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Proposer une autre fiscalité environnementale que la taxe carbone

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Pour une révolution fiscale dans le domaine environnemental

 

 

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Répondant à mon article consacré à Comment sortir du tout-jetable? , un lecteur régulier me fait ce commentaire :  Pourquoi cette obsession de toujours vouloir régler un problème avec une taxe ? Cette "obsession" mérite d'être expliquée. Il y a en effet deux motifs possibles pour comprendre pourquoi un type consacre un blog entier à la fiscalité, soit il est fou et "obsédé", soit il y a des motivations plus nobles qui méritent d'être détaillées. Bien entendu, je suis pour la deuxième explication !

 

Les préoccupations environnementales irriguent de plus en plus la société. Peu à peu la prise de conscience se fait, mais les  dangers à venir ont tellement de conséquences sur nos modes de vie que les modifications semblent insurmontables. Réduire notre empreinte écologique, notre dégagement de carbone n'est-ce pas réduire notre train de vie? L'écologie semble avoir un coût infranchissable dans notre monde soumis à la concurrence.

Seul le monde de l'entreprise semble s'être emparé à bras le corps de cette question, tout du moins pour certains chefs d'entreprises novateurs. Pourquoi eux? Pourquoi le monde politique, et celui des experts, semblent moins réceptifs? Sans doute parce que le patron maîtrise l'univers de son entreprise qu'il peut construire à la mesure de ses convictions et aussi parce qu'il doit faire preuve d'anticipation pour réussir. 

C'est différent pour l'expert, ou pour le personnel politique, qui doivent gérer les tensions contradictoires de nos sociétés de plus en plus complexes. C''est une évidence : les partis politiques semblent de plus en plus impuissants à agir pour transformer la société.

On peut prendre quelques exemples récents dans l'actualité française : un ministre de l'éducation affirme qu'il va demander aux instituteurs de rendre  le calcul mental quotidien obligatoire en classe. Tous les anciens écoliers que nous sommes, de quelques générations que l'on soit, tous les parents d'élèves, le savent pourtant : le calcul mental régulier a toujours été , et est toujours, pratiqué dans les classes. Cette affirmation semble donc une gesticulation de plus qui permet de montrer que l'on a le pouvoir d'agir sur la réalité. 

On pourrait dire la même chose des lois récurrentes sur la récidive criminelle. On pourrait continuer l'inventaire des affirmations de ce gouvernement, et de tous ceux qui l'ont précédé, prouvant que la gesticulation a remplacé l'action réelle. Et c'est probablement parce que le pouvoir politique d'Etat est de plus en plus impuissant qu'il compense cet état par une politique frénétique d'effet d'annonce.

Car, finalement, de quel pouvoir réel dispose l'Etat et ses "pilotes" que sont les ministres? 

-l'action concrète des agents d'Etat, imposé par le ministre, est devenue de plus en plus difficile: les instituteurs font du calcul mental parce que c'est utile et non parce qu'on leur impose de le faire!  La prise d'autonomie des acteurs de terrain est une heureuse nouvelle : un ministre ne peut plus donner un ordre précis à ses fonctionnaires comme au bon vieux temps de Napoléon ou de Ben Ali en Tunisie. Et c'est heureux !

-l'action réglementaire montre chaque jour son impuissance, et particulièrement dans le domaine environnemental. A quoi servent donc les lobby ? A contrer les réglementations qui limiteraient le profit. C'est le combat du pot de terre contre le pot de fer. Il se conjuge avec la globalisation économique : vous êtes trop tâtillon? Nous allons voir ailleurs!

-bien entendu, la puissance publique peut pratiquer la sensiblisation et l'éducation du public; mais cela a un coût et montre ses limites face à la puissance de la publicité: que vaut le slogan "manger 5 fruits par jour" face à la force de frappe de l'industrie de la malbouffe? Le greenwashing amplifie le phénomène en brouillant les pistes.

-l'Etat peut investir dans des grands travaux particulièrement dans le domaine écologique. Mais un nouveau "New Deal" est impossible. Les finances des Etats modernes sont lourdement handicapées par leur endettement dans un système monétarisé mondial qui interdit de faire marcher la planche à billet.

-l'outil fiscal classique subit les pressions de divers groupes qui veulent limiter leur imposition. 

La mondialisation et le développement de l'individualisation, de la prise d'initiative, de l'esprit de liberté limitent fortement le pouvoir d'action des Etats et, par conséquent, du personnel politique.

Si celui-ci veut sortir de la gesticulation médiatique et retrouver le moyen de peser sur le réel, il doit se montrer inventif et créer de nouveaux outils pour agir. De quelle manière le peut-il? Les réglementations et les lois seront détournées. La sphère médiatique et publique  contient de nombreux autres acteurs devenus aussi ou plus puissants que l'Etat. L'outil monétaire ne lui appartient plus.

Finalement, le seul domaine où l'Etat garde presque toutes ses prérogatives reste celui de la fiscalité. Malheureusement, le système de taxation actuel met en concurrence les individus et les entreprises qui cherchent à diminuer la pression fiscale, au bénéfice de ceux qui peuvent faire pression, c'est à dire les plus puissants.

Il faut donc le faire évoluer, en inventer un autre, plus juste, plus efficace, qui permette au pouvoir politique de pouvoir agir sur le réel, retrouver des marges de manoeuvre. Ce système fiscal nouveau est en gestation sur ce site et ailleurs.

En effet, cette nouvelle importance apportée à l'outil fiscal se développe. De François Hollande a la révolution fiscale de Piketty/Saez/Landais, une partie de la gauche s'est emparée de la question, cherchant des outils novateurs pour agir. 

L'écologisme politique, depuis la défunte taxe carbone, semble en mal d'idées et de réflexion sur la question. C'est pourquoi mon "obsession" est là : parce que les initiatives individuelles ne suffiront pas, il faudra de l'action politique. Et la fiscalité à un rôle important à jouer dans cette évolution.

Pour ma part, je propose depuis quatre ans, le système des contributions incitatives, sans beaucoup de succès pour l'instant. Est-ce par que mes idées sont inapplicables ou est-ce parce qu'elles sont trop en avance sur leur temps? Je ne sais.

 

 


 

 

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P
<br /> Cher Monsieur<br /> <br /> Je suis tout à fait d'accord pour vous aider à diffuser ce que je considère comme une "bonne parole" écologique. Je suis expert-comptable, et essaye d'intéresser mes confrères à la question du<br /> développement durable en leur démontrant que leur rôle va bien au delà de la démarche "bilan carbone" proposée par l'ADEME. Si vous le souhaitez, je vous ferai suivre dans votre boîte mél ce que<br /> j'ai déjà pu écrire à ce sujet. Cela ne vous contredit pas, mais déplace la question sur un autre terrain, assez inexploré pour l'instant, sur lequel on pourrait bâtir une méthode pratique pour<br /> mettre en musique une fiscalité environnementale.<br /> <br /> Je vous demanderais seulement de pouvoir relire ce que vous pourriez résumer de mes propos.<br /> <br /> Pierre Borie<br /> <br /> <br />
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R
<br /> <br />   <br /> <br /> <br /> Bien entendu,je vous soumettrai l'article avant publication,<br /> <br /> <br /> Je suis très intéressé par l'idée de travailler sur la "comptabilité" des différents "polluants", à suivre donc.<br /> <br /> <br /> <br />
P
<br /> Je ne crois pas que nous ne soyons pas d'accord sur la manière. Dans mon esprit, il ne s'agit pas de taxer plus lourdement les entreprises et les particuliers -déjà trop largement sollicités dans<br /> notre pays-, mais de créer un impôt qui se substitue à d'autres, +/- progressivement,comme la TVA (partiellement) et les autres taxes environnementales (TIPP...),dont le Conseil National des Impôts<br /> lui-même dit la relative inefficacité ; un impôt qui ait une signification pédagogique pour inciter les agents économiques à agir dans le sens de l'intérêt général pour y échapper, plutôt qu'en<br /> fraudant. Un tel impôt aurait certes vocation à voir son rendement diminuer à l'aune de son efficacité, mais en agissant sur le taux (le prix de la tonne de CO², par exemple), on ne réduirait pas<br /> sa contribution au budget de l'Etat.<br /> <br /> Une taxe verte ainsi concue, basée sur la pollution suscitée par la consommation (gaz à effets de serre, déchets, produits toxiques, etc..., elle même quantifiée et valorisée par les marchands de<br /> biens et de services dans leurs déclarations de résultats annuels, frapperait le consommateur final dans la mesure où les entreprises seraient obligées de la répercuter dans leur prix de vente.<br /> D'où la nécessité de réduire le taux de TVA pour ne pas créer de l'inflation. Une telle taxe verte remplacerait la "TVA sociale" que l'on voudrait instituer pour pénaliser les importations non<br /> assujetties aux mêmes coûts sociaux que chez nous. Bien entendu, la France ne peut pas agir seule en ce domaine : il faudrait au minimum repousser les frontières à celles de l'UE. Mais les<br /> circonstances actuelles, la prise de conscience planétaire, me font penser que le moment est propice pour parvenir à un consensus avec tous nos principaux partenaires du monde occidental. Cela<br /> pourrait se traduire par une hausse très significative du coût du transport, et donc enrayer le processus de désindustrialisation chez nous, mortel pour notre société. Je ne vois pas comment<br /> changer de paradigme économique autrement qu'en passant par là. Cela suppose évidemment du courage politique, mais plus nous le déciderons tôt, plus la transition pourra se faire en souplesse,<br /> progressivement.<br /> <br /> <br />
Répondre
R
<br /> <br /> Je suis d'accord avec vous d'une manière générale, sauf sur un point.<br /> <br /> <br /> Celui de l'échelle pertinente pour travailler. La majorité des personnes pensent comme vous qu'il faut atteindre une échelle suffisamment conséquente pour que cela soit possible. Et en général,<br /> cette échelle donnée est celle de l'Europe.<br /> <br /> <br /> Je pense que cette idée est un vrai frein car attendre un consensus au niveau européen, c'est retarder des politiques concrètes de plusieurs années, voir de plusieurs décennies !<br /> <br /> <br /> J'estime préférable d'agir au niveau national ou régional sur des politiques ciblées, sur des niches, au niveau de communautés d'intérêts, parfaitement repérés. Par effet tâche d'huile, ces<br /> politiques se diffuseront ensuite car elles démontreront leur pertinence. C'est l'idée que je développe dans l'article http://www.fiscalite-environnementale.net/article-la-fiscalite-environnementale-doit-elle-avoir-une-dimension-internationale-53397052.html<br /> <br /> <br /> Je voulais profiter de ce commentaire pour vous remercier pour nos échanges d'idées et vous faire une proposition: faire un article à partir de nos échanges en faisant un condensé de ceux-ci.<br /> J'attend votre accord avec, SVP, quelques lignes vous présentant,<br /> <br /> <br /> merci encore et au plaisir de vous lire.<br /> <br /> <br /> <br />
P
<br /> Vous développez de façon très pertinente ce que j'ai l'habitude de résumer ainsi :<br /> <br /> - Le rôle de l'Etat doit consister à montrer la voie aux agents économiques, en mettant des gardes fous et des incitations là où c'est nécéssaire.<br /> <br /> - La nature humaine étant ce qu'elle est, il est préférable de mettre des gendarmes en travers de la route de gens naturellement portés à suivre leurs penchants naturels<br /> <br /> - La meilleure manière d'obtenir des résultats, c'est de frapper les gens au portefeuille lorsqu'ils dévient de la bonne route.<br /> <br /> L'impôt n'est pas seulement une contribution au fonctionnement de l'Etat, mais ce peut aussi être un puissant instrument de politique économique, tant l'aversion des gens pour lui est grande. Donc,<br /> le meilleur moyen pour éviter aux gens de gaspiller à grande échelle est de taxer les déchets.<br /> <br /> <br />
Répondre
R
<br /> <br /> Merci encore pour vos encouragements!<br /> <br /> <br /> Nous avons cependant un point de divergence : vous êtes pour une importante taxation, je suis plutôt pour un usage à dose homéopathique (mais croissant) et pour une redistribution au profit des<br /> investissements verts, j'aimerais avoir votre avis sur ces points<br /> <br /> <br /> <br />