Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Twitter : @Rcoutouly

Il faut demander plus à l'impôt

et moins aux contribuables

 

Alphonse Allais

 

Outil fiscal

Les contributions incitatives sont des micro-taxes payées sur les activités polluantes. L'argent récolté permet aux plus démunies d'investir dans les transitions écologiques et énergétiques. 

Vidéos

 
Un résumé de la pensée de l'auteur sur la crise écologique 
14 avril 2010 3 14 /04 /avril /2010 15:03

taxe.jpg

 

 Mr Bergil a écrit un commentaire sur mon article

Voici ma réponse (en bleue).

 

Bonjour,
je ne suis pas d'accord avec vous, car le fait de redistribuer l'argent collecté équitablement entre les citoyens n'annulait pas de facto les effets de la taxe carbone, mais procurait une redistribution d'argent des riches (qui avaient consommé beaucoup de pétrole, gaz, voir de charbon, mais surtout du pétrole dans leurs grosses voiture, ou d'énergie via les biens de consommation) vers les pauvres, qui compte tenu de leurs moyens avaient peu consommés.
Cela permettait d'inciter les gros consommateurs à réduire leur consommation (le but de la taxe carbone), car le solde de leur balance était négatif.


Tout à fait d'accord avec vous : la taxe carbone avait cette vertu supposée. Mais c'est plus complexe que cela : les riches s'en fichent de payer quelques centaines d'euros de plus, d'autant plus qu'ils peuvent investir dans des véhicules ou un chauffage décarboné. Le vrai problème, ceux sont les classes moyennes qui n'ont pas les moyens de changer leur mode de transport ou de chauffage et qui subiront la taxe carbone sans pouvoir réagir. On a vu d'ailleurs l'impopularité immédiate de cette taxe dès son annonce.

L'effet redistributif s'applique par contre aux populations pauvres. Mais pour quelle efficacité écologique? Ces populations ne changeront pas leur mode de vie pour quelques centaines d'euros. Il y avait, pour eux, autre chose à faire. Voir par exemple mon article A quoi peut servir le chéque vert?



Certes, l'idéal aurait été de ne pas redistribuer cet argent aux citoyens, mais de l'investir dans le rail et autres techno propres. C'est ce qui aurait été fait à terme (l'état ayant besoin d'argent, il aurait puisé dans cette caisse, comme il le fait d'habitude).

 

C'est bien pourquoi je préconise depuis trois ans que l'argent récolté dans le cadre de la fiscalité écologique ne soit absolument pas intégré au budget de l'Etat.  Réinvestir cette argent dans les "techno propres" comme vous dites, étaient ce qu'il fallait faire. Les problèmes de dettes de l'Etat, des entreprises et des particuliers exacerbés depuis la crise, rendent cet investissement indispensable. C'est, là aussi, ce que je préconise depuis trois ans.

 
Or en voulant mieux que ce qui était prévus (ce qui est louable en soit), vous œuvrez à couler ce projet (ce qui est regrettable je trouve).


Merci de me rendre responsable du coulage de ce projet. Je ne culpabilise absolument pas !!. J'ai expliqué dans un article récent que la mort de la taxe carbone était prévisible car le projet était, par essence, intenable et inefficace. 

Un peu comme pour les élections européennes, ou les partis Anti-Europe (PC, FN & co) on eu astucieusement le discours : oui à l'Europe, mais pas celle-là! : votez non. Du coup, la constitution n'est pas passée, mais au lieu d'un nouveau débat démocratique, permettant d'avoir mieux, on a eu un vote d'un projet réduit, moins bien que le premier (à mon avis), où les citoyens n'ont pas eu la parole.
Le mieux est l'ennemie du bien !. Se réjouir de l'abandon de la taxe carbone n'est pas une bonne chose je crois, surtout si vous souhaitez une taxation écologique !
 

 

Je ne me réjouis pas. Je regrette seulement l'inconséquence politique de notre personnel politique qui n'a pas de réflexions approfondies sur la question et lance des réformes à la va-vite qui ne tiennent pas la route. Le combat autour de la taxe carbone nous a fait perdre du temps car c'était une mauvaise solution. Elle était simpliste et cela a entretenu la paresse intellectuelle de tous ceux qui se sont laissé abuser par cette solution clé en main "y a qua faire la taxe cabone'. Les problèmes que nous rencontrons réclament des solutions à la fois réalistes et courageuses. Je ne suis pas absolument sûr que mes idées de contributions incitatives soient ces solutions mais je n'ai rencontré encore personne qui m'a démontré le contraire !! 

 

Cordialement Rodrigue

Partager cet article
Repost0
14 avril 2010 3 14 /04 /avril /2010 05:01

voiture-copie-1.jpg

 

Il y a quelques temps déjà, j'écrivais un article intitulé les trois pêchés de jeunesse de la fiscalité environnementale. Un certain Bergil me répond.  Voici son texte et mes réponses en bleu.


 
"Je ne suis pas d'accord avec vous : depuis 2008 la consommation d'énergie à diminuée sur la planète du fait de la crise. L'augmentation du prix du pétrole a entrainée une baisse en volume de sa consommation en Europe et aux US. En France le transport collectif explose. Le trafic automobile a diminué sur l'A7 pour la première fois (depuis les années 80?). Le budget des ménages n'étant pas extensible : si le prix du litre d'essence augmente alors il y a un moment où le ménage français doit acheter moins d'essence car son porte-monnaie est vide!. On trouve alors d'autres solutions qui nous semblaient impossible avant.
Or qu'est ce que l'augmentation du prix de l'essence sinon l'application d'une taxe carbone ? L'augmentation du prix du baril de 30 à 150$ en 10 ans ( de 1998 à 2008) représente une fantastique taxe carbone ("A chaque fois que le baril prend 50 dollars, le consommateur paye une taxe équivalent à 90 euros la tonne de CO2, mais… aux pays producteurs de pétrole" voir http://www.manicore.com/documentation/articles/Metro_taxe.html). Dommage que le court du baril ait ensuite plongé à 30$, mais il est "heureusement" remonté à 80$."

Je suis, moi, d'accord avec vous : la TIPP est en soi déjà une taxe carbone. Pourquoi alors vouloir créer une nouvelle taxe qui sera incomprise, qui a été immédiatement incomprise ! Si les promoteurs de la taxe carbone voulaient faire jouer à la fiscalité uniquement ce rôle là : il suffisait d'augmenter la TIPP, cela serait passer tout seul, sans impopularité, sans problème et, en plus, cela aurait réduit les déficits puisque la TIPP est aujourd'hui essentiel au budget de l'Etat

Le problème provient de la logique des créateurs de la taxe carbone (dont JM Jancovici qui semble votre gourou puisque vous citez régulièrement son site Manicore). Voici leur raisonnement : le problème c'est le dégagement de CO2, face à ce problème chimique (et anthropique) créons une taxe appuyée sur ce problème chimique : le dégagement de CO2. Belle idée ... totalement irréaliste ! La société n'est pas un laboratoire où on ouvre plus ou moins le robinet d'un serpentin pour changer la pression ou le taux de CO2. La société est un système complexe où la fiscalité est un outil de régulation au maniement délicat.



"Le but de la taxe carbone est de maintenir le prix du carburant (éviter les chutes) et de l'augmenter progressivement (sur 10 ou 20 ans au lieu de 6 mois) pour permettre aux citoyens de s'adapter. Mais surtout de ramener l'argent à l'état (à défaut à ses citoyens) français, et non à l'émire d'Arabie, du Kowait ou d'ailleurs.
Tant que la taxe carbone ne sera pas en place en France, seule les pays du golf persique l'encaisseront, tout seul. C'est aussi pour cela que le roi d'Arabie critiquait le GIEC à Copenhague : il ne voulait pas d'une concurrence sur la collecte de la manne pétrolière (tout ce qui va dans la poche des états occidentaux sur le prix de l'essence ne va pas dans la sienne !)."


Si le but de la taxe carbone serait d'éviter les chutes, cela n'aurait pas marché, puisque, du moins au début, la taxe carbone aurait été trop faible pour cela.

La taxe carbone contenait, en effet, dans sa conception, quelques bonnes idées, que vous citez : augmenter progressivement pour permettre aux citoyens et aux marchés de s'adapter, récupérer une partie de la manne pétrolière. Ces bonnes idées ont été conservé dans la méthode des contributions incitatives que j'ai créé, en essayant de gommer les défauts de la taxe carbone.

Parmi ses défauts : l'argent est rendu aux citoyens de manière indifférencié: je préfère leur rendre quand ils investissent dans le développement durable.

Partager cet article
Repost0
29 mars 2010 1 29 /03 /mars /2010 22:32
einstein.jpg

D
ans une interview sur TerraEco, l'expert Jean-Marie Jancovici explique sa colère après la décision d'enterrer "par l'Europe" la taxe carbone.
si je suis en gros d'accord avec lui sur le diagnostic sur les hydrocarbures, il dit aussi :
"Jean-Marc Jancovici : Oui. Cette taxe - quel nom horrible ! - doit être vue comme une prime d’assurance. Or jamais personne n’a proposé de supprimer les primes d’assurance au nom de la défense du pouvoir d’achat. Après tout, quand on prend une assurance, on n’est pas sûr que sa maison va brûler. Mais c’est quand même mieux de payer un peu aujourd’hui pour éviter de payer trop plus tard. "
Et là, je ne suis plus du tout d'accord : la taxe carbone n'était pas une prime d'assurance puisqu'on redistribuait l'argent récolté aux assurés sans que cet argent serve à éviter le risque.
La taxe carbone était, dans son principe même, une mauvaise solution. 
Partager cet article
Repost0
20 février 2010 6 20 /02 /février /2010 07:32
taca.jpg

Jean Sireyol, président de l’association Tacasur le site d'Hervé Kempf Reporterre, fait la proposition d'une contribution climat universelle: une sorte de taxe carbone mondialisé :


Cet argent représente l’utilisation d’une ressource commune, l’atmosphère, et donc chaque humain a droit a exactement la même part de ce bien commun. C’est la suite logique du principe pollueur-payeur. Donc le principe juste c’est de partager également les revenus entre chaque citoyen du monde.

Que donnerait au niveau mondial l’application de ces deux principes ?

A partir des données mondiales de consommation de carburants fossiles publiées par l’AIE pour 2007 (2), et en appliquant le prix de 32€ par tonne de CO2 (soit 8 centimes par litre d’essence) proposé par les experts de la commission Rocard, Taca a le plaisir de vous annoncer les chiffres annuels suivants : 
- Redistribution annuelle individuelle : 140€ 
- Dépense individuelle moyenne par habitant des pays suivants :

Américain du nord : 640€,

Européen de l’ouest : 270€,

Chinois, 100€,

Indien : 40€,

Sénégalais : 11€.

Ce sont des chiffres moyens, chaque individu payant en fait exactement selon sa quantité consommée de carbone, tandis que la redistribution, elle, est la même pour tout le monde.

Que disent ces chiffres ?

Ces chiffres disent que ceux qui vont payer sont ceux qui polluent le plus, ça tombe bien il se trouve que ce sont les habitants des pays riches (et aussi les riches des pays pauvres).

Si nous, pays riches, avons le courage de regarder cette vérité qui nous dérange, eh bien, au prix de quelques efforts financiers, nous pouvons mettre en mouvement l’ensemble des pays grâce à cette Contribution Climat Universelle pour décarboner l’économie mondiale et protéger notre atmosphère et l’avenir de nos enfants.

Des économistes amis nous ont dit connaitre ces chiffres mais n’osent pas proposer cette solution trop « coûteuse » (financièrement et aussi politiquement) pour les gouvernements des pays développés (USA et Europe). Pourtant ces chiffres ne sont que le résultat de l’application basique du principe pollueur payeur et du principe chaque être humain a droit à la même part !

Sommes nous prêts à payer pour la pollution qu’on émet ? Sommes nous prêts à payer notre part pour protéger le climat ? Est-ce que ça ne vaut pas le coup de se poser quelques questions, de s’informer, d’étudier cette nouvelle donne et de mobiliser autour de soi ?

Outre son irréalisme (que l'auteur reconnaît), cette proposition culmine tous les inconvénients de la taxe carbone, en voulant les mondialiser!

Il s'agit d'une proposition idéaliste et irréaliste ! Or, nous n'avons pas besoin de propositions politiques idéales mais d'idées applicables dans le monde réel dans lequel nous vivons !
Nous n'avons pas besoin d'utopies (avec leur potentiel de folie et parfois de totalitarisme) mais d'idées solides et possibles ! 

Partager cet article
Repost0
17 janvier 2010 7 17 /01 /janvier /2010 09:45

keller.jpg


Concernant la fiscalité écologique, la réflexion des experts, des personnalités politiques et des opinions publiques est encore jeune, fragile et se construit peu à peu. Aprés tout, ce concept n'a que quelques décennies d'existence en France.
 
Les propositions de fiscalité écologiques présentées, dont la plus connue est la taxe carbone, sont donc porteurs, dans leur conception, de graves erreurs liées à la méconnaissance et à des représentations fausses sur la question.

J'en distinguerai trois :
 
-la croyance en l'effet dissuasif d'une taxation qui amènerait à un changement de comportement. C'est la grande illusion sur cette taxation carbone. Il apparaît indiscutable par exemple aux promoteurs de la taxe carbone que celles-ci va pousser les consommateurs à changer de mode de consommation, à réduire leur empreinte carbone.
 
Les exemples de la TIPP pour l'automobile ou de l'augmentation des prix des cigarettes doivent pourtant inciter à la prudence. Si on prend par exemple la lutte contre le tabagisme, si il y  a eu diminution du nombre de consommateurs, les politiques de prévention et d'éducation aux risques ont sans doute été plus efficaces. 
 
L'article 2 du projet de loi "Grenelle 1" stipule : "L’Etat étudiera la création d’une contribution dite "climat-énergie" en vue d’encourager les comportements sobres en carbone et en énergie". Cette notion d'encouragement a-t-elle du sens ? Il est frappant que la nombreuse littérature scientifique sur la mise en place d'une "contribution climat-énergie" s'intéresse bien peu à l'efficacité d'une mesure, dont le rendement semble difficilement évaluable.
 
-la fiscalité sur le travail qui pourrait être compensée par la fiscalité verte. C'est une autre illusion à la fois illogique et dangereuse. Elle est illogique dans la mesure où la majorité de ce qu'on appelle "taxation du travail" concerne des domaines (les retraites, le chômage, l'assurance maladie) qui obéissent à des logiques de solidarité nationale,  à la nécessité d'un équilibre entre recettes et dépenses, gérés par les partenaires sociaux. Cela n'a donc rien à voir avec la fiscalité verte.

Si la fiscalité verte servait à alimenter "la taxation verte", on aboutirait, à terme, à une situation dangereuse dans la mesure où cette fiscalité deviendrait vite indispensable pour équilibrer les comptes sociaux. On aurait alors aucun intérêt à faire baisser les prélèvements sur les émissions carbone, et donc aucun intérêt à diminuer les émissions de CO2 ! C'est la  situation que nous connaissons depuis des décennies avec la TIPP, un ancêtre puissant de la taxe carbone actuelle, devenu indispensable pour équilibrer le budget de l'Etat. 
 
-la fiscalité verte au service uniquement de la lutte contre le réchauffement climatique.
les promoteurs de la taxe carbone la défendent au nom de la lutte contre les émissions de CO2, les adversaires de cette loi cultivent le scepticisme devant le réchauffement.

Il est regrettable d'avoir une visions aussi fragmentaire de la réalité, celle-ci est d'évidence plus complexe.  en particulier, peut-on isoler le problème des émissions de carbone de la raréfaction des ressources énergétiques ? Des problèmes liés aux délocalisations? Des problèmes de ressources alimentaires, en eau et en matériaux qui se raréfient. Et puis aussi, des problèmes de chômage récurrent dans les pays développés, d'endettement généralisé dans ces mêmes pays?

Le réchauffement est un des éléments d'une crise globale qu'il faut savoir interpréter et dont les solutions ne peuvent plus être construite de manière parcellisées, comme si chaque problème avait sa solution déconnecté de son contexte et de son environnement. 


En conclusion, dans une interview parue dans FRANCE-SOIR du 1 septembre 2009, la sénatrice UMP,
Fabienne Keller, devait répondre à la question suivante : "
Les recettes de la taxe carbone sont évaluées à 8 milliards d'euros par an. Comment  l'Etat utiliserait-il cette somme ?" 
Elle répondit : 

"Cette somme doit être utilisée de manière totalement transparente et de manière vertueuse au niveau écologique. C'est pour cette raison que je suis favorable à l'instauration d 'un chèque vert " . Les recettes engrangées par l ' Etat doivent être redistribuées pour aider les ménages, notamment les plus modestes , à émettre moins de carbone. Il faut les aider à améliorer l'isolation de leur logement et à s' équiper en voitures propres par exemple. "
Voilà une réponse globale et intelligente. La fiscalité verte n'est pas utilisée pour autre chose que pour son objet : la green économie. Son usage intègre la nécessité de tenir compte des problèmes sociaux, des nécessités d'investissements, elle est un levier vers les technologies propres.
Reste une question : la redistribution du chèque vert permet-elle vraiment d'isoler des logements et  de s'équiper en voiture propre?  Bien sûr que non car les sommes redistribuées sont trop faibles. Alors, comment les financer? 

Partager cet article
Repost0
7 janvier 2010 4 07 /01 /janvier /2010 22:00

co2.jpg
Dans un article de son blog Planète, Guillaume Malaurie interroge Gérald Maradan, co-fondateur d'EcoAct, spécialiste de la stratégie carbone et des programmes de compensation carbone.


Pour l'essentiel,  ce  manque à gagner concerne  les  grandes industries qui relèvent déjà  du système  des quotas du marché carbone....

 

Gérald Maradan/ Tout à fait,  mais les quotas qu'on leur alloue sont gratuits jusqu'en 2013.

 

NO/ Certes, mais en attendant, les entreprises  sont incitées à se préparer à ce rendez vous . Sinon, elles  devront, dans l'hypothèse où elles dépassent leurs objectifs, acheter de nouveaux quotas.

 

Gérald Maradan/ Certainement,   mais il faut rappeler que  certaines rentreront dans les clous  ou , mieux, gagneront de l'argent en vendant  leurs quotas superflus. Moi, je crois  qu' il serait à la fois possible et équitable,  au moins jusqu'à 2013, de faire contribuer pour partie  ces industries polluantes  à la taxe Carbone. Et,  après cette date,  on ajusterait le différentiel entre la Contribution Climat Énergie et le  prix du quota de CO2  fixé par le marché .

 

 ....

NO/ Vous ne craignez pas que la Taxe Carbone soit mort née ?

 

Gérald Maradan/ Pour le coup, ça serait vraiment dommage. D'autant qu'une telle fiscalité s'imposera progressivement partout dans le monde. Non seulement parce qu'il faut combattre le réchauffement mais aussi car il convient de  s'adapter à la  raréfaction des matières premières fossiles. Le pétrole au premier chef.

Que retenir?
D'abord arrêtons de pleurer sur notre industrie qui ne serait plus concurrencielle à cause de la taxe parce qu'elle payerait deux fois.
Ensuite, il y a un enjeu qu'on oublie trop souvent : la fiscalité environnementale n'a pas seulement comme enjeu la diminution de CO2; elle doit surtout aussi  permettre de changer d'ère en se débarrassant de systèmes industriels fondés sur des ressources qui vont devenir rares et de plus en plus coûteuses : le pétrole, le gaz et l'uranium.
Un "bon" système fiscal doit non seulement faire payer le pollueur mais aussi aider à décarboner les activités économiques. Et là, on s'occupe réellement de favoriser l'adaptation de notre industrie aux enjeux de demain.

C'est pourquoi une fiscalité verte efficace est une fiscalité où les recettes servent à investir dans la green-economy( quatrième commandement des contributions incitatives).
Alors oui les industriels doivent payer, mais pas la taxe carbone. Ils doivent payer une contribution qui leur sera reversée s'ils investissent pour  décarboner leurs activités.

Rodrigue

 

Partager cet article
Repost0
20 décembre 2009 7 20 /12 /décembre /2009 09:06
 
bonus.jpg


 Les critiques sur la taxe carbone de Sarkozy sont nombreuses. Ne les reprenons pas, mais notons que celle qui l'a fait tombé est celle de l'égalité républicaine devant l'impôt.  
Il est donc tentant de reprendre le débat autour de qui doit la payer? Qui pollue? Les particuliers? Les industriels? Le Nucléaire est-il concerné?  Et puis, de se battre pour le choix des exemptés: pêcheurs? Camionneurs ?  Rien n'émergera de ce débat inutile car personne ne sera d'accord. Il y aura toujours des dépités, des perdants, qui feront que cette taxe sera incomprise, injuste. Et donc impopulaire sans être efficace.

Le gouvernement a-t-il intérêt, comme il vient de le faire, à relancer la question?  Sûrement pas si il met en place la taxe carbone sur les bases philosophiques (c'est un bien grand mot!) qui ont présidé à son élaboration :  punir le pollueur. Il n'y a que les piètres éducateurs pour croire que l'idéologie de la fessée suffit à faire des enfants sages !

En définitive, il serait préférable de jeter la taxe carbone à la poubelle et d'imaginer autre chose.

On pourrait regarder ce qui existe déjà et qui marche:
-
le bonus-malus automobile. Contrairement à la taxe carbone, sa mise en place n'a entraîné que peu de critiques, vite oubliés. Elle s' est mise en place avec facilité rencontrant l'approbation des industriels et des commerçants du secteur comme des consommateurs. Le seul problème que nous rencontrons aujourd'hui, c'est le déséquilibre entre malus et bonus qui a accru les déficits et qui amène le gouvernement a réduire les bonus.

-moins connu, la 
Contribution au Service Public de l’Electricité (CSPE)Le kilowattheure d’électricité photovoltaïque est vendu par le producteur à un tarif fixé par arrêté. Les tarifs en vigueur sont considérablement bonifiés. Le surcoût du tarif d'achat est financé par cette CSPE. Il s'agit d'un  fond de péréquation, alimenté par chaque consommateur lors du paiement de ses factures d’électricité. Là aussi, cette taxe n'est pas contestée et permet, sans bruit, la croissance actuellement exponentielle du solaire en France. Là aussi, le problème aujourd'hui, c'est le déséquilibre entre la faiblesse de la CSPE et la demande croissante d'investissement.

Ce qui est commun à ces deux réussites, c'est qu'on n'a pas tenté de mettre en place une illusoire taxe universelle. On a réalisé des taxes particulières, spécifiques à une catégorie de pollution et d'émission de CO2. Ces deux systèmes ont d'autres caractéristiques communes qui expliquent leurs efficacités:
-la taxe a été construite dans la concertation avec les différents acteurs du secteur concerné
-le produit de la  taxe est utilisé pour aider les acteurs du secteur qui veulent investir et agir dans l'économie verte et cela marche !
Alors cessons de débattre d'une taxe carbone inutile et néfaste et mettons en place d'autres mécanismes que je regroupe sous la terminologie de Contributions incitatives.  
Partager cet article
Repost0
16 septembre 2009 3 16 /09 /septembre /2009 17:53


Quelques jours après l'annonce de la mise en place de la taxe carbone en France, faisons une petite analyse de cette réforme.

 

 

Commençons par le positif.

Si certains esprits chagrins,  tirent à boulets rouges sur cette réforme,  il faut saluer le volontarisme du gouvernement. Alors que les problèmes écologiques s'accumulent, c'est tout à l'honneur de notre pays de tenter de faire quelque chose.  

Ensuite,  on a beaucoup critiqué le niveau de taxation bien inférieur à ce qui était préconisé par Hulot et son équipe, mais c'est sans doute plus intelligent de commencer par un taux bas plus "acceptable" à condition de le monter ensuite.  

Enfin, il semble lucide de ne pas avoir fait dans la démagogie en l'appelant  contribution, ce qu'elle n'était manifestement pas, et en assumant le terme de taxe qui lui correspond parfaitement.

 

Venons-en au négatif, qui est largement plus lourd dans la balance.

Une analyse trés intéressante de la taxe carbone a été développé de manière magistrale sur ce site, c'est l"'idéologie de la fessée". C'est une manière de voir l'écologie avec le prisme judéo-chrétien.  Le pollueur fait le mal assimilé au vice; il doit donc être puni grâce à la taxe. Le bon chrétien devient le vertueux écolo qui doit être récompensé.  

La taxe carbone  ne concerne que la lutte contre les émissions de CO2. Or la crise environnementale a de multiples autres aspects : en particulier l'épuisement des ressources.  L'uranium par exemple n'est pas concerné, ni la disparition des ressources halieutiques, ni les problèmes d'accès à l'eau, ou ceux liés à l'agriculture intensive. 

En taxant le carbone "à la source", c'est à dire auprès des consommateurs finaux, la taxe est supportée essentiellement par des publics captifs (automobilistes, locataires de leurs logements) qui n'ont pas l'opportunité de changer de modes de consommation.  

En faisant le choix de "rendre" l'argent de la taxe sous la forme de chéque vert pour les plus démunis et de réduction d'impôts sur le revenu pour les ménages qui y sont assujetti, le gouvernement favorise la consommation des ménages qui risquent d'être .. bien peu écologique et de participer encore aux émissions de carbone.  

En espérant des changements de comportement grâce à cette taxe, le gouvernement table sur des effets à long terme. Il faudra en effet attendre que les acheteurs de voiture neuve, les constructeurs de maisons investissent dans ce sens, il faudra du temps avec des effets qui resteront longtemps négligeables.

Le gouvernement a longuement hésité sur ses choix concernant l'utilisation de l'argent, ce flou n'a pas favorisé l'idée de départ du dispositif : celui du double dividende. L'opinion n'a donc pas compris à quoi allait servir l'argent pendant longtemps. Si le choix final de la redistribution a pu apparaître comme rassurant pour l'opinion, le fait d'avoir fait transité cet argent par les caisses de l'Etat est de nature à nourrir toutes les inquiétudes sur sa redistribution.

 

En conclusion, en instaurant cette taxe carbone, la France vient de rejoindre les pays européens les plus innovants qui ont mis en place ce type de dispositif il y a une dizaine d'années. Mais ce type de taxe est datée et dépassé, il existe maintenant des outils fiscaux beaucoup plus performants et efficaces comme la taxe sur le carbone ajouté (TCA) ou la carte individuelle de CO2 ou les contributions incitatives.

En définitive, c'est comme si la France décidait de se doter enfin d'avions Caravelle alors que l'Airbus A380 vient de sortir !


Partager cet article
Repost0
19 août 2009 3 19 /08 /août /2009 08:56




Convaincu de l'urgence des problèmes écologiques, on l'attendait comme LA solution au réchauffement climatique, à la raréfaction des biotopes et des ressources du sous-sol, au trou dans la couche d'ozone, et à l'épuisement des idéologies, c'était le graal des écologistes, la taxe carbone, rebaptisée contribution climat énergie.

Mais patatras, la voilà, et un affreux doute nous envahi :  dans les dîners en ville, on tire à boulet rouge sur elle. A peine née, elle est mal-aimée, déconsidérée et l'écologiste convaincu à bien du mal à défendre SA solution : la contribution climat énergie a pris à peine son envol que la voilà plombée par des tirs convergents de toute part.

Pourquoi tant de haine? 

D'abord parce elle a beau s'appeler "contribution", tout le monde sait bien qu'il s'agit d'un déguisement pour cacher madame la taxe. L'entourloupe sémantique ne prend pas.

Ensuite, parce que chacun va tout faire pour ne pas la payer, la taxe. Alors, la bagarre a commencé pour y échapper. Certains y échappent déjà, les industriels, les électriciens. Alors, pourquoi eux et pourquoi pas nous, les ruraux, les péri-urbains soumis aux migrations pendulaires? et puis, si eux ne la paient pas, et bien, ce sera le tour des forains, des enseignants, des vendeurs de chaussettes de réclamer, eux aussi, avec d'excellentes raisons d'en être exempté.

Enfin, parce que personne ne sait trop à quoi elle va servir cette taxe. On nous dit qu'elle va inciter  les citoyens à changer de comportement. Mais, est-ce bien sûr ? Son grand frère, la taxe sur l'essence, dite TIPP a grandi en même temps que la croissance du trafic automobile. Belle référence !  

Et puis, tout est possible sur son usage: des cadeaux fiscaux aux entreprises, des chèques verts cadeaux aux braves citoyens pour leur faire passer la pilule (pas sûr que cela fonctionne!), sans compter la tentation de renflouer les caisses de l'Etat. Le flou règne et l'hostilité grandit.

Il y a une seule certitude : le brave écologiste, qui avait déjà bien du mal à défendre ses idées face au scepticisme ambiant se fera clouer le bec d'entrée : "ton truc, le réchauffement c'est une bonne excuse pour nous prendre encore des sous !"

Bravo, "LA taxe carbone" est devenue l'enterrement de première classe dont nous n'avons guère besoin alors que l'urgence menace !
Prenons ce qu'il y a de bien dans cette idée de taxe carbone, transformons-la en des outils pertinents et adaptés : et voilà les contributions incitatives

Partager cet article
Repost0