Dans le dernier numéro de Terra Eco (mars 2010), l'architecte français Paul Chemetov déclare à propos des écocités : "Il ne faut pas que la construction d'une écocité revienne à abandonner toutes les cités dites difficiles ... et si une écocité stérilise des dizaines d'hectares de terres agricoles, où est son intérêt? Je crois que le propre de l'architecture est de se colleter avec le monde et non de se mettre à côté du monde."
Autrement dit, en Europe et aux Etats-Unis, les agglomérations sont déjà étendues. Le problème de l'urbanisation écologique ne se pose donc pas dans le cadre de coûteuses opérations de construction d'écocités vitrines. Il est, par contre, crucial de réussir la rénovation et la transformation de l'habitat existant. Dans ce cadre là, les grands ensembles des années 50-70 méritent attention. Ils sont dégradés et dévalorisés, ils concentrent à la fois une forte densité de population et, le plus souvent, des espaces annexes aménageables. Le projet initial des concepteurs de ces cités, dans la lignée de Le Corbusier et de l'école de Chicago, étaient de faire une meilleure ville pour ses habitants que les centre-villes. Ces intentions ne furent pas une réussite, on le sait maintenant. Mais pourquoi ne pas reprendre le projet et améliorer l'existant?
Qu'est ce qu'il est possible de faire? -d'abord, et en priorité, d'isoler correctement ces bâtiments mais à condition de le faire de manière intelligente, sans surcoût inutile, sans les transformer en "bouteille thermos" comme le dit Chemetov. -ensuite en développant l'utilisation et la récupération d'énergies de manière intelligente: réseau de chaleur, captation de calories gratuites par l'utilisation de baies vitrées plein sud ou par des vérandas récupérant la chaleur. -ensuite, en faisant de ces immeubles tours ou barres des espaces de productions énergétiques: panneaux photovoltaïques sur les toits et les balcons au sud, éoliennes sur les toits et sous forme de colonnes verticales installées entre les immeubles et profitant de l'effet venturi qui fait accélèrer les vents quand ils passent dans une zone de rétrécissement. Il est indispensable que les habitants soient intéressés aux bénéfices générés par la production électrique (réduction de loyers ou de charges, voir bénéfice direct) et associés à son installation. -installation de fermes urbaines soit dans quelques étages élevés, soit dans un immeuble promis à la destruction -réorganisation des réseaux d'eau. Réseau d'adduction utilisant des bassins de stockage et la récupération de l'eau sur les toits, avec des réservoirs sur les toits et des bassins de rétention dans les zones en déshérence de ces cités. Avec ces différentes zones de stockage, installation de système de pompage-turbinage pour produire de l'électricité supplémentaire.
Comment financer ces installations? Par l'usage d'une contribution incitative sur les logements, dont le produit serait utilisé pour financer l'investissement dans le logement vert. Cette contribution verrait ses recettes distribués aux propriétaires de logements. Les logements sociaux bénéficient alors davantage de cette manne que les autres logements.
Que pourrions-nous faire pour améliorer une cité existante?