Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Twitter : @Rcoutouly

Il faut demander plus à l'impôt

et moins aux contribuables

 

Alphonse Allais

 

Outil fiscal

Les contributions incitatives sont des micro-taxes payées sur les activités polluantes. L'argent récolté permet aux plus démunies d'investir dans les transitions écologiques et énergétiques. 

Vidéos

 
Un résumé de la pensée de l'auteur sur la crise écologique 
1 novembre 2011 2 01 /11 /novembre /2011 07:51

 

politis.jpg

 

La sympathique revue Politis publie ce mois-ci, un hors série intitulé "De l'utopie à la réalité, les transitions écologiques". Or, les articles de ce numéro sont particulièrement décevants: ils ne sont pas à la hauteur de la désespérance de nos contemporains et de leurs espérances à imaginer un avenir plus radieux.

Prenons quelques exemples de cette déception. Sur l'urbanisme, par exemple, on y imagine l'avenir sous la forme de "maisons bio à 100000 euros", comme si, dans un pays urbanisé à 80%, nous allions tous pouvoir construire sur "un joli terrain au milieu des bois et des collines" (sic). Penser que notre transition se fera avec ce genre de rêve de retour à la nature, c'est oublier les structures sociales et les habitudes et modes de vie de la majorité de nos contemporains: or, la transition ne se fera qu'avec l'ensemble de la société. 

Autre exemple, un article consacré aux villes "slows", joli concept réservé aux agglomérations de moins de 50000 habitants. Et les autres? Celles où vivent la plupart de nos contemporains? Trop compliqués et pas assez idylliques pour Politis qui préfèrent les passer à la trappe !

Il faudrait que les journalistes de Politis se penchent sur une réalité plus pragmatique : la transition écologique pour l'habitat suppose d'abord de s'attaquer à nos grandes agglomérations complexes, ces villes qui ne font pas rêver, sans petite maison au milieu des bois et sans rue piétonne mais où vivent la majorité de leurs contemporains et de leurs lecteurs. je les invite donc à lire les articles de la thématique "habitat urbanisme" du site innovation politique/fiscalité environnementale.

Mais au-delà de l'exemple de l'urbanisme,  le numéro de Politis pêche surtout pour sa vision naïve de la transition écologique: qui va l'impulser? Qui va piloter le changement? Et bien, le long article d'introduction de Christian Arnsperger imagine un phénomène qui relève du miracle : la révolution écologique se diffuse dans le monde "capitaliste" de la green économy puis elle "passe" naturellement à une société de "pluriéconomie postcapitaliste". Ce phénomène se fera seule par la vertu combinée d'une "écologie des monnaies" post-euro et avec l'instauration d'un revenu de transition économique, sorte d'allocation universelle (dont on ne dit rien de son financement en ces temps où l'argent public coule à flot!).

Mais où sont les pouvoirs publics? L'Etat? Seules structures capables aujourd'hui de renverser et de s'opposer au libéralisme triomphant, elles sont oubliées dans ce schéma et ce dossier aussi irréalistes que frustrants. Seul l'article de Salvador Juan fait preuve de lucidité sur ces questions mais la place qui lui est laissée ne lui permet qu'un constat d'impuissance ainsi que l'expression d'une analyse lucide de l'intérêt de la fiscalité écologique (merci !).

Alors, comment réaliser la transition écologique ? En appliquant des politiques volontaristes au niveau des Etats et des collectivités territoriales qui mettent les acteurs sociaux devant leurs responsabilités : soit vous êtes pour la transition et vous serez aidés, soit vous vous en fichez et vous en payerez le prix. Journalistes de Politis, c'est bien l'utopie et les rêves, mais c'est mieux quand ces derniers sont réalisables : l'Utopie d'hier doit devenir la réalité de demain, et, pour cela, il faut en payer lucidement le prix !

Partager cet article
Repost0
23 septembre 2011 5 23 /09 /septembre /2011 06:47

ecole-durable.jpg

 

L'Education Nationale en générale, et chaque école, en particulier, est devenu le réceptacle de tous les espoirs et exigences de la société. Il faut y parler des problèmes de santé, éduquer à la sécurité routière, sensibiliser les enfants aux droits de l'homme.... L'enseignant est devenu, à son corps défendant, le canal obligé d'une éducation multiforme qui reflète la complexité croissante de nos sociétés. Alors, dans ce processus, l'enseignement au développement durable semble une nécessité incontournable.  

Interrogeons cette évidence car nous allons voir que cela n'est pas aussi simple que cela.


1-L'enseignement au développement durable:

L'éducation au développement durable a été véritablement lancé dans le système éducatif français par la circulaire du 8 juillet 2004 mais les prémices de cette préoccupation du ministère de l'Education Nationale se trouvent déjà dans la circulaire du 29 août 1977 consacrée à "l'éducation des élèves en matière d'environnement".

Cette éducation se veut ancrée dans toutes les disciplines, multipliant les modalités et les points de vue, travaillant de manière systémique.

Cette éducation, dans son essence même, se voit comme une initiation à la complexité. Travaillant sur des études de cas précis, l'enseignant et ses élèves découvrent ensemble une situation particulière, souvent locale, qui donne de "la chair" et permette de comprendre ses enjeux environnementaux, ses interactions avec les réalités économiques et sociétales.

Cette démarche séduisante a pourtant ses limites. Si elle peut être travaillée dans toutes les disciplines, les Sciences et la Géographie sont celles qui se prêtent le mieux à son utilisation. 

Les programmes ont donc évolués pour tenir compte de cette nouvelle approche. Mais, face à elle, les enseignants sont souvent mal à l'aise.

Elle nécessite en effet une véritable remise en cause de leur travail. S'agissant d'une approche "politique" (au sens noble du terme), le développement durable bouscule les croyances et les convictions de certains d'entre eux, qui font preuve, en temps que citoyen, de scepticisme face à l'écologie.

Peut-on enseigner correctement le développement durable quand on est convaincu personnellement que le réchauffement climatique et les travaux du GIEC sont discutables, quand on est passionné, par exemple, de motos ou de voyages sous les tropiques? L'enseignant rencontre parfois la contradiction entre sa vie quotidienne, ses convictions personnelles  et les exigences de sa fonction.

Le ministère reconnaît d'ailleurs qu'il est difficile "d'identifier une définition simple et acceptable pour tous du développement durable, un concept encore en construction". Il est difficile pour l'enseignant de s'emparer de savoirs imprécis et fragiles qui bousculent les certitudes de sa formation universitaire et les cloisonnements de sa discipline.

De plus, l'expression de développement durable  est devenue redondant dans tous les discours : politiques, chefs d'entreprise et journalistes l'emploient à tort et à travers alors même qu'elle est discutable et fragile. Dans ce contexte, il est difficile de donner de la cohérence à un sujet aussi versatile et trivial.

Aussi, si l'éducation au développement durable est une nécessité incontournable, il ne faut pas s'en contenter. L'école durable peut prendre d'autres formes que l'on voudrait décrire ici.

2-L'école, une communauté durable:

Alors que les préoccupations environnementales ont occupé le champ des programmes, et commencent à entrer dans les classes, il est encore bien rare de voir des établissements scolaires s'intéresser à cette question.

Or, une école est d'abord un lieu de vie où, chaque jour de l'année scolaire, des centaines de personnes (élèves,personnels, parents) consomment de l'énergie, de l'eau, mangent et produisent des déchets. Une école émet du carbone comme une entreprise.

Cet angle d'attaque du problème présente l'intérêt de toucher à la vie quotidienne des gens et peut avoir un retentissement considérable car l'école touche l'ensemble de la population.

Dans l'établissement de vos enfants, le tri des déchets existe-t-il? Lieu de passage et de vie, l'école peut se révèler un lieu de collecte de certains déchets (ampoules, piles, etc...).

Les cantines scolaires peuvent devenir une "force de frappe" considérable dans la généralisation de l'usage de produits alimentaires issus de l'agriculture biologique.

A l'école, source de déplacements quotidiens pour les élèves, leurs parents et les personnels, une démarche de promotion des modes de transport "doux" est possible (transport en commun, co-voiturage).

Ces quelques exemples montrent qu'il y a de nombreuses actions possibles: les établissements scolaires ayant intégré une démarche Agenda 21 sont pourtant rares. 

La multiplicité des missions fixés aux établissements, l'inflation croissante des tâches dans un contexte de réduction budgétaire ne facilitent pas l'implication des équipes. On sait aussi que l'impulsion donnée par les cadres du système (personnel de direction,inspecteurs) est cruciale. Or, ceux-ci ne sont pas toujours sensibilisées, et  encore moins formées, à ces questions.

Alors que peut-on faire de plus? Et bien, il est possible d'aller plus loin en s'intéressant aux établissements scolaires comme des écosystèmes dont il faudrait développer la durabilité.

3-Les bâtiments scolaires, des lieux à transformer:

Marqué par la démocratisation et la massification, le système scolaire français est constitué autour de bâtiments construits, dans leur grande majorité, entre les années 30 et les années 70. 

C'est dire si les écoles, collèges et lycées sont, en générale, de véritables passoires énergétiques. Les prix croissants de l'énergie sont d'ailleurs en train de  mettre les établissements en difficulté.  Leur budget n'augmentant pas ou peu, les collèges et les lycées sont obligés de réduire leurs crédits pédagogiques pour payer leurs facteurs de gaz, de fuel et d'électricité.

Certes, la décentralisation, à partir des années 80, a permis aux collectivités territoriales de reprendre la main. Ce qui les autorisent, pour les nouveaux établissements neufs, à construire des établissements aux labels HQE ou BBC. Mais la très grande majorité des établissements n'en bénéficient pas.

Proposons de transformer le parc d'établissements en bâtiment à énergie positive: en installant une "peau" extérieure isolante, en mettant des mini-éoliennes et des panneaux solaires sur les vastes toits des bâtiments scolaires, en installant des systèmes de récupération d'eau et des toilettes sèches, on transforme la vie et l'organisation des établissements.

Si on associe les membres de la communauté éducative à l'élaboration du projet, on fait avancer la cause environnementale bien davantage que par quelques actions ponctuels ou par l'étude de quelques cas en géographie. L'élaboration de ce projet peut devenir un objet d'étude pédagogique pour les élèves.

Voir et faire évoluer l'établissement comme un écosystème peut aller encore plus loin : si on possède, derrière un bâtiment, un espace vert, on peut y installer un potager, des ruches ou une mare pédagogique.

 

Certes, on va me rétorquer qu'en ces temps de disette budgétaire, l'Etat et les collectivités territoriales n'ont pas d'argent à mettre dans ces coûteuses opérations.

Mais la recherche de l'autonomie énergétique des établissements scolaires présente le double intérêt de participer à la relance du secteur du bâtiment et de limiter les dépenses énergétiques qui plombent notre balance commerciale.

 

On pourrait accélérer le processus, développer les initiatives et favoriser son financement, en demandant une petite contribution incitative aux établissements, contributions utilisés pour payer, en partie, les travaux.

 

Si le développement durable veut devenir une préoccupation centrale dans l'école de demain, il ne faudra pas seulement qu'elle pénètre dans les classes, il faudra aussi changer le mode de vie quotidien des membres de la communauté éducative, il faudra faire évoluer les bâtiments où ils vivent.

 

 

Partager cet article
Repost0
17 septembre 2011 6 17 /09 /septembre /2011 09:12

 

chomeur.jpg

 

Dans les propositions des candidats à la primaire socialiste, une proposition retient l'attention : le contrat de génération. De quoi s'agit-il? De contractualiser l'embauche d'un jeune en échange du maintien d'un emploi senior, celui-ci formant le premier. Le contrat de cinq ans suppose une exonération des charges sociales.Le financement de cette mesure sera assuré par la suppression d'autres exonérations (en particulier celles sur les heures supplémentaires). 

 

Cette mesure semble bien séduisante. Pourtant, est-elle aussi innovante qu'elle y paraît? Après tout, il s'agit, encore une fois, de relancer l'emploi par une réduction des charges. 

Or, on connaît les conséquences de ces exonérations: le nombre de cotisants diminuant, les déficits des différentes caisses continuent de croître.   Même si, pour la mettre en place, on supprime d'autres réductions, il n'en reste pas moins que ce dispositif, après tant d'autres, va participer à l'asphyxie progressive de nos caisses, répartissant les charges sociales sur un nombre toujours plus réduits de salariés. Cette mesure ne fera donc pas baisser le coût du travail en France

 

Nous allons proposer ici une autre méthode, bien plus innovante, construite autour de quelques principes :

-Il faut cesser de compartimenter les problèmes : le coût du travail, c'est les problèmes réunis du chômage, de l'assurance-maladie et des retraites.

-dans une société globalisée et complexe, il faut laisser les acteurs faire leurs choix en leur proposant des solutions qui les laissent assumer les avantages et inconvénients de leurs préférences.

-le coeur de nos problèmes est la réduction constante de la proportion de salariés dans la population active, il faut permettre au plus grand nombre d'accéder au travail, ce qui signifie un partage de celui-ci. Il faut tenir compte des erreurs commises dans la mise en place des 35 heures pour inventer un autre système.

 

Notre démarche se construit autour du système français de solidarité nationale.

En France, l'ensemble des prélèvements payés par l'employeur est équivalent au salaire net payé. Si un salarié reçoit chaque mois 2000 euros, son employeur cotise environ pour 2000 euros. Cet argent sert à financer les retraites, le chômage et l'assurance maladie. Créer un emploi, c'est donc pour l'entrepreneur, dépenser chaque mois 4000 euros.

 

Dans le système que nous proposons, la base de travail est  de trois salariés pour créer un emploi nouveau similaire.

Prenons une entreprise et trois salariés qui ont tous acceptés de participer au nouveau dispositif de partage du travail, et donc de création d'un emploi. La durée légale du travail étant en France de 35 heures, ces trois personnes représentent un temps cumulée de 105 heures et un coût pour l'employeur de 12000 euros (sur une base de 2000 euros net par mois).

Une personne est embauchée. Ce nouveau salarié et les trois anciens travaillent désormais 30 heures chacun, soit une base de 120 heures. L'employeur a donc gagné 15 heures.

Il va pourtant garder un coût à 12000 euros pour ces quatre salariés.  De quelle manière?

Chaque salarié a accepté une petite réduction de salaire de 200 euros en échange de sa réduction de durée du travail, l'ensemble des salaires nets revient donc à 7200 euros (6000 euros précédemment).

Pour compenser cet effort de l'employeur, on réduit ses cotisations à 4800 euros (au lieu de 6000 euros). La collectivité doit donc trouver 1200 euros. 

Elle va d'abord pouvoir économiser les cotisations chômage du nouveau salarié. Elle va surtout demander des efforts supplémentaires aux entreprises et aux salariés qui n'auront pas faits les efforts effectués par ceux qui auront accepté de "jouer le jeu". Ces efforts vont prendre la forme de contributions demandés à la fois aux entrepreneurs et aux salariés.  Ces contributions pourront être de l'ordre de 10 euros par mois par salarié et de 20 euros pour l'employeur. 

Dans le temps, que se passe-t-il? Ces contributions vont augmenter chaque année de manière faible et progressive pour atteindre 100 euros par salarié au bout de 10 ans. Cette progression est nécessaire pour permettre de financer les volontaires qui rentreront dans ce nouveau système.

Les entrepreneurs, qui ont joué le jeu, bénéficent d'une réduction de leur cotisations mais elle est limité dans le temps (à trois ans par exemple). Puis, toujours de manière progressive, les cotisations recommencent à augmenter et retrouveront le niveau normal dix ans après le début du processus.

 

Quelques remarques sur la méthode:

-la démarche repose sur un double volontariat: celui de l'entrepreneur et celui de trois salariés acceptant de perdre une partie de leur salaire (10%) en échange d'une réduction de temps de travail de 15% et travaillant dans le même service ou ayant des emplois similaires. 

Réclamant ces conditions, la démarche ne sera acceptée que lentement ce qui réduira le coût de cette réforme.

-Celle-ci sera pourtant inexorable car l'avantage comparatif de salaires des "conservateurs" sera lentement rogné par leurs contributions. De plus en plus de "novateurs" apparaîtront, alimentant un basculement progressif puis définitif du système.

-quand nous proposons de passer de 3 à 4 salariés et de 105 heures cumulées à 120 heures, il ne faut pas le voir uniquement comme un avantage pour l'employeur. Aujourd'hui, la recherche d'une meilleure productivité pousse souvent les employeurs à exiger du salarié qu'il fasse en 35 heures ce qu'il devrait faire en 45 heures.  En passant de 3 à 4 personnes pour les mêmes tâches, on va donc aussi réduire la pression sur chacun d'entre eux et donc augmenter leur confort de travail à tous.

-il est évident que si l'employeur licencie alors qu'il bénéficiait du dispositif de partage du travail, il en perdra les avantages.

-Ce chiffre de 120 heures s'explique aussi par le fait que l'un des salariés peut être âgé. Dans notre système de partage du temps de travail, les volontaires salariés acceptent aussi de partir à la retraite à 70 ans. Mais en échange, leur durée de travail passe à 20 heures hebdomadaire à partir de 60 ans. 20 heures annualisés qui permettront à ces salariés "pré-retraités" de partir en vacances 6 mois par an et de travailler 30 heures par semaine les 6 mois suivants ou de travailler 15 heures par semaine. Cette règle de 70 ans sera, bien entendu, modulée en fonction de la pénibilité de carrière.

-ce système de partage du travail ne cherche pas à opposer employeur et salariés mais, au contraire, de faire de chacun d'entre eux des bénéficiaires.

Chacun devra, pourtant, faire un choix qui présente des avantages et des inconvénients.

Rester "conservateur" pour un salarié, cela veut dire garder son départ à la retraite à 62 ou 67 ans selon les cas et garder son salaire mais cela veut dire aussi cotiser davantage pour participer à l'effort collectif de financement  du partage du travail et de réduction du chômage et continuer à vivre la pression d'un travail assumé en petit nombre.

Etre volontaire pour devenir "novateur" pour un salarié, cela veut dire perdre un certain nombre "d'avantages acquis (départ à la retraite tôt) mais c'est aussi perdre du temps de travail, gagner en loisirs, réduire la pression et la souffrance au travail, c'est peut être aussi participer activement à la solidarité collective en créant un emploi. 

-Ce système ne devrait rien coûter à la société. Pourquoi?

A court terme, le recrutement des "novateurs" se faisant progressivement, les contributions supplémentaires patronales et salariales vont équilibrer le système.

A long terme, le partage du travail aura des conséquences positives : moins de retraités et de chômeurs à indemniser, cela signifie aussi davantage de cotisants et donc des rentrées plus nombreuses dans les caisses. C'est surtout  l'espoir de sortir du chômage de masse, un cancer qui ronge les sociétés européennes.  

 

Bien davantage innovante et globale que le sectoriel contrat de génération défendu par François Hollande, le système proposé dans cet article repose sur quelques principes:

 

-il est inspiré par  le système de contributions incitatives, inventé par l'auteur de cet article, pour répondre aux défis environnementaux.

-il est construit autour de quatre principes d'actions politiques :

*à problèmes sectoriels, solution globale

*la liberté de choix des acteurs doit leur laisser arbitrer entre des solutions différentes qui ont, chacune, leurs avantages et inconvénients

*les actes vertueux doivent être récompensés, les actes socialement coûteux doivent avoir un coût financier

*le choix de chacun doit être favorisé par une transparence complète et une progressivité du coût ou du bénéfice du choix de chacun.

 

Pour aller plus loin:

Le système du bonus-malus, un outil politique dépassé?

L'auto-régulation au sein du système de contribution incitative

 

Partager cet article
Repost0
20 juillet 2011 3 20 /07 /juillet /2011 16:10

rocard.jpg

 

Michel Rocard est un homme politique français atypique. Dans un milieu globalement assez médiocre intellectuellement, il est probablement un des rares a posséder une vision  lucide de l'évolution de nos sociétés. Mais cette intelligence de l'analyse est, chez lui, mêlé à un piètre sens tactique. Démonstration autour d'un passionnant article publié dans le Nouvel Obs le 14 juillet sous le titre "Comment vaincre la crise". Analysons ensemble sa copie.

 

Commençons par distribuer les bons points: la première partie de l'article est une excellente analyse. Michel Rocard fait, trop rapidement à mon goût, le lien entre la crise et la disponibilité des matières premières et des aliments. Il est un des rares à comprendre que crise économique et crise écologique sont étroitement liées même si son analyse mériterait d'être approfondie. Il a compris que le chômage était un phénomène de masse qui touche toute l'Europe et les Etats-Unis. Il analyse avec finesse le piège de la dette. 

Il est assez lucide pour ne pas se faire d'illusion sur la réforme de la finance mondiale. Il a la franchise de dire ce que les autres n'osent pas dire. Le multilatéralisme est un échec : les grands de ce monde, par égoïsme, par frilosité ou par conviction, ne feront rien collectivement.

 

Mais son article, hélas, révèle ses faiblesses dans la seconde partie consacrée aux solutions à cette crise. Là, l'élève Rocard peut mieux faire. Hanté par les défauts de la souveraineté nationale, il propose une "coalition de gouvernement" censés créer un noyau active luttant contre l'effet de serre et la finance internationale. Homme politique du XXeme siècle, il escompte ainsi retrouver l'esprit de la CEE de 1957 et espére un effet tâche d'huile qui a fait passer les Six créateurs de l'Europe à 25. 

C'est une grave illusion: la seule solution est l'unilatéralisme. Les seuls pays qui s'en sortiront seront ceux qui comprendront que le problème de la crise est un problème de crise écologique, d'accès à des ressources fossiles et non-renouvelables sur lesquels nous avons basés notre développement économique. Seuls les pays qui mettront en place une économie de la durabilité des productions industrielles et alimentaires s'en sortiront. Et il y aura alors effet tâche d'huile quand les autres pays les imiteront.

Mal entouré et mal conseillé, Michel Rocard croit encore, dur comme fer, aux vertus du nucléaire. Il emploie les arguments habituels des nucléolâtres sur le nombre de morts mais oublie l'essentiel en notre monde où l'argent est roi: le nucléaire sera de moins en moins rentable et va coûter de plus en plus cher aux pays qui persisteront à l'utiliser. Sa vision du nucléaire est encore celle des technocrates énarques du siècle dernier qui n'ont pas vu venir l'essor des énergies renouvelables et l'importance des économies d'énergies.

Enfin, même si il a la lucidité de comprendre que le retour de la "grande" croissance est devenu impossible, il espère encore en une "petite croissance" pour lui nécessaire. Encore une fois, Michel Rocard est un homme dépassé : le credo de la croissance qui a bercé notre monde à partir des années 50 est un refrain d'un autre temps qui associe automatiquement prospérité matérielle, travail et croissance du PIB.

Terminons par un bon point : Michel Rocard parle avec bonheur du travail et du chômage. Il sait, lui, que la seule solution, à moyen terme, est la réduction du temps de travail et une meilleure répartition de celui-ci. Aujourd'hui, le coût croissant du chômage et de la précarité est à la fois direct (indemnités chômage, RMI, ...) et indirect (violence, santé, dépression, ...). Je suis d'accord avec lui sur l'idée que c'est la modulation des cotisations sociales, dans un cadre négocié, qui pourra le permettre.

Partager cet article
Repost0
29 janvier 2011 6 29 /01 /janvier /2011 07:10

 

arbre.jpg

 

Quoi de commun entre la Côte d'Ivoire et la Belgique? Entre la Tunisie de Ben Ali, l'Italie de Berlusconi et la Russie de Poutine? Dans ces cinq pays, de manière différente, l'Etat s'affaiblit et ne sert plus l'intérêt de ses concitoyens.

Depuis de longs mois, la Côte d'Ivoire et la Belgique vivent sans gouvernement reconnu par la Nation, l'avion n'a pas de pilote, et avance dans un brouillard de plus en plus opaque. Voilà deux pays bien différents par leur histoire et leur culture, mais qui ont connu, tous les deux, la remise en cause de l'appartenance à la Nation d'une partie de la population par une autre partie de la population.

Italie, Russie et Tunisie connaissent, ou, ont connu la mise en coupe du pays par un homme qui a pris le pouvoir pour mettre l'ensemble de l'Etat à son service ou à celui de sa famille.

Ailleurs, dans de nombreux pays, l'Etat au service de tous, recule ou parfois disparaît complètement comme c'est le cas en Somalie ou dans des régions entières de l'Afrique centrale.

Les esprits positivistes ou chagrins hausseront les épaules. Cela a toujours existé. N'est-ce pas ce que connaissaient l'Afrique, ou le Far West américain avant la venue des Européens? Cette vision naïve, ce refus autruche de voir la réalité en face provient de multiples erreurs. C'est d'abord oublier  que le monde actuel contient six à dix fois plus de populations qu'aux époques auquel il est fait référence, c'est oublier aussi que le monde rural et autosuffisant pour son alimentation a fait place à un monde urbain, tout en tensions, et aux populations ayant de multiples besoins à satisfaire. C'est enfin refuser de voir les nombreux enjeux que l'Humanité va rencontrer dans les décennies à venir: crise économique, réchauffement climatique, appauvrissement des ressources, chômage, ...

La situation réclame des pouvoirs publics forts capables d'agir sur le réel, menant des politiques publiques volontaristes, capable de piloter leur Nation au milieu des écueils, avec à leur tête des personnes au service de l'intérêt public, n'ayant donc aucun intérêt personnel ou corporatiste à défendre.

La situation est-elle désespérée? Non, car on peut parier sur l'intelligence humaine pour trouver les organisations et les hommes capables de fédérer les populations, refuser le désordre et construire de nouvelles organisations efficaces au service de la population. 

Pour l'instant, on en est loin et il n'est pas inutile de faire la liste des écueils que nous devons dépasser si nous voulons construire des Etats assez puissants pour protéger les personnes et l'économie de leur pays.

Les excès du  libéralisme: Depuis trente ans, la majorité des Etats ont déréglementé, diminué la taille de l'Etat. Si ce processus répond à un besoin de souplesse, à la nécessité de laisser davantage de liberté aux acteurs économiques, pour corriger les excès bureaucratiques des décennies précédentes, on a souvent l'impression que le curseur de la déréglementation est descendu trop bas. Partout dans le monde, des pans entiers de territoires sont abandonnés et les services publics sont fragilisés y compris quand ils sont utiles et efficients.

Le nationalisme: Devant les difficultés rencontrées, certains esprits paresseux prônent le repli sur soi et font porter la responsabilité des problèmes à certaines catégories de population. Ce développement de la haine de l'autre cultive l'irresponsabilité ("c'est leur faute"), renforce les tensions et ne mène à rien. L'Histoire est riche de nations qui ont basculé dans ce cul de sac : Allemagne nazie, Ex-Yougoslavie, ou, plus prêt de nous,  Rwanda. 

Le repli sur soi et les siens: Devant la pression libérale, prônant la prise en charge par chacun de son propre destin et l'affaiblissement de l'Etat, il est tentant pour chacun de se replier autour de son groupe identitaire qu'il soit corporatiste ou communautaire. On apprend à se débrouiller seul, avec son clan, sa famille ou son groupe d'appartenance ou de connivence. On oublie seulement que nos sociétés humaines complexes ont besoin de tous pour fonctionner. On fait de l'Etat un monstre froid inutile et on néglige sa raison d'être : servir tous les citoyens du pays.

La connivence des élites: Le plus dangereux des replis provient des élites politiques, intellectuelles et  économiques. Repliées sur leur groupe d'appartenance, vivant "entre soi" dans des territoires réservés, pratiquant la reproduction sociale, elles méconnaissent les problèmes des populations, portent un regard biaisé sur le monde et son évolution. Elles sont totalement séparées des populations qu'elles sont censés guider et même des cadres qui organisent la société au quotidien (chefs de petites et moyennes entreprises, cadres de la fonction publique).

La morgue des riches: Profitant de la déréglementation généralisée, l'enrichissement des très riches ne connaît plus guère de limites. Ayant organisé le détricotage de leur participation à l'effort collectif, il est courant de voir des riches ne payer aucun impôt alors qu'ils profitent des structures publics au service de tous (routes, hôpitaux, ...). Ils devraient se méfier : devenus agoraphobe, sur leur yacht, dans leurs villas et quartiers protégés, leurs voitures blindées, ils se coupent des populations mais vivent dans la peur. Rien ne les protégera à l'avenir de la haine des plus pauvres et des pénuries à venir. Ils n'ont pas d'autres solutions que de partager et de mettre leurs "compétences" au service de l'intérêt collectif. 

Le métier politique: Longtemps un bon carnet d'adresse et le goût du pouvoir ont suffit pour l'exercer avec talent. Aujourd'hui, le monde est devenu trop complexe pour les bateleurs de foire, au verbe et à la poignée de main facile. Demain, les enjeux cruciaux et les tensions montantes ne permettront plus de faire illusion. Le métier va changer : fini les causettes au marché, seul contact "avec le peuple", terminé les petits fours du lobbying comme seul prise en compte de l'intérêt général, achevé la fièvre du législateur qui décrète avec frénésie, il faut clore la période où le politique sert des intérêts particuliers et non ceux de toute la Nation. Demain, le personnel politique devra être innovant pour inventer des solutions originales, s'affranchir des vieilles badernes idéologiques et prendre le temps de venir écouter réellement les gens de terrain et les citoyens responsables. L'évolution démocratique nécessite des personnes serviteurs de l'Etat et de la Nation toute entière.

L'illusion du multilatéralisme: longtemps, on a cru que, puisque nos problèmes étaient globaux, il fallait trouver des solutions globales. La mondialisation a servi d'excuses au laisser-faire étatique. Les décisions se prennent à plusieurs, il faut "peser" sur la marche du monde. La mondialisation a accéléré l'affaiblissement des Etats. Peu à peu, cette illusion tombe. 

Les G4, G7, G20, Copenhague et autres sommets ont montré leurs limites. Ils servent d'excuses aux dirigeants impuissants et d'illusions aux naïfs de l'idéal planétaire. Aujourd'hui, il faut que chacun, au niveau local comme national, reprenne en main son destin, en trouvant des solutions à son niveau, en utilisant tous les leviers à sa disposition. Chaque acteur doit utiliser ses marges de manoeuvres pour agir. Et l'Etat reste encore le niveau d'intervention le plus pertinent sur le réel, celui qui peut servir l'intérêt collectif et général, à condition bien entendu de lui redonner l'autorité nécessaire à son action. 


Partager cet article
Repost0
11 décembre 2010 6 11 /12 /décembre /2010 07:27

Re-édition d'un article de début 2009.  Les solutions existantes ont atteintes leurs limites. Les solutions, présentées jusqu à présent, ne sont pas satisfaisantes. Démonstration.

 


Faisons un rapide tout d’horizon de ce qui existe :

 la mise en place de normes et de règlements contraignants (par exemple, la mise en place de pots catalytiques). Si ces mesures sont indispensables, elles ont bien des limites. D’abord, elles ont un coût élevé, car les nouvelles normes supposent en général des équipements plus complexes que les précédentes. Elles sont difficiles à contrôler et à faire respecter. Elles sont édictées d’une manière qui favorise le lobbying et donc les acteurs les plus puissants par rapport aux plus faibles.

 la taxation traditionnelle (exemple la TIPP, taxe intérieur sur les produits pétroliers en France). Elles sont peu visibles du public car inclus dans le prix global, leurs effets dissuasifs ne sont pas évidents, l’argent récolté par les caisses de l’Etat se perd dans les budgets publiques. Ces taxations sont donc critiqués comme les autres impôts et sont donc impopulaires.

 les avantages fiscaux : accordés, par exemple, pour des travaux d’isolation d’habitations ou pour l’achat d’un véhicule peu polluant, ils ont au contraire l’avantage d’être parfaitement visible. Par contre, ils sont limités à certains acteurs (ceux qui peuvent investir dans ces nouvelles technologies) et grèvent le budget des pouvoirs publics.

 les marchés d’émissions polluantes : lors de leur création, ils ont considérés comme la panacée, par certains observateurs. Depuis, on s’est aperçu que leur efficacité dépendait des quantités de permis attribuées, et que, de toute manière, ces marchés ne pouvaient réguler que des niches industrielles précises, alors que les problèmes sont bien plus globales.

 le recours à l’emprunt : préconisés par de nombreux observateurs, sur le modèle du New Deal, sa nécessité ne peut être mise en doute. Mais cela suffira-t-il ? Et puis, n’est-il pas dangereux de faire payer encore à nos enfants le règlement de nos turpitudes alors que nous avons déjà consommés une grande partie des ressources naturelles qui devraient leur revenir ?

On le voit, toutes les mesures utilisées actuellement sont indispensables, mais ont, toutes, de sérieuses limites. Si nous n’inventons pas d’autres politiques publiques, les solutions techniques indispensables ne pourront sans doute pas être mise ne place à temps. LA solution défendue par de nombreux écologistes est celle de la Taxe Carbone. Rappelons son principe : chaque acteur, particulier ou entreprise, paie une taxe en fonction de sa production de carbone rejeté dans l’atmosphère. Certains experts peaufinent cette proposition en imaginant que cette taxe augmente au fur et à mesure des années, laissant la possibilité à chacun de changer progressivement ses habitudes de vie et de consommation. La taxe carbone a des qualités certaines : d’abord elle est la première mesure a responsabiliser les acteurs en place, elle laisse à chacun le choix de continuer à émettre beaucoup de dioxyde de carbone, mais en en payant directement le prix : elle est donc basée sur le respect de la liberté des acteurs, respect devenu incontournable dans le monde actuel. Autre vertu, cette taxe est proportionnelle à un dégât particulier, repéré, compréhensible par tous. Enfin, la croissance progressive de la taxe laisse à la fois le temps à chaque acteur de s’y adapter, et devrait la rendre de moins en moins tolérable à terme. La taxe carbone a aussi la vertu de « travailler » à la fois sur l’émission de carbone mais aussi, indirectement, sur l’utilisation des hydrocarbures et autre combustibles fossile, dont nous savons tous qu’ils sont une ressource précieuse. Pourtant, en 2009, aucun Etat ne l’a mis en place. Comment expliquer cette méfiance ? La première raison est qu’il s’agit d’une taxe, ce qui n’est guère populaire à notre époque, les hommes politiques ont peur d’y laisser des plumes. Et puis, la libéralisation du commerce va dans le sens inverse avec la diminution des taxations. La taxe carbone semble, jusqu’ici, aller à contre-courant de l’Histoire. Il est prévisible que sa mise en place de manière unilatérale entraîne des plaintes à l’OMC. Et on ne peut attendre que les Etats se mettent d’accord entre eux, c’est trop compliqué.

Enfin, dernière solution proposée : une taxation écologique dont les ressources seraient utilisées pour diminuer les charges sur le travail. L’idée séduisante de cette taxe écologique qui compenserait la taxation du travail est une mauvaise idée, car elle se révélera inefficace et même contre-productif pour les enjeux environnementaux du XXIéme siècle. Inefficace car le coût du travail signifie le coût de nos retraites, de notre chômage et de nos maladies et la taxation écologique n’a rien à faire pour remplacer la solidarité nationale. Sa mise en place aurait les mêmes effets pervers que la TIPP : il faudra conserver les mauvais comportements pour être sûr de disposer de suffisamment de ressources pour alimenter les retraites et les caisses maladies !Contre-productif car l’instauration de cette taxe serait vécue comme une remise en cause du pacte républicain autour de la sécurité sociale et la retraite par répartition auquel les français sont très attachés. Plus grave, cette réforme opposerait le "peuple de gauche" et les écologistes, ce qui serait catastrophique car le projet écologique a besoin d’un consensus.

En conclusion, on peut donc dire que, si les solutions existantes ont montré leurs limites, les solutions proposées jusqu’à maintenant ne sont pas satisfaisantes. D’où l’intérêt des contributions incitatives !


Partager cet article
Repost0
20 novembre 2010 6 20 /11 /novembre /2010 07:45

autruche.jpg

 

J'écoute, depuis des années, la bonne vieille émission du samedi de France-Culture, "la rumeur du monde", animée et préparée par Jean-Marie Colombani et Jean-Claude Casanova. J'en profite pour pointer ce qui me frappe dans leurs analyses : la non-prise en compte des crises environnementales ou, pour dire les choses autrement, leur incapacité à intégrer nos problèmes écologiques dans leur vision du monde tel qu'il évolue.

En cela, nos deux intellectuels sont l'archétype des élites qui nous gouvernent depuis 30 ans : incapables de sortir d'un système intellectuel ancien d'analyse de l'évolution de notre planète qui ne peut se passer du concept central de Croissance économique, dans l'impossibilité de sortir d'une vision cyclique et positiviste de l'économie.

La semaine dernière, nos deux compères recevaient Jean-Hervé Lorenzi, président du cercle des économistes autour du thème de la guerre des monnaies après le G20. Il était d'ailleurs intéressant de noter le décalage entre nos deux producteurs et l'expert. Les deux Jean étaient fortement positifs sur le retour inéluctable d'une croissance  de plus de 2%, suffisante à leurs yeux pour relancer la machine. M Lorenzi, par contre, était plus inquiet, et ne semblait pas convaincu par l'analyse de ses interlocuteurs. Plus humble, il montrait que cette crise échappait à son entendement comme si il se passait quelque chose de nouveau, non-identifiable. 

(Pour ma part, je suis convaincu que ce non-identifié se révèle être la crise écologique que j'ai longuement analysée dans certains de mes articles).

 

Je voudrais faire un zoom sur une analyse de M Lorenzi qui m'a vivement intéressé. Celui-ci insistait sur le manque de liquidité des pays occidentaux en crise et de l'Europe en particulier. Où trouver de l'argent pour relancer la machine? Pas dans le système bancaire affaibli, ni chez les Etats fortement endettés, les entreprises manquent, pour leur part, de liquidités. Seuls les particuliers semblent aujourd'hui, pour l'Europe tout du moins, possèder une épargne mobilisable. Mais M Lorenzi insistait sur la difficulté à la mobiliser car cette épargne de précaution ne pourrait être libérée pour des activités économiques risquées.

 

Puis-je suggérer une solution à ce problème? Je défend inlassablement l'idée sur ce site qu'il faut créer une fiscalité environnementale qui mobilise une partie de nos richesses autour des investissements "verts". C'est le seul moyen, à mes yeux, de relancer la machine économique et de sortir des impasses sociétales et énergétiques dans lesquels nous sommes engluées.

Adossé à cet apport fiscal de poids, stable de surcroît, l'épargne des ménages pourrait plus facilement être mobilisée. La taxe carbone, improductive et contraignante n'a pas la souplesse et le volontarisme des contributions incitatives que je défend depuis plusieurs années.

Partager cet article
Repost0
13 novembre 2010 6 13 /11 /novembre /2010 07:58

 

ecoconception.jpg

 

Inventée par l'inspecteur des finances Maurice Lauré en 1954, la taxe sur la valeur ajouté a été généralisé par les différents pays européens au début des années 60. Outil de politique public issu des Trente Glorieuses, la TVA a donc cinquante ans. N'est-il pas envisageable de le faire évoluer au regard des évolutions récentes de nos sociétés européennes? Sur ce site, nous cherchons des outils nouveaux et innovants au service de politiques publiques dynamiques. Nous proposons donc une évolution de la TVA qui deviendrait, dans certains cas, une TVE (taxe sur la valeur environnementale). Comment fonctionne cette TVE?

 

La TVE s'appliquerait sur les objets manufacturés et non sur les services. Il s'agirait de diminuer la TVA sur un certain nombre d'objets appartenant à un label.  

Quels pourrait être les conditions pour appartenir à ce label? Nous en voyons plusieurs qui devraient être cumulés pour l'obtenir.  

Tout d'abord, l'absence d'hydrocarbures dans ses composants (plastique particulièrement). Ensuite, mais cela va de pair, l'absence de molécules néfastes pour l'environnement (plomb, substances chimique susceptible de causer des dégâts aux êtres vivants). Enfin, la capacité à être soit recyclé (prévue et organisée à la naissance du produit) soit à être biodégradable en totalité.  

La TVE s'appliquerait à tous les niveaux de la chaîne de production et non uniquement sur le consommateur final. Il s'applique à la totalité du produit manufacturé dont tous les éléments doivent répondre au label. Par exemple, prenons l'exemple d'un vélo  fabriqué avec des constituants non labellisés mais dont, par exemple, le cadre est en bambou biodégradable. Le fabriquant achètera à son  sous-traitant le cadre en bambou avec une TVE réduite mais l'ensemble des autres constituants et le vélo final sera payé avec la TVA classique. 

Quel est l'objectif principal de cette TVE? Elle permettra de stimuler la créativité des entreprises et d'accélérer la recyclabilité des objets que nous utilisons. Elle stimulera notre industrie, en première ligne pour avancer et innover dans ce domaine. Elle sera donc aussi un outil de politique de relance industriel.

Appliquée, de manière tout à fait légal, dans le cadre français, cette TVE a vocation à s'étendre à l'ensemble des pays européens, comme la TVA en son temps.

Cette TVE pourra s'appliquer en parallèle à une hausse légère de la TVA classique (de l'ordre de 0,1%). Les sommes dégagés seront exclusivement utilisés dans le cadre d'un fond de relance industriel qui financera toutes les initiatives industriels respectant le cahier des charges du label TVE.

 

Pour aller plus loin:

La relocalisation économique : comment s'y prendre?  

Partager cet article
Repost0
23 octobre 2010 6 23 /10 /octobre /2010 19:12

attali.jpg

 Libération de la croissance française, la commission présidée par Jacques Attali vient de rendre son rapport 2010. C'est l'occasion de porter un regard critique sur la manière dont notre pays conçoit son avenir et sur la manière dont ses élites le voit. 


Je renvoie déjà  à l'excellent article de Roland Verhille qui produit une analyse que je pourrais reprendre à mon compte. Je voudrais ici aller plus loin encore et dégager quelques idées fortes.

 

La composition de cette commission est en soi révélatrice. Une majorité d'hommes, quelques femmes, une composition issue essentiellement de l'élite parisienne, pratiquement aucun expert "écologiste", beaucoup de financiers et de chefs d'entreprise, peu de personnes chargée de la "chose publique". On voit mal comment des idées novatrices pourraient émerger d'un groupe aussi "classique". 

 

On comprend mal, à la lecture du rapport, quels seront les leviers de cette croissance? L'économie du savoir, revendiquée comme un saint graal, produit-elle assez de richesse pour cela? On voit mal pourquoi certaines mesures pourraient déboucher sur de la croissance supplémentaire: en quoi, par exemple, faire des directeurs d'école les supérieurs hiérarchiques de leur collègue pourrait dégager de la croissance supplémentaire?

 

En matière d'innovation, on ne peut être que déçu par la proposition de taxe carbone, une déjà vieille idée, une mauvaise idée verte comme je l'ai démontré dans de nombreux articles.

 

 

Autre problème de ce rapport : il semble lier fortement retour de la croissance et réduction des déficits publics. Ce postulat relève de l'idéologie plutôt que du bon sens. Tout en long de la deuxième moitié du XXéme siècle, l'application des idées de Keynes a montré le contraire.

C'est ainsi que l'on y présente les bons élèves. Les exemples de pays choisis (Nouvelle-Zélande, Canada, Suède) sont des pays qui ont réussi à réduire leur déficit sans forcément déboucher sur une croissance libérée ! Il est piquant d'y trouver aussi l'Irlande qui se trouve actuellement dans une situation très difficile!

 

def.jpg

 

Si on veut se faire une  idée plus juste des facteurs favorisant réellement la croissance, il faut plutôt aller voir ce qui se fait, par exemple, au Brésil.

Le "miracle brésilien" s'explique par trois faits :

-une consommation importante des territoires et des espaces liée à l'avancée de la "nouvelle frontière" amazonienne. Cette idée de la corrélation entre territoire et croissance est souvent ignorée.

-une production manufacturée importante, et donc un tissu industriel vivace, investissant dans les secteurs économiques de pointe.

-la réduction des inégalités sociales entamée par Lula, il y a une décennie, qui a crée un cercle vertueux, consommation, production et croissance s'alimentant mutuellement.

 

On mesure à quel point le rapport de la commission Attali s'éloigne de ce schéma.

En s'inspirant du modèle brésilien, que faudrait-il plutôt faire en France?

 

D'abord, sortir des rigidités idéologiques actuelles obsédées par le taux de croissance et le taux de déficit.

Ensuite, puisque nous avons déjà consommé nos territoires urbains et péri-urbains, travailler à leur densification et à leur transformation en urbanisme durable et auto-suffisant en énergie.

Puis, créer une dynamique industrielle nouvelle autour de l'économie verte, en injectant de l'investissement dans le tissu des  entreprises françaises. Cet argent proviendra de l'économie carbonée désuète et coûteuse grâce au mécanisme des contributions incitatives.

Enfin, revoir le modèle social français en choisissant de l'adapter plutôt que de le réduire. En réfléchissant aussi à un nouveau partage du travail qui remettrait dans le circuit des pans entiers de la société qui représente un coût social faramineux.

 

Conclusion: contrairement à l'affirmation des auteurs du rapport, c'est l'Europe toute entière et non la France qui a perdu la croissance. Toutes les recettes présentés dans celui-ci ont donc déjà été essayé ailleurs et ont, toutes, montré leur limite. 

Le salut ne proviendra donc pas de quelques mesures faussement novatrices, il ne peut venir que d'une révolution industrielle et économique qui ne peut être que celle de l'économie verte. Le XIXéme siècle a été le siècle de la première révolution industrielle basée sur le charbon et la machine à vapeur. Le XXéme siècle fut celui de la société de consommation de masse appuyé sur la dynamique du taylorisme. Notre XXIéme siècle ne sera pas uniquement celui de l'économie du savoir, il  sera aussi celui d'une économie durable et verte. Et comme pour les siècles précédents, il s'agira d'une Révolution et non de réformes fortement ancrées dans de fausses représentations issus de l'"ancien" XXéme siècle.

 

 


Partager cet article
Repost0
23 octobre 2010 6 23 /10 /octobre /2010 10:05

 

recyclage.jpg

 

Dans un récent article, du mensuel Alternatives Economiques, il est évoqué les différentes pistes pour espérer sortir du chômage de masse. L'économie verte y est considéré, comme dans de nombreux articles, comme la piste la plus féconde. L'"économie verte"  devient, de plus en plus, le nouveau sésame de l'espoir d'une croissance retrouvée.  A quelle condition peut-elle jouer ce rôle qu'on lui prête?

 

Dans cet article, chômage : comment s'en sortir?, l'auteur, Guillaume Duval, remet en perspective trente cinq ans de lutte anti-chômage expliquant les impasses que constituent les différentes pistes explorées: l'espérance vaine d'une croissance retrouvée, l'illusion de la flexibilité du marché du travail, l'abaissement du coût du travail et ses ... coûts cachés. La réduction du temps de travail lui semble une piste pas assez exploré, au-delà de l'expérience mitigée des 35 heures.  Seule, la conversion de l'économie à l'écologie lui semble une voie porteuse, certaines études annonçant un potentiel de 600000 créations d'emploi en France en 10 ans.

 

Première remarque : un demi-million d'emploi, c'est bien, mais cela ne réglera pas le problème de fond, car l'enjeu se situe plutôt autour de plusieurs millions d'emplois à (re)trouver. Cette question est cruciale : on peut chercher une nouvelle niche de croissance ponctuelle après celle des nouvelles technologies des années 2000, ou, préférer changer de modèle, de braquet et trouver un modèle de croissance qui serait l'équivalent du fordisme, déployé dans les années cinquante. Il faut donc se poser la question des objectifs que l'on se donne avec cette "croissance verte" : simple bulle technologique ou révolution économique?  L'état déliquescent de l'Europe incite plutôt à chercher à atteindre le deuxième objectif plus ambitieux.

 

Soyons plus concret. Si le but d'une politique verte est de réduire en priorité les émissions de CO2, on peut avoir une politique de construction systématique de centrales nucléaires. Leur construction améliorera, pour un temps, le taux de croissance et créera des emplois, mais une fois construite, le soufflé retombera.

Cet exemple est certes caricatural mais il résume assez ce qui se joue : on cherche des emplois durables et nombreux et non quelques niches éphémères.

Les politiques d'installation d'éoliennes géantes relèvent de la même logique (ce qui ne veut pas dire qu'elles soient inutiles). Les incitations à l'installation de panneaux photovoltaïques  révèlent un autre travers : les chinois ayant gagné, une fois encore, la bataille industrielle de leur fabrication, ce gisement d'emploi se révèle limité à celui de leurs installateurs. Dernier frein : pour construire une politique verte, il faut des capitaux et l'Europe (les Etats, les particuliers et les entreprises) n'en ont guère.

La bataille est-elle alors définitivement perdue? Je ne le crois pas pour plusieurs raisons :

1-Le coût de l'économie carbonée, basée sur les hydrocarbures, est élevé : entre 40 et 70 milliard de balance commerciale déficitaire pour un pays comme la France. J'ai calculé que cet argent représente, converti en emploi, entre 1,5 et 2,5 millions d'emplois. On est bien dans une révolution économique: si nous arrivons, en quelques décennies, à créer une société débarrassée de son addiction au pétrole, on réinjecte ces milliard dans nos économies. Si cet réinjection se fait dans des secteurs fortement créateurs d'emplois verts pérennes, le pari peut être gagné.

2-Ces secteurs ne doivent pas se limiter à quelques grands travaux. Il s'agit d'une nouvelle logique économique où les énergies renouvelables, le recyclage des matériaux et des ressources, les circuits courts sont des gisements d'emplois pérennes, (re)distributeurs de revenus aux différentes acteurs économiques. La diffusion de ces technologies va permettre la diffusion de l'équipement des entreprises et des ménages. Cette massification de systèmes écologiques pérennes dans tous le domaines (énergies, mobilités,  immobiliers, viabilisation, etc...) sera le moteur d'une croissance économique durable puisque ces équipements devront être entretenus.

3-Comment réinjecter l'argent de l'économie carbonée vers l'économie verte? En créant une fiscalité innovante, novatrice dont la seule fonction sera d'"amorcer la pompe" de l'économie verte. 

De quoi s'agit-il? En taxant l'ancienne économie carbonée, on transfert la totalité de cet argent taxé vers l'économie verte, au profit des ménages et des entreprises qui entreprendront des projets d'équipements verts. Cette taxation ne se voudra pas punitive, elle sera très faible au début, et n'augmentera que progressivement. Cette démarche, celle des contributions incitatives, peut être un des moyens pour déclencher cette révolution économique verte qui nous fera sortir du marasme continu que nous connaissons depuis plus de trente ans.

 

Pour aller plus loin:

Des pistes pour créer des emplois  

Partager cet article
Repost0