Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Twitter : @Rcoutouly

Il faut demander plus à l'impôt

et moins aux contribuables

 

Alphonse Allais

 

Outil fiscal

Les contributions incitatives sont des micro-taxes payées sur les activités polluantes. L'argent récolté permet aux plus démunies d'investir dans les transitions écologiques et énergétiques. 

Vidéos

 
Un résumé de la pensée de l'auteur sur la crise écologique 
22 avril 2012 7 22 /04 /avril /2012 08:05

 

cogénération

 

Les coûts croissants des énergies fossiles vont transformer radicalement notre rapport à l'énergie. Dans les trois décennies à venir, nous allons devoir modifier nos manières de vivre et de produire pour nous adapter à une nouvelle donne : la fin de l'énergie facile et peu onéreuse.

 

Jusqu'au 18éme siècle, les sociétés trouvaient l'énergie nécessaire à leurs besoins dans la force musculaire : celle des animaux, celle des esclaves. Avec la première révolution industrielle, la machine à vapeur a pu fournir une puissance beaucoup plus importante. Mais, c'est véritablement avec l'utilisation des énergies fossiles, à partir de la fin du XIXéme siècle, que la quantité d'énergies utilisée a pu considérablement grandir. Les moteurs à explosions et moteurs électriques, utilisant des sources énergétiques variées, provenant du sous-sol (pétrole, gaz, uranium) ont révolutionné nos modes de vie.

Même si nous n'en avons pas toujours conscience, avec la disparition programmée des énergies fossiles, cette période faste se termine pour l'Humanité. Quelque soit les délais nécessaires à cette transition, il nous faut trouver des solutions. Elles ne pourront provenir que des énergies naturelles renouvelables présentes partout sur la planète. 

Nous allons donc sortir d'une logique d'usine, de centrale, consommant une énergie rare et précieuse, à une logique décentralisée, captant l'énergie présente partout dans notre environnement.

Dès lors, le propriétaire d'une maison, d'un immeuble ou de bâtiments à usage commerciale ou industriel, aura intérêt à capter l'énergie présent autour du bâtiment plutôt que de laisser d'autres intérêts s'en occuper pour lui. Un terrain ou un bâtiment deviendra un gisement énergétique dont on pourra tirer profit.

Le coût croissant des énergies fossiles, la banalisation progressive des technologies permettant cette transition, vont faciliter la baisse des coûts. La généralisation de l'équipement des bâtiments vont être au coeur de la troisième révolution industrielle qui va nous permettre de sortir des trente années de crise que nous venons de vivre.

Pour réussir cette transition, il faudra bien que le pouvoir politique se donne les moyens de favoriser les investissements dans ce domaine.

Décrivons maintenant ces centrales énergétiques urbaines.

Prenons un toit: sur ce toit, on y trouve à la fois des micro-éoliennes, des panneaux solaires photovoltaïques et des panneaux solaires thermiques.  La configuration particulière du site et du bâtiment (vent dominant, orientation du toit) détermine les choix spécifiques de combinaison des différentes sources d'énergie.

Descendons dans le bâtiment. Dans celui-ci, on y trouve une chaudière centrale bien différente de nos chaudières traditionnelles. Certes, comme elles, elle transforme en chaleur un combustible (gaz de ville, plaquette bois, ...), chauffe le bâtiment et l'eau. Mais cette centrale à cogénération utilise pour cela aussi la chaleur produite par les panneaux solaires thermiques. De plus, elle possède un moteur sterling qui recycle les surplus de chaleur pour produire de l'électricité.

En combinant celle-ci avec la production électrique photovoltaïque et éolien, le bâtiment devient à énergie positive. Le propriétaire revend ses surplus électriques, ce qui lui permet de financer ces équipements.

Bien entendu, le solaire et l'éolien produisent de manière intermittente. Mais la gestion combinée de l'eau, du chauffage et de l'électricité permet de limiter, de lisser les variations. 

Les surplus électriques sont renvoyés sur le réseau. Localement, à l'échelle d'un quartier ou d'une commune, on trouve une micro-usine de méthanisation. Celle-ci utilise les surplus, dans les moments de surproduction électriques, pour fabriquer du gaz méthane. Ce gaz permet de récupérer les surplus de production d'énergie et de le stocker sous une forme concentrée et facilement transportable. 

A l'avenir, ce gaz méthane sera le combustible utilisé dans les véhicules. Il permet de stocker l'énergie de manière beaucoup plus concentré que les batteries électriques. Ce gaz n'a pas d'origine fossile et peut donc être produit indéfiniment par les surplus de l'intermittence des énergies renouvelables.

En combinant différentes énergies (bois, soleil, vent, gaz), le système décentralisé de chaudières à cogénération et de micro-usine de méthanisation, va permettre de répondre à tous nos besoins énergétiques. La mise en place de ces systèmes va représenter un formidable enjeu économique. Cela sera le coeur de la troisième révolution industrielle à venir. La généralisation progressive de ces techniques va entraîner une baisse importante du prix de ces matériels qui vont se banaliser.

Décentralisée, laissant les acteurs de terrain agir et s'emparer de la question énergétique, cette démarche correspond à l'évolution démocratique des sociétés modernes. A l'ère d'internet et des réseaux décentralisés, il est normal que l'énergie du XXIéme siècle soit produite par les habitants, organisés et prenant en charge eux-mêmes leurs besoins. 

source image: icedd.be

Partager cet article
Repost0
11 avril 2012 3 11 /04 /avril /2012 21:18

micro-éolienne

 

 

2025: Un observateur traversant l'Europe occidental trouvera banal de voir que partout, absolument partout, on trouve des éoliennes dans le paysage.

 

Quand nous pensons éoliennes, nous envisageons aujourd'hui ces grandes antennes d'une centaine de mètres de hauteur, qui provoquent des résistances devant leur gigantisme. Certes, elles se développeront, mais essentiellement en off-shore flottant loin des côtes touristiques.

Non, ce qui va devenir banal, partout dans les paysages urbains, c'est la présence habituelle de micro-éoliennes. Il s'agit d'unités très petites, à axe vertical, faisant rarement plus d'un mètre de hauteur, installées sur les toits et sur les poteaux.

Chaque toit d'immeuble, chaque pignon de maison, chaque poteau va en être équipé. Certes, ces équipements ne semblent pas aussi séduisant que les grandes éoliennes. Leur puissance est faible. Installée à proximité des habitations, on craint leurs nuisances sonores.

 

Pourtant, elles ont d'immenses avantages : produite en grande série, leur coût s'effondre. Elles deviennent des produits d'achats courants, faciles à installer et à entretenir. Dans une société qui les consomment en masse, une éolienne d'un mètre de haut va coûter à l'achat  quelques centaines d'euros. Quand on sait qu'une seule d'entre-elles permet de couvrir le quart de la production électrique nécessaire à une famille, la rentabilité est assurée.

 

Les éoliennes à axe vertical ont un autre avantage : contrairement à leurs cousines à axes verticales, elles font très peu de bruits. En général, les décibels qu'elles émettent se confondent avec celles du vent.

 

Enfin, elles peuvent être installées partout, avec une grande facilité. Une maison classique peut en recevoir deux, une à chaque pignon, l'axe collé au mur de pignon, des câbles à l'intérieur de la toiture assurant son amarrage. Les toits des immeubles peuvent en porter en nombre. Enfin, les poteaux électrique et téléphonique peuvent en recevoir, leur axe incorporé à l'axe du poteau qui les supporte.

 

Certes, la puissance nominale de chaque micro-éolienne est très faible. Mais leur faible coût d'achat permet à chaque entreprise, co-propriété ou particulier, d'en installer de manière souple sur leurs biens immobiliers. Cela permet de couvrir une partie de la consommation électrique personnelle et de revendre le surplus sur le réseau.

 

Les micro-éoliennes sont ignorées par la majorité des spécialistes des problèmes énergétiques. Quand on raisonne en mégawatt, on trouve ces engins ridicules par rapport aux besoins. Les grandes entreprises énergétiques ne voient pas l'intérêt de défendre des technologies qui vont leur enlever leur principal atout : la concentration des centrales électriques qui produisent, sur un site donné, l'électricité nécessaire à une région entière.

 

Mais les particuliers, au fur et à mesure, de l'augmentation inéluctable du prix de l'énergie, vont chercher à produire eux-mêmes une énergie qui leur coûte de plus en plus cher. Or, les gisements d'énergie sont partout autour de nous : l'énergie du soleil qui frappe une façade, le souffle du vent dominant qui passe régulièrement au-dessus d'un toit. Les particuliers vont chercher à capter, à leur profit cette ressource présente partout.

 

Peu à peu, le développement  de cette industrie énergétique va favoriser la diffusion de ces engins. Avec les panneaux solaires, les micro-éoliennes vont se développer, chacun voudra s'en équiper.

 

La démocratisation de ces équipements sera à l'origine d'une nouvelle période de croissance économique : il faudra créer des emplois pour fabriquer, installer et entretenir ces équipements qui vont faire de chaque bien immobilier une micro-centrale énergétique. Les micro-éoliennes seront un élément déterminant dans cette nouvelle révolution industrielle.

Partager cet article
Repost0
13 mars 2012 2 13 /03 /mars /2012 21:44

 

Castillon.jpg

Alain Leridon est un ancien ingénieur au Commissariat à l'Energie Atomique, passionné par les énergies renouvelables, auteur d'un ouvrage -que je recommande- consacré à l'histoire de l'industrie nucléaire en France (l'atome Hexagonal, édition Aléas, 2009). Avec son autorisation, je publie ci-dessous un texte inédit, écrit de sa main, consacré à la synergie possible entre énergie hydraulique et énergie photovoltaïque.

L'idée, qu'il y développe, me semble particulièrement intéressante: conscient que les possibilités de nouvelles implantations de grands barrages sont très faibles, il propose d'associer aux barrages existants, un complément photovoltaïque qui -sans infrastructures nouvelles, sans coût important- permet d'accroître leur production. L'idée -illustrée par l'exemple du barrage de Castillon- mérite d'être diffusée et discutée.


Possibilité d’augmentation de la production d’électricité renouvelable sur  le site du barrage de Castillon.

 

Alain Leridon

 

 

 

I/ Généralités. 

 

Une des difficultés qui contribue à retarder l’implantation des énergies renouvelables en France provient de la faible production de celles-ci par unité de surface.

 

Ainsi, si l’on considère toutes les sources d’énergie électrique actuellement disponibles, alors que la densité de production sur un site thermique et surtout nucléaire est très élevée, on change complètement d’ordre de grandeur quand on passe aux énergies renouvelables.

 

Pour préciser les valeurs données pour les énergies renouvelables, il suffit de comparer l’énergie électrique fournie par an et par m² pour chacune d’elles :

 

      kWh / m² / an             Commentaires

____________________________________________________________________

Solaire thermique ( type Thémis)                200 (surface des        panneaux réfléchissants) 

____________________________________________________________________  

Solaire Photovoltaïque                       de 150 à 200             (surface des panneaux photovoltaïques)

_____________________________________________________________________

Eolien                                                  de 30 à 100 (surface d’un champ éolien)

_____________________________________________________________________

Hydraulique (Serre-Ponçon)                       33 (surface du plan d’eau)

 Hydraulique (Castillon)                   26               id.

 

Remarques.

On remarque que le photovoltaïque nécessite des surfaces utiles de 5 à 8 fois moins importantes que l’hydraulique. Le même rapport est de 1 à 3 pour l’éolien. Dans ce dernier cas, c’est l’éloignement imposé entre les mâts supportant les aérogénérateurs qui aboutissent à de telles surfaces. La consommation d’espace constitue donc un premier obstacle à leur développement.

Contrairement à l’électricité fournie par les barrages hydroélectriques à laquelle on fait appel pendant les périodes de pointes de consommation l’électricité photovoltaïque et éolienne est d’habitude  fournie indépendamment de toute pointe d’utilisation : elle peut parois arriver sur un réseau qui n’en a pas franchement besoin ou bien être absente en cas de forte consommation.

 

II/ Stockage de l’électricité par pompage.

L’idée d’utiliser des réservoirs d’eau pour bénéficier de courant électrique pendant les périodes de pointe tout en renvoyant l’eau par pompage pendant les heures creuses, n’est pas nouvelle : on en a un exemple au barrage réservoir de Grandmaison, dans le département de l’Isère. On l’appelle également station de transfert d’énergie. Lors de périodes creuses, les turbines, alimentées par les centrales nucléaires, fonctionnent en pompes et renvoient l’eau du réservoir inférieur vers le réservoir supérieur. Pendant les périodes de pointe, cette eau actionne les mêmes turbines qui fonctionnent alors en turbo alternateurs. La puissance installée est de 1 200 MW.  Le rendement global (énergie cédée au pompage / énergie restituée en production électrique est de 80%). Bien sûr une partie de l’eau turbinée provient de l’alimentation naturelle des bassins versants autour de Grandmaison : l’investissement ne se justifie pas uniquement par le fonctionnement en mode pompage. Ce type de réalisation n’a pas eu de suite en France été  à cause de son coût, des problèmes environnementaux et d’une souplesse d’utilisation des centrales  nucléaires qui s’est révélée meilleure qu’on ne l’espérait à cette époque (fin des années 1970).

On propose de reprendre cette idée en utilisant des pompes alimentées par des énergies renouvelables : le soleil ou le vent. On aurait alors une production « multi-renouvelable » permettant le maximum de souplesse et une production solaire et éolienne devenant accessible non pas au fil du soleil et du vent mais selon les besoins.

 

III/ Application à un barrage de la Région PACA.

 

L’augmentation de la production électrique dans la région de Castellane répond aux besoins suivants : Améliorer l’utilisation de barrages déjà existants ; limiter les importations de courant depuis les Bouches du Rhône vers les départements de l’est de la PACA; augmenter la production d’énergie renouvelable dans la région en réglant le problème du décalage entre pointes de consommation et de production.

Pour fixer les idées, nous avons pris comme exemple le barrage de Castillon sur le Haut Verdon, dont les caractéristiques actuelles sont les suivantes :

 Sa puissance installée est de 51 MW et sa production moyenne annuelle de 82 millions de kWh environ, ce qui correspond à la puissance maximale des turbines fournie pendant 1580 heures, soit 18% du temps. La surface de retenue est de l’ordre de 500 hectares. Cette faible utilisation vient du débit moyen du Verdon relativement modeste mais aussi de l’utilisation d’une partie de la réserve d’eau (149 millions de m3) à des fins d’irrigation et de fourniture d’eau potable. L’installation d’une station de pompage alimentée par l’énergie solaire ou éolienne permettrait d’augmenter la production d’énergie électrique sans modifier les volumes d’eau distribuée pour les autres besoins. En effet on recycle exclusivement l’eau qui a été turbinée dans la centrale. On remarque également qu’une autre retenue, celle de Chaudanne, est très proche de l’aval du barrage et autorise donc un pompage depuis la partie nord du réservoir de celle-ci vers celui de Castillon avec un dénivelé d’une centaine de mètres.

 Dans une première approche, on propose d’étudier un système de pompage qui permettrait d’augmenter notablement (de 40% environ) la production annuelle d’électricité de l’usine hydraulique.

 

Les données précédentes permettent de fixer la puissance installée des pompes et l’énergie de pompage dépensée sur un an, soit respectivement 25MW et 35 millions de kWh.

On pourrait d’abord imaginer l’utilisation de deux énergies renouvelables : ceci devrait permettre d’améliorer l’efficacité globale du système, les périodes d’ensoleillement et de vent n’étant pas toujours simultanées.

L’avantage de l’éolien sur le photovoltaïque est que le premier est moins cher que le second à l’investissement. Par contre l’installation de d’une dizaine de pylônes en limite d’un parc naturel risque de se heurter à des obstacles environnementaux importants. Tout en remarquant qu’un telle solution pourrait être réalisable sur un autre site, nous avons préféré envisager à Castillon une solution purement photovoltaïque avec installation des panneaux sur des flotteurs occupant une partie de la zone sud de la retenue. Cette partie du lac est choisie car elle est interdite à la navigation et aux activités touristiques et ne devrait pas nuire à la faune, à condition de prendre certaines précautions dans le choix des emplacements des panneaux sur flotteurs, ceux-ci étant haubanés en plusieurs points du rivage.

On suppose donc une installation photovoltaïque de 25 MW crête, qui fournira environ 35 millions de kWh. La surface des panneaux représente 250 000 m², soit 30 ha d’occupation. On propose d’installer ces panneaux sur des flotteurs utilisant la partie du plan d’eau située près du barrage. La surface de la retenue  qui pourrait être éventuellement utilisée (après retrait de toute la partie sud-ouest et une bande de 40 m environ au nord du barrage représente environ 69 ha).  Il est raisonnable  de ne retenir qu’au maximum 40 à 50 ha permettant l’installation de 25 ha de panneaux. Ceci devrait permettre de maintenir dans la partie centrale un chenal libre (Voir la carte jointe).

Une différence importante entre le pompage « type Grandmaison » et celui proposé ici réside dans le fait que les pompes activées par les énergies renouvelables doivent être disponibles à chaque instant et donc être différentes des turbines existantes. Il en est de même, bien sûr, des tuyaux amenant l’eau de bas en  haut. Cette disposition entraîne un surcoût d’investissement mais elle est inévitable si l’on veut augmenter notablement la production électrique. Il peut y avoir, dans certains cas, fonctionnement simultané du pompage et de la production hydroélectrique.

 

IV/ Dimensionnement de l’installation de pompage.

En l’absence de données et d’études plus précises on admettra une puissance installée de pompage égale à la moitié de celle des turbines soit 25 MW (correspondant à 35 millions de kWh par an). Ces pompes qui pourraient être au nombre de six à huit avec une mise en service séquencée selon l’ensoleillement pourraient être situées à l’extrémité nord de la retenue de Chaudanne à l’emplacement actuel d’une petite station de pompage. La longueur des tuyaux de pompage sera alors de 1500 m environ.

 Ainsi on utilise en permanence toute la puissance fournie par les sources photovoltaïques. Il reste à étudier si le système d’alimentation directe en courant continu, utilisé sur les petites installations de pompage (limitées actuellement à une centaine de kW) peuvent être appliquées pour les puissances envisagées. Ce serait bien sûr la disposition la plus simple présentant le meilleur rendement. Si ce n’est pas possible, il faudrait avoir recours au système classique d’onduleur pour travailler en courant alternatif.

On remarquera que le fonctionnement de la centrale actuelle ne serait en aucune façon modifiée : elle produirait simplement plus souvent de l’électricité.

Nous pensons qu’une étude plus détaillée à partir des données journalières moyennes suivantes : débit annuel moyen du Verdon en aval de la retenue, monotone d’appel de courant dans la Région, niveaux de la retenue imposés notamment en période estivale et niveaux d’ensoleillement aux alentours du barrage, permettrait d’affiner la puissance installée optimale de l’installation photovoltaïque.

 

V/ Coûts approximatifs.

On peut déjà donner un ordre de grandeur des coûts des sources d’énergie renouvelables en supposant une puissance installée de 25 MW.

Panneaux photovoltaïques : On compte 3€ / Wc c’est-à-dire 300 € / m².

Coûts des panneaux : 75 M€  qu’il faut augmenter de 20% environ pour le coût des flotteurs, soit 90 M€.

A cela, il faut ajouter le prix des pompes et les installations hydrauliques et électriques qui devrait presque doubler le prix total.

L’investissement global se situe dans un ordre de grandeur de 150 à 200 M€.

 

N.B. Une telle installation peut être installée par étapes, en commençant par exemple avec un tiers ou la moitié de la puissance photovoltaïque et de même pour les pompes. On limite ainsi l’investissement de départ et on teste en vraie grandeur le dispositif. Cela aurait l’intérêt d’étudier les processus tels que marnage du niveau du lac, influence du débit renvoyé par les pompes sur la faune et la flore du lac, etc. 

 

Conclusion.

Cet investissement, certes important, se situe un facteur trois au dessus du nucléaire par kW installé mais les coûts de fonctionnement et de désinstallation sont très faibles.

Surtout, le gros avantage est de produire 1,4 fois plus de kWh hydrauliques – toujours plus chers que les kWh de base - sans reconstruire de barrage ! On augmente également une production électrique locale ne nécessitant pas de construire de nouvelles lignes haute tension dans une région fortement dépendante des apports énergétiques extérieurs. On notera que pour les alimentations en eau en aval du barrage, la situation avec un tel dispositif sera strictement la même qu’auparavant car les kWh supplémentaires utilisent de l’eau recyclée, ainsi le débit sortant de la retenue basse est globalement invariant. Il n’y a donc pas d’impact sur le tourisme dans les gorges du Verdon et le fonctionnement de la Centrale de Sainte Croix.

Nous avons signalé au passage les études techniques minimales qui resteraient à effectuer ainsi que des études d’impact pour arriver à une vraie étude de faisabilité.

 

Alain Leridon

 

 

 

Partager cet article
Repost0
7 mars 2012 3 07 /03 /mars /2012 08:23

 

methane.jpg

 

L'augmentation du prix des hydrocarbures, depuis trois décennies, est à l'origine du ralentissement généralisé de la croissance. Comment lutter contre la raréfaction annoncée de ce qui a constitué le carburant du moteur de la croissance au XXéme siècle?

Pour trouver des solutions pour sortir de la crise, les experts débattent. Deux modèles émergent de ces discussions : le modèle de l'austérité et de la rigueur, imposé par le couple Sarkozy et Merkel et le modèle néo-keynésien de la relance par le soutien à la croissance.

Mais ces deux modèles exigent une croissance qui se fait attendre et qui semble ne plus jamais revenir. Beaucoup estiment que la seule voie possible pour la retrouver serait le modèle allemand d'une stratégie commerciale et industrielle tournée résolument vers l'exportation.

Si cette voie ne doit pas être écartée, ce serait une erreur de ne croire qu'en elle. La France  n'est pas l'Allemagne actuelle mais plutôt le Japon d'aujourd'hui. Et il n'y a pas d'avenir pour ceux qui se contente de copier les réussites du présent : il faut dix ans pour relancer une politique. Dans dix ans, le monde sera bien différent.

Proposons autre chose. Plutôt que de se focaliser uniquement sur la capacité d'exportation française, travaillons sur nos importations. La France dépense plus de 50 milliards par an en achat d'hydrocarbure. Cette dépense va augmenter fortement dans les années à venir. Les pays qui réussiront demain seront ceux qui vont être capable de diminuer fortement cette dépendance.

Or, il existe une technologie de l'avenir pour cela : la méthanisation des hydrocarbures. De quoi s'agit-il? Utilisons le méthane, le plus simple des hydrocarbures, pour remplacer notre pétrole et notre gaz. Mais utilisons du méthane produit de manière artificielle. Ainsi, sans changer de manière drastique nos infrastructures (le méthane utilise celles du gaz dit "naturel" et il suffit d'équiper nos véhicules pour "rouler au gaz"), on pourra, à terme, se passer de ressources fossiles qui vont devenir ruineuses.

La technologie la plus prometteuse pour produire artificiellement du méthane est celle de la méthanation, inventée au début du XXéme siècle par le français Paul Sabatier, prix Nobel de chimie. 

L'opération se fait en deux temps: d'abord par électrolyse de l'eau, on produit de l'hydrogène, ensuite, celui-ci, mis en présence de gaz carbonique, se transforme en méthane avec un dégagement de chaleur de 350°C.

On peut donc parfaitement imaginer,  des petites usines qui produiraient à la fois de la chaleur et du méthane. La chaleur sera utilisée soit dans des réseaux de chaleur collectifs, soit dans des processus industriels externes, soit pour produire de l'électricité. 

Le méthane produit sera stocké pour être utilisé comme gaz naturel (chauffage, cuisson, carburant pour les véhicules).

Pour réaliser la méthanation, il faut de l'énergie électrique. On utilisera, pour cela, les surplus intermittents de production, en particulier ceux de l'éolien, mais aussi ... les surplus des centrales nucléaires dans les périodes de creux de consommation.

Cette stratégie possède un inconvénient majeur : l'importante perte de rendement de la méthanation évalué à 30%. Mais il faut le relativiser dans la mesure où l'énergie utilisée sera du surplus nucléaire ou éolien.

La stratégie de méthanisation a, par contre, de nombreux avantages. Elle permettra de régler le reproche récurrent de l'intermittence des énergies renouvelables. Possèdant un parc nucléaire important, la France, dans les différents scénarios de transition énergétique, n'a pas de problèmes de productions électriques. Elle ne sait que faire des surplus de production.

La méthanation va lui permettre à la fois de régler ce problème et de produire elle-même une partie des hydrocarbures dont elle est fortement dépendante. Elle va donc réduire ses importations et améliorer sa balance commerciale. De plus, la construction des unités de méthanation va être fortement productrice d'emplois.

 

Que démontre l'exemple de la méthanation? D'abord que les différents experts qui s'expriment et cherchent des solutions à la crise ne peuvent se contenter de schémas immuables (moins d'Etat, davantage de relance, ...). Ils doivent chercher les solutions d'avenir. Or, celles-ci ne pourront faire l'économie de la transition énergétique et de la crise environnementale.

Ensuite, cela montre que nous nous trompons sur le modèle allemand. Ce qui fait sa force, n'est pas l'austérité généralisée mais plutôt la capacité d'anticipation. Car si c'est un français qui a inventé la méthanation, c'est l'Allemagne qui, la première, a relancé la recherche et l'innovation dans ce domaine.

Partager cet article
Repost0
19 février 2012 7 19 /02 /février /2012 17:39

solaire-copie-1.jpg

 

Dans les articles précédents, nous avions pointé les facteurs de réussite et les obstacles que rencontre le scénario Négawatt. Nous avons détaillé un mécanisme précis permettant à la fois de financer sa mise en oeuvre et de favoriser les changements de comportement nécessaires. Il nous faut maintenant commenter et expliquer les mécanismes que nous avons décrit.

(les numéros en début de paragraphe renvoient aux numéros de l'article précédent)

(*1)-La tarification progressive (pour le gaz, l'électricité, le fuel)  présente l'avantage de sa facilité d'installation : il suffit de légiférer. Elle peut permettre de sortir "par le haut" d'un système de prix fixé par l'Etat, unique en Europe. Il s'agit en effet d'une exception française qui n'est pas tenable à long terme. Seul inconvénient : la réduction des coûteux abonnements est nécessaire. Or, les fournisseurs n'y ont pas intérêt: il faudra donc "lisser" ces abonnements sur l'ensemble des consommations.


(*2)-La désignation d'un niveau "médian" en tenant compte des situations particulières (mix énergétique, nombre de personnes concerné) peut constituer un véritable casse-tête. Il faudra être vigilant sur les arbitrages nécessaires de façon à éviter deux écueils : des règles ultra-simples qui se révéleraient injustes, et, au contraire, des grilles compliquées, véritables "usines à gaz", au prétexte de chercher à coller à toutes les situations particulières. Pour éviter les effets de seuils, les contributions incitatives demandées devront être proportionnelles aux consommations énergétiques.


(*3)-Bloquer pendant 10 ans, les contributions seront rendues à terme au contributeur. C'est l'application d'un principe fondamental de l'innovation fiscale que nous proposons : l'auto-contribution. Contrairement à la fiscalité traditionnelle, l'argent récolté ne rentre pas dans les caisses de l'Etat mais sera rendu au contribuable selon certaines conditions. On peut envisager que cette restitution soit variable selon la catégorie fiscale du contribuable : si celui-ci fait partie des plus aisés, il pourrait ne pas la toucher, sa contribution alimentant un fond à destination des ménages en situation de précarité énergétique.

 

(*4)-Le blocage sous la forme d'obligations de la contribution va constituer une "pompe" pour "amorcer" les investissements nécessaires à la mise en place des ENR. La récupération de cette manne va être un puissant facteur de motivation pour les grandes entreprises énergétiques : elles voudront les récupérer et devront donc investir dans les ENR pour cela et donc entamer vigoureusement leur sortie du nucléaire.

 

(*5)-Cette manne financière, rendue au contribuable qui veut améliorer son efficacité énergétique, va remplacer toutes les niches fiscales mises en place ces dernières années qui ont montré bien des effets pervers. Plusieurs mécanismes de redistribution sont possibles : rendre l'argent donné par le contributeur ou des mécanismes plus précis d'auto-régulation.

 

(*6)-En choisissant son fournisseur d'énergie en tenant compte de tarifs variables selon la proportion d'ENR, le client va pousser les entreprises vendant de l'énergie à changer de stratégies et à développer rapidement la proportion de renouvelables.

 

(*7)-Les fournisseurs d'énergie comme les clients et contributeurs sont incités financièrement à faire des choix en faveur de la sobriété et de l'efficacité énergétique. Cependant, la liberté de chacun de ces acteurs est respectée. Ils devront seulement assumer financièrement ces choix dans un contexte d'augmentation continue et connue des contributions incitatives.

 

(*8)-Le financement de la précarité énergétique (les factures et l'amélioration de l'isolation et de l'équipement ) est assuré par les plus dépensiers. D'une certaine manière, il s'agit donc d'une mesure de justice sociale, d'un mécanisme redistributif innovant.

Il est important que cette partie dispose d'un mécanisme d'auto-régulation pour éviter un déficit du financement de la précarité que la contribution demandée ne suffirait pas à combler.

 

(*9)-Il s'agit d'une mesure d'anticipation : le démantèlement des centrales nucléaires va être coûteux. Il faudra donc abonder un fond permettant son financement.

 

(*10)-Contrairement à la première contribution, payée par le consommateur (ménage ou entreprise), cette deuxième contribution sera payée par le propriétaire des lieux.

 

(*11)-L'augmentation continue de la contribution va mettre le contributeur devant des choix qu'on espère rationnels: plus il attend, plus le coût cumulé de ses contributions va augmenter. Il vaut donc ne pas attendre pour agir. A chacun, en fonction de sa situation particulière, de trouver la bonne solution et le bon moment pour revoir l'efficacité énergétique de son bien.

 

(*12)-Le triple niveau des tarifs, la proportionnalité des contributions, son inexorable augmentation vont constituer de puissants leviers pour faire évoluer les habitudes d'"ébriété" énergétiques et favoriser le développement de la sobriété des consommateurs.

 

Ces précisions permettent d'éclairer les mécanismes du financement du scénario Négawatt que nous proposons. Toutes les remarques et critiques formulées par les lecteurs vont favoriser l'amélioration du système proposé. Elles sont donc bienvenues.


Partager cet article
Repost0
15 février 2012 3 15 /02 /février /2012 15:33

scenarionegawatt.jpg

 

Dans deux articles précédents, nous avions préciser les obstacles qui s'opposent au scénario Négawatt après avoir pointer les facteurs de réussite nécessaires à la réussite de cette transition énergétique.  Nous voulons maintenant décrire de manière précise un système efficace de politiques publiques qui permette à la fois de financer la transformation Négawatt tout en  persuadant les ménages et les entreprises de modifier leurs pratiques énergétiques.

Cet article sera donc purement descriptif. Nous renvoyons le lecteur aux deux articles précédents ci-dessus et à l'article  explicatif  suivant (les numéros avec astérisques dans le texte renvoie aux paragraphes de ce dernier article). Ce parti pris rédactionnel permet de décrire, avec précision, un système fiscal  relativement complexe mais qui n'a rien de compliqué dans ses applications. Celui-ci s'articule autour de deux contributions incitatives différentes. On va exclure de cet article les usages liés à la mobilité où les enjeux sont particuliers.

 

1-Une contribution incitative sur l'énergie:

Cette contribution s'applique à toutes les énergies : fuel, gaz, électricité. Sur ces différents vecteurs secondaires s'appliquent un système de tarification progressive.

Celui-ci comporte trois niveaux de tarification:

-niveau 1: le minimum de consommation correspondant aux usages de première nécessité . Par exemple, pour l'électricité, ce minimum contient l'éclairage, la production de froid et quelques usages spécifiques d'appareils nécessaires (un ordinateur portable, recharge d'appareils portables, ...).  Les fournisseurs seront obligés, par la loi, de supprimer les abonnements coûteux qui rendent les premiers kilowatts les plus chers.(*1)

-niveau 2: le niveau médian correspondant à un usage relativement sobre de la source d'énergie considéré.

-niveau 3: le niveau élevé se situe au-dessus d'un seuil où l'énergie est utilisé sans discernement, pour les usages les moins essentiels.

Bien entendu, les seuils entre ces trois niveaux vont tenir compte de la situation particulière du contributeur qu'il s'agisse d'un ménage ou d'une entreprise.(*2)

Ce qui distingue ces trois niveaux, c'est l'importance et la nature de la contribution demandée.

-niveau 1: aucune contribution, ce niveau permet aux familles modestes de continuer à bénéficier d'une énergie de base à un prix accessible. 

-niveau 2: une contribution incitative énergétique est demandée. Son produit est rendu systématiquement à celui qui la paie de la manière suivante:

-sous la forme d'obligations, bloquée pendant 10 ans, permettant d'investir dans des entreprises développant les énergies renouvelables. Le contributeur choisissant lui-même ces entreprises mais ne peut toucher à l'argent pendant cette décennie.(*3)(*4)

-en totalité, en une seule fois, si ce contributeur en a besoin pour financer des travaux dans son habitation (pour un ménage) ou ses locaux (pour une entreprise), travaux portant sur l'efficacité énergétique (isolation, système de chauffage, production d'énergie ...).(*5)

Cette contribution est proportionnelle au pourcentage d'énergies non renouvelables présent dans l'offre de son fournisseur. Elle est aussi proportionnelle à la quantité d'énergie consommée.(*6)(*7)

Au bout de 10 ans d'immobilisation, l'argent est rendu en totalité au contributeur, mais une partie est prélevée pour payer la gestion de ce système fiscal. 

-niveau 3: la contribution demandée est beaucoup plus forte proportionnellement. Elle ne sera pas rendue à celui qui va la payer. Elle aura un double usage:

-une partie (50%?) servira à financer la précarité énergétique qui touche plus de 8 millions de Français : participer au paiement de leurs factures d'énergie mais aussi débourser l'argent nécessaire  aux travaux d'isolation de leur logement qu'ils ne pourront jamais financer eux-mêmes.(*8)

-une autre partie sera installé sur un fond dédié au financement du démantèlement des centrales nucléaires. (*9)

 

Cette contribution énergie sera très faible au début mais elle va évoluer en augmentant au fil des années. (*12) Sa progression sera strictement encadrée par la loi et sera prévue sur le long terme (jusqu'en 2050?).

 

2-Une contribution incitative sur le logement:

Cette contribution sera adossée à la taxe d'habitation. (*10) Elle va dépendre du diagnostic énergétique, rendu obligatoire pour tous les locaux, et sera proportionnelle à la consommation énergétique. Un pavillon des années 70 consommant 300 kWhep/m3.an va payer une contribution cinq fois supérieure à un logement actuel à 60 kWhep/m3.an. 

Là encore, la contribution demandée restera modeste : de l'ordre du 10 euros par mois dans le premier cas, de 2 euros dans le second cas. Mais là aussi, son augmentation sera inexorable et parfaitement lisible par une loi-cadre qui en fixera l'évolution.

De la même manière que pour la contribution sur l'énergie, le produit fiscal va revenir en totalité dans la poche du contribuable avec le même système : achat d'obligations bloqués destinés aux entreprises investissant dans le renouvelable, récupération pour les travaux nécessaires. Payée par le propriétaire, celui-ci va devoir faire des choix judicieux si il ne veut pas perdre de l'argent.

En effet, contrairement à la première contribution, le propriétaire ne pourra récupérer son argent que pour investir dans le bien-être énergétique de son patrimoine. (*11)

Conclusion: le système proposé favorise le découplage par les acteurs (ménages et entreprises) par rapport au système énergétique actuel, issu du monde d'abondance et de gaspillage du XXIéme siècle. Pédagogique, il fournit les moyens à chacun de s'emparer de la transition énergétique et d'en devenir acteur à son propre profit. Il permet aussi de "travailler" la transition négawatt dans ses trois axes : la sobriété, l'efficacité et les renouvelables. 

Partager cet article
Repost0
12 février 2012 7 12 /02 /février /2012 08:19

 

manifesteNegawatt.jpg

 

Si il y a un seul ouvrage, à lire bien au chaud cet hiver, c'est celui-là : le manifeste négawatt, réussir la transition énergétique, publié chez Actes Sud. Ce livre reprend le scénario du célèbre Think tank artisanal, mais l'enrichit considérablement. Tenant compte des critiques qui leur ont été faites, les auteurs se préoccupent maintenant de chercher des solutions opérationnelles et concrètes, qui faciliteront le déroulement du scénario qu'ils ont imaginé.  Malgré ces progrès, c'est dans ce domaine que le livre montre encore quelques faiblesses. Faisons l'inventaire des enjeux politiques qui peuvent contrarier la démarche Négawatt.

 

1-En attendant le démarrage du scénario Négawatt:

Les auteurs l'affirment : pour que le scénario fonctionne, il faut prendre rapidement des décisions courageuses et indépendantes des lobby et des conservatismes. Il faut ensuite continuer pendant quarante ans ces efforts de manière à se trouver, en 2050, dans une fin de scénario réussie, un "happy end" où la France disposera d'une indépendance énergétique totale.

Occupons-nous seulement aujourd'hui du démarrage du scénario. Pour que celui-ci commence, il faudrait que ces premières décisions audacieuses soient prises après l'élection présidentielle.

Convenons, sans aucun pessimisme, que les deux outsiders actuels ne semblent pas avoir clairement les convictions et la volonté de le mettre en place.

Croire au scénario nécessite donc une bonne et indispensable dose d'optimisme. On peut parfois aussi espérer que l'aggravation des crises économiques et écologiques poussent  nos dirigeants à chercher d'autres alternatives à nos problèmes.

Mais en attendant, on ne peut que patienter et agir en tentant d'abord à convaincre l'opinion. En cherchant aussi à peaufiner le scénario. Reprenons, pour cela, les trois éléments du triptyque  Négawatt.

 

2-Le difficile enjeu de la sobriété:

C'est une idée forte du scénario: le faible prix de l'énergie a mis les Français en situation d'"ébriété énergétique", nous ne savons pas l'économiser. Le premier axe, sur lequel nous devons travailler, est donc celui des changements de comportements.

La difficulté de cet objectif n'est pas financier : on se doute bien que ce n'est pas des massives campagnes de sensibilisation qui vont résoudre le problème. Cette difficulté est ... anthropologique !

Il faut changer rapidement les mentalités et les comportements. Rien n'est plus difficile: les historiens et les sociologues le savent bien. Une fois les habitudes et les convictions ancrés chez un individu, il devient très difficile de les faire évoluer. 

C'est d'autant plus vrai pour l'énergie que celle-ci affecte  l'habitat, un domaine qui touche à la fois à l'intime de chacun mais aussi à ... son portefeuille! Changer ses habitudes, cela veut dire changer de mode de vie, d'organisation de son existence, il s'agit donc bien d'une rupture difficile à négocier.

On peut espérer que l'éducation au développement durable puisse permettre de diffuser la conviction du changement. La circulaire, écrite par Jean-Paul De Gaudemar, qui organise son enseignement date seulement de 2004. Les premiers élèves qui en ont bénéficié sortent à peine du système éducatif. Et le premier président de la République, qui aura profité de cette démarche éducative, arrivera au pouvoir vers ... 2050 ! 

Malgré les apparences, la sobriété est bien l'enjeu le plus difficile à réussir. On ne  pourra y arriver que par une démarche pédagogique originale, qu'il reste à préciser, et dont nous reparlerons.

 

3-La contrainte financière, frein à l'efficacité énergétique:

Isoler correctement les logements actuels coûterait environ 500 milliards. C'est peu si on étale cette gigantesque somme sur quarante ans, c'est beaucoup pour un pays dont l'Etat a déjà une dette de 1700 milliards.

Au niveau des ménages, le constat est le même : changer radicalement la classe énergétique d'une maison des années 70 coûte entre 30 000 et 80 000 euros selon la maison et le degré d'exigences énergétiques que l'on se donne (si on fait les travaux soi-même, cela revient bien entendu beaucoup moins cher). 

C'est une somme raisonnable si on la rembourse sur plusieurs décennies. Mais le niveau très élevé des prix de l'immobilier a rendu les accédants à la propriété très endettés. Ils ne pourront pas forcément dépenser davantage.  

L'augmentation  des coûts de l'énergie peut  emporter la conviction des indécis mais, en étranglant financièrement les ménages fragiles, il risque fort de leur interdire l'espoir d'isoler correctement leur habitation. Les enjeux sociaux, ceux du mal-logement principalement, sont déterminants sur de cette question.

Il faut donc imaginer des démarches, qui encadrent et facilitent à la fois, la transition vers l'efficacité énergétique. Cela passera par un mélange de coercition et d'incitation, par une utilisation raisonnée d'une fiscalité renouvelée. On voit bien ici l'importance des dispositifs fiscaux que l'on mettra en oeuvre pour cela.

 

4-Les freins industriels à l'émergence des renouvelables:

Finalement, le plus simple à mettre en oeuvre des trois axes de travail du scénario Négawatt est celui de l'instauration des renouvelables. Les technologies sont au rendez-vous. Le prix du kwh est en train de baisser au point de concurrencer le nucléaire.

Rien ne s'oppose plus à leur domination, à moyen terme, ... en Europe ! Pour la France, le lobby nucléaire est très puissant. Le poids cumulé d'EDF, d'Areva et du corps des Mines pèse lourd dans l'opinion. Le lobby est puissant, la culture colbertiste française n'arrange rien : on se méfie des initiatives individuelles et on trouve rassurant un système centralisé comme celui de l'industrie nucléaire.

Si on veut avancer, il faudra bien faire avec  cette puissance. On peut s'opposer frontalement à ce lobby, au risque de jeter le pot de terre contre le pot de fer. On peut préférer trouver des solutions qui permettent d'utiliser la formidable "force de frappe" de cette industrie pour avancer. Préférer l'Aikïdo à la boxe, faire profit de la force de l'adversaire pour avancer plutôt que de s'opposer frontalement à lui.

Il nous faut trouver des stratégies qui ne mettent pas hors-jeu le lobby nucléaire pour ne pas s'épuiser dans un combat national où le scénario Négawatt pourrait se perdre. Paradoxalement, le scénario doit redonner une place à ses détracteurs, si il veut l'emporter !

 

En conclusion, la réflexion de l'équipe Négawatt doit maintenant porter sur les freins et les obstacles qui se trouvent devant leur scénario. On détaillera, dans de prochains articles, une stratégie qui pourrait permettre de les dépasser. 



Partager cet article
Repost0
27 novembre 2011 7 27 /11 /novembre /2011 17:35

 

argens.jpg

 

En deux ans, l'Argens a débordé deux fois entraînant des dégâts considérables dans la zone industrielle de Fréjus et de Puget-sur-Argens. Ce phénomène est amené à se reproduire ici comme dans de nombreuses zones du sud de la France en raison de l'extension des zones construites et des épisodes climatiques violents liés au réchauffement climatique.

 

Il existe une solution qui peut permettre à la fois de réduire ce risque et de produire de l'électricité.

En amont, le cours de l'Argens est géré  par la retenue du lac de Carcès. Ce n'est donc  pas cette zone qui pose problème. Le problème provient plutôt de la multitude de petites rivières qui se jettent dans l'Argens à partir des massifs des Maures et de l'Esterel. Ces massifs dominent de plusieurs centaines de mètres la plaine de l'Argens, l'eau dévalant des vallons.

Si on installe sur chaque vallon une retenue située à une centaine de mètres d'altitude au-dessus d'un deuxième bassin en aval, avec un système de turbine, permettant de produire de l'électricité et de pomper l'eau pour la faire remonter en cas de surproduction électrique, on dispose alors de l'outil idéal pour limiter les crues.

En cas d'alerte orange, on vide complètement chaque bassin. La retenue d'une partie de l'eau pendant la crue évitera l'inondation.

Le pompage-turbinage n'est pas seulement un des moyens les plus efficaces pour produire de l'électricité renouvelable en période de manque de soleil et de vent, il s'agit aussi d'un outil de prévention des crues.

Partager cet article
Repost0
25 novembre 2011 5 25 /11 /novembre /2011 16:39

 centrale nucléaire-copie-1

 

 Vous avez probablement dans votre entourage, des enseignants. C'est normal, ils sont plus d'un million, il est donc naturel que chacun d'entre nous en connaisse quelques uns. Vous avez aussi probablement dans votre entourage autant de personnes qui travaillent dans le nucléaire. Non ? Inexact ? Pourtant EDF nous dit qu'un million de personnes travaillent dans ce secteur !

   

Dans les médias, ces derniers jours, les chiffres de l'emploi dans l'industrie nucléaire ont fluctué. On a entendu, et lu, 700 000 personnes, puis le PDG d'EDF, Henri Proglio, nous a dit un million, on a avancé aussi le chiffre de 400 000 personnes. Que faut-il comprendre ?

EDF compte dans son million, 500 000 emplois dans l'industrie "gourmande" en énergie. Le raisonnement est le suivant : si on sort du nucléaire, l'énergie devient trop cher, ces entreprises vont se délocaliser. Ce raisonnement est très discutable : d'abord, il est parfaitement contestable que l'énergie nucléaire soit moins chère à l'avenir. Ensuite, le faible coût du kilowatt français est une exception typiquement hexagonale, presque partout ailleurs, l'énergie est plus chère. Pourquoi les industries partiraient pour retrouver les mêmes tarifs ailleurs ?

Ensuite, EDF compte 100 000 emplois que la filière nucléaire espère créer à l'avenir en se développant : EDF rend responsable par avance les anti-nucléaires d'emplois qui n'existent pas encore !

Reste 400000 emplois mais ceux-ci comprennent les emplois directs, lesemplois indirects (sous traitant, entreprise à l'activité associée) et les emplois induits (les commerces et activités de service pour la population travaillant dans le secteur). En réalité, la filière n'emploie directement que moins de 150 000 personnes en comptant la recherche, le traitement et le stockage (qui resteront quoi qu'il arrive !) et probablement les emplois liées à la défense nucléaire.

On mesure la vaste fumisterie que représente ce chiffre d'un million. Plus sérieusement, regardons les emplois perdus par la fermeture d'une centrale. Prenons l'exemple de Gravelines. Avec ses 4 réacteurs, il s'agit de 1600 emplois, soit 400 par réacteur ! Or la France dispose de 59 réacteurs réparties dans 19 centrales. L'accord PS-verts prévoit la fermeture de 24 réacteurs d'ici 2025, soit la perte directe de ... 10000 emplois en 13 ans !

On est loin du catastrophisme des pro-nucléaires. Les 408 térawattheures produites par le Nucléaire représente un ratio de 60 emplois par térawattheure, si on ne compte que l'entretien des centrales.

 

Tournons-nous maintenant vers les énergies renouvelables. L'Allemagne emploie, en 2010, plus de 350 000 emplois dans les ENR. Un quart seulement de ces emplois sont pérennes car ils correspondent aux opérations d'entretien et de maintenance ; le reste des emplois provient de l'installation de nouvelles centrales solaires, éoliens ou au biogaz. Mais la filière ENR allemande produit plus de 100 térawattheures par an. Le ratio des ENR est donc de 700 emplois par térawattheure, en ne comptant que les emplois stables de maintenance et de gestion des centrales. 

On peut donc dire que le secteur des ENR représente douze fois plus d'emplois que le nucléaire. Et cela sans compter tous les emplois que va créer la filière pour voir monter en puissance les ENR avec toutes ces éoliennes et ces centrales solaires et au gaz qu'il va falloir construire.

Tous le discours autour du nucléaire, industrie de l'avenir et de l'emploi s'écroule devant l'évidence : les énergies renouvelables ont des avantages indéniables pour lutter contre le chomâge. En ces temps de crise, il faut seulement trouver la méthode qui va permettre de financer leur développement.

 


 

 Merci à Olivier pour ses informations qui m'ont permis d'écrire cet article.

Partager cet article
Repost0
6 novembre 2011 7 06 /11 /novembre /2011 08:12

 

windsurf1.jpg

 

Dans la situation de crise dans laquel nous sommes plongés, de nombreuses copropriétés ont de plus en plus de mal à recueillir les charges nécessaires pour payer des frais qui ne font qu'augmenter. De nombreux copropriétaires sont en difficultés financière et ont du mal à payer des frais qui ne sont pas prioritaires pour eux.

Les copropriétés sont donc à la recherche de sources annexes de revenus qui leur permettent de boucler leur budget. Quand la situation de l'immeuble permet une visibilité intéressante (devant une autoroute par exemple),  on accepte l'installation de panneaux publicitaires. Certaines copropriétés acceptent aussi l'installation d'antenne-relais pour la téléphonie mobile, ce qui leur rapporte environ 9000 euros annuellement mais pose de graves problèmes de santé publique pour les occupants de l'immeuble et le voisinage.

Il existe alors une autre possibilité qui est amener à se développer: c'est l'installation de sources de production d'électricité sous forme d'énergies renouvelables.

Passons rapidement sur le photovoltaïque car la surface de toits, certes conséquentes, n'est finalement pas très élevé par rapport au nombre d'occupants.

Le petit éolien est davantage intéressant car les copropriétés disposent de toits en hauteur susceptibles de les accueillir. Quand on parle de petit éolien, on pense naturellement à des éoliennes à axe horizontale comme les grandes éoliennes. Il est préférable d'utiliser des éoliennes à axe verticales, elles sont silencieuses, tournent plus lentement et captent le moindre souffle de vent.

Un autre avantage du petit éolien installé sur les immeubles, c'est l'utilisation de l'effet venturi. De quoi s'agit-il? On sait qu'un vent, passant dans un passage reserré (entre deux montagnes par exemple), accélère de manière importante comme peut le constater un randonneur atteignant un col en montagne.

Dans un environnement urbain dense, il existe donc des situations particulières où le vent est plus important. Par exemple, sur le toit d'un immeuble plus petit que ces deux voisins. Cet effet venturi permet d'utiliser non seulment les toits mais aussi certains murs aveugles correctement exposés sur lesquels on pourrait installer des éoliennes sous forme de colonnes captant l'accélération du vent dominant sur son passage. L'entreprise américaine Windspire est celle qui a été le plus loin dans la promotion de ce concept promis à un bel avenir. Les rares entreprises françaises qui se sont lancés dans ce secteur ont mis la clé sous la porte à cause d'une réglementation qui condamnait leur activité.

 

windsurf2.jpg

Certes, les esprits chagrins auront beau jeu de nous dire que le petit éolien n'est pas assez rentable et aussi efficace que d'autres moyens de productions électriques. Comme si un produit innovant et encore peu diffusé pouvait être jugé avec les prix actuels alors qu'il faut envisager ce qu'il deviendra quand il sera vendu en masse à un prix beaucoup moins élevé.

Il faut surtout dire que la France a pris un énorme retard dans ce domaine. Elle se prive ainsi d'une source de revenus important. Elle prive surtout les copropriétés d'un revenu,  socialement important pour ses habitants.

Conclusion: l'élection présidentielle, en France, est l'occasion, dans un contexte de crise, de chercher de nouvelles solutions sociales et économiques à nos problèmes. Il faut trouver des solutions qui ne préservent pas uniquement les intérêts des grands groupes multinationaux. Favoriser le petit éolien est un moyen simple de développer l'économie locale et de trouver de nouvelles ressources pour les citoyens qui sont, bien souvent, des copropriétaires. 

Partager cet article
Repost0