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Twitter : @Rcoutouly

Il faut demander plus à l'impôt

et moins aux contribuables

 

Alphonse Allais

 

Outil fiscal

Les contributions incitatives sont des micro-taxes payées sur les activités polluantes. L'argent récolté permet aux plus démunies d'investir dans les transitions écologiques et énergétiques. 

Vidéos

 
Un résumé de la pensée de l'auteur sur la crise écologique 
2 septembre 2012 7 02 /09 /septembre /2012 09:32

crise.jpg

 

Depuis quelques mois, on voit apparaître des propos d'experts ou de journalistes qui nous parlent de la "sortie de crise" et qui cherchent "le bout du tunnel". Cinq ans de crise, c'est bien long, et, en général, cela finit par finir !  Donc, on l'attend cette fin de crise, elle doit arriver, elle est -à chaque fois- venue, elle va revenir et on guette -telle soeur Anne dans sa tour- les signes annonciateurs de son retour. 

Les experts économiques nous disent maintenant que la reprise de l'activité commencera "le dernier trimestre de 2013" et nous avons oublié qu'il y a un an -à peine- ils nous parlaient, sûr et confiant en l'avenir, du "dernier trimestre de 2012". En 2009, ils évoquaient déjà 2010 puis 2011!

La croissance doit revenir, telle la cavalerie, nous sauver de la méchante récession. C'est dans l'ordre des choses et, rivés à nos transistors et à nos écrans, nous répétons tous la même antienne incantatoire.

En attendant, "pour tuer le temps", nous cherchons les responsables de cet état de fait. A d'autres périodes, on ferait appel à la colère persistante des Dieux pour monter une explication rationnelle crédible. Aujourd'hui, nous sommes plus triviaux. Le commun de la population se contente de râler contre les politiciens et les technocrates : "ils ne font rien" et "ils s'en mettent plein des poches" sont des explications qui évitent d'aller plus loin.

Les analystes politiques se veulent plus subtils. Pour les keynésiens, et autres gens de gauche, on appelle à l'aide le dieu Relance. Seule, une bonne politique de reprise, à coup d'argent public sorti du chapeau de ce magicien professionnel, nous fera repartir et nous entraînera vers une nouvelle période de félicité heureuse et de joyeux consumérisme.

Pour les partisans de la rigueur, et autres gens de droite, on se réclame, au contraire, des dieux Rigueur et Liberté économique. Insatisfaits de leurs omniprésences     depuis deux décennies, ils en veulent encore plus, telle des drogués à la recherche de leur dose, ils cherchent toujours le Nirvana de ce trip idéal: une société sans Etat et sans aucune contrainte.

Cette interminable querelle n'empêche pas le malade de s'étioler, soumis successivement aux prescriptions successives de nos doctes médecins économiques.

Certains tentent alors de prendre davantage de recul. Les économistes se prennent alors pour des historiens. Pendant deux ans, on nous a sorti la comparaison avec la crise de 1929, elle a alimenté tous les discours sérieux jusqu'à épuiser ses charmes : on y découvrait surtout les différences entre 1929 et 2008. Ne trouvant aucune similitude, nous avons fini par abandonner l'histoire de 29.

La grande mode, aujourd'hui, c'est le déclin de l'Empire romain. Cela fait bien dans le discours, cela fait celui qui a de la hauteur ou de la profondeur de vues, cela fait sérieux. Cela permet une confortable analyse où l'Occident serait soumis à la pression de barbares qui prennent la forme des pays émergents.

Mais, on nous dit, maintenant, que le ralentissement économique atteint aussi ces pays-là. L'analogie s'écroule donc: si la Chine est -elle aussi- touchée, les discours autour de l'expansion et du déclin des civilisations se sont affaiblis à leur tour.

Soucieux de rester au-dessus de la mêlée, le savant économique doit trouver d'autres champs explicatifs. Il fait maintenant appel à l'anthropologie, cherchant dans la "course au bonheur" et aux "biens matériels" une explication rationnelle. Il décrit la crise "existentielle" et se décrit d'abord lui-même : en réalité, il n'a plus rien à proposer, ni explications rationnelles, ni solutions réalistes.

 

L'expert ne voit plus rien d'intéressant, n'explique plus rien de convaincant, ne propose plus rien de pertinent pour nous en sortir. Chroniqueurs des grands médias, universitaires professeurs dans les écoles les plus prestigieux, auteurs de bouquins et d'articles lus par des quantités considérables de gens sérieux, toutes ces personnes (souvent les mêmes!) impressionnent par la vacuité croissante de leurs discours.

 

Pour comprendre ce désastre immense de la pensée intellectuelle, on fera appel -ici aussi- à l'historien. Mais, on ne fera pas l'erreur de faire référence à une époque particulière de notre passé. L'historien, le vrai, déteste d'ailleurs cela. Il craint -par-dessus tout- la démarche analogique, source d'erreurs et de confusion. Aucune époque ne peut être comparée à une autre car chacune se signale par ses singularités.

Relisons plutôt un grand historien français, de réputation mondiale, Fernand Braudel. Il distinguait trois temporalités historiques.

D'abord, le temps court, l'histoire événementielle, l'agitation de surface. C'est ce que le flot constant de l'actualité nous apporte en vagues continuelles. Ce temps ne permet pas d'analyser sereinement ce qui se passe, collés au guidon du flot des événements, nous ne comprenons rien : le débat sur le prix de l'essence succède à celui sur le gaz de schistes, suivi de celui du cumul des mandats. Nous ne voyons pas le lien entre chaque micro-fait. Nous sommes devant un puzzle épars dont aucune pièce n'est reliée.

Ensuite, Braudel parle du "temps social", le temps lentement agité des groupes humains. Chaque société produit ses intellectuels et ses décideurs. Ceux-ci sont outillés pour comprendre la société dans laquelle ils vivent. A l'échelle de la décennie, on peut tenter des analyses sur "le devenir des classes moyennes" ou sur "le phénomène de la péri-urbanisation". Nos experts et nos universitaires en sont là: ils sont outillés pour comprendre leur monde en devenir avec les outils légués par les professeurs qui les ont formés.

Enfin, Braudel distingue "le temps géographique", le temps presque immobile des changements qui ne peut se comprendre qu'à l'échelle du siècle. Bien souvent, l'historien comprend, a posteriori, bien longtemps après, le mouvement long de l'Histoire : l'essor de l'Europe pendant les grandes découvertes n'a pas été analysé par les commentateurs de l'époque; le basculement du centre du monde de l'Europe vers l'Amérique n'a été compris que dans la deuxième moitié du XXéme siècle. Seuls quelques intellectuels visionnaires ont compris ce qui s'était passé.

 

Pourquoi cette cécité de la majorité des intellectuels et des experts? Influencés par leur histoire personnelle et par les évènements qu'ils ont vécue dans leur jeunesse, ils ne voient pas venir les nouveaux paradigmes des évolutions futurs. Ils analysent la crise actuelle en relisant Keynes ou Friedman -des hommes du siècle précédent- et ne comprennent plus rien ! Ils n'ont pas le recul suffisant pour trouver dans le flot événementiel, les véritables explications.

 

Prenons un exemple:  l'augmentation soutenue et durable des prix des denrées agricoles qui ont doublé entre 2006 et 2011. Le citoyen moyen, au gré du flot évènementiel, en reste à des explications simples ("certains s'en mettent plein les poches"), elles ne sont pas fausses, mais ne suffisent pas à comprendre ce qui se passe.

L'expert, outillé de ses multiples outils d'analyse performant, examine avec précision ce qui se passe : il nous parle de l'augmentation des épisodes de dérèglement climatique, de plus en plus fréquents. Il analyse le poids des politiques publiques des Etats qui vont restreindre les exportations, les effets des politiques de soutien aux agro-carburants, les changements d'habitude alimentaire dans les pays émergents au profit de la viande. Il pointe les limites atteintes des "Révolutions vertes" lancées dans le dernier quart du XXéme siècle.Il peut aussi étudier l'influence croissante de la spéculation des marchés sur les matières premières agricoles.

Selon ses opinions, il accordera une importance plus ou moins variable à ces différents facteurs. Chacun d'entre eux est exact et la combinaison de toutes ces explications forme un ensemble rationnel et cohérent. Et pourtant, avec tous ce travail fouillé d'analyse, l'essentiel échappe à notre intellectuel expert. Il a minoré la clé fondamentale de cette situation : la population mondiale est passée de 5,3 milliards en 1993  à 7 milliards en 2012. En 19 ans, la demande s'est accru de 1,7 milliard de bouche à nourrir. Voilà la seule explication que retiendront nos descendants pour expliquer ce qui s'est passé.

 

Cet exemple permet de comprendre la cécité de nos intellectuels et experts qui nous inondent d'analyses toutes fausses et dépassées : la crise ne va pas s'arrêter parce que c'est une crise globale et totalement inconnue.

 

Pour la première fois dans l'histoire de l'Humanité, nous sommes trop nombreux pour les ressources dont nous disposons : matières premières, terres agricoles, terres constructibles, alimentations. Nous atteignons le plafond de verre de nos ressources. 

 

Or, nos intellectuels et experts n'ont rien lu sur cette éventualité. Ils n'ont pas connu ce type de crise. Ils ne savent pas l'imaginer. Ils ne peuvent la concevoir. Hors de leur entendement et de leur culture professionnelle, ils prennent cette hypothèse pour les divagations d'écologistes illuminées.

 

Finalement, les experts économiques et les chroniqueurs mondains se trouvent dans la même situation que les généraux et les dirigeants européens en 1914. Habitués aux guerres de mouvement rapide du XIXéme siècle, ils ne pouvaient concevoir la guerre de tranchées. Les pacifistes passaient pour des plaisantins ou des traîtres. La guerre fut interminable et meurtrière. 

 

La crise actuelle est une crise qui sera -elle aussi- longue. Il faudra bien que l'opinion et nos beaux parleurs, en leur chaire, se résignent. Il faudra bien qu'ils finissent par l'admettre. Notre crise est, fondamentalement, une crise de l'insuffisance des ressources qui va s'étendre à l'ensemble du monde.

En 1914, personne n'avait compris Sarajevo, une petite crise diplomatique qui allait se résoudre. Personne n'avait prévu l'extension à la planète d'une guerre longue et meurtrière.

En 2008, la crise des subprimes a été comprise comme une petite crise économique. Et, dans les années suivantes, personne ne semble avoir compris que la crise va devenir mondiale et qu'elle va bouleverser en profondeur nos sociétés.

Pour aller plus loin:

crise économique/crise écologique

 


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25 août 2012 6 25 /08 /août /2012 07:58

jattali-copie-1.jpg

 

Sur son Blog et dans l'hebdomadaire l'Express', Jacques Attali vient de rédiger un billet intitulé  L'audace par nécessité. Il y fait l'inventaire des réformes "ne coûtant rien" et "pouvant engendrer de la croissance".

Or, j'ai découvert, avec plaisir, que certaines de ses propositions sur la fiscalité et l'urbanisme allaient dans le sens des idées que je défend depuis des années. On dirait parfois que Jacques Attali m'a lu ! Mais, comme nous allons le voir, c'est peu probable car sa réflexion générale me semble très critiquable et je ne vais pas me priver d'exercer mon regard critique sur sa réflexion !

 

Revenons sur ses propositions.

"3: Reprendre aux maires le pouvoir d'attribuer les permis de construire afin de donner à l'Etat les moyens de libérer des espaces destinés à la construction et d'augmenter massivement la hauteur des immeubles dans les grandes villes ..." Jacques Attali utilise une idée que je défends depuis des années et qui peine à s'imposer pour l'instant : il faut reconcentrer notre habitat et faire baisser les tensions sur le marché immobilier. La seule solution est donc le rehaussement des immeubles existants. J'ai écris de nombreux articles sur cette question, on lira particulièrement  La surélévation d'immeuble, une solution concrète à nos crises qui contient tous les liens vers les autres articles consacrés à ce thème.

 

"7: Créer des emplois de chauffeur de taxi en accordant, partout dans le pays, de nombreuses nouvelles autorisations, en priorité aux salariés des compagnies, en compensant les éventuelles pertes de patrimoine des détenteurs de plaques actuelles par une minuscule contribution des utilisateurs. Jacques Attali  a compris l'utilité des mécanismes des petites contributions qui peuvent servir de leviers pour déclencher des réformes de fond, idée que je défend autour d'une évolution de la fiscalité vers  des systèmes de contributions incitatives. 

Le débat récent autour du prix de l'essence a montré ce chiffre édifiant : 1 centime d'augmentation du prix de l'essence, c'est 500 millions de recettes supplémentaires, c'est bien peu pour le consommateur (et pour les multinationales pétrolières!) mais c'est beaucoup pour les pouvoirs publics qui cherchent des moyens de continuer à investir pour sortir de la crise et réussir la transition énergétique. Cette idée de "minuscules contributions" mérite réflexion à condition de réfléchir à leur progressivité.

Jacques Attali a aussi compris l'intérêt  d'augmenter le nombre de taxis, il le voit comme un moyen de créer des emplois.  Il n'est pas sûr qu'il le comprend aussi comme un moyen de remplacer une partie des voitures individuelles, solution particulièrement intéressante à condition d'avoir une politique globale d'offre en temps réel, à partir d'un système de réservation par téléphone portable.

 

Par contre, Jacques Attali ne fait pratiquement jamais référence à l'écologie, qu'il limite en général dans ses écrits à la défense de la nature. Il ne semble pas faire le lien entre crise économique et crise écologique. Il a une vision du monde, hélas banal et dépassé, qui considère l'horizon des sociétés humaines dépendantes uniquement du Graal de la Croissance. Sans elle, point de salut !

Finalement, Jacques Attali correspond assez au portrait que j'esquissais dans un article intitulé  Pourquoi tant de scepticisme devant le réchauffement climatique et autre catastrophes annoncées?:

 

Prenons (...) le cas d’un homme d’une soixante d’année, né après la seconde Guerre mondiale, vivant dans un pays développé, et disposant de revenus corrects ou confortables. Celui-ci ne peut souvent comprendre ce qui est en train de se passer car il a connu les décennies de développement fulgurant qui ont suivi le second conflit mondial. Les ralentissements économiques qui ont eu lieu après cette période n’ont guère ébranlé son niveau  de vie, et des périodes d’embellies (la révolution internet et numérique de la fin du XXéme siècle) ont renforcé sa croyance en des périodes cycliques avec des hauts et des bas. La victoire du capitalisme sur le communisme a accru sa confiance dans un système économique et politique qui lui a apporté prospérité et santé. La notion de progrès de l’Humanité est fortement ancré dans sa mentalité. On comprend mieux alors son incrédulité devant la crise planétaire dont on lui raconte la menace. Les ours polaires qui nagent dans l’eau glacé lui semble bien lointain et il ne se voit pas changer un mode de vie qui lui a toujours réussi.

 

Jacques Attali est un homme intelligent mais les historiens savent bien que les hommes sont représentatifs de leur époque: leur intelligence est bornée par leur environnement et leur propre histoire. A cet égard, Jacques Attali est emblématique de son temps et de son milieu. C'est regrettable car les Elites occidentales et françaises ont besoin de comprendre la dimension écologique de nos crises, s'ils veulent la dépasser et proposer des voies pertinentes pour en sortir.

 

PS: Sur un sujet différent, que je connais bien puisqu'il s'agit de ma profession, on voit aussi à quel point la méconnaissance et les représentations fausses peuvent réduire le jugement de nos Elites:

"2-Réformer l'école primaire en développant l'enseignement sur mesure pour réduire l'échec scolaire". Belle et noble idée !  Mais idée qui ne tient pas pour deux raisons:

-la personnalisation des parcours est une réforme en cours dans l'école française, elle est complexe et demande du temps pour se mettre en place, du temps de travail pour les enseignants, du temps de formation pour faire évoluer les pratiques, il faut une ou deux décennies pour voir les résultats d'une réforme aussi ambitieuse.

-cette réforme-là a un coût car, pour personnaliser les parcours des élèves, il faut davantage de temps qu'un enseignement qui serait le même pour tous et parce que la formation des professeurs coûte de l'argent public.

Mais, nous sommes bien d'accord, l'Education est un investissement indispensable pour notre Nation.


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1 avril 2012 7 01 /04 /avril /2012 08:00

 

eva-joly.jpg

 

En 2007, Nicolas Hulot avait réussi à faire de l'écologie politique un enjeu puissant. A l'époque, on en avait beaucoup parlé, beaucoup débattu, et la majorité des candidats avaient accepté de passer sous les fourches caudines du pacte écologique du médiatique animateur de télévision. Pourquoi alors cette absence aussi criante lors de la campagne présidentielle actuelle?

 

Les risques écologiques sont toujours aussi grands. La question du réchauffement climatique était en débat. Aujourd'hui, plus personne ne conteste sérieusement sa réalité.  Nous sommes en plein paradoxe: les idées écologiques se sont diffusées largement dans la société. Mais la politique semble inutile pour affronter cette réalité là. Comment l'expliquer?

 

Les citoyens s'en plaignent : davantage qu'en 2007, la communication a pris la place du débat, le "petit jeu" médiatique efface les "enjeux" de la campagne. Cette compulsion rend inaudible la réflexion collective que réclame l'écologie.

La Crise est passée par là, elle relègue l'écologie au rang de question annexe. Car les experts et les journalistes n'ont, pour la plupart d'entre eux, pas compris le lien entre crise écologique et crise économique.

 

L'impuissance politique pousse, de plus en plus, les citoyens au repli sur soi. L'individualisme les amène à penser que le seul acte qui est du sens à leurs yeux est celui de la réduction de leur propre empreinte carbone. Chacun se donne bonne conscience par quelques actes qui rassurent: l'achat d'un vélo pour l'un, d'ampoules LED pour un autre. 

Les choix du parti écologie les verts (EELV) sont probablement en cause eux aussi.  La personnalité d'Eva Joly joue un rôle particulier. Candidate atypique, elle ne joue pas la séduction mais la franchise, abordant avec sincérité des thèmatiques originales, rarement entrevues dans une campagne présidentielle. Mais au royaume des requins et des faux-semblants, cette stratégie se révèle improductive.

Il y a une autre raison à cet échec: en abordant les questions politiques de manière fragmentées, Eva Joly n'aide pas l'écologie politique à être convaincante. Ce qui caractérise le monde actuel, c'est sa complexité et la multiplicité des dangers que nous allons affronter. Eva Joly s'intéresse à différentes minorités, à de multiples droits. Son dernier affichage, par exemple, était celui du combat pour la défense du breton et de l'occitan, une cause honorable mais bien éloigné du coeur du combat écologique. 

 

Or, le monde actuel réclame une analyse globale et des réponses articulées les unes aux autres.  Il faut donc aujourd'hui que l'écologie politique produise un récit cohérent et explicite. Ce récit -projeté vers le futur- est la seule manière de décrire le monde tel qu'il est et tel qu'il peut devenir. 

L'écologie est condamné à l'impuissance si elle se contente de travailler uniquement sur l'éduction au développement durable et les comportements individuels car, si ce travail est indispensable, il ne portera ses fruits que dans une génération, c'est à dire beaucoup trop tard pour changer le cours des choses.

L'écologie ne peut, non plus, se contenter d'un discours moralisateur qui insupporte nos contemporains qui se sentent condamnées et culpabilisés.

Seul un récit distancié, porteur d'une dynamique collective, un récit "qui se termine bien" où la société, dans son ensemble, trouve les solutions aux dangers qui la menace, seul ce récit là peut permettre à l'écologie de sortir des ornières où elle s'est fourvoyée.

Des exemples de ces récits :

Se déplacer dans l'agglomération marseillaise en 2025

Pêcheur à Marseille en 2025

 

 

 

 

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18 mars 2012 7 18 /03 /mars /2012 22:15

rifkin.jpg

 

François Hollande vient de rencontrr Jeremy Rifkin. Les socialistes français ont-ils trouvé leur gourou? titre le Nouvel Obs. Le personnage prête à la controverse. Que faut-il en penser?

 

Le Nouvel Obs l'appelle le décentralisateur utopiste. Terraéco, qu'on ne peut suspecter d'anti-écologie, fait de lui un portrait peu flatteur : il serait un rêveur, un peu bateleur de foire. Un grand prophète dont les données sont discutables dit de lui le psychiatre Christophe Dejours reflétant la détestation dont il serait l'objet dans les milieux scientifiques.

 

Mais les journalistes, comme ceux qui l'ont lu, le reconnaissent : sa pensée militante est stimulante.

Pour ma part, je défend les mêmes idées que lui : faire de chaque immeuble une centrale énergétique  ( L'immeuble du futur : un écosystème au service de l'homme)  partager l'énergie et les vecteurs de transport grâce aux nouvelles technologies de communication ( Le mobile sera au coeur de nos mobilités.).

 

Ce qui manque finalement à Jeremy Rifkin, c'est la capacité à trouver les outils politiques qui vont permettre de réaliser concrètement son utopie.

C'est concrètement ce que j'essaie, pour ma part, de faire aboutir en réfléchissant -modestement- à ces nouveaux outils innovants dont nous avons besoin pour que ces utopies deviennent réalité. Je suis profondément persuadé qu'une fiscalité environnementale innovante, laissant les différents acteurs agir en fonction de leur liberté, peut permettre la réalisation de cette utopie en construction.

 

Finalement, cela me semble une bonne chose en soi que un responsable politique comme François Hollande, puisse s'intéresser à l'utopie. Mais cela ne sert à rien si ses conseillers - quelques semaines plus tard- viennent lui dire que les idées de Rifkin sont inapplicables.

Nous avons le devoir, au contraire, de mettre en oeuvre l'utopie. René Dumont le disait, il y a trente ans, "l'Utopie ou la mort" !

 

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26 février 2012 7 26 /02 /février /2012 08:57

dupuy.jpg

 

Jean-Pierre Dupuy, le philosophe, auteur d'un ouvrage remarqué en 2002 "Pour un catastrophisme éclairé" vient de sortir, aux éditions Fammarion, un livre intitulé "l'avenir de l'économie, sortir de l'économystification". Pour ne pas le dévoyer, on ne résumera pas un ouvrage aussi riche. On peut, cependant en relever quelques idées forces.

"L'économie contient la violence, dans les deux sens du verbe contenir". Si Jean-Pierre Dupuy s'attaque au mythe du libéralisme triomphant, c'est aussi pour rappeler le rôle pragmatique de l'économie. Elle joue un rôle régulateur dans le fonctionnement des sociétés. Il y a donc une véritable absurdité à voir les "marchés" prendre la main dans nos sociétés démocratiques: elles doivent rester l'instrument du politique et non le contraire.

Dupuy démonte ensuite le concept de marché, montrant que la "dictature des marchés" est une expression vide de sens. Les "marchés" ne forment pas une entité rationnelle mais plutôt un conglomérat d'acteurs ayant -chacun- leur propre logique.

Voir les marchés comme le grand régulateur invisible, ou comme le grand dictateur invisible  relève de la même vision mystificatrice : l'ultra-gauche et l'ultra-droite se rejoignent dans la même erreur.

Ce qui manque aux certitudes des économistes et autres experts, qui occupent le terrain médiatique, c'est une vision du monde dans sa globalité qui sorte de "l'économystification".  La croissance n'est pas une obligation in-discutable, mais plutôt une nécessité fonctionnelle pour l'homme et les sociétés qui cherchent toujours le dépassement. Les "risques" ne sont pas des variables à intégrer dans les bilans financiers mais la catastrophe environnementale planétaire est une réalité qu'il va falloir accepter si nous voulons la vaincre.

 

En restant au degré zéro de l'économie, l'opinion publique voit passer les trains des crises à répétition. Telle une vache broutant dans son pré, elle croit que cela ne la concerne pas.

 

Ce que propose Dupuy est simple : il faut remettre l'avenir au centre de nos préoccupations. Avoir une vision qui intègre tous les risques et toutes les espérances pour pouvoir mener une véritable politique qui nous sorte de la tempête dans laquelle nous sommes rentrés.

Dans un autre ouvrage, Dupuy avait développé des faits bien connus des historiens : c'est parce que les Soviétiques et les Américains ont touché du doigt la catastrophe qu'ils ont pu réagir et se donner les moyens d'éviter la guerre nucléaire. La planète entre dans une tempête multifactorielle : faut-il que nous touchions le fond pour pouvoir réagir?

 

Allons encore plus loin que Jean-Pierre Dupuy: le Politique, au sens noble du terme, n'a pas, n'a plus cette vision de l'avenir. Il lui faut retrouver les moyens et les outils de se projeter sur le long terme. Il lui faut retrouver des leviers d'actions que la mondialisation et la complexité croissante lui ont fait perdre. 

Or, quel est le levier d'action qui permet cette projection sur l'avenir et cette prise en compte de la variété des problèmes rencontrés? La fiscalité. Mais une fiscalité rénovée qui re-devienne au service des peuples et de l'action publique. Et non la fiscalité à l'ancienne qui prend à tous, sauf à ceux qui ont assez de puissance pour y échapper, une fiscalité dont les ressources soient strictement au service du bien commun, qui n'aille pas se perdre dans les méandres d'une dette publique incontrôlable.

C'est tout l'enjeu du site innovation politique/fiscalité environnementale que de proposer des réponses concrètes à nos crises, des réponses qui contiennent à la fois l'économie, l'avenir, l'environnement et les sociétés. Des  réponses qui pourront participer à la recherche de solutions,  ... quand les politiques se décideront à agir sur notre avenir ! Pour que nous ne mangions pas nos enfants!


 

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2 janvier 2012 1 02 /01 /janvier /2012 09:26
fondapol

 

Avec quelques décennies de retard sur les pays anglo-saxons, les Think Tanks, les "laboratoires d'idées", se développent en France. Dans les débats à la télévision et à la radio, par l'intermédiaire de tribunes dans la presse, leur présence est de plus en plus visible, leur influence de plus en plus grande. S'agit-il d'un progrès pour nos démocraties ou, au contraire, d'un phénomène qui confirmerait la faiblesse croissante des valeurs de notre République?

 

1-Une chance pour nos sociétés démocratiques :

Dans des sociétés de plus en plus complexes, le personnel politique a besoin de réflexions et de propositions concrètes qui lui permette de gouverner avec intelligence. A cet égard, les Think Tanks peuvent être source de solutions précises. Les candidats, les gouvernements et le législateur accaparés par des agendas démentiels et par les enjeux de la communication médiatique n'ont plus le temps de réfléchir et de lire? Les Think Tanks vont les épauler et leur fournir des outils de gouvernance près à l'emploi. Dans le passé, c'était les universitaires qui faisaient ce travail, mais ils sont aujourd'hui trop spécialisés et ne sont pas en mesure de travailler précisément les solutions politiques. 

Les Think Tanks séduisent, paraissent un progrès pour un personnel politique à la peine pour trouver des solutions aux difficultés de nos sociétés. Mais, est-ce si simple?

 

2-Une réduction de l'esprit démocratique:

Tous les grands Think Tanks français, qu'ils soient de gauche (Terra Nova, Jean-Jaurés, Copernic ...) ou de droite (institut Montaigne, Fondapol, IFRAP), ont trois caractéristiques communes:

-leur financement est en grande partie assuré par des entreprises, le plus souvent des grands groupes. 

-ils sont tous installés dans Paris intra-muros, et plus précisément dans les quartiers centraux ou de l'ouest de la capitale.

-leur direction, leurs membres ou animateurs, sont tous issus de grandes entreprises françaises et/ou proviennent des grands écoles (ENA, Polytechnique, HEC, ...).

Autrement dit, la principale singularité des Think Tanks hexagonaux est de n'être absolument pas représentatif de la variété et de la pluralité de la société française.

Comment, dans ces conditions, proposer, par exemple, des solutions à la délinquance marseillaise, ou à la disparition des services publics dans le rural profond? Comment le faire quand on connaît si mal la majorité des problèmes que rencontrent les citoyens de notre pays? 

La connivence et l'endogamie semblent plutôt présider à leur dynamique. Comme l'écrit  Choukri Ben Ayed, sociologue, professeur à l'université de Limoges, dans une tribune du Café pédagogique:  "Finis la démocratie représentative, la parole au peuple, désormais le politique gouvernera en faisant l’addition de toutes ces paroles d’experts autorisés, autoproclamés."

 

Mais, écartons ces arguments car, si les Think Tanks sont réellement compétents, ils peuvent être utiles malgré tout?

 

 3-"Un flagrant délit d'incompétence":

 

L'endogamie de leurs membres a une conséquence concrète : toutes leurs propositions se ressemblent. Dans ce "petit monde courtois et feutré de l'establishment parisien où se croisent experts, banquiers, avocats, hauts fonctionnaires et politiques, et où l'on tutoie la crise et le chômage sans les connaître personnellement", comme l'écrit joliment Weronika Zarachowicz dans Télérama, on parle de sujets qu'on ne connaît pas, ou très peu. On aborde les thèmes traités avec les lunettes idéologiques supposées du laboratoire d'idées auquel on appartient.

 

Prenons une exemple. La Fondapol, en prévision de l'élection présidentielle, vient de publier "12 idées pour la France", un magnifique texte agrémenté de superbes photos. La sixième "idée" s'intitule "l'écologie sans la décroissance, relever le défi environnemental par l'innovation et la création de richesse". Ne nous attardons pas sur la qualité de l'"idée" qui n'est qu'un titre passe-partout et non une idée.

Rentrons dans le vif du sujet et étudions les propositions : "la politique énergétique doit proposer une réponse équilibrée, satisfaisant la pluralité des demandes";  "il est de l'intérêt de la France de produire une partie de l'énergie consommée par ses habitants, ses entreprises et ses administrations". A la lecture de ces deux premières pensées,  digne d'une dissertation d'élève de seconde en Sciences économiques et sociales, on mesure le haut niveau intellectuel de ce texte qui enfonce des portes ouvertes et n'apporte rien à la réflexion sur la transition écologique.

Comme l'écrit Choukri Ben Ayed : Le propre des Think Thank c’est leur capacité à écrire sur tout, à savoir tout sur tout. Fondapol, qui se définit comme un « Think Thank libéral progressiste et européen », écrit sur la santé, les classes moyennes, le logement, le parlement, la responsabilité, la « compétitivité par la qualité », la morale, l’éthique, la déontologie, le pouvoir d’achat, la jeunesse, la liberté religieuse, l’écologie, la sortie du communisme, etc. Bref Fondapol sait tout sur tout, mais à force de tout savoir sur tout, on en finit par ne plus savoir rien sur rien.

 

C'est le dernier travers des grands "laboratoires d'idées" parisiens, leur endogamie les rend incapables d'une pensée originale et précises sur les sujets sur lesquels ils prétendent proposer des solutions. 


4-Militer pour des Think Tanks artisanaux spécialisés:

Si on admet que nous avons  besoin d'idées innovantes pour aider le personnel politique de notre pays à trouver des solutions aux crises multiples que nous devons affronter, alors nous n'avons pas besoin de ces Think Tanks de la connivence, nous avons besoin, bien au contraire, de Think Tanks ultra-compétents sur des sujets précis, diversifiés dans leur approche et leurs propositions, de manière à ce que le personnel politique puisse y puiser des idées originales et argumentées, adaptées à chaque sujet.

 

Revenons sur l'exemple de la rénovation écologique. Par exemple, sur la question énergétique, plutôt que d'aller consulter le texte de Fondapol, un candidat éclairé à l'élection présidentiel devra plutôt :

-aller lire le projet Négawatt sur la transition énergétique. Rédigé et travaillé par une dizaine d'experts de la question, y travaillant depuis plusieurs années, ce projet réfléchi permet d'imaginer un scénario de transition solide et charpenté.

-pour maintenir une veille vigilante sur les technologies et les projets précis de système d'énergies renouvelables, les conseillers qui entourent ce candidat se connecteront sur le site découplage d'Olivier Daniélo.

-pour chercher des solutions de mise en oeuvre concrètes, sur le plan fiscal, on ira lire les articles du site fiscalité environnementale, écrit par l'auteur de ce texte, site qui propose des solutions politiques innovantes dans ce domaine.

 

Conclusion: nous avons besoin de ce que j'appelle des Tink Tanks artisanaux, réalisés par des maîtres ouvriers qui, dans leur atelier, peaufinent les idées réfléchies de demain. Nous n'avons pas intérêt à voir les candidats à l'élection présidentielle se contenter d'aller puiser quelques vagues idées inventées par des officines industrielles qui produisent de beaux et vains  discours. 


 

 

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4 décembre 2011 7 04 /12 /décembre /2011 09:10

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Comment changer les mentalités de nos contemporains? Comment faire accepter que l'avenir de l'homme ne se joue pas entre notre société consumériste et "le retour à la bougie"?

Daniel, un de mes  fidèles lecteurs, auteur d'un blog que je recommande, me fait ce commentaire, particulièrement pertinent, sur l'ensemble de mes propositions:

Qui pourrait bien porter une telle vision de l'avenir, que je partage dans les grandes lignes, mais il est tout de même difficile d'imaginer que tous les citoyens acceptent de changer leur mode de vie, car il faudrait bien là ne pas changer seulement quelques attitudes, mais bel et bien en profondeur et en conscience collective, cette espérance là ne relève telle pas aussi de la "méthode coué", tant l'individualisme forcené et idéalisé s'est installé. 

 

Excellente et angoissante analyse ! Car, si l'auteur et les lecteurs réguliers de ce blog sont profondément convaincus qu'il faut changer de siècle et de mode de vie, on connaît les résistances et le scepticisme de nos  contemporains qui ont bien du mal à admettre la réalité de nos problèmes écologiques mais aussi, bien plus de mal encore, à croire qu'il existe des solutions à ces difficultés. Quand, dans les dîners en ville et les discussions de comptoir, on évoque la question, la réponse définitive fuse : "de toute façon, notre monde est fichu, il n'y a rien à faire". L'évolution de ces derniers années porte sur le fait que nos interlocuteurs nient moins les phénomènes de dégradation écologique mais se défendent en refusant toute espérance de changer notre "monde pourri". C'est une autre manière de refuser le changement, de conserver son individualisme consumériste: "je garde mon mode de vie puisqu'il n'y a rien à faire".

Pour sortir de ce conservatisme mental, il faut certes inventer un projet de société qui permette de découpler le fonctionnement des sociétés humaines des ressources limités de la planète, il faut aussi utiliser des outils politiques qui favorisent les décisions des acteurs économiques et des citoyens en faveur de ce changement de société.

Aujourd'hui, un citoyen qui construit un composteur ou choisit de prendre le train plutôt que l'avion, un chef d'entreprise qui décide d'utiliser des énergies renouvelables ou des matériaux biodégradables, sont des personnes qui ont des convictions écologiques et qui décident, malgré les obstacles financiers, juridiques, humains, de mettre en pratique ces idées.

Ce qu'il faut demain, c'est inverser ce processus : il faut que  la personne ou l'entreprise qui choisit de conserver un comportement polluant et néfaste pour son environnement, puisse continuer de le faire, en toute liberté, malgré les obstacles financiers qu'elle va rencontrer.

Dans ce processus, la fiscalité a un rôle majeur à jouer, une fiscalité incitatrice qui favorisera l'acteur soucieux de son environnement et taxera celui qui voudra conserver sa "liberté" de polluer. Alors les mentalités de nos contemporains changeront rapidement : tout en leur laissant la liberté de choisir, ils seront gagnants à choisir la "bonne" voie. Aujourd'hui, un comportement écologiste demande des efforts et de l'abnégation, son image est donc négative. Il faut inverser le processus : c'est le comportement pollueur qui doit devenir un sacrifice. C'est lui qui doit supporter une image négative

Il nous faut "découpler" notre société de l'ancien monde du XXéme siècle. Il nous faut pour cela "découpler" notre manière d'utiliser la fiscalité. La fiscalité ancienne, celle du XXéme siècle, était une punition permanente, subit par tous ceux qui ne pouvaient s'en défendre, une sorte de fatalité insupportable, un fardeau sacrificielle. La fiscalité de l'avenir sera découplée de ce modèle : il s'agira d'une fiscalité différenciée selon nos choix de vie et de comportement, une fiscalité évolutive et transparente qui permettra aux citoyens et aux acteurs économiques de faire des choix rationnels en tenant compte d'autres critères que celui de la recherche du moindre coût. Il s'agira aussi d'une fiscalité qui ne se limitera pas à ponctionner les acteurs, elle facilitera aussi les actions positives en les finançant. 

Cette fiscalité environnementale, au service du changement social,  s'invente ici sur ce site et je vous invite à la découvrir, à vous en emparer et à en débattre: Il faut demander plus à l'impôt et moins au contribuable, c'est une jolie petite phrase d'Alphonse Allais, c'est la philosophie générale de ce site.

 

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21 août 2011 7 21 /08 /août /2011 07:35

 

croissance

 

Imperceptiblement, l'opinion publique évolue sur les questions environnementales. Je voudrais ici en montrer quelques preuves et mesurer aussi le chemin qu'il nous reste à faire si nous voulons que nos sociétés construisent des réponses appropriées aux défis qui nous attendent.

Premier constat : le débat d'opinion autour du réchauffement climatique. Qui se souvient encore des tirs nourris de la presse de Rupert Murdoch sur le GIEC, les rumeurs et les allégations sur les "manipulations" du réchauffement climatique? Qui garde, comme un livre de chevet précieux, l'ouvrage d'un ancien ministre consacré à "l'imposture climatique"?  Probablement personne, tellement le réchauffement climatique est devenu, aujourd'hui, une évidence  qui ne se discute plus ! Or, il ne s'est écoulé seulement  qu'un an depuis ce débat ! Le flux médiatique s'écoule avec fracas et convulsions mais il ne reste que les certitudes, le reste ayant sombré dans le tumulte du flot des informations qui nous assaillent. 

Deuxième constat : Les éditorialistes les plus classiques ont toujours fait preuve de scepticisme envers l'écologie. Or, tout doucement, ils commencent à mettre, dans leur propos, des pincées d'écologie politique, à dose homéopathique pour l'instant. J'en veux pour preuve l'éditorial de Laurent Joffrin dans le NouvelObs du 18 août. Il écrit : Tout cela débouche sur un modèle de développement différent: équité sociale, maîtrise de la finance, promotion de l'industrie et de la technologie sous contrainte écologique, .....

Joffrin faisant la promotion de l'écologie, voilà qui est nouveau! Il est intéressant de noter d'ailleurs que l'écologie est , chez lui, une contrainte. C'est tout le problème avec nos élites médiatiques, elles voit l'écologie comme un coût et des emmerdements: les éoliennes coûtent chers (quatre fois plus chers que leur équivalent nucléaire paraît-il), la rénovation énergétique des bâtiments va nous coûter 500 milliards, ...

Quelle drôle de manière de penser! Faisons un peu d'anachronisme:  au début du XXéme siècle, le débat portait sur l'automobile et le chemin de fer, faut-il développer l'un ou l'autre? Ecoutons ce chroniqueur imaginaire, pro-chemin de fer, qui écrirait vers 1920: "La généralisation de l'automobile dans notre pays va causer sa ruine. Pensez à toutes ces routes goudronnées que nous allons devoir installer sur l'ensemble de la Nation! Et le coût d'achat de ces automobiles, l'avez-vous calculé? Pour ma part, je l'estime à 200 milliards de francs. Cela va engraisser nos capitaines d'industrie Renault et Peugeot mais va ruiner la France !"

Or, nous savons que c'est le contraire qui s'est passé : le développement de l'automobile a été, au contraire, pour notre pays, un formidable moyen de faire de la croissance et de la richesse, de créer des emplois et une dynamique économique qui a perduré tant que le pétrole était vendu à un prix très avantageux.

L'écologie est, en réalité, aujourd'hui le seul moyen de relancer l'économie, de créer des emplois nombreux et viables. Elle va jouer demain le même rôle que l'automobile hier: être le moteur d'une économie construite autour de la durabilité.

Quand on nous dit que les éoliennes coûtent plus chers qu'une centrale nucléaire, on oublie simplement que les premières vont créer des dizaines de milliers d'emplois alors que la centrale, de par sa dangerosité même, ne va en créer que très peu.

 

 Nos élites, médiatique, politique et économique, ont besoin de comprendre que l'écologie est une richesse et non une contrainte. Nous pourrons avancer quand ils la considéreront comme la "nouvelle frontière" économique qui va permettre à l'économie de repartir.

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12 février 2011 6 12 /02 /février /2011 23:07

 

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L'autre jour, j'ai eu l'occasion de regarder -avec attention- à la télévision, la séance de l'Assemblée Nationale, consacrée aux questions au Gouvernement. J'ai eu le sentiment d'être dans un cirque : des deux côtés, des bateleurs de foire, faisant des pirouettes pour se faire remarquer, souvent avec talent.  Mais des projets politiques? Une vision claire des problèmes de la France? Une analyse pertinente de la situation? Non, jamais!

 

Je sais bien que ces questions au gouvernement constitue le moment pour se montrer (et montrer les dents) puisque que c'est la seule séance hebdomadaire qui est systématiquement retransmis à la télé. Après, entre eux, les députés passent aux "choses sérieuses". 

 Mais c'est ce choix qui me pose problème : car  si l'Assemblée Nationale vue par les citoyens doit être un cirque, c'est bien que les députés considèrent les citoyens comme des enfants !

Or, il s'agit d'une erreur manifeste : depuis 50 ans, le niveau intellectuel des Français n'a cessé d'augmenter. Se comporter comme les députés de la quatrième république relève manifestement d'une erreur d'appréciation.

On comprend mieux alors le discrédit croissant, l'impopularité des hommes politiques français : elle est relevée chaque fois par les différents sondages, on peut la voir aussi en allant sur les blogs des hommes politiques. Les rares personnalités qui osent encore laisser les commentaires libres sur leur site en sont pour leur frais : à part quelques supporters de leur parti, les commentaires sont acerbes et tranchant. Les citoyens disent alors ce qu'ils pensent. 

Et on peut le résumer en une phrase : arrêtez vos jeux politiciens et occupez-vous de nos problèmes, de la crise générale que nous vivons, proposez des solutions concrètes !

 

Bertrand de Jouvenel écrivait en 1941 dans Après la défaite  : On reste stupéfait qu'une grande puissance, à un moment décisif pour son destin, paraisse comme frappé d'immobilité. N'y avait-il point dans ce pays, se demande-t-on, d'hommes capables de regarder ce qui se préparait autour d'eux? Il y en avait assurément, mais tout occupés à s'entre-observer; leur vigilance était absorbée par les luttes intérieures. On discutait sur le forum, et les tours étaient dépourvues de guetteurs (...) Jamais encore la France n'avait été à ce point privé de tête. De cet organe que les Anciens appelaient fortement le lieu de décisions.

 

Si cela continue ainsi, nos descendants auront la même image de nos hommes politiques contemporains. Ils auront été incapables de voir les menaces grandir, incapables de proposer des solutions adaptées et auront précipiter le pays dans la ruine.

Cette analyse, hélas, vaut aussi pour la très grande majorité des journalistes et des intellectuels médiatiques français.

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15 janvier 2011 6 15 /01 /janvier /2011 06:47

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Quoi de commun entre le génocide au Rwanda et le mur qui sépare aujourd'hui Israélien et Palestinien? Entre les émeutes de la faim au Maghreb et l'augmentation prévisible du prix du pétrole dans les années à venir? Et quel rapport entre ces faits et la spéculation immobilière qui fait des ravages partout dans le monde? Rien, en apparence, et pourtant la convergence de ces informations et de bien d'autres encore, prouve l'actualité de la pensée de Malthus.

Bien entendu, quand on parle de Malthus, la controverse n'est pas loin. Sa théorie est contestée et les scientifiques n'ont pas manqué de relever les incohérences de sa pensée.

 

Presque partout, et en tout, Malthus fait l'unanimité contre lui. Les gens de Gauche reprochent à sa pensée de montrer du doigt les pauvres et de faire du misérabilisme. Les gens de droite, positivistes, s'appuient sur les réussites des Révolutions industrielles et des progrès de l'agronomie, pour montrer qu'il s'était trompé sur la capacité de la planète à nourrir sa population.  Les religions n'aiment guère cette théorie qui conteste à Dieu, son pouvoir sur les hommes. Les démographes leur emboîtent le pas et démontrent, à juste titre, la généralisation de la transition démographique à l'ensemble de l'Humanité. 

Alors, "has been" le camarade Malthus? Non, au regard d'un nouveau concept scientifique, l'empreinte écologique. Apparu depuis moins de 20 ans, elle  mesure les surfaces biologiquement productives de terre et d´eau nécessaires pour produire les ressources qu´un individu, une population   consomme dans une situation donnée. On sait déjà que l'Humanité consomme actuellement l'équivalent de 1,4 planète pour vivre, elle consomme donc davantage de ressources que la Terre ne peut en produire.

Les détracteurs de Malthus ont eu pendant longtemps l'oeil rivé sur l'agriculture, obsédés par les famines de l'ancien temps. Mais il est aujourd'hui probable que d'autres ressources manqueront avant la nourriture : minerai, pétrole, eau, les sources de conflits et de concurrence ne manquent pas entre les différents groupes humains.

 

L'idée malthusienne devient intéressante à  condition de respecter quelques principes intellectuels:

-se débarrasser des représentations idéologiques, décrites plus haut, qui polluent notre réflexion en mettant des murailles infranchissables qui interdisent, alors, de libérer la pensée. Pour beaucoup, la surpopulation est un tabou inacceptable.

-accepter de sortir d'une vision catastrophiste (la Terre va crouler sous une population devenue incontrôlable) pour envisager l'empreinte écologique et la surpopulation comme  des outils  conceptuels nécessaires pour penser demain et proposer des politiques publiques cohérentes. Aujourd'hui, toutes les théories économiques (libérale ou socialiste), tous les discours politiques sont inutiles si ils n'intègrent pas cette dimension de l'utilisation des ressources et de la nécessite de construire des systèmes durables.

-l'utiliser comme une des grilles, un des outils nécessaires pour comprendre le monde actuel dans lequel nous vivons.  La concurrence pour les espaces, l'utilisation des ressources de chaque territoire dépendent en effet de la pression que les communautés humaines font peser sur les surfaces disponibles. Les conflits intra ou inter-communautaires, l'augmentation du prix des matières premières ou agricoles, la raréfaction des ressources, la frénésie immobilière, les bouchons à l'entrée des grandes villes ont un lien avec ce phénomène. Il est permis aussi de s'interroger sur le lien qu'entretient la surpopulation et le chômage généralisé aujourd'hui.

 

Car finalement, si le chômage de masse est redevenu un phénomène presque planétaire, après la parenthèse des 30 glorieuses, n'est-ce pas aussi parce que l'accroissement de la population ne permet pas de fournir du travail à tout le monde? En tout cas, il est permis de se poser la question. 

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