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Il faut demander plus à l'impôt

et moins aux contribuables

 

Alphonse Allais

 

Outil fiscal

Les contributions incitatives sont des micro-taxes payées sur les activités polluantes. L'argent récolté permet aux plus démunies d'investir dans les transitions écologiques et énergétiques. 

Vidéos

 
Un résumé de la pensée de l'auteur sur la crise écologique 
9 août 2010 1 09 /08 /août /2010 07:20

 

croissance-durable.jpg 

 

Dans mon dernier article consacré à  Pourquoi la croissance économique ne reviendra plus?,  quelques lecteurs ont réagi, s'inquiétant du pessimisme de mon raisonnement. Nous voudrions monter, au contraire, que cette analyse est le préalable à une nouvelle croissance que je qualifierai de durable. Comment définir une croissance durable?

 

N'y aurait-t-il donc aucun espoir ? La notion de croissance économique est tellement centrale dans le raisonnement économique que sa disparition s'apparente à un deuil.   J'ai utilisé la métaphore du blokus pour faire passer une idée qui fait son chemin dans la pensée économique : l'économie ne peut être dissociée de son environnement. Cette idée peut être illustrée par deux concepts. L'un, provenant des Sciences Physiques, l'Entropie, l'autre, purement économique, s'appelle la théorie des rendements décroissants.

En d'autres termes, la progression économique dépend de l'innovation et de la recherche de nouvelles marges de productivité. Pendant longtemps, chaque révolution économique est née de la découverte d'un nouveau gisement de productivité (charbon, pétrole, numérique par exemple). Mais chaque nouvel ère pouvait s'appuyer aussi sur l'exploitation de nouveaux espaces et de nouvelles ressources. 

Ce qui est nouveau aujourd'hui, pour nos pays occidentaux, c'est la fin de cette progression spatiale et l'apparition de la rareté pour les ressources nécessaires à notre développement. Cette rareté entraîne une augmentation des prix.

Pour la majorité des observateurs, la notion de croissance est antinomique avec celle de développement durable. Leur raisonnement est le suivant : ce dernier suppose des contraintes supplémentaires, des limites qui freinent la productivité.

A l'avenir, pourtant, la croissance économique dépendra de la capacité des acteurs économiques à anticiper sur la rareté des ressources. Les perdants seront ceux qui, ayant sous-estimé l'écologie, se trouveront dépourvus quand le renchérissement du prix des ressources mettra leur économie à genou. les gagnants seront ceux qui auront intégrés le modèle écologique,  évoluant vers l'utilisation de ressources durables.

Quelques exemples.

Les ménages qui auront pris soin, dans les dix années à venir, d'équiper leur maison de manière à diminuer leur dépenses de gaz et d'électricité ou,  ceux qui disposeront de maison à énergie positive, seront fortement avantagés par rapport à ceux qui auront négligés cet aspect. Il en est de même pour les ménages qui auront choisis de s'installer dans la grande périphérie des agglomérations : l'augmentation prévisible du prix des carburants pourra les ruiner à cause de leur migrations pendulaires quotidiennes.

Les entreprises, qui ne se seront pas préoccupées de leur approvisionnement en matières premières, celles qui seront restées à contempler l'évolution de leur prix sur les marchés mondiaux, le voyant comme une contrainte subie, seront les entreprises perdantes du XXIéme siècle. Les gagnantes,  conscientes de la rareté croissante de ces matières, chercheront à s'intégrer dans les filières de recyclage, de manière à ne plus dépendre de sources qui sont en train de se tarir.

Les pays, fortement dépendants du pétrole, consacrent une part importante de leur richesse à la facture pétrolière. Pour la France, par exemple, cette perte de richesse annuelle est de 60 milliard d'euros. Les pays qui resteront dépendants de cette facture vont s'appauvrir car elle va croître dans les années à venir. Les pays gagnants seront ceux qui sauront construire un système économique et une organisation sociale qui ne soient plus dépendantes de cette source d'énergie.

Les différents acteurs économiques n'ont plus le choix : rester gagnant dans la compétition économique suppose de régler un certain nombre de problèmes et de rentrer dans le processus de croissance durable. Trois secteurs-clés, et qui concernent tous les acteurs, sont cruciaux :

-l'urbanisme:  la crise immobilière et la pénurie de logements sont révélatrices d'une organisation spatiale et d'une réglementation urbanistique inadaptée. Il faut imaginer des solutions fortement innovantes dans ce domaine.

-l'organisation des transports et les mobilités sont devenus synonyme d'entropie, d'embolie d'un système de transports dépendants totalement de la ressource pétrolière. Les gagnants seront ceux qui auront trouvés des solutions pour sortir de leur addiction pétrolière. En sortir suppose des modalités d'organisation collective révolutionnaires dans le domaine du transport de marchandises comme pour celui des mobilités individuelles.

-la production énergétique, elle dépend de ressources non renouvelables dont la rareté va s'affirmer dans les décennies à venir. Chacun devra se donner les moyens d'en sortir et d'adopter des énergies renouvelables, source d'enrichissement pour tous ceux qui s'impliqueront dans des solutions parfaitement au point techniquement mais qui attendent un cadre réglementaire et fiscal adapté à leur développement.

Les gagnants de demain seront ceux qui auront compris la nécessité d'intégrer la problématique environnementale dans leur développement. Ils ne seront pas les seuls à être gagnant : la planète aussi le sera. Or, elle nous appartient comme nous dépendons d'elle.  

 

Pour aller plus loin:

le site Objectif Terre

le livre de Pierre-Gilles Belin : les écosolutions à la crise immobilière et économique publié chez Eyrolles

ce site pour les solutions fiscales, réglementaires et politiques


 


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23 juillet 2010 5 23 /07 /juillet /2010 09:06

globalisation.jpg

 

 Dans la lecture du monde mouvant et multi-complexe qui nous entoure, il est de plus en plus difficile de définir des certitudes. L'auteur de ce blog possède trois fortes convictions qui forme l'ossature de son projet intellectuel, tel qu'il est développé sur ce site.

Détaillons-les.


-Conviction 1- Ce que nous appelons, à tout bout de champ, la crise est en réalité un processus long, entamé dans les années 70.

C'est une remise en cause du modèle industriel construit lors des Trente Glorieuses de production et de diffusion de masse dans les pays dominants de cette époque (Europe et Amérique du Nord). La Mondialisation entraîne une croissance générale  mondiale et un partage des tâches qui tourne maintenant au désavantage des anciens dominants au profit des pays émergents. Cette globalisation s'accompagne d'une tension croissante autour des différentes ressources qui se raréfient. Cette tension remet en cause le modèle traditionnel de la Croissance "à crédit" où l'emprunt servait de pompe pour amorcer le retour de la croissance. Les anciennes puissances, leurs élites et leurs populations s'épuisent à rechercher le retour d'un âge d'or, devenu impossible dans ce contexte.


-Conviction 2-Longtemps, on a cherché  à sortir de cette crise par la création de bulles spéculatives, celle de l'internet à la fin du XXème siècle, puis la bulle immobilière a pris le relais. Ces solutions ont été des moteurs ponctuels de la Croissance mais aussi, en partie, des illusions, construite autour de "niches" économiques partielles et non partagés par le plus grand nombre.

La seule solution pour relancer le système économique, le seul levier qui nous reste,   ne peut être que l'économie verte. Mais à la condition que cette solution soit explorée dans toutes ses dimensions, en l'utilisant, sur le moyen terme, pour à la fois:

-relancer l'économie des "vieux" pays industrialisés autour d'un  modèle global, qui prennent en compte la totalité des dimensions du problème (énergie, pollution, ressources, territoires). Il y a le risque d'en rester à des politiques publiques minimalistes qui incitent à la création d'une bulle "verte" insignifiante et illusoire. Alors que les pays émergents construisent leur développement, il est temps,  pour nous, de reconstruire notre modèle économique et de vie autour du développement durable. C'est la seule manière de relancer nos économies par une "reconstruction" totale de nos modes de fonctionnement

-utiliser cette "reconstruction" pour construire un système qui ne gaspille pas les ressources mais qui, au contraire, les utilisent en boucle, autour des concepts centraux du renouvelable et du recyclable.


-Conviction 3-La mise en place d'un tel programme nécessite des pouvoirs politiques démocratiques forts, mettant en place des solutions volontaristes. Or, les outils traditionnels du personnel politique ont montré leurs limites. Pour ne parler que d'elles, la production réglementaire, la libéralisation des échanges, le recours au crédit sont de "vieilles" armes inadaptées aux nouveaux défis que nous rencontrons.

Il faut donc inventer des outils de politiques publiques innovants. Le principal levier utilisable reste celui de la fiscalité. Mais une fiscalité  nouvelle, au service de l'intérêt générale, utilisée comme une arme incitative, à l'origine de nouvelles dynamiques. Cette arme fiscale  doit devenir le "moteur nucléaire" déclenchant le processus menant au développement durable. Il doit remplacer les anciens moteurs de la croissance : l'usage, et le gaspillage des ressources naturelles d'une part, puis l'outil du crédit, d'autre part. 

La construction d'une véritable économie verte réclame des investissements importants. Or, nos "vieux" pays ne peuvent plus se contenter du crédit pour espérer disposer de liquidités permettant d'investir de manière massive dans la green economy. Par conséquent, je suis profondément convaincu que la fiscalité verte ne doit avoir qu'un seul objectif : fournir la puissance financière permettant "d'amorcer la pompe" de la reprise économique.

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12 mai 2010 3 12 /05 /mai /2010 17:15

emploi-copie-1.jpg

 

Le problème de l'Emploi est au coeur des différents problèmes que rencontrent les pays européens : politique sociale en berne, niveau de prélèvement obligatoire, urbanisme, retraites, délinquance, etc... tous ces problèmes trouvent leur origine dans l'importance du taux de chômage et la difficulté à créer de l'emploi et de la croissance.

L'économie verte est souvent minorée dans son rôle de création d'emploi. La majorité des observateurs lui accorde un potentiel de création d'emploi limité à quelques dizaines de milliers d'emploi. Cette vision réductrice se limite à quelques secteurs économiques subventionnés ou limités : le photovoltaïque, l'éolien, etc...

 Et pourtant une véritable politique économique verte, appuyée par des leviers pertinents (comme les contributions incitatives par exemple) permet de créer de nombreux emplois dans une logique qui s'auto-entretient.

Revue de détail des multiples secteurs où les contributions incitatives peuvent permette ces créations d'emplois.

1-Contribution incitative sur le transport de marchandises:

L'instauration de contribution incitative sur le transport carboné de marchandises donnera un coût plus conséquent au  transport de marchandises venant de l'autre bout du monde. Tout en respectant la libéralisation du commerce et le processus de la mondialisation, ce système restaurera un équilibre au profit de l'économie local.

 

 

2-Contributions incitatives pour l'agriculture

Une  contribution incitative sur l'agriculture intensive, permettra de soutenir les exploitations agricoles, d'enrayer l'érosion du nombre d'exploitation et d'augmenter leur niveau de vie.

 

  Une contribution incitative pêche  permet la même chose pour les pêcheurs.

 

3-Contributions incitatives pour le logement

 

Une contribution incitative, écotaxe pour l’isolation des logements anciens  permet de dynamiser l'important secteur de la construction.

 

 

 

4-Contributions incitatives pour la production énergétique

 

 

Un système de contribution incitative énergétique permet d'investir dans les énergies renouvelables.  Mis à part la production industrielle (sous la forme d'éoliennes ou de centrales de pompage-turbinage), le développement du petit éolien et du photovoltaïque seront des activités fortement créateurs d'emplois. Ces micro-centrales augmenteront les revenus de leurs propriétaires.

 

 

 

5-Contributions incitatives pour l'industrie

 

 La création d' une contribution incitative au bénéfice des productions locales permettra de développer l'investissement industriel local. Elle contribuera à limiter le différenciel de coût avec les pays émergents.

 

 

6-Contributions incitatives pour le transport des personnes

 


Les  "taxes" transports permettront le développement d'emploi dans le transport de personne : système autolib, taxis collectifs seront des secteurs créateurs d'emploi.  

 

7-Recyclage et ressources naturelles:

l'importation de ressources naturelles de plus en plus rares entraîne un coût de plus en plus élevé : pétrole, d'abord, mais aussi minerai, engrais, bois, etc... Le recyclage permet d'abord de faire des économies, il est aussi fortement créateur d'emploi.

 

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26 avril 2010 1 26 /04 /avril /2010 21:38

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Olivier Danielo publie sur son site Objectif Terre des hommes un article donnant la parole à la géographie Sylvie Brunel : 

 

«Tout se passe comme si la planète était plus importante que l’humanité», par Sylvie Brunel


Les propos de Sylvie Brunel méritent attention. Je suis globalement d'accord quand elle dénonce une écologie qui dénigre l'humanité au profit d'une nature fantasmée comme sauvage, ce qu'elle n'est plus depuis longtemps. Je suis d'accord quant elle dénonce le fantasme malthusien de la dégradation des ressources alimentaires depuis 50 ans. 

Mais par contre, je ne suis pas d'accord quand elle écrit : 

"Et si le développement durable n'était qu'un cheval de Troie des pays du Nord pour dominer ceux du Sud, et remodeler les grandes zones d'influence des pays riches ?


Cette phrase qui reprend la théorie du complot (qui fait cela et pourquoi?) me semble excessive. Si il est vrai que les habitants du Nord ont peur de perdre leur confort, je ne pense pas que cette peur soit instrumentalisée au profit de la domination du Nord. C'est faire la part belle à une vision manichéenne et passéiste de l'exploitation du nord par le sud qui ne veut plus rien dire dans un siècle où les puissances émergentes sont issues du Sud !

Globalement, je suis contre l'opposition simpliste entre développement et développement durable. J'ai l'impression que Sylvie Brunel défend son fond de commerce intellectuel depuis 30 ans : le concept de développement. Or, le développement ne sert à rien si il n'est pas pérenne, si il ne s'appuie pas sur une économie décarbonée et construite sur le renouvelable et le recyclable.


L'opposition manichéenne entre une vision du XXéme siècle du développement pour "l'Humanité" et une vision écolo-passéiste du même siècle doit absolument être dépassée. Il faut défendre le concept de développement et défendre en même temps le processus d'économie positive du XXIéme siècle qui doit être durable. Cette conception que tu défend Olivier, comme moi, dans nos sites respectifs. 

 

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16 avril 2010 5 16 /04 /avril /2010 17:37

 

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On pourra s'étonner de ne pas trouver sur ce blog aucun argumentaire anti-GIEC, ou, au contraire, vantant l'urgence de la lutte contre le réchauffement climatique.

Je ne trouve pas le débat forcément intéressant.  Il m'indiffère plutôt. Pourquoi?


Je fais parti des gens qui croient à l'existence de ce grave problème.  Mais qui s'en désintéressent pour trois raisons:

-personne ne peut quantifier avec précision les dégâts qui nous attendent (ou les quelques bénéfices).

-Pourquoi alors s'alarmer au point de pousser des cris d'alarmes horrifiés? Cette tendance à en faire un fond de commerce de la peur m'ennuie énormément. Et particulièrement aussi, certaines entreprises qui utilisent cette peur pour se refaire une virginité verte à bon compte!

-cette simplification abusive autour d'une peur et la culpabilité qu'on essaie de nous transmettre avec elle me gêne, je la trouve déplacée et contre-productive. En effet, elle nous empêche de nous intéresser aux autres problèmes environnementales qui, eux, vont prendre de plus en plus d'importances. Cette simplification explique aussi qu'on mette au point un outil fiscal caricaturale, la taxe carbone, inadapté à la variété de nos problèmes.

Au-delà du réchauffement, nous avons d'autres soucis. On peut les résumer autour de l'idée de concurrence généralisée:

-concurrence autour de l'accès aux ressources fossiles (pétrole, uranium, fer ...) et aux ressources naturelles de plus en plus rares (bois et forêts, poissons)

-concurrence autour de l'appropriation des espaces encore disponibles (pour l'urbanisme, l'agriculture, les transports ...)

-concurrence autour de l'accès aux ressources monétaires et au crédit comme le montre actuellement l'exemple de la Grèce.

 

Nous avons donc besoin d'outils politiques, et d'outils fiscaux, plus subtils et complexes pour embrasser la totalité des difficultés rencontrées.

Pour aller plus loin sur cette question : Que faut-il faire pour que nos économies retrouvent la croissance?

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5 mars 2010 5 05 /03 /mars /2010 09:08

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Le centre d'analyse stratégique (l'organisme qui a remplacé en 2006 le commissariat au plan) vient de publier une intéressante note  sur l'impact sur l'emploi et les métiers de la croissance verte.

Quelques remarques sur cette note. La description du phénomène de croissance verte et de son éventuelle émergence pose visiblement des problèmes aux rédacteurs du texte.

En effet, l'économie verte est considérée avec méfiance : elle peut apporter un supplément de richesse et des gains de productivité. Elle peut aussi entraîner des coûts supplémentaires ayant des incidences sur la compétitivité des entreprises et sur les revenus. Le principal problème provient du coût de ces installations "vertes" avec des rendements moindre par rapport aux technologies classiques.

Aussi, dans cette note, ses rédacteurs imaginent quelques hypothèses où le scénario d'une croissance ralentie comme celui d'une croissance durable dépendent de processus systémiques subies, dépendant largement du "desserrement des contraintes du crédit" comme de la "diffusion des comportements écoresponsables". On voit mal où se situe le volontarisme politique dans ces scénarios,  à l'exception de la réalisation des objectifs du Grenelle.

Tout le problème se situe, à mon sens, dans la vision d'une "économie verte" réduite à quelques niches (le photovoltaïque, l'éolien, etc...) réclamant des investissements importants qu'il faudra aller chercher encore dans l'endettement.

Cette vision me semble fausse pour plusieurs raisons :
-l'économie "traditionnelle", celle que nous vivons depuis des décennies, est devenue une économie sans croissance. Elle n'est donc pas efficace elle-même. Les pays européennes et les Etats-Unis sont déjà en décroissance depuis quelques décennies, décroissance masquée par des bulles (informatique ou immobilière) qui gonflent artificiellement l'obsolète indicateur PIB. Décroissance qu'illustre de manière magistrale l'émergence définitive de pays asiatiques, sud-américains ou du golfe Persique qui commencent à racheter nos entreprises  et financent nos dettes.

-le principal problème du système économique mis en place pendant les Trente Glorieuses et que nous tentons de faire perdurer est celui de ses coûts cachés :
-Principe de précaution s'élargissant à toutes les sphères de la société et multipliant les dépenses comme on l'a vu récemment pour la grippe A.
-Economie construite sur des ressources fossiles de plus en plus rares et donc de plus en plus chers.
-Logique politique libérale ayant pour conséquence de dé-saisir le pouvoir politique de ses prérogatives alors que les mutations nécessaires réclament des actions volontaristes. 
-croissance artificiellement maintenue par le recours à l'endettement (des Etats, des entreprises et des ménages). Ce recours s'appuie sur la représentation commune d'une "crise" qui dure depuis 35 ans (1975 et la fin des Trente Glorieuses) mais qui devrait s'arrêter un jour. On reporte donc le problème sur les générations futures qui régleront le problème "quand la croissance reviendra".

Finalement, le concept de "croissance verte" se révèle inapproprié si il ne s'agit que d'une nouvelle niche, d'une nouvelle bulle, une aubaine transitoire de plus. Si, par contre, il s'agit de construire un autre type d'économie, plus durable, alors nous pouvons l'envisager.
Encore faut-il définir ce que nous entendons par économie durable. Ce sera l'objet d'un prochain article. 
 
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12 février 2010 5 12 /02 /février /2010 05:21
eolienne.jpg


Prenons au hasard les titres d'un quotidien d'aujourd'hui (les Echos pour ne pas le nommer), nous y trouvons
"Les grandes plaines américaines se couvrent d'éoliennes", "Les énergies propres dopent la R&D américaine", voilà pour les Etats-Unis. Et maintenant la France : "Des bilans carbone pour les entreprises de plus de 500 salariés","Taxe carbone: le Medef demande un sursis jusqu'en 2011".
N'est-ce pas édifiant?
 D'un côté, un pays qui est en train de prendre le taureau (économique) par les cornes et qui se dote, petit à petit, des outils politique, scientifique et industrielle pour avancer vers l'économie verte.
De l'autre, un choix de politique fiscal douteux, qui entraîne des résistances nombreuses et  qui n'apporte rien à l'économie. Et on va demander aux entreprises de fournir de nouvelles paperasses sur leur bilan carbone qui ne les aideront en rien à avancer dans la bonne direction, mais seront surtout chronophages.
Mais le plus gênant, c'est la philosophie choisie :  obliger les entreprises à faire des bilans carbone, cela veut dire que les promoteurs de cette réforme pensent que les chefs d'entreprises ne sont pas assez responsables pour agir par eux-même. C'est donc une philosophie qui prétend ne pas faire confiance aux acteurs de terrain, qui a pour axiome l'irresponsabilité de ceux-ci et, par opposition, à "l'intelligence" des technocrates.
A quand, des choix politiques et fiscaux intelligents qui feront avancer l'économie et le pays dans la bonne direction? 
 
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27 janvier 2010 3 27 /01 /janvier /2010 14:54

reseau-green.jpg



Sur son Blog Green Business, l'avocate d'affaires Diane Mullenex écrit: 
 
  

"Au début des années 90, nous étions au stade du financement de l’innovation (les VC et les Business Angels ont bien joué leur rôle). Aujourd’hui en Europe, aux Etats-Unis et ailleurs dans le monde, des milliers de sociétés fabriquent des panneaux photovoltaïques (est-il utile de rappeler que les premiers fabricants au monde sont les chinois ?), des voitures électriques et tout ce que cela comporte comme technologies.

 

 

En 2010, ce n’est plus tant à l’Etat de jouer ce rôle, mais aux grandes entreprises et aux banques de prendre le relai et de financer ces projets gourmands en capitaux et moins rentables que les projets traditionnels. C’est bel et bien une attitude de financement de projet qu’il faut adopter en installant des parcs éoliens, l’un après l’autre, et en développant des projets d’infrastructures à l’échelle industrielle, l’innovation suivant, et nous aurons dès lors un cercle vertueux."

Est-ce à l'Etat ou aux grandes entreprises d'être leader dans cette mobilisation?
 
La question mérite d'être posée. Mais la réponse à celle-ci est-elle forcément aussi manichéenne? Faut-il opposer un Etat inefficace à des grands groupes industrielles ou bancaires?
 
Si effectivement on demande à l'Etat de subventionner les Energies Renouvelables, on va effectivement dans le mur, en accroissant une dette publique déjà trop élevée. Si, par opposition, on attend des grands groupes qu'ils financent des parcs éoliens ou photovoltaïques, on se berce d'illusions : pour l'instant, la rentabilité nette de ces technologies reste  bien faible par rapport à d'autres technologies traditionnelles (nucléaire ou thermique). Si ces grandes entreprises le feront à la marge  pour soigner leur image, elles n'iront pas plus loin si elles ne gagnent pas de l'argent.

L'investissement de ces grands groupes se fera si la comparaison entre les anciennes technologiques et les nouvelles tourne à l'avantage de ces dernières. c'est là que l'Etat peut et doit intervenir.

Cela serait une erreur de demander encore à l'Etat de créer un avantage comparatif artificiel en aidant financièrement "comme au XXéme siècle" ces entreprises, dans une logique colbertiste totalement dépassée.
Il faut au contraire inventer de nouveaux mécanismes  innovants qui permettent, sans endettement supplémentaire, un système qui crée la suprématie des énergies renouvelables. La répartition des rôles peut être alors posée de manière claire: c'est effectivement aux entreprises (et aux particuliers) qu'il revient de financer ces nouvelles filières énergétiques. Et l'Etat doit les aider en construisant des mécanismes incitatifs qui renforcent la pertinence à y investir.
Outre des facilités réglementaires et procédurales, il faut imaginer un nouveau système de contributions, qui n'alourdit pas la fiscalité, ne détruit pas ce qui existe et qui, surtout, créé un cercle vertueux accroissant l'attraction pour ces technologies. C'est le principe des contributions incitatives.

On peut donc parfaitement imaginer une contribution incitative énergétique. Comment peut-elle fonctionner?

La principale objection à cette proposition sera sans doute de dire qu'il faut faire confiance au marché pour permettre le développement de cette économie verte. Mais si nous attendons que ces technologies soient rentables, nos grands groupes auront pris énormément de retard par rapport à d'autres pays qui ont une politique volontariste affirmée (Chine, Espagne, etc...) et nous aurons loupé le coche de cette nouvelle économie verte.
 

 

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18 janvier 2010 1 18 /01 /janvier /2010 18:23
obama.jpg

Bjon Lomborg, le fondateur du
Copenhaguen Consensus Center dans une tribune du journal le Monde fait cet intéressant commentaire  sur ce qu'il appelle "la déroute de la mise en place de la taxe carbone":


"Ce dont la France – et le monde – a besoin sont des énergies vertes plus pratiques et à prix abordables, et non pas du fioul hors de prix.   Il n'y a qu'une seule manière d'obtenir cela : nous devons augmenter de façon radicale le montant dépensé pour la recherche et le développement d'énergies propres
Imaginez ce que nous pourrions accomplir si, au lieu d'essayer de forcer la main à une planète qui obtient 80 % de son énergie du charbon, les leaders du monde entier décidaient de consacrer juste 0,2 % du PIB mondial – environ 70 milliards d'euros par an – à la recherche et au développement d'énergies alternatives. Cela pourrait changer la donne, et nous amener à des avancements technologiques qui nous feront profiter d'une énergie propre moins chère et nous mener vers un avenir sans émissions de carbone.

....
Dix-huit ans après le Sommet de la Terre à Rio, en 1992, la campagne internationale pour contrer le réchauffement climatique a été dominée par une idée fixe : l'unique solution est de réduire nos émissions de carbone drastiquement. Le président Sarkozy est un des nombreux leaders politiques favorables à cette idée. Mais il est peut-être temps que lui et ses homologues de par le monde passent aux actes.
  Pour sérieusement contrer le réchauffement climatique, nous devons agir pour faire le bien – au lieu de légiférer et prendre des postures morales illusoires."



Avec cette opinion forte, je me sens à la fois en accord et en désaccord.  La phrase clé de ce texte est, pour moi, la suivante: 
Imaginez ce que nous pourrions accomplir si  .... les leaders du monde entier décidaient de consacrer ....


Si les hommes politiques décidaient d'agir .... belle intention, mais est-elle suffisante?  Pris dans un enchevêtrement de causalité, subissant des pressions multiples, est-ce vraiment si simple de DECIDER quand on est personnalité publique?


Bien sûr, il faut une volonté politique d'agir, une réelle conviction au départ, c'est un préalable, mais la complexité croissante des problèmes et des sociétés, le poids des traditions et des représentations erronées ne poussent pas forcément à trouver les bonnes solutions.


Finalement, décider de faire quoi? Quelles  sont les réelles marges de manoeuvre de l'homme d'Etat? Il peut agir sur les lois et les réglementations, mais interdire quoi concernant notre problème environnementale?  
Peut-il vraiment, comme Bjorn Lomborg le pense  :  
consacrer juste 0,2 % du PIB mondial – environ 70 milliards d'euros par an – à la recherche et au développement d'énergies alternatives?


Dans un pays comme la Chine qui dispose de nombreuses liquidités et n'est pas une démocratie, sans doute. Mais dans notre vieille Europe, ou notre moins vieille Amérique, où l'endettement est colossal et où les contrepoids démocratiques vont être utilisés pour faire du lobbying, c'est une autre affaire. Finalement, le levier le plus utile est celui de la fiscalité, à condition de ne pas en faire n'importe quoi !

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26 octobre 2009 1 26 /10 /octobre /2009 20:55

Un peu de fiction!

Imaginer une cité verte de demain

 

 

Des forêts d'éoliennes, à perte de vue. Sur les toits des immeubles, aux pignons des maisons, sur les hangars, au sommet des lampadaires, partout, des éoliennes à axes verticales tapissent les toits de Marseille. Partout aussi, des panneaux de capteurs photovoltaïques, des chauffe-eaux solaires. Le maire de la ville peut être fier: "aujourd'hui, en 2020, Marseille est auto-suffisant pour son énergie".   Ce boom des green tech a entraîné un développement économique fulgurant, diminuant un chômage longtemps endémique dans cette métropole du sud.  Mais que s'est-il donc passé?


 

 

Marseille dépendait, pour son énergie électrique, d'une unique ligne à haute tension. Plusieurs coupures de cette ligne à la fin des années 2010 ont entraîné des situations chaotiques. La communauté urbaine a pris le problème au sérieux. Plutôt que de doubler cette ligne, elle a préféré chercher l'auto-suffisance énergétique. On était à un moment-clé du développement des énergies renouvelables. Et le pouvoir politique du moment a eu l'intelligence de mettre en place une politique fiscale incitative qui a boosté l'éolien et le solaire.

 

Marseille a tous les atouts pour réussir dans le renouvelable : un nombre annuel d'heure d'ensoleillement parmi les plus importants de France, des vents fréquents, dans une cité maritime soumise au  mistral. De plus, la ville  est entouré par des montagnes qui ont, comme on le verra, un rôle important à jouer.   

 

Mais comment l'agglomération marseillaise peut-elle être autosuffisante grâce aux énergies renouvelables ?

D'abord, grâce à une politique fiscale audacieuse et réellement incitative, les particuliers comme les entreprises se sont mis aux énergies renouvelables : tous les toits exposés au sud ont des capteurs photovoltaïques ou des chauffe-eaux solaires. Dans les espaces disponibles du tissu urbain, des entreprises ou des copropriétés ont investi dans des micro-centrales thermosolaires  stirling. Mais surtout, sur tous les toits, des éoliennes à axes verticales ont été installé. Grâce à un tarif de rachat enfin attractif et à des réglements d'urbanisme tolérants, tout le  monde y gagne : les entreprises, les particuliers possédant une maison individuelle ou les copropriétés investissant sur ses toits pour réduire ses charges. Les éoliennes à axe vertical ont un excellent rendement, sont très silencieuses et demande peu d'entretien. La municipalité en a installé aussi sur tous ses lampadaires.

Cet engouement pour le petit éolien a changé le regard porté sur les grandes éoliennes. Elles sont maintenant beaucoup mieux accepté. Ce consensus a permis l'installation de deux grands champs d'éoliens indispensables pour acquérir l'autonomie énergétique : l'un, maritime, dans la baie de Marseille, couplé à des fermes d'acquacultures; l'autre, terrestre, installé sur le plateau du massif de l'Estaque.

Mais, chacun sait que le soleil comme le vent sont irréguliers et capricieux. Comment alors fournir  au réseau électrique un courant régulier permanent? 

 

D'abord, par un système de stockage et de restitution du courant basé sur le système du pompage turbinage. On en connaît le principe, autour de deux réservoirs situés à des altitudes différentes et d'un système hydraulique de pompe et d'alternateur. Pendant les périodes de production, grâce au soleil et au vent, l'énergie électrique excédentaire est utilisé pour pomper de l'eau et la faire monter dans le réservoir supérieur. Pendant les périodes de pénuries (fortes productions en soirée par exemple ou périodes sans soleil et sans vent), l'eau du réservoir supérieur est déversé dans le réservoir inférieur créant une énergie hydraulique convertie en électricité.  Entourée de montagnes escarpées, la ville avait la possibilité d'installer ce système a de nombreux endroits. Et cela d'autant plus que, contrairement à un barrage hydraulique classique dont le réservoir doit contenir des masses énormes d'eau saisonnières, les réservoirs utilisés dans le système de pompage turbinage sont petits car les masses d'eau sont renouvelées quotidiennement. C'est ainsi que le grand lac artificiel du Vallon d'Ol,  château d'eau de la ville,  a été complété en aval par un petit réservoir et par une centrale hydraulique. D'autres réservoirs moins importants ont été équipé de la même façon. Pour compléter le dispositif, de nouveaux systèmes de pompages turbinages ont été installé dans plusieurs vallons de la chaîne de Saint Cyr. 

 

Ensuite, par l'installation d'un réseau électrique intelligent (smart grids). Si il est relié aux autres réseaux, le réseau électrique marseillais possède sa propre autonomie de gestion. Il recherche en permanence à mettre en cohérence l'offre (la production) avec la demande des consommateurs, en utilisant deux éléments de régulation: le pompage turbinage et, si il est fait défaut, en se raccordant aux réseaux extérieurs soit par écouler les excédents de production, soit pour se procurer l'énergie électrique manquante.

 

 

C'est ainsi que l'agglomération marseillaise, en l'absence de vents et de soleils, est auto-suffisante en électricité pendant plusieurs jours. Au-delà, elle doit acheter son électricité sur le réseau européen. Mais, en contrepartie, elle vend ses surplus, une partie de l'année, sur le même marché quand le mistral souffle sans discontinuer.

A Marseille, le mistral avait mauvaise réputation. Maintenant, quand il se met à souffler, les marseillais le voit venir avec un regard bienveillant: ils savent que leurs revenus augmentent ! Quand a la ligne à haute-tension, elle est toujours là mais elle fonctionne dans les deux sens !

 

Les Embiez  octobre 2009

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