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Il faut demander plus à l'impôt

et moins aux contribuables

 

Alphonse Allais

 

Outil fiscal

Les contributions incitatives sont des micro-taxes payées sur les activités polluantes. L'argent récolté permet aux plus démunies d'investir dans les transitions écologiques et énergétiques. 

Vidéos

 
Un résumé de la pensée de l'auteur sur la crise écologique 
4 mars 2011 5 04 /03 /mars /2011 19:58

 

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La parution d'une grande enquête sur la mobilité des français permet de mieux comprendre à quel point l'instauration d'une taxe carbone aurait été une grande erreur. Son enterrement par Nicolas Sarkozy, il y a un an, fut une bonne idée car elle aurait accru les inégalités entre les Français. L'enquête confirme aussi la critique souvent entendu de taxe en faveur des "Bobos".

L'étude du commissariat général au développement durable démontre que les Français émettent deux tonnes de CO2 par an lors de leur déplacements, ce qui représente environ le tiers de leurs émissions (6,7 tonnes). Cette moyenne cache de grandes inégalités : les ménages les plus pauvres n'en émettent qu'une tonne quand les plus aisés dépassent les trois tonnes.  Mais les premiers le font dans le cadre de la "mobilité locale", essentiellement des déplacements domicile-travail, qui sont contraints, alors que les plus riches le font en grande partie pour des déplacements à grande distance (plus de 80 km) correspondants à des loisirs et à des vacances.

On constate aussi que  les émissions de CO2 sont plus importants pour les habitants des zones rurales et péri-urbaines que pour les résidents du centre des grandes agglomérations. Ceux qui en émettent le moins sont les habitants de Paris intra-muros. La conclusion est sans appel : ceux sont les Français qui peuvent se payer l'immobilier le plus cher qui émettent le moins de CO2. L'instauration de la taxe carbone aurait donc été une véritable injustice : les Français contraints d'aller se loger en périphérie des grandes villes auraient dû "payer" pour aller travailler alors que les plus aisés auraient moins participés à la taxe carbone. On comprend mieux pourquoi cette taxe a été immédiatement impopulaire et pourquoi elle a été tout de suite assimilée à une taxe "bobo".

 

L'étude démontre aussi l'allongement des trajets quotidiens domicile-travail passant de 17,4 km en 1982 à 25,2 km en 2008. L'éloignement des centres d'activités est le prix à payer pour accéder au rêve de la maison individuelle. Cette spécificité française est de plus en plus coûteuse pour les ménages modestes qui deviennent totalement dépendants de la voiture individuelle pour leurs déplacements.

 

Le modèle urbanistique français de la péri-urbanisation à outrance nous envoie tous dans le mur. Quand les coûts du pétrole grimperont de manière significatives, l'émiettement urbain conjugé à la pénurie de logements représentent des bombes à retardement qui vont "exploser à la figure" de la société française.

Comment en sortir? Certainement par une taxation carbone telle qu'elle a pu être imaginé. Car si elle peut passer pour un signal politique fort, il le sera uniquement pour les publics victimes de cette péri-urbanisation. Elle n'aurait que peu d'effets sur les habitudes d'utilisation de la voiture individuelle.

Alors que faire ? Michèle PAPPALARDO Déléguée interministérielle et Commissaire générale au Développement durable, dans la conclusion de son rapport affirme l'idée forte suivante : 

La promotion d'une mobilité alternative à la voiture individuelle, outre les actions en faveur du changement des comportements (covoiturage, développement du télétravail...), dépend d’un effort d’investissement dans les transports en commun.

 Aussi, si il faut faire quelque chose, cela peut prendre la forme d'une double action:

-une taxation carbone est nécessaire car c'est un signal politique fort. Mais il sera acceptable si il est très faible. Plutôt qu'un tarif de 17 euros par tonne (soit 3 centimes par litres d'essence), il est préférable de commencer à 6 euros par tonne (soit 1 centime ce qui paraît symbolique). Et il est nécessaire de prévoir, d'acter immédiatement son augmentation avec un calendrier prévisionnel. On peut, par exemple, imaginer de rajouter un centime par an. Cette stratégie sera plus acceptée par la société en obtenant les mêmes effets.

-mais cette taxation sera inefficace et vaine sans la construction de solutions alternatives pour les "victimes" de cette taxe, principalement les ménages pauvres et péri-urbains. Je propose donc l'affectation de la totalité du produit de cette taxe à des investissements qui permettent la promotion de mobilité alternative comme le propose Michèle PAPPALARDO.

Le produit de la taxe pourrait ainsi servir à développer des outils internet permettant de trouver et de recenser, en temps réel, et partout, toutes les solutions alternatives à un trajet en voiture individuelle. Cet argent pourrait aussi participer au développement des investissements en matière de transport en commun, de télétravail, de covoiturage et de location de véhicules.

 

En conclusion, les défenseurs de la taxation carbone, inquiets de l'évolution climatique, ont trop souvent tendance à se focaliser sur la nécessité de changer nos comportements. Fortement convaincus eux-mêmes, ils ont alors du mal à percevoir que la majorité de leurs contemporains restent sceptiques et ont construits leur mode de vie autour de valeurs radicalement différentes. Il faudra du temps, de la conviction et la construction de propositions alternatives réalistes pour les amener à changer. 

Aussi, il ne suffit pas de construire des contributions fiscales environnementales, il faut aussi imaginer des systèmes incitatifs qui permettent d'accepter les enjeux de la transformation sociales et environnementales.

 

 


 

 

 

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11 octobre 2010 1 11 /10 /octobre /2010 21:52

 

 mobilitépossible

Dans de nombreux articles de ce site consacrés à l'avenir des mobilités des personnes, je défend deux idées.  Premièrement, les infrastructures de transport (rail, route) ne sont plus l'avenir de l'évolution des systèmes de déplacements des personnes car les investissements nécessaires pour cela ne sont pas disponibles. Deuxièmement, l'utilisation du numérique et de la téléphonie sans fil de troisième et bientôt de quatrième génération, sont l'avenir des réseaux de transport de demain.

 

Ce dernier point mérite une description approfondie, pour des technologies émergentes qui ne demandent qu'à se développer. Au-delà de l'article précédent sur la question, comment expliquer le fonctionnement de ce système de demain?

 

Au coeur des réseaux, un objet devenu quotidien dont les usages se multiplient : le téléphone mobile. Sur ce téléphone, la possibilité de rentrer et de mémoriser des points précis à partir de leurs coordonnées GPS (Waypoint), la capacité aussi, de reconnaître là où on se trouve.

Le voyageur choisit un point de destination (soit mémorisé, soit parce qu'il connaît ses coordonnées GPS). A partir de ceux-ci et du point de départ, le téléphone se met en relation avec des serveurs qui vont faire les opérations suivantes: décrire les possibilités de trajet de lignes de transport en commun avec les différentes correspondances, et une estimation du temps nécessaire au trajet, avec une heure précise de départ.

Mais le système permettra aussi d'autres choses:

-chercher les possibilités de co-voiturage et, à terme, de taxis collectifs.

-repérer, à proximité du lieu de départ, les différentes stations d'autolib', d'autopartage, de vélolib' et les possibilités de dépôt du véhicule choisi près du lieu d'arrivée.

Pour chaque mode de transport, ou combinaison de modes de transport, le système donne le coût et le temps de trajet.  Ainsi, le voyageur peut faire ses choix avec tous les paramètres à sa disposition.

Le système possède aussi un outil de réservation en ligne et, intégré au mobile, un système de badge électronique quand on emprunte un mode de transport particulier, badge qui devient aussi un mode de paiement.

Certes, la mise en place de systèmes qui relit différents réseaux peut sembler complexe. Mais les ancêtres et composants de celui-ci sont déjà présents : calculateur de trajet pour les entreprises de transport en commun (RATP en région parisienne, RTM à Marseille par exemple), sites de co-voiturage. Il suffit donc de relier tous ces éléments et de les mettre en concordance avec un calculateur GPS.  Au fur et à mesure que le système se développera, que les stations d'autolib' et d'autopartage, que le réseau de taxis collectifs se mettra en place, alors les serveurs devront gérer de plus en plus de données.

Quant au financement de ce système, une faible contribution incitative transport, prélevée sur l'essence, peut permettre d'amorcer les investissements nécessaires.

Lire aussi:

Se déplacer dans l'agglomération marseillaise en 2025

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3 octobre 2010 7 03 /10 /octobre /2010 18:06

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Une proportion grandissante d'experts affirme que le pic pétrolier (peak oil) devrait se produire lors des deux décennies à venir. A partir de ce pic, le prix du pétrole devrait grimper rapidement au-delà de 200 dollars le baril (et peut-être plus : 300 voir 400 dollars). Quelles seront les conséquences concrètes de cette augmentation durable des prix du pétrole? Comment pouvons-nous y répondre, et nous préparer à l'avance à cette riposte? Dans cet article, nous envisagerons comment réorganiser les transports pour répondre aux défis d'un pétrole devenu hors de prix.

 

Il faut prendre conscience du contexte qui sera celui d'un monde où le pétrole deviendrait hors de prix : la crise sera alors encore plus forte qu'aujourd'hui, les capacités d'investissement des entreprises, des Etats et des ménages seront amoindris par l'augmentation du coût de l'essence. Il ne sera donc pas possible de changer radicalement de modes de transport. Les Etats et les collectivités ne pourront pas créer rapidement des infrastructures de transport en commun nouvelles par manque de temps et d'argent, et en particulier, des infrastructures sur rail. Les ménages ne pourront pas tous acheter une voiture électrique. Les entreprises ne trouveront pas, tout de suite, les flottes de véhicules électriques nécessaires à leurs activités. 

 

Comment alors réorganiser nos modes de transport sans argent, dans un contexte de crise, et dans l'urgence?

 

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En sortant du modèle de la voiture individuelle pour tous, devenu trop coûteux. Quelles alternatives à ce modèle peuvent se mettre en place rapidement? La réponse se trouve dans trois outils complémentaires selon les besoins des personnes. Ces trois outils se mettront en place et supplanteront peu à peu la voiture individuelle, au fur  et à mesure que les particuliers et les entreprises y trouveront leur intérêt.


Premier outil : des transports collectifs nombreux, maillant peu à peu le territoire, pour compléter les transports en commun existants.  Ils seront variés : autobus plus nombreux reliant le périurbain aux centres-villes, taxis collectifs, co-voiturage.

Deuxième outil: des véhicules individuels fonctionnant à l'électricité mais disponibles pour tous selon des formules variées : autopartage (on prend et on ramène un véhicule en location à son point de départ), autolib' (on prend une voiture dans une station et on la laisse dans une autre station) mais aussi vélolib', scooterlib', etc...

 

On a souvent tendance à opposer les deux modes (le collectif et l'individuel). Il me semble, au contraire, complémentaires  permettant de répondre aux besoins et aux moyens de chaque voyageur.

 

Troisième outil:  pour pouvoir répondre aux besoins de mobilités de nos contemporains, il faut que ces outils soient gérés en temps réel, que chaque voyageur puisse trouver un mode de transport adapté au moment où il en a besoin. Les outils en développement se trouveront sur les téléphones portables 3G, équipés d'un GPS, où le voyageur trouvera l'offre présente là où il se trouve. Le mobile sera au coeur de nos mobilités.

 

Au début de la mise en place de ces nouveaux outils, l'offre sera faible. Mais au fur et à mesure que cette offre se développe, un nombre croissant de voyageurs se convertira à ce type de mobilité, abandonnant leur voiture individuelle devenue trop chère. La rapidité de développement de ces nouveaux outils dépendra donc de la capacité des pouvoirs publics à inciter les consommateurs à changer de mode de mobilité. Cela sera le sujet du prochain et dernier article sur ce thème de l'après-pétrole.

 

Sur le même sujet:

 

Un système de mobilité multiforme pour le XXIéme siècle

Se déplacer dans l'agglomération marseillaise en 2025

Quelles politiques de transport pour la première moitié du XXIéme siècle? Comment accompagner nos nouvelles mobilités?



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29 septembre 2010 3 29 /09 /septembre /2010 15:05

 

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Une proportion grandissante d'experts affirme que le pic pétrolier (peak oil) devrait se produire lors des deux décennies à venir. A partir de ce pic, le prix du pétrole devrait grimper rapidement au-delà de 200 dollars le baril (et peut-être plus : 300 voir 400 dollars).

Quelles seront les conséquences concrètes de cette augmentation durable des prix du pétrole? Comment pouvons-nous y répondre, et nous préparer à l'avance à cette riposte?  Nous envisageons dans cet article les solutions immédiatement disponibles sans investissement dans les mois qui vont suivre cette augmentation pérenne des prix. Comment, dans les entreprises et dans les ménages, réorganiser les déplacements des personnes dans un contexte de gonflement des coûts des mobilités?

 

Tout d'abord, il est certain que ce surcoût va entraîner un transfert vers des moyens de transport alternatifs non soumis aux hydrocarbures : marche à pied, vélo, transports en commun, co-voiturage.

Mais ce transfert n'est pas toujours possible particulièrement pour les travailleurs se déplaçant beaucoup ou en sur de longues distance quand, ce qui est fréquent, les transports collectifs ne sont pas efficients.

Comment alors réorganiser les transports de ces personnes?

D'abord, pour les ménages ayant choisi de s'installer dans des communes péri-urbaines éloignées des centres-villes, les migrations pendulaires vont devenir rapidement impossibles. C'est là que les maires de ces communes, ou les syndicats mixtes intercommunales, vont avoir un rôle actif à mener pour créer rapidement des transports en autocars efficaces permettant de soulager ces ménages, souvent déjà fortement endettés, affaiblis par le surcoût de leur budget transport.

Ensuite, ce surcoût va entraîner, pour  les entreprises et les structures publiques, une réorganisation des  déplacements de leurs collaborateurs. C'est la fin  des réunions multiples, pour tout ou rien, qui augmentaient à la fois les frais de déplacements et la fatigue des cadres.

Exemple: une grande administration française multipliait les réunions de ses cadres dans tous les établissements du territoire administré, au gré des dossiers et des différents chefs de service. Le "peak oil" lui a fait revoir ses démarches. Désormais, les cadres d'une entité se réunissent pour un séminaire en début d'année. Puis, la presque totalité des réunions et des formations se passent en visio-conférence ou par l'intermédiaire de plate-formes collaboratives multi-médias permettant des échanges oraux collectifs et des transferts en lignes de documents en temps réels. Les inspecteurs et contrôleurs planifient leur tournée de manière à diminuer les transports en regroupant les visites sur des sites proches.


Enfin, les entreprises vont voir gonfler le coût des livraisons de marchandises de toute sorte. Seules, les entreprises de transport, ayant optimisé au maximum les circuits de livraison,  limiteront les frais de déplacements de leurs livreurs. On verra alors les livreurs généralistes, livrant toutes sortes de produits, en privilégiant le remplissage de leurs véhicules en fonction du circuit suivi, supplanter les livreurs spécialisés travaillant sur des niches particulières. Cette stratégie généraliste s'appuiera aussi sur des points de livraison fixes  où les acheteurs (entreprises ou particuliers), domiciliés à proximité, viendront chercher leur commande.

On le voit, la réorganisation des transports et des mobilités nécessite d'abord un point de vue différent sur la question. Il faut sortir de l'acception courante qui veut que le coût des mobilités soit une variable marginale dans la prise de décision des différents acteurs. Mais cette redéfinition des modalités de transport n'empêchera pas des évolutions dans les modes et les infrastructures de transport. Cela sera l'objet du prochain article.

Lire aussi :

Préparer l'après-pétrole (1/3) : le problème de la mobilité

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16 septembre 2010 4 16 /09 /septembre /2010 17:43

 

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Une proportion grandissante d'experts affirme que le pic pétrolier (peak oil) devrait se produire lors des deux décennies à venir. A partir de ce pic, le prix du pétrole devrait grimper au-delà de 200 dollars le baril (et peut-être plus : 300 voir 400 dollars), il devrait se stabiliser au minimum dans ces prix car l'offre n'arriverait plus à répondre à une demande qui explose.  Les réserves exploitables ne pourront suffire ou seront très coûteuses à exploiter.

Quelles seront les conséquences concrètes de cette augmentation durable des prix du pétrole? Comment pouvons-nous y répondre, et nous préparer à l'avance à cette riposte? Ceux sont les questions auxquelles nous allons tenter de répondre dans cette série d'articles. Le problème étant particulièrement complexe, nous allons nous concentrer et limiter modestement notre propos, aux mobilités des personnes.

 

Quelles seraient les conséquences immédiates d'une augmentation importante et durable des prix du pétrole? D'abord, un gonflement important de notre déficit commerciale : actuellement le pétrole "pèse" pour 70 milliard par an pour notre pays. Avec un baril à 300 dollars, la facture double au moins et devient rapidement insurmontable.

Par conséquent, il faudra réagir très vite. D'autant plus que ce gonflement des dettes sera vécu de la même manière par une majorité des ménages qui verront grossir  leur budget auto de manière insupportable. 

 

Si on rentre dans le détail précis des mobilités,nous pouvons définir les acteurs touchés rapidement par les conséquences du peak oil. Les plus atteints seront indéniablement les migrants pendulaires installés dans l'espace péri-urbain, qui font 50 voir 80 kilomètres en voiture chaque matin pour rejoindre la grande ville où ils travaillent tout en profitant d'une maison individuelle dans un cadre plus champêtre. Avec l'essence à 2 ou 3 euros le litre, la donne change.

Deuxième catégorie particulièrement touchée,  les conducteurs contraints à des déplacements professionnelles fréquents avec leur véhicule personnel (commerciaux, livreurs, intervenants et contrôleurs diverses, chef de chantier, ...). Pour eux, si leur entreprise n'augmente pas leur indemnités kilométriques, cela sera très compliqué. Mais  le problème se posera aussi pour ces multitudes d'entreprises de service dont le personnel se déplace dans des véhicules utilitaires de société.

Enfin, quelque que soit leurs lieux d'habitations et de travail, tous les salariés à petit salaire dépendant de leur voiture pour aller travailler dans des zones commerciales et industrielles. Le gonflement de leur budget auto leur sera rapidement impossible avec leur faible niveau de revenu.

 

Alors que peut-on imaginer pour résoudre ces problèmes? 

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24 août 2010 2 24 /08 /août /2010 07:14

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En réponse à mon article intitulé  Pourquoi le rail n'est pas la solution à nos problèmes de déplacements?, Benoît a publié deux longs commentaires très argumentés. Il y défend le rail face à mes propos qui remettent en cause son utilité.

Je lui répond ici.

 

 

LE CONTENU DE MON ARTICLE

Benoit: "C'est une vision assez technocartique que vous présentez ici, et qui à mon sens correspond assez à la réalité économique et technique du transport de voyageur, un pot commun d'idées générales. J'attends votre réponse pour aller plus loind ans la réflexion...

Mon ton est vraiment lié à l'incompréhension d'accuser le rail de pleins de maux, alors qu'il reste et restera un élément fondamental de déplacement, même avec l'avenement de la voiture électrique."

"Le rail a donc toute sa place, cette position anti-rail me choque et me laisse soupçonner un fond idéologique voire lobbysite qui a donné mon ton un peu abrupte du dernier message."

Ma réponse:   Technocratique mon article critiquant le rail? Je ne crois pas. Je l'ai conçue, au contraire, comme une remise en cause du discours dominant. Celui-ci, dans les banquets et les programmes politiques, proclame l'importance de disposer de réseaux de transports en commun performants et denses constitués de métro, de TER et de tramway. Certes, il s'agit d'un discours et non forcément d'actes. D'ailleurs, l'écart entre le discours dominant et les décisions politiques mérite attention. Il prouve les limites concrètes du rail puisque les politiques ne l'appliquent pas. Je voulais donc, par cet article, remettre en cause ce discours dominant et m'interroger lucidement sur les limites du rail. 

Cette réflexion sur le rail est purement intellectuelle et ne correspond nullement à une position idéologique ou un effet lobbying. Il suffit de lire les 15 articles de la catégorie mobilité pour s'en convaincre.

Mon propos est volontairement provocateur sur cette question. Je pense qu'il faut bousculer les idées reçues sur les transports en commun. Pourquoi?

La réflexion que je mène sur l'ensemble de ce site provient d'une interrogation partagée par de nombreuses personnes ayant des convictions écologistes : que va-t-il se passer si le pic pétrolier débouche sur une augmentation vertigineuse des prix du pétrole? si les ressources naturelles, dans leur ensemble, flambent à cause de leur rareté?

Alors, il faudra trouver rapidement des solutions pour maintenir notre système de société, dans un contexte désargenté et de crise économique aggravé. 

Dans cette interrogation, le rail n'est pas la bonne réponse pour deux raisons:

-il nécessite des investissements financiers lourds

-il réclame du temps, possède une forte inertie, car les infrastructures du rail sont longues à construire et réclame des espaces propres dans un contexte où la concurrence pour l'espace devient de plus en plus exacerbée.

En d'autres termes, le rail est un outil formidable dans une société idéale. Dans une société en crise et en congestion, le rail ne me semble pas la bonne réponse.

 

 

 

AXES DE TRANSPORTS ET COUT DES INFRASTRUCTURES

 

Benoît: "Mais vous ne résolverait pas la masse des déplacements, il faudra toujours une épine dorsale, une colone vertébrale: un mode lourd: du rail, plus que dans la route."

 

"Le coût des route a déjà augmenté avec le prix du pétrole. Si l'on compare entretein rail neuf et route neuve, le rail remporte la mise haut la main, plus adapté moins couteux à l'usure. Même si un kilomètre de rail coûte plus cher à la construction qu'n kilomètre de route à l'entretien l'efficacité du rail vous fait remporter largement la mise, puisque les coût sont divisés par 5.En pleine crise energétique la question est à poser sur la viabilité à long terme des réseaux routiers.

Vous dites que c'est illusoire de faire changer les pratiques des politiques. mais en période de disette financière, il est aisé de montrer la charge d'exploitation des routes (même concédées) pour les deniers publics. la France paye pour l'Europe, la destruction de ses routes par des poids lourds
venant pour l'essentiel de toute l'europe. Plusieurs projections ont bien en avant le coût pharamineux de l'entretien des routes. Quand les budgets seront contraints, il sera temps enfin de faire de la bonne gestion. Quand une entreprise a des difficultés, elle cherche souvent à investir pour se relaner et toucher de nouveaux marchés ou améliorer sa compétitivité. Vaut-il mieux investir dans un entretien de voiries qui sera de plus en plus cher, plutôt que dans un mode au développement essentiel à la chaine des mobilités et moins coûteux en entretien?"

 

Ma réponse: Je suis d'accord avec vous, dans l'absolu, l'entretien du rail revient moins cher que celui des routes. 

Mais je reviens à mon propos précédent : la question cruciale aujourd'hui n'est plus de savoir si il faut investir dans le rail ou dans la route. Mais plutôt de faire avec les réseaux existants pour préparer l'après-pétrole. Vous posez d'ailleurs une excellente question qu'il faudra garder à l'esprit à ce moment là: comment entretenir des routes goudronnées quand la matière première du goudron sera hors de prix?

Je pense que la question de la rentabilité de l'un ou de l'autre ne peut pas se poser seulement en terme de revient kilométrique car, en raison de sa souplesse, les usagers de la route sont beaucoup plus nombreux que ceux du rail.

Pour conclure, dans la recherche de solutions pour l'après-pétrole, le rail a toute sa place dans la construction d'un nouveau système de mobilités. Si on veut aller vers le développement durable (ou vers la décroissance, mais c'est un autre débat), il faut limiter la construction de nouvelles infrastructures (rail ou route) et se concentrer sur les nouvelles mobilités qui nous fassent sortir de la domination de la voiture individuelle.

Sur le coût autoroutier pour la France du réseau de transport poids lourd européen, je propose une contribution incitative, prélevé sur les péages, qui permettent de construire un véritable réseau de ferroutage:  Comment appliquer la taxe carbone au transport routier?

 

GEOLOCALISATION DYNAMIQUE

Benoît: "Je connais les évolutions technologiques des systèmes de géolocalisations dynamiques optimisés permettant de rendre plus efficace et de faire baisser les coûts de la voiture individuelle partagée (taxi, TAD, autopartage, covoiturage...).

 

Il ya évidemment un grand avenir dans ces technologies en termes de limitation des ruptures de charge, de service, de confort et de flexibilité. Sauf que leur optimum économique se situe plus sur des densités de moins de 200hab/km²; donc rural et péridurbain bien souvent sur du rabattement en mode lourd (rail ou bus). Le transport à la demande s'optimise de plus en plus et va devenir de moins en moins coûteux, à condition que l'on change un paradigme: l'appropriation du temps. Dans une logique d'optimisation, on ne paie pas au kilomètre mais au temps passé dans le véhicule de façon dégressive, afin de facilité les optimisations (plus ou moins 20 minutes pour aller à son point d'arrivée par exemple) Ainsi, plus on a le temps moins on paye, c'est donc aux utilisateurs de s'organiser en conséquence et d'apprendre leur temps de façon différente. C'est la vraie révolution de l'optimisation."

...

"Je tenais aussi à revenir sur les technologies de géolocalisation dynamique qui ont un intérêt en termes de rabattements. Ceci est valable pour le TAD ou le taxi voire le co-voiturage. En ce qui concerne l'autopartage, elle est promu à un grand avenir pour les flottes de véhicules professionnels comme pour les particuliers mais ça limite majeur est l'espace dont elle peut disposer sur la voie publique, son positionnement et le fait que ce mode n'est pas universel, il fait partie de la chaine de la mobilité, à la carte.Son adhésion sociale risque d'être lente et surtout plus adaptée à une catégorie de la population. Néanmoins, ce sera l'un des modes majeurs de déplacements de demain, alors que dans le meilleur cas le co-voiturage pourrait prendre 3 à 4% de part modale, l'autopratge pourrait si son développement n'estv pas contraint naturellement dépasser les 10% de part modale. Loin du transport collectif et de la voiture quand même...."

Ma réponse :Nous sommes d'accord sur cette question : j'irai plus loin que vous cependant. Pour moi, ces techniques sont le coeur de la solution à nos problèmes de transport.

Il ne faut pas envisager l'auto-partage, l'autolib', les taxis collectifs, les transports en commun, le co-voiturage comme des outils dissociés au service de la mobilité mais comme des éléments d'un nouveau système de transport. Le lien entre ces différents éléments : la gestion globale des solutions par téléphone mobile, celui-ci présentant à l'usager les différentes solutions qui s'offrent à lui, à un instant T pour se rendre d'un point X à un point Y.

C'est techniquement faisable, et permet de construire de nouvelles mobilités sans reconstruire les réseaux de transports à un prix élevé.

la gestion dynamique de nos mobilités grâce au téléphone 3G, un outil crucial de liberté

Se déplacer dans l'agglomération marseillaise en 2025

Je ne crois donc pas qu'il y ai un optimum économique autour d'un seuil de densité quelconque (voilà où se situe, à mon sens, le discours technocratique). Ces raisonnements là partent de la situation actuelle, de nos représentations actuelles sans être capable de tenir compte des évolutions à venir dans les champs techniques et culturels: les usages peuvent changer de manière imprévisible. c'est ce qui s'est passé il y a 20 ans pour le téléphone mobile. La gestion dynamique de nos mobilités va bouleverser l'offre de transports, reléguant la voiture individuelle, en propriété privée, à un outil coûteux, réservé aux riches. 

A condition que les pouvoirs publics s'emparent de cette question et mettent en place des politiques volontaristes, autour d'une fiscalité verte pertinente.

A ce propos, une solution au problème que vous soulevez : le manque d'espace pour des voitures à disposition (autopartage, autolib') sur l'espace public. Je propose une contribution incitative (très faible comme toute les contributions incitative) prélevée sur tout emplacement de parking (sauf ceux équipés de bornes électriques). Cet argent servant à investir dans les stations de distribution de ces voitures partagées. 

 

 

INTEROPERABILITE DES RESEAUX

Benoît: "Le TGV serait la panancée? Sauf que la constuction d'un TGV ne se fait que dans une logique voyageur TGV mais en aucun cas voyageur hors TGV et fret. En calir, une ligne grande vitesse c'est deux sillons. or, au delà de la saturation constatée de la ligne Paris/ Lyon qui nécessitera à terme, deux nouveaux sillons, aucune interopérabilité des resaux locaux et nationaux n'est possible, ce qui diminue très sensiblement la capacité, l'optimisation d'une lignegrande vitesse et donc des péages en moins pour RFF et des déplacements inter agglomérations contraints et limités. La logique technocartique et non commerciale qui a prédominée au développement du TGV est tenace, puisque 'lon a toujours recherché l'exploit en vitesse maximum que l'exploit en vitesse commerciale, c'est à dire quotidienne, on a fait des lignes avec deux sillons sans cehercher à développer des autoroutes du rail, sans voir un marché potentiel. Le schinkansen japonais n'a jamais fait cette erreur, et il remporte de nombreux marchés en asie (dernier en date: ho chi minh / Saigon). Alors parler de modèle TGV en économie des transports voyageur me paraît plus qu'hasardeux. Pour information, les projets de LGV seront construites toujours avec deux sillons, sans interopérabilité possible des reseaux locaux et nationaux. J'en reviens donc à ma question initiale, comment calculez vous les coûts indirects, n'ayant même pas évoqué les couts de l'automobile sur la santé et la sécurité sociale, les nuisances sonores et envrionnementales, le fait que développer les routes conduit au développement de la maison individuelle et des zones commerciales dédiées, extrèmement coûteuses pour la collectivité notamment pour l'achemniement de l'ensemble des réseaux (la TLE ne suffit pas!)."

Ma réponse: Je n'ai jamais écris que le TGV était la panacée, mais simplement que le développement des TGV se justifiait pour limiter le transport aérien européen.

Vous parler, à leur propos, de logique de sillons. Je ne vois pas en quoi cette logique serait particulière au TGV, elle me semble, plutôt, celle de tous les systèmes de transports sur rail, qui induisent, par définition, des ruptures de charges. Les moyens de transport qui échappent à la logique de sillons sont  les moyens de transport sur roue qui possèdent l'avantage d'aller sur toutes les routes.

Le rabattement sur les axes, que vous évoquez, censé résoudre ce problème, me semble une notion bien ... technocratique ! En effet, elle envisage la mobilité du point de vue des migrations pendulaires de travail, oubliant les autres besoins des usagers (faire ses courses, partir en week-end, chercher les enfants à l'école, aller chez le médecin, ...), usages variés et multiformes, souvent hors de l'axe pendulaire, où les transports en commun ne suffisent plus.

Quant au lien avec l'étalement urbain : il est regrettable et dû à la voiture individuelle. Mais il est maintenant une réalité avec lequel nous allons devoir composer. Il faut certes travailler à la redensification des centres (voir quelques idées sur ce point dans les articles de la catégorie urbanisme). Il faut aussi penser aux nombreux ménages qui ont fait le choix du péri-urbain: quels solutions allons-nous leur proposer?

 


QUE DEVIENT LA VOITURE?

Benoît: "D'une part, la voiture risque de ne plus être accessible. L'augementation du prix du baril de pétrole sera atténué par la voiture électrique mais pas dans toutes les composantes de la voiture: le plastique mais aussi toutes les autres matières premières. On le voit bien jamais les grands groupes miniers ne se sont aussi bien portés, c'est dire que la demande en acier et autres matériaux transformés est forte, notamment dans les pays du Sud. Or, les cours s'envolent et ce malgré la crise, ce qui fait qu'une voiture coûte de plus en plus chère et les prévisions ne sont guères optimistes. Si l'on ajoute le cout des routes goudronnées et le coût du transport par bateaux des véhicules produits dans les pays en développement. La voiture va devenir un produit de riche.

Cette tendance, Toyota l'a intégré dans son programe de recherche sur la voiture du futur puisque le constructeur s'attend à une stagnation du marché dans les années à venir. Il imagine donc des voitures multiusages voire semi collectives, intégrant des technologies de géolocalisation dynamique mais aussi de la modularité. Un peu comme dans le bâtiment où l'on voit poindre des bâtiment industriels et commerciaux modulables en fonction de l'activité, de l'optimisation du foncier et de la consommation énergétique.

D'autre part, la voiture éléctrique sera un plus pour l'atmosphère mais ne gommera pas les effets de saturation, de bouchon qui compliquent la vie des citoyens, les engorgements seront toujours aussi importants et les temps de parcours avec, si il n'y a pas de report vers d'autres modes ou qu'on ne limite pas la place de la voiture. trop de voitures tue la voiture?"

Ma réponse : Je suis parfaitement en accord avec votre analyse, Toyota n'est d'ailleurs pas le seul à travailler sur ces stratégies industrielles. 

Je suis particulièrement d'accord avec votre analyse sur les ressources en matériaux : si les constructeurs automobiles veulent rester dans la course, il faut qu'il cesse de se contenter de fabriquer et de vendre des bagnoles à la durée de vie limité, il faut qu'il construise des véhicules dans un système global. Les constructeurs gagnants de ces mutations seront ceux qui proposeront aussi des services gérants ces véhicules dans un système global. Il faut que les constructeurs deviennent des fournisseurs de service, Renault et Toyota l'ont compris, même si leurs stratégies ne me semblent pas pertinentes. 

 

CONCLUSION:

Benoît :"Il faut penser globalement mais... le rail c'est pas l'avenir.

 Je crois que ce simple titre suffit à mettre en avant une incohérence. si vous pensez chaine de mobilité, le rail en fait partie, il faut donc qu'il puisse se développer comme tous les autres modes, et même prioritairement puisque c'est une colonne vertébrale sans laquelle, aucune nouvelle technologie peut se développer, car toutes ces technologies fonctionnent grâce au rabattement. A moins que vous connaissirez d'autres technologies de géolocalisation dynamique? En tout cas, je n'ai rien lu de telle en recherche dans le monde. Le rail est donc indispensable à l'avenir. Vous ne pouvez pas penser globalement sans parler rail."

Ma réponse : le titre, que vous m'attribuez, n'est pas de moi et ne me convient pas. Car je suis d'accord avec vous : le rail a toute sa place dans ce que vous appelez joliment la chaîne de mobilité. Simplement, ce n'est pas la panacée espéré. Et c'est ce que j'ai voulu dire dans le ton provocateur de mon article.

Je voulais revenir avec vous, pour conclure, sur une de mes réflexions.

Le rail ne possède pas la souplesse nécessaire pour aider le moyen de transport idéal. Pour compléter l'offre de transport du rail, je crois à d'autres outils :

-les taxis collectifs: Eloge du taxi collectif

-les autobus sur "chemins électronique": Des chemins de fer aux chemins électroniques

j'aimerai avoir votre avis sur ces idées.

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20 août 2010 5 20 /08 /août /2010 06:16
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Dans plusieurs articles, j'ai défendu l'idée que le rail (dans toutes ses dimensions: train, métro, tramway) n'était pas forcément la solution idéale pour régler nos problèmes de déplacements. Cette idée choque souvent mes lecteurs, écologistes convaincus, qui sont, comme je l'ai été moi-même pendant longtemps, des défenseurs du rail et des transports en commun. Cet article vise donc à expliquer ma position. 

J'ai ainsi reçu récemment un excellent commentaire d'un lecteur que je transcris dans sa totalité, avant de lui répondre.

 

"Bonjour,
J'avoue ne pas bien saisir cet article. Vous présentez le train comme très couteux. Je vous répondrais oui, aujourd'hui à cause du non investissement dans les infrastructures depuis plus de 40 ans, il faut rattraper le retard. Or, si l'on fait du développement durable, il faut le voir à long terme. Pour prendre l'exple du mode tramway, celui-ci est plus économique que le bus en site popre car son amortissement se fait sur 40 ans au lieu de 20 ans pour le BHNS et surtout que le tramway en devenant tram train permet d'aller chercher les zones périurbaines en passant en mode train. Le maillage du territoire est donc plus efficace et pertinent en fréquence, vitesse et confort. Le BHNS peut toucher plus de population, a une desserte plus large, mais il sera toujours limité en vitesse et fréquence et aura du mal à toucher le plus gros émetteur de Co2, le périurbain. Il faudra en plus refaire la voirie (faite à base de pétrole et donc quid de l'avenir)car le passage d'un bus, c'est l'équivalent de celui de 100 000 voitures.Comment calculez-vous les coûts indirects?
En fait, je ne saisis pas cette volonté d'opposer le rail, la route et le reste. L'autopartage est une solution importante de l'avenir, mais elle ne peut être que complémentaire de modes lourds et alternatifs, c'est une chaine de mobilité. Votre vision est à mon sens très binaire, restrictive, non?"

(Nota: BHNS signifie Bus à Haut Niveau de Service).

Avant d'aller plus loin, il faut préciser que, à l'échelle intermétropolitaine, c'est à dire à celle des grandes agglomérations européennes, le TGV me semble la solution à défendre face à l'avion, gros émetteur de CO2 et dont les coûts vont fortement augmenter dans les années à venir à cause de la croissance du prix du pétrole.

D'autre part, je pense qu'il faut prolonger, partout où elles existent, les lignes de tramway existantes vers les périphéries des grandes villes.

Ma critique du rail ne porte donc pas sur l'existence actuelle des réseaux ferrés mais plutôt sur le rôle qu'on espère leur faire jouer dans le futur. Le développement du rail ne constitue pas l'avenir du transport des personnes pour plusieurs raisons que je voudrais développer ici.

Première raison : le coût des infrastructures. Comme pour le réseau routier, l'installation de nouvelles lignes, de ponts, de tunnels, coûtent  très  chers. Or, on constate un invariant dans tous les pays développés : on investit deux fois plus dans les réseaux routiers que dans les réseaux de transports en commun. Cette prédominance du routier a une explication : dans nos sociétés démocratiques, le personnel politique, dans tous les partis, préfère investir dans le mode de déplacement majoritaire de ses électeurs. Espérer un retournement, à moyen terme, me semble illusoire. En attendant, l'investissement dans le transport routier individuel, multipliant les tunnels et les parkings en centre-ville, continue de creuser le différentiel entre une offre automobile confortable et une offre de transport en commun toujours insuffisante.

 

Deuxième raison : le rail, dans ses différentes modalités, se heurte au problème crucial de la rupture de charge. Le rail, par définition, suppose un déplacement linéaire sur un trajet qui n'est pas forcément celui de l'utilisateur. Celui-ci peut donc être amené à changer une, deux ou trois fois de lignes pour rejoindre son point d'arrivée, supportant à chaque fois des correspondances parfois longues. 

On espère donc que l'accroissement de la densité des réseaux va régler le problème. Mais est-ce si sûr ? Le réseau de métro parisien, un des plus  denses du monde, comptent une vingtaine de lignes. Ses utilisateurs savent pourtant que, s'y déplacer sur quelques kilomètres, nécessite parfois une heure de déplacement si le trajet n'est pas en phase avec le réseau. Autre exemple : la ville de Marseille compte deux lignes de métro et deux lignes de tramway pour  ... 16 arrondissements et 100 villages! Il faudra donc attendre longtemps avant que le réseau soit capable de relier rapidement deux villages situés à la périphérie de la ville.

 

Troisième raison : le rail, dans ses modalités même, manque cruellement de souplesse. Pour des raisons d'organisation et d'infrastructure, les stations y sont, en général, fixes. Le tracé dépendant directement de la pose des rails, il n'est pas possible de détourner les trains en cas de problème (travaux par exemple). Un incident sur la ligne bloque souvent l'ensemble des trains de la ligne qui ne peuvent tout simplement pas "doubler" les trains qui les précèdent. Ces inconvénients exaspèrent des usagers, toujours plus exigeants et pressés, qui n'acceptent plus les retards ou les annulations de trains.

 

Ces inconvénients ont une explication simple : la technologie du rail est une technologie obsolète qui date du XIXéme siècle. Elle a constitué, à l'époque, un progrès important car elle permettait de se déplacer rapidement (40 km/heure!). Cet avantage comparatif n'existe plus. La modernité nouvelle du tramway s'explique plutôt par sa capacité à repousser la voiture devenue particulièrement envahissante que par ses performances.

Les besoins de déplacements de nos contemporains, en terme de rapidité et de souplesse, ne pourront pas être satisfaits par un réseau ferré même si il est dense et performant.

Pour y répondre, à l'avenir; il faudra un système global qui combine voies ferrés, mais aussi autolib', autobus rapides électriques, taxis collectifs, avec une gestion en temps réel, basée sur le téléphone mobile qui permette de consulter l'offre disponible.

Bref, quelque chose de complexe mais aussi d'efficace, quelque chose qui ne soit ni binaire ni restrictif.

Pour en savoir plus:

Se déplacer dans l'agglomération marseillaise en 2025

Un système de mobilité multiforme pour le XXIéme siècle

Quelles politiques de transport pour la première moitié du XXIéme siècle? Comment accompagner nos nouvelles mobilités?

Environnementale systèmes de transport

 

Et tous les autres articles de la catégorie mobilités.


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5 août 2010 4 05 /08 /août /2010 08:59

 

tgv.jpg

Dans un récent article, l'économiste RÉMY PRUD'HOMME  défend la thèse suivante:

les réseaux de transports sont assez importants en France, cessons de les développer dans le contexte financier actuel, et intéressons-nous plutôt à la manière dont nous les utilisons.

Je partage cette analyse et je voudrais développer ici une idée complémentaire:

les réseaux ferrés appartiennent au passé.

Tout personne censé, ayant des convictions environnementales, pense que les chemins de fer, les métros représentent l'avenir.

Après avoir pensé pareillement pendant des années, après avoir longuement réfléchi à la question, je pense maintenant rigoureusement le contraire :

-les réseaux ferrés coûtent très chers à installer

-l'infrastructure est énorme par rapport au débit de voyageurs

-l'infrastructure est statique et ne peut donc pas évoluer en fonction de l'évolution urbaine

-un réseau ferré suppose des stations fixes (gare), des arrêts quasi-obligatoires, c'est tout le contraire des besoins de mobilités des citadins du XXIéme siècle

-les réseaux ferrés sont aujourd'hui utilisés essentiellement par des clientèles captives qui n'ont pas les moyens d'utiliser des véhicules individuelles.

 

La seule exception que je fais à mon argumentation concerne le TGV, celui-ci permet des déplacements rapides de métropoles à métropoles, sans passer par l'avion, gros émetteur de carbone et dépendant du pétrole. Le TGV me semble préférable.

c'est le seul intérêt aujourd'hui des infrastructures lourdes que représente les rails et les voies du TGV, assurer une vitesse rapide aux déplacements.

Pour les déplacements lents, de proximités, il faut des moyens de transports collectifs plus souples, autolib', bus et taxis collectifs, alimentés par des systèmes de propulsion électriques : les moyens que je décris sur ce blog.

 

Cependant, il ne faudrait pas que le lecteur rattache ma réflexion sur cette question à deux courants de pensée:

-la pensée "libérale" (au sens français du mot) qui estime que l'Etat gaspille l'argent et que la SNCF doit être découpée en tranche de marchés. Nous avons besoin de services publiques forts, mais innovants. Mais les modalités des politiques publiques doivent être revus. Nous avons  particulièrement besoin de politiques fiscales novatrices. C'est l'axe central de ma réflexion sur ce blog.

-les prises de position militantes anti-TGV. Elles ont toujours été plus fortes que les mobilisations anti-autoroute. Ma position n'est pas celle d'un anti-TGV mais celle d'une personne réfléchissant sur l'évolution des mobilités. Et à ce titre, j'estime que le rail n'est pas forcément l'outil le plus approprié.

 

Pour en savoir plus, et participez au débat, lire les articles suivants:

Pourquoi le rail n'est pas la solution à nos problèmes de déplacements?

Débat : à quoi sert le rail ? Est-il utile?

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5 août 2010 4 05 /08 /août /2010 07:50

autolib-copie-1.jpg

Peut-on abandonner sa voiture individuelle? La fin de l'"homo automobilicus" est-il pour demain?

A propos du système de mobilités, que je décris sur ce blog, combinant voitures électriques autolib', taxis collectifs et cars rapides, autour d'un système de réservation 3G, un de mes lecteurs fidèles m'écrit:

"je ne suis pas convaincu : les automobilistes sont viscéralement attachés à "leur bagnole". Ils n'accepteront jamais de se débarrasser de leur petit cocon mobile".

Je vais tenter de répondre à cet légitime argument. D'abord, il faut préciser que cette révolution des transports ne se fera pas en un jour.

Elle se fera progressivement, et ne se développera rapidement que le jour où le maillage de transport 3G sera suffisamment important pour que l'intérêt d'avoir sa propre voiture personnelle s'estompe. Si on doit attendre un taxi collectif pendant une demi-heure, ou marcher 20 minutes pour trouver une station autolib', on garde sa voiture personnelle.

Il est donc important que la "mayonnaise prenne", c'est à dire que l'ensemble du système se développe, en même temps dans un territoire donné, en commençant d'abord par les centres-villes les plus saturés par la bagnole, les lieux où la possession d'une voiture personnelle devient chaque jour davantage un cauchemar.

Pour cela, il faut donc à la fois une volonté politique forte,mais aussi des outils juridiques, réglementaires et fiscaux préalables qui incitent fortement les automobilistes à changer de pratiques et poussent au développement économique du transport 3G.

Mais pour revenir à la question de mon lecteur, je lui répondrais que trois facteurs vont pousser à terme les automobilistes à changer de pratique:

-la difficulté de stationnement : elle coûte chère et est chronophage. L'utilisateur des transports 3G n'a pas ces soucis: les taxis collectifs et les voitures autolib' ont leurs places de stationnement réservés.

-l'immobilisation du capital que représente une voiture personnelle, et la dégradation constante de ce capital. Les ménages dépensent des sommes importantes pour posséder un véhicule qui se dégrade inévitablement. Cet "investissement" qui n'en est pas un disparaît pour l'utilisateur des transports 3G qui ne paie que l'usage.

-le souci et le coût de l'entretien d'un véhicule personnel, encore une fois chronophage et coûteux.

Certainement, une partie des automobilistes ont ce rapport personnel très fort, avec leur voiture. Ceux-ci auront du mal à se débarrasser de leur voiture, mais le système 3G ne concerne pas ces automobilistes-là. Il concerne plutôt tous ceux qui vivent la propriété d'une voiture aussi comme une contrainte. Si on leur propose un système de déplacement qui préserve leur liberté de mouvement, alors ils seront prêts à faire le pas de se débarrasser de leur voiture personnelle.

 

 

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24 mai 2010 1 24 /05 /mai /2010 09:08

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Comment organiser nos moyens de transport pour leur permettre de répondre aux défis du XXIéme siècle? Quel moyen de transport écologique pourra nous assurer la même liberté que la voiture individuelle?    

Nous avons expliqué dans un article plus ancien, les enjeux qui nous attendent en matière de mobilité : l'obolesence annoncée de nos moyens de transport habituels (voiture individuelle à essence et transport en commun sur rail), dans un contexte économique difficile, doit nous amener à imaginer des solutions différentes et originales.


 Dans un autre article, nous avons montré que la solution ne viendra pas d'une technologie miracle (hydrogène, voiture électrique 2.0) mais d'une combinaison subtile entre plusieurs technologies organisées en un système de transport performant.


 La principale difficulté va être de conserver notre liberté de mouvement, assurée depuis des décennies par la voiture individuelle, alors que l'ère de la voiture pour chacun d'entre nous se termine (congestion urbaine et raréfaction des ressources).


La solution miracle a ce problème existe : il s'agit de la généralisation du covoiturage dynamique:

De quoi s'agit-il? cette version du covoiturage permet aux conducteurs et passagers connectés à un service en temps réel de connaître les disponibilités de chacun et d’optimiser leurs déplacements, en ville comme pour des trajets plus longs). ... Les télécommunications doivent donc permettre la mise en relation des demandeurs (passagers) et des offreurs (conducteurs) qui ont chacun un intérêt à la chose : financier(le conducteur est rémunéré par les passagers, les passagers paient moins cher un déplacement précis), écologique (moins de voitures en circulation, moins de bouchon et de « stop-and-go » si pollueur), et social (nouer des connaissances, partager ses ressources intelligemment). 

covoiturage.jpg

 

Comment généraliser cette technologie?

En partant non pas du covoiturage qui est une pratique émergente mais de ce qui existe déjà : les transports en commun et les taxis.

Sur chaque téléphone mobile 3G, avoir la possibilité, en rentrant les waypoints (coordonnées GPS) du lieu de départ et du lieu d'arrivée souhaités, d'accéder à plusieurs solutions de transport avec leur horaire et leur prix.

Des serveurs mettront alors en relation les demandeurs (passagers) avec l'offre existante en un endroit précis et à cet instant précis.

A partir de cette base technologique tout à fait réaliste, on peut imaginer d'y greffer les stations d'autolib', le covoiturage et les taxis collectifs. Les développements de ces nouveaux supports de mobilité vont permettre alors de s'affranchir de l'automobile à essence de papa.

 

La mise en place de ce système a l'avantage d'être d'un coût faible par rapport à d'autres projets de transport en commun pharaonique. Il a aussi l'intérêt de pouvoir se mettre en place progressivement sur l'ensemble des territoires. 

 

Bref, un système réaliste, à notre portée, dans notre monde en crise. Il peut être d'ailleurs financé par le système des contributions incitatives.

 

 Pour aller plus loin:

mobilités  

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