d'Aix-Marseille. Les travaux n'ont pas permis de dégager des pistes claires. La lecture attentive des différents documents permet pourtant de mettre en évidence la nécessité d'un développement durable innovant. Métropole des énergies, des activités sous-marines, multimodalité des transports, les atouts pour un projet économique original sont présents.

-l'écologie est présente dans la réflexion globale, principalement sous la forme de la conservation du patrimoine naturel. Cette vision est dépassée: il faut maintenant intégrer l'écologie comme une composante du développement économique du proche avenir. C'est autour de projets économiques et écologiques inédits que se fera le développement économique futur.

 

Le projet de métropole Aix-Marseille-Provence est une chance pour les habitants de cette région. Sa réussite va dépendre de la capacité de l'Etat à proposer des solutions innovantes. Cela sera l'objet du prochain article que de décrire certaines solutions originales et inventives qui vont permettre son succès. 



 

 

 

(1) J'ai participé au groupe de travail sur l'égalité des chances et l'éducation. La conférence a en effet été précédé d'un travail important : groupes de travail thématiques, rassemblement des participants à ces groupes le 5 décembre à la préfecture (plusieurs centaines de personnes, regroupant des responsables de services publiques, des chefs d'entreprises, des responsables d'associations, issus de tous les milieux et de tous les secteurs, échangeant et débattant dans des ateliers-projets).

(2) les cinq ateliers étaient consacrés:

-au rayonnement international de la métropole

-au développement économique

-à la mobilité et aux infrastructures

-à l'équité territoriale

-à la valorisation de l'environnement

(3) L'aire de la métropole est divisée en quatre communautés d'agglomérations (Aix, Salon, Martigues, Aubagne), un syndicat d'agglomération (Istres) et une communauté urbaine éclatée (Vitrolles, Marseille, La Ciotat)

(4) Sans compter l'inéquité territoriale entre une population marseillaise paupérisée et une population périphérique plus favorisée mais qui travaille souvent à Marseille. 

Deux exemples de cette inéquité:

-les collégiens et lycéens marseillais paient leur transport scolaire plus d'une centaine d'euros par an (pour les plus pauvres). Hors de la commune, les transports scolaires sont gratuits ou ne coûtent qu'une contribution symbolique.

-les installations sportives marseillaises à destination du public et des clubs sportifs sont dans un état déplorable, particulièrement les piscines. Le contraste est important avec les communes de la périphérie qui disposent souvent d'installations sportives de bonne qualité.

(5) Les recettes fiscales provenant des entreprises sont très inégales: en 2011, elles étaient de 1484 euros par habitant dans le pays de Martigues, de 710 euros dans le pays d'Aix et de seulement 288 euros sur Marseille.

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15 mai 2012 2 15 /05 /mai /2012 06:45

 

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Marie-Hélène Aubert,  a dirigé le pôle "Environnement, développement durable et énergie", auprès François Hollande, pendant la campagne présidentielle. Dans une interview au journal Le Monde, voici ce qu'elle exprime à propos de la fiscalité environnementale du prochain quinquennat. 

 

 

"Comment allez-vous financer cette transition écologique ?

Plusieurs pistes existent. La réforme fiscale annoncée par François Hollande aura un versant écologique important avec l'instauration de bonus-malus, du principe pollueur-payeur et d'une réflexion sur l'évolution du financement de la protection sociale qui pourrait à terme notamment s'appuyer sur la création de taxes sur les différentes sources de pollution."

Que faut-il en conclure? Les arbitrages ne sont pas faits, plusieurs pistes sont envisagées. François Hollande envisage de s'appuyer sur les principes, fiscalement saints, du bonus-malus et du pollueur-payeur. Toute la difficulté sera de trouver les bonnes modalités de mise en place de ces principes pour qu'elles soient efficaces et acceptables par l'opinion.

Par contre, il est plus inquiétant de voir réapparaître l'idée de financer la protection sociale par des taxes sur les pollutions. Il s'agirait alors de mélanger des carpes et des lapins. On ferait dépendre notre système de  protection sociale de sources de revenus liées à notre capacité collective à polluer ! 

Cette politique, mélangeant écologie et sociale, veut s'attaquer à notre "coût du travail" avec des moyens financiers qui sont comparables à celles de la défunte TVA sociale: cela serait une erreur politique et économique, qui retomberait sur le consommateur, sans nous permettre -et c'est heureux!- de rejoindre le coût d'un salarié chinois ou roumain! De plus, cela ne financerait pas la transition énergétique.

En réalité, une politique environnementale efficace doit chercher d'abord à atteindre un  objectif majeur: financer les investissements considérables nécessaires à la transition énergétique. En effet, avec l'importance des dettes publiques et privées, il faut trouver d'autres moyens financiers "d'amorcer la pompe" du lancement de la transition.

Présentons une démarche concrète et efficiente permettant d'atteindre cet objectif à travers trois enjeux essentiels : financer la transition pour la production d'énergie, pour l'efficacité énergétique dans le bâtiment, pour la mobilité à travers trois taxations fiscales.

1-Production énergétique : une taxation différente sur les factures des consommateurs selon la proportion d'énergies renouvelables de leur fournisseur d'électricité. Les surplus de cette taxation sont rendus au consommateur pour qu'il investisse dans les énergies renouvelables, soit à son profit (achat de panneaux photovoltaïque par exemple) soit en achetant des parts de sociétés investissants dans les ENR.

2-Efficacité énergétique dans le bâtiment: la taxe d'habitation est modulée selon le diagnostic énergétique du logement. Le produit de cette taxation est rendu au contributeur quand celui-ci veut investir pour rénover son logement et améliorer son efficacité énergétique.

3-Mobilité: la TIPP sur le carburant est accompagnée d'une petite taxe dont le produit sert intégralement à investir dans les véhicules propres (intégralement électrique ou hybride dont la consommation est inférieure à 3 litres/100km).

Ces trois taxations environnementales respectent quelques principes nécessaires pour qu'elles soient à la fois acceptables et efficaces.

1-Elles sont volontairement très faibles au début (quelques euros par personnes et par an pour chacune d'entres elles). Il s'agit simplement de donner une réalité financièrement tangible aux pollutions et d'abonder des caisses permettant d'investir. Il ne faut surtout pas vouloir commettre la même erreur que pour la taxe carbone : une taxe forte et dissuasive ... qui aurait surtout pour conséquence ... de dissuader le législateur de la mettre en place!

2-Elles sont conçues pour augmenter graduellement et lentement, selon une progression connue et votée par la représentation nationale. Cette transparence est nécessaire pour permettre à chaque agent économique de prendre des décisions rationnelles en connaissant les conséquences de ses choix.

3-Les fonds récoltées sont utilisés au niveau régional, dans un souci de proximité avec les acteurs de terrain. Ces fonds ne sont pas destinés à être investis directement par la puissance publique. Ils sont redistribués aux contribuables pour leur permettre de participer au financement dela transition énergétique.

Dans un souci de justice fiscale, la redistribution est proportionnée aux revenus des contribuables. Elle est déterminée aussi par la volonté de ceux-ci d'investir au profit de la transition énergétique, selon des modalités pratiques qui pourront varier selon les régions.

Ainsi, la répartition des rôles entre le niveau national et régional sera claire : au premier, l'impulsion et le niveau de contribution (création d'une taxation, choix du taux et de son évolution), au second, l'utilisation des fonds selon des modalités choisies localement et adaptées à la réalité des territoires.

Nous avons besoin de politiques publiques volontaristes, efficientes, réactives, souples et transparentes. Elles doivent permettre  de financer la transition énergétique. Devant ces enjeux énormes, seules des politiques audacieuses et imaginatives, comme celle des contributions incitatives que nous venons de présenter, pourront le permettre.

 

 


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14 mai 2012 1 14 /05 /mai /2012 22:10

 

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Le président de la République française, nouvellement élu, a placé la transition énergétique dans la liste de ses priorités. C'est une excellente nouvelle quand on mesure la gravité des défis énergétiques qui nous attendent.

 

Crise économique, crise écologique et maintenant crise énergétique.

L'Europe et la France, face à la dette, au chômage et à la baisse du pouvoir d'achat voient de nouveaux nuages se profiler à l'horizon.Le plus inquiétant se révèle être celui du défi énergétique. 

Quelques faits permettent de comprendre les difficultés que nous allons rencontrer. En dix ans (1999-2009), l'Europe a vu ses productions d'énergie fossile baisser de manière inquiétante : -42% pour le pétrole, -25% pour le gaz, -44% pour le charbon. Durant la même période, la consommation énergétique est resté stable. Aujourd'hui, 54% de l'énergie consommée dans l'Union Européenne est importée. Mais pour le pétrole, notre dépendance monte jusqu'à 83,5%

En réalité, ces chiffres sont sous-estimés car les statistiques considèrent le nucléaire comme une énergie "domestique", sans dépendance aux importations de combustibles, alors qu'en réalité il nécessite de l'uranium qui est importé à 97%

Pour la France, la situation est sans doute plus inquiétante encore. Certes, la France aurait un taux d'indépendance énergétique de 51%. Mais, les chiffres sont biaisés puisque les importations d'uranium ne sont pas comptabilisées, le nucléaire étant comptabilisé comme du "renouvelable". En réalité, la France ne produit réellement que moins de 1% du combustible nécessaire à sa consommation de pétrole, de gaz et de charbon. Et le taux d'indépendance énergétique se réduit  à 12% (hydroélectricité, solaire, éolien ...)!

 

La conséquence directe de cette dépendance accrue est le coût de plus en plus élevé de la facture énergétique. Les prix ont augmenté, en Europe, de 60%, dont plus de 20% depuis 2009, alors que la crise a diminué la demande énergétique en Europe.

Ce déséquilibre a un coût de plus en plus important: l'Union européenne a importé pour 84 milliards d'euros d'énergie en 1999, soit 1% de son PIB. En 2009, on était monté à 488 milliards (3;9% du PIB).

Si l'Europe pouvait économiser cet argent, elle pourrait créer 17 millions d'emplois et résorber pratiquement son chômage !

Pour la France, la facture  avoisine les 60 milliards par an et le nombre d'emplois perdus à 2 millions !

 

Sans verser dans un catastrophisme inutile, il faut être lucide et reconnaître que la situation risque de devenir intenable. Le pic pétrolier (peak oil) est atteint au niveau mondiale, il va encore davantage aggraver la situation. Il existe d'autres facteurs aggravants probables,  des tensions géopolitiques par exemple. Les espoirs mis dans le gaz de schistes doivent être fortement relativisés. La Pologne, qui disposerait du gisement le plus important en Europe, pourrait couvrir ses besoins pendant seulement 23 ans.

 

Cette situation particulièrement fragile de l'Europe s'explique en grande partie par l'antériorité de son développement économique. Depuis deux siècles, le vieux continent a eu le temps d'exploiter ses ressources fossiles. L'Union Européenne sera donc le premier ensemble géopolitique qui devra affronter la crise énergétique et la résoudre rapidement si elle ne veut pas sombrer.

L'avertissement ne relève pas d'un catastrophisme de bas-étage mais d'une réalité triviale: les prix vont continuer à  augmenter en situation croissante de pénurie. 

On peut avoir une vision plus optimiste de cette situation: l'Europe va devoir affronter la première une pénurie qui deviendra mondiale. Elle doit donc inventer des solutions et acquérir une avance précieuse en ce domaine. 

 

Faisons l'inventaire des différents enjeux à affronter  et proposons des solutions concrètes audacieuses, à la hauteur des défis que la France et l'Europe, doit impérativement relever.  

 

Il paraît de plus en plus évident que les objectifs définis, il y a quelques années, ne sont plus adaptés : c'est le cas, par exemple, de l'objectif 20% d'énergies renouvelables en 2020. Les politiques publiques utilisées jusqu'à présent ne soient pas à la hauteur.

 

Il faut faire preuve de davantage d'ambition particulièrement dans les secteurs de l'efficacité énergétique dans le bâtiment, dans celui de la production énergétique et dans celui de la mobilité.  Cette hardiesse doit être d'abord s'appliquer aux politiques publiques qui, dans ces domaines, doivent faire preuve d'innovation. 

Cette audace nécessaire doit consister d'une part à proposer des solutions techniques courageuses, d'autre part à inventer des politiques publiques qui tiennent compte des erreurs du passé : taxe carbone abandonnée, politique fiscale de soutien cahotique, effets pervers du bonus-malus automobile, marché carbone en grande partie inefficace.   Dans ce contexte d'urgence, il serait illusoire d'attendre le "grand soir" d'une taxe carbone aux frontières de l'Europe. Les politiques publiques doivent être volontaristes, efficientes, réactives, souples et transparentes; elles doivent favoriser l'investissement et le développement économique. 

 

  

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7 mai 2012 1 07 /05 /mai /2012 10:22

 

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Avant son élection, François Hollande n'a cessé  de marteler son exigence du "retour de la croissance", une nécessité si on veut que la France et l'Europe s'en sorte. Il s'agit là de la véritable faiblesse de son programme.

 

En effet, si l'ensemble des pays de l'OCDE vivent, depuis des décennies, avec des taux de croissance très faibles, ce n'est pas un hasard. Une persistance, sur une aussi longue période, de cette faible croissance n'est pas conjonctuelle, elle est structurelle.

Un seul chiffre permet de comprendre où se situe le problème: l'Europe a dû, en 2011, importer pour près de 500 milliards d'hydrocarbures. Chaque année, depuis des décennies, les pays européens donnent ainsi une part grandissante de leur richesse aux pays producteurs de pétrole et de gaz. Cette part est en forte augmentation devant le renchérissement du prix du baril. Dans ces conditions, il est rigoureusement impossible de faire redémarrer nos économies.

En effet, toutes nos structures économiques sont fondées sur l'usage de ces denrées: véhicules, chauffages, usines, ... Tous nos équipements et nos habitudes de vie sont basés sur la consommation des hydrocarbures.

 

Pour pouvoir espèrer "le retour de la croissance", il nous faut en effet trouver un moteur à cette croissance. L'histoire des révolutions industrielles est riche des leviers que les sociétés ont su trouver pour déclencher un cycle de croissance:  le textile et la machine à vapeur à la fin du XVIIIéme siècle,  le chemin de fer au milieu du XIXéme, l'électricité et le pétrole au début du XXéme siècle, la diffusion en masse des biens de consommation pendant les 30 Glorieuses.

Tous les défenseurs du retour à la croissance se révèlent bien vagues quand il s'agit de proposer des leviers pour la futur croissance. On parle d'économie du savoir sans jamais préciser comment cela va créer de la richesse. On parle des nano-technologies, de biologie du futur et autres concepts imprécis.

La solution, on pourra plutôt la trouver derrière un seul fait. La filière du recyclage est devenu importante dans l'économie allemande. 64% des déchets ménagers sont recyclés. Cette industrie du recyclage produit de l'électricité et des matières premières. Ainsi, l'Allemagne a pu réduire ses importations de métaux précieux de 5,3 milliards l'an dernier!

Voilà le seul et véritable levier sur lequel peut s'adosser un retour à la croissance: se donner les moyens de disposer de ressources renouvelables et dépendre de moins en moins de ressources fossiles importées, de plus en plus chers. 

Si cette piste était choisi, de manière prioritaire, par le président François Hollande, la France serait gagnante sur deux tableaux: elle fera à terme l'économie de l'achat de ressources fossiles qui la ruine, particulièrement les hydrocarbures. En déclanchant une politique volontariste de renouvellement des équipements pour sortir de ces dépendances (sobriété, efficacité énergétique, recyclage, renouvelable), elle lancera un cercle vertueux qui développera de l'activité, de l'emploi et de la croissance.

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3 mai 2012 4 03 /05 /mai /2012 07:37

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Le débat du second tour de la présidentielle est un moment fort de la vie politique française. Quels enseignements peut-on tirer de celui de 2012 entre François Hollande et Nicolas Sarkozy?

 

Une bonne nouvelle pour la démocratie:

 

Certains commentateurs ont pu être surpris par la pugnacité des échanges entre les deux candidats. Il s'agit pourtant d'une bonne nouvelle : une discussion de bonne tenue avec beaucoup de clarté dans les propos, cela renforce l'esprit démocratique.

 

Qui se souvient encore du côté raide et compassé des débats des précédentes élections présidentielles?

 

Certains téléspectateurs ont trouvé désagréable la présence envahissante des chiffres et les controverses sur ce sujet.  Mais les indicateurs quantitatifs sont indispensables pour comprendre le monde dans lequel nous vivons. C'est à  chacun d'entre nous de se faire une idée juste et d'exercer son regard critique sur les présentations de chiffres. 

 

L'intrusion de la complexité dans les débats:

 

Les journalistes présents ont eu bien du mal à faire respecter le cahier des charges auxquels ils étaient soumis. En effet, les candidats ont pris plaisir à mélanger les thèmes, revenant plusieurs fois sur le nucléaire, ou sur les questions économiques, passant du chômage à la dette, de la question de l'énergie à celle du budget de l'Etat.

 

Ces méandres ne sont pas dû à l'esprit retors de candidats cherchant l'esquive, elles s'expliquent par la nécessité de montrer les multiples relations existants entre les sujets. On a assisté en réalité à l'introduction en douceur de la complexité et de la systémique dans le débat politique.

 

On ne peut que s'en réjouir quand on est convaincu que le manichéisme commode qui consiste à penser qu'il y a des coupables désignés à notre situation (les étrangers, les riches, la Chine, ...) est une posture confortable qui ignore le faisceau des inter-relations existants dans nos sociétés de plus en plus complexes.

 

Oui, nos problèmes budgétaires, notre balance commerciale déficitaire et la question de l'indépendance énergétique sont des sujets liés qu'on ne peut plus traiter les uns derrière les autres en faisant comme s'ils n'avaient aucun rapport. Oui, le chômage, les retraites et les prestations sociales sont en relation car ils dépendent, tous les trois, de notre contrat social.

 

Si ce débat a permis d'améliorer la culture politique des Français et le niveau de discussion dans les repas de famille, alors c'est une bonne nouvelle pour la démocratie dans notre pays.

 

Les enjeux environnementaux au coeur de la discussion:

 

Certains esprits chagrins pourront se plaindre de l'absence de l'écologie dans ce débat, illustrant le vide politique sur ce sujet dans cette campagne présidentielle. 

Mais la bonne nouvelle, c'est que,  tout au long du débat, on a parlé  du nucléaire et de la précarité énergétique, on a insisté sur le rôle majeur de la transition énergétique.

Beaucoup de Français ont découvert le poids énorme de notre dépendance aux hydrocarbures. Ils ont été surpris d'apprendre que notre indépendance énergétique, soi-disante acquise grâce au nucléaire, était en réalité fausse.

Ils ont découvert que notre balance commerciale déficitaire, notre appauvrissement collectif, était dû au poids énorme de notre dépendance au pétrole.

 

Les citoyens prennent conscience, comme le personnel politique, que cette question énergétique  doit devenir centrale dans la vie politique hexagonale.


Le spectacle, souvent affligeant, des débats à l'Assemblée nationale du mercredi après-midi, retransmis à la télé sont souvent la seule manifestation concrète du débat politique connue des Français, il faut développer ce moteur essentiel à la démocratie et y faire participer chaque citoyen.

 

On peut donc espérer que ce débat de l'entre deux-tours ne sera plus, à l'avenir, le seul moment fort de la vie politique française. Il faut que le débat démocratique se diffuse dans notre pays : dans les amphithéâtres universitaires, les théâtres culturels, les salles de spectacles, les conseils d'école, les conseils d'administration et les salles de classe, il nous faut multiplier les débats et les discussions de qualité. Il faut que chaque Français soit en situation de discuter et de  se questionner sur le fonctionnement du pays et de notre société. 


 

 

 

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