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Twitter : @Rcoutouly

Il faut demander plus à l'impôt

et moins aux contribuables

 

Alphonse Allais

 

Outil fiscal

Les contributions incitatives sont des micro-taxes payées sur les activités polluantes. L'argent récolté permet aux plus démunies d'investir dans les transitions écologiques et énergétiques. 

Vidéos

 
Un résumé de la pensée de l'auteur sur la crise écologique 
11 mai 2013 6 11 /05 /mai /2013 06:59

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Nous n'en sommes pas conscients mais, avec Cécile Duflot, au ministère du logement et de l'égalité des chances, nous disposons enfin d'un pilote capable de changer l'urbanisme en France. Elle est, en effet, urbanisme de formation et possède une conscience aiguisée des enjeux de la ville de demain.

 

Elle est parfaitement convaincue de la nécessité de densifier nos villes et de réduire le poids des normes, les deux plaies de l'urbanisme à la française que nous payons tous les jours.  Nous sommes en effet obligés de prendre nos voitures pour aller acheter une baguette de pain, à cause d'un étalement urbain qui confine à l'absurde. Nous payons des mensualités ou des loyers énormes pour rembourser nos logements: le prix moyen du mètre carré est de 3700 euros en France, il est de 1250 euros en Allemagne. Alors que la bulle immobilière se dégonfle en Espagne ou en Italie, la France voit la poursuite ralentie de l'ascension des prix.

Cette situation est intenable à terme: Cécile Duflot a pour objectif la construction de 500000 logements par an et la rénovation de 500000 autres logements. Nous arrivons péniblement à en construire entre 400000 et 300000.

Or, il faut loger 300000 nouveaux ménages chaque année, conséquence de notre belle santé démographique française, où nous faisons davantage d'enfants que dans les autres pays. Et on estime le déficit de logements à prés d'un million. La pression immobilière qui fait monter les prix, le manque de terrains et les surcoûts liés à des normes très contraignantes expliquent ces problèmes.

La seule solution est donc la densification de l'existant. Mais cette idée reste très impopulaire: la densification est perçue comme un problème. On y accole le terme d'entassement urbain. On y voit le contraire de la tranquillité et du bien-être que nous associons à nos lieux de vie. 

Ces représentations négatives doivent être combattues: densifier nos lieux de vie, c'est la possibilité de se déplacer plus facilement grâce à des réseaux de transport plus présents, c'est accroître la densité de commerce et favoriser le vivre ensemble grâce à des espaces publics de qualité. Bien entendu, cela suppose aussi que nous arrêtons d'avoir toujours deux ou trois voitures particulières par ménage. Combattre les normes inutiles est alors indispensable: imposer deux ou trois parkings pour un logement ou une taille minimale pour un terrain sont des règles qui font perdurer ce principe de l'étalement urbain qui arrangent certains maires, plus soucieux de préserver l'entre-soi de leurs administrés que l'intérêt général.

Mais comment allons-nous densifier? D'abord, en réaffectant et en transformant l'existant: la démolition-reconstruction a un coût énorme. Il est préférable de modifier les bâtiments anciens: changer l'affectation d'un bâtiment, faire une rénovation thermique, mêler logement social et privé, installer des espaces verts supplémentaires sur les toits et sur les murs, remettre des espaces publics (terrain de sport, espaces culturels, commerces, ...).

Cela ne suffira pas. Il faudra augmenter la hauteur des bâtiments. Les tours nouvelles resteront des constructions symboliquement fortes mais coûteuses: elles resteront anecdotiques. 

La véritable solution est le rehaussement des bâtiments existants. La France est couverte de petits immeubles construits dans les années 60 et 70, mal isolés et en mauvais état général. Attendre de les démolir et de reconstruire mettra des décennies.

Il est préférable de les rehausser en changeant les lois de l'urbanisme. Il faut rendre chaque copropriété capable de réaliser ce rehaussement et de profiter de la vente des logements nouveaux construits au-dessus des anciens.

Cela est réalisable en utilisant les techniques de l'ossature bois, des structures très légères, qui ne remettront pas en cause la construction existante, tout en disposant de capacités d'isolation thermique excellentes.

Cette stratégie aura l'avantage de procurer aux vieilles co-propropriétés désargentées, des moyens financiers qui vont lui permettre de réaliser les indispensables rénovations que nécessitent les nouvelles exigences thermiques. Cette rénovation sera l'occasion aussi d'installer des espaces verts et des équipements de productions d'énergie. Si on en profite pour installer un système de véhicules partagées (vélib' ou autolib), on diminue la pression du stationnement en faisant diminuer le nombre de voitures particulières.

Le rehaussement d'immeubles permet de cumuler les avantages: il participe à la construction de logements nouveaux et offre les ressources nécessaires pour rénover les anciens. Il améliore aussi la qualité de vie des habitants. Il est utilisable partout et peut donc démultiplier ses effets. Voilà l'outil qui manque à Cécile Duflot: un outil dynamique qui leur permette de se donner les moyens de sa politique.  

Si vous voulez en savoir plus sur cette question, vous pouvez lire le récit imaginaire d'un rehaussement et le compléter par un argumentaire qui répond aux premières réserves que l'on peut faire.

D'autre part, pour réussir à atteindre les enjeux du logement, il faudra des formations de qualité. Il y a fort à faire du côté des référentiels du bâtiment dans l'Education Nationale qui n'ont pas encore complètement intégrés les enjeux de la RT2012 et encore moins les nouveaux enjeux qui apparaissent.

 

source image: ville de Vélizy-Villacoublay

 



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23 décembre 2012 7 23 /12 /décembre /2012 06:54

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Pour la majorité des personnes convaincues par la lutte contre le changement climatique, la rénovation thermique des bâtiments anciens est une priorité absolue. Le président de la République, François Hollande, va dans le même sens: en septembre dernier, il annonçait l'objectif de mettre aux normes énergétiques un million de logements par an.

Mais cet objectif est-il réaliste, est-il réalisable, est-il souhaitable?

On sait déjà que les sommes nécessaires à la réalisation de ce plan sont considérables. Les financements nécessaires n'ont pas été trouvés.

Dans un excellent article, Jean Bruguier démontre les difficultés que nous allons rencontrer pour amortir les lourds investissements nécessaires à la réussite de ces rénovations. Les économies d'énergie auront bien du mal à amortir le coût des rénovations. Il faudra des décennies pour que  ces opérations soient rentables, encore davantage si l'on doit emprunter et rembourser un prêt à l'aide de ces économies.

Cette analyse rend encore plus nécessaire la création d'une fiscalité environnementale qui, progressivement, augmente le prix de l'énergie et dont les recettes sont intégralement utilisées pour financer ces investissements.

 

Dans le sud de la France, où les chauffages sont déclenchés plus tardivement et arrêtés plus tôt, la rentabilité d'une rénovation thermique semble encore plus discutable. Plutôt que de chercher à augmenter fortement l'isolation thermique des logements, n'y aurait-il pas autre chose à faire?

Prenons deux exemples précis pour comprendre.

1-Une vieille maison: une maison des années 30, complètement rénovée à la fin des années 90. Elle a été correctement isolée selon les standards de l'époque. Elle est équipée d'un chauffage central à gaz, avec radiateurs dans toute la maison. Il n'y a pas d'isolation au sol.

La rénovation thermique ne pourra être que partielle ou ... très coûteuse. Une isolation complémentaire du toit où des murs ne règlera pas les remontées du froid par le sol. L'installation d'une isolation du sol réclame un énorme et coûteux chantier qui ne sera jamais amorti.

Il semble préférable alors de travailler à la diminution de la consommation de gaz et de laisser l'isolation en l'état.

Plusieurs pistes sont envisagées:

-changer la chaudière pour une centrale plus économique (à condensation par exemple).

-installer un petit poêle à bois en complément, au centre de la maison, poêle à granulé, équipé d'un thermostat qui sera coordonné pour intervenir avant la chaudière à gaz, qui sera conservé

2-Une école des années 60: Elle est équipée d'une chaudière à gaz. L'architecte a eu l'intelligence de tourner les classes vers le sud: elles sont donc chauffées en partie par le soleil dans la journée. Au nord, on y trouve le couloir qui sert donc de sas thermique. 

Il n'y a aucune isolation : la facture de gaz ruine l'école. La seule solution semble donc être de tout détruire et de tout reconstruire pour un coût considérable pour une école bien conçue et où il fait bon vivre.

Mais à part une isolation du mur nord par l'extérieur, aucune solution thermique n'est satisfaisante.

 

Pour ces deux exemples et pour le contexte particulier d'une courte saison d'hiver en Provence, proposons une autre solution : le complément par capteurs solaires thermiques.

De quoi s'agit-il? On propose de rajouter à un vieux bâtiment utilisant le chauffage central, une installation thermique solaire sur le toit.

Rappelons qu'une centrale thermique solaire a un coût modique : pour quelques milliers d'euros, on achète et on installe 2 mètres carrés de panneaux. Une installation qui permet, par temps ensoleillé, d'élever en une heure l'eau d'un ballon de 200 litres à une température de 80°C.

A partir de cette installation, deux possibilités sont offertes:

-faire serpenter cette eau chaude à l'intérieur d'un circuit particulier, l'amenant dans les parties centrales du bâtiment où il va réchauffer des briques  ayant une forte inertie thermique. Le chauffage central traditionnel restera en l'état et en complément. La consommation de gaz sera fortement diminuée. On n'investit pas dans le chauffage actuel qui reste en l'état mais on rajoute un deuxième apport thermique.

-changer la chaudière pour une centrale plus complexe et plus chère à cogénération qui utilisera alternativement le gaz ou l'eau chaude des capteurs pour chauffer le bâtiment. L'avantage de cette solution sera de ne pas rajouter de circuit et d'utiliser le circuit déjà existant

Pendant les périodes où le chauffage n'est pas nécessaire, la chaleur produite est utilisé par un moteur sterling pour fabriquer de l'électricité qui est revendue. Le thermostat du système permet de choisir d'envoyer l'eau chaude dans le circuit ou de l'utiliser pour produire de l'électricité.

Les centrales à cogénération sont encore très chères. Quand leur prix baissera de manière significative, le chauffe-eau solaire trouvera sa rentabilité dans une approche globale de l'énergie. Le moteur sterling permettra de faciliter cette rentabilité en vendant l'électricité pendant les périodes où le chauffage n'est pas utilisé. 

Bien entendu, cette démarche sera particulièrement cohérente dans le sud de l'Europe, là où l'ensoleillement est maximal et où les hivers sont moins rudes.

 

Conclusion: en Provence et dans le sud de l'Europe, la rénovation thermique des bâtiments n'est pas toujours la bonne solution. Il semble préférable d'utiliser l'ensoleillement exceptionnel de ces régions pour rénover les circuits de chauffage existants.

 

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7 octobre 2012 7 07 /10 /octobre /2012 09:03

 construction-paille.jpg

 

 

La conférence environnementale a permis d'annoncer une accélération des rénovations thermiques de l'habitat ancien. C'est une bonne nouvelle pour la transition énergétique même si des doutes subsistent sur le financement de cette mesure. Mais le développement de cette filière utilise des matériaux qui ne sont pas toujours propres. Comment  éviter que ces rénovations se fassent avec des matériaux polluants fabriqués dans des pays à bas salaire? Comment développer l'usage d'isolants écologiques?

 

Le marché de l'isolation thermique est très important en France et a fortement augmenté depuis 20 ans car 70% du parc immobilier existant ont été construit avant 1975 hors toute réglementation thermique et acoustique. Ce marché est dominé par la laine de verre et -dans une moindre mesure- par la laine de roche.  

Or, le bilan environnemental de ces deux matériaux n'est pas bon. L'énergie grise (la quantité d'énergie nécessaire au cycle de vie du matériau: fabrication, transport, recyclage en fin de vie) est importante. Le bilan carbone n'est pas bon non plus, la confection de ces matériaux émettant du carbone de manière considérable.

De plus, ces matériaux sont fabriqués généralement par des grands groupes industriels qui ont une fâcheuse tendance à délocaliser leurs usines là où les normes sociales et environnementales sont plus favorables à leurs activités.

Il existe, par contre, de nombreux  produits fabriqués localement dont le bilan environnemental est bien meilleur: chanvre, fibre de bois, laine de lin, paille de blé, laine de mouton, isolants issus du recyclage. L'énergie grise utilisée est plus faible et souvent ces produits sont des puits de carbone qui conserve le gaz carbonique à l'intérieur d'un matériau dans lequel il va rester stocker pendant des décennies, ce qui est excellent pour la planète! (*)

Malheureusement, l'écart de prix entre ces isolants écologiques et les isolants industriels les plus courants est très important: Ainsi, la laine de verre coûte environ 10 euros le mètre carré pour 30 à 60 euros pour la majorité des isolants écologiques (à l'exception de la botte de paille, la seule a être concurrencielle en matière de prix).

 

Dans ce contexte, quelle méthode faut-il utiliser pour développer l'usage de ces matériaux?

Il est illusoire de croire que le changement de réglementation puisse jouer un rôle dans ce domaine. Les lobby industriels arriveront à retarder ou supprimer les mesures les plus contraignantes.

La fiscalité environnementale est la seule suceptible de faire évoluer le secteur. Comment s'y prendre? La méthode choisie consiste à utiliser deux taux de TVA différents pour les deux types de matériaux. Les isolants utilisant des matériaux issus du sous-sol (laine de verre ou de roche) ou d'origine synthétique (polystyrène) sont séparés des isolants "naturels" d'origine végétale, animale ou issus du recyclage. Cette séparation a le mérite de la clarté: seul les matériaux utilisant 100% d'isolants d'origine "naturelle" aura un taux réduit.

Les premiers adoptent une TVA plus élevée, les seconds une TVA diminuée. L'écart reste au départ faible (d'un point par exemple: 18,5% et 20,5%). Puis, cet écart augmente d'année en année. L'écart de TVA n'a pas pour objectif d'égaliser les prix entre les différents matériaux, ce qui est impossible, car les isolants écologiques resteront plus coûteux. 

Mais par contre, il aura deux effets:

-l'affichage des deux taux va permettre de donner de la visibilité aux isolants écologiques. Cela va devenir un argument de vente pour des consommateurs qui ne regardent pas uniquement le coût du matériau mais cherchent aussi à adopter des gestes écologiques. Cela va constituer une signature efficace pour guider le consommateur qui reconnaîtera immédiatement les isolants 100% "naturels".

-le différentiel entre les deux taux va dégager des ressources puisque la vente d'isolants polluants sera plus importante que celle des isolants "naturels". Ces ressources financières ne seront pas intégrées au budget de l'Etat. Elles seront attribuées à un fond, régionalisé, géré par les acteurs locaux du secteur. Cet argent sera utilisé pour des investissements dans des entreprises désirant se développer dans ce secteur. Monter une petite usine fabriquant des panneaux de bois à partir des ressources locales en déchets forestiers ou de scieries, développer une activité d'utilisation de la laine de mouton  ou de chanvre dans des rouleaux isolants pourra être subventionné localement. Le soutien a ces entreprises va favoriser l'emploi et l'activité économique.

 

Ainsi, le développement d'une activité économique écologique sera subventionné directement par la taxation écologique, développant l'emploi local et évitant le recours à des matériaux polluants, venant de pays où les normes sociales et environnementales sont catastrophiques.


La fiscalité environnementale, sous la forme de contributions incitatives, comme celle que nous venons de présenter ici, constitue à la fois une manière d'accélèrer la transition écologique mais aussi une manière de lutter contre les ravages d'une globalisation économique qui détruit l'emploi et freine la croissance.

(*) Pour des chiffres précis sur ce bilan environnemental, il faut se référer à l'ouvrage de S Courgey et JP Oliva "l'isolation écologique" (éd Terre Vivante) et à la base de données de référence Baubook.

 

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28 mai 2012 1 28 /05 /mai /2012 06:36

 

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Patricia a changé d'existence. Sa qualité de vie s'est améliorée. Voici pourquoi. Patricia a acheté un  appartement en mauvais état dans un vieil immeuble du quartier Saint-Pierre à Marseille. Avec son compagnon, elle l'a retapé et s'est construit un nid à son image. Mais un appartement reste un espace clos. Il fallait à l'énergie de Patricia de nouveaux horizons, de nouveaux enjeux.

 

Elle les a trouvé en montant sur son toit. En effet, son immeuble a la particuliarité de possèder un toit plat de 200 m2. Sur celui-ci, accessible par un escalier, on a installé -il y a longtemps- un étendoir à linge, le reste de l'espace reste inoccupé.

Patricia est devenue présidente du conseil syndical de l'immeuble de 4 étages et seize appartements. Elle va consacrer ses qualités relationnelles à fédérer les énergies des habitants autour de l'occupation du toit.

Sur 100 mètres carrés, la moitié de la surface du toit, on va installer des capteurs photovoltaïques. Ceux-ci vont fournir le quart de la consommation électrique de l'immeuble l'hiver, la moitié l'été, hors chauffage. Cette installation va avoir un autre avantage : obtenue grâce à un prêt bancaire de longue durée, elle dégage des bénéfices qui vont permettre de baisser les charges des copropriétaires de l'immeuble. Dès lors, les habitants regardent leur toit d'un autre oeil et vont pouvoir accepter d'autres projets.

L'objectif suivant de Patricia concerne la convivialité. Elle fait réaménager l'espace étendoir de 50 m2 pour en faire un espace terrasse : tables et chaises, barbecue solide, et, à terme, un grand parasol amovible. Si on habite l'immeuble, on peut réserver le lieu le week-end, pour des soirées ou des repas le midi. La terrasse retrouve sa fonction d'étendoir à linge la semaine. 

Tous les premiers vendredi du mois, on fait une soirée collective où chaque habitant de l'immeuble peut venir. Ces temps de partage sont importants car ils vont améliorer les liens de voisinage et créer des solidarités entre copropriétaires.

Il reste 50 m2 à occuper. C'est Diallo, immigré d'origine malienne, à la retraite, voisin de palier de Patricia qui leur a trouvé une fonction. Diallo a une passion inassouvie : le jardinage. Avec l'accord du conseil syndical, il installe sur cet espace, un jardin potager: tomates, salades, radis, concombre... Diallo déploie son talent et fournit ses voisins en légumes frais. Il a disposé,  sous les capteurs solaires, un lombricomposteur qui recycle tous les déchets organiques des habitants.

Patricia a d'autres projets: sur le toit de l'escalier qui permet de monter sur la terrasse, elle veut placer un réservoir d'eau pluvial qui récupére toutes les eaux de la terrasse. Cet eau pourra servir à arroser les légumes de Diallo et à alimenter -à terme-  les chasses d'eau des WC de l'immeuble.

Enfin, Patricia espère qu'un autre projet pourra aboutir: la mise en place de micro-éoliennes sur l'extrémité nord du toit. Trois petites éoliennes à axe vertical pourraient être installées, fournissant silencieusement l'équivalent de la consommation électrique de deux ménages de l'immeuble.

 

Patricia, Diallo et leurs voisins habitent un immeuble de Marseille, en apparence banal. Mais -grâce à leur toit plat- leur qualité de vie s'est amélioré. Sur le long terme, en fournissant eau, légumes et électricité, le toit limite les charges et les frais des habitants de l'immeuble. En échangeant déchets, légumes et convivialité partagée, ils ont gagné en qualité de vie. 

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17 mai 2012 4 17 /05 /mai /2012 06:41

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Comment faire coexister la ville et la campagne? Comment fournir de la nourriture aux habitants des villes? Comment créer des emplois nouveaux et participer ainsi à la relance de l'économie? Un exemple précis avec une ferme urbaine installée sur les toits des immeubles.

 

Résidence les Cédres, Marseille, mars 2019, un vendredi:

Yasmina Dupont est une charmante jeune femme d'origine franco-marocaine. En sortant de chez elle, ce matin, elle dépose son récipient normalisé personnel devant le composteur collectif. Puis, elle part travailler.

Angélique et Mehdi sont un couple d'horticulteurs urbains, gérant la ferme de la copropriété des Cèdres. En arrivant, comme chaque matin, Medhi se charge de trier les déchets des récipients déposés par les habitants.  Puis, il monte sur les toits de la copropriété pour faire l'entretien des plates-bandes installées sous les serres. Pendant ce temps, Angélique fait le tour des "animaux" de la ferme: le clapier où vivent une cinquantaine de lapins et les 10 ruches installées sur les toits. 

Ensuite, Mehdi et Angélique se mettent au travail pour réaliser l'activité principale du vendredi. Avant de partir en week-end (l'ensemble de la ferme est automatisée pour l'arrosage et la nourriture des animaux), ils doivent confectionner les cent paniers des membres de leur AMAP. Selon la récolte de la semaine, et les commandes particulières de certains des membres du collectif, ils confectionnent les paniers qui sont déposés dans les récipients normalisés de chacun. Puis, les récipents normalisés sont déposés dans les boîtes aux lettres de chaque copropriétaire adhérent.

Fin de journée, Yasmina rentre du travail et ouvre sa boîte aux lettres. Elle y découvre ces trois kilos de légumes et de fruits, le pot de miel et le demi-lapin qu'elle a commandé sur internet pour son ragoût de dimanche. "Tiens, les radis sont particulièrement beaux en ce moment" se dit-elle. Un petit mot d'Angélique accompagne le panier "coucou, Yasmina, je n'ai plus de courges comme tu me l'as demandé, il faut attendre deux semaines, bon week-end".

 

La ferme des Cèdres a été installé en 2016 sur les toits de la copropriété. Elle produit des légumes (tomates, salades, radis, poivrons, concombres, haricots, ...), des petits fruits (fraises, framboises, ...), des lapins et du miel. Elle comporte 700 mètres carrés de serres chauffées par les surplus des ventilations mécaniques des immeubles. Dans les jardins de la copropriété, sur l'emplacement d'une ancienne aire de jeux pour enfants, d'une surface de 400 mètres carrés, a été installé un composteur à quatre compartiments, un lombricomposteur et un clapier automatisé. 

La ferme a des charges très faibles. Elle ne paie ni son eau (on utilise l'eau pluviale récupérée dans la copropriété), ni le chauffage des serres, ni des intrants puisque l'engrais nécessaire aux plantes provient des composteurs et du lombricomposteur. La nourriture des lapins provient aussi des déchets ménagers fournis par les habitants. La litière de ces petits mammifères est utilisée aussi comme engrais. La ferme paie des baux symboliques à la copropriété car il est admis que celle-ci fournit des services utiles au collectif.

L'AMAP des Cèdres regroupe une cinquantaine de copropriétaires et une cinquantaine de voisins proches de la copropriété. Ceux-ci ont droit à un panier, qui varie selon les saisons, quarante semaines par an pour un abonnement mensuel de 40 euros. Ces quatre milles euros mensuels constituent une source régulière de revenus pour Angélique et Mehdi. Mais, elle est complétée par la vente des lapins, du miel et des surplus de légumes. La gestion des commandes se fait directement sur internet.

 

Grâce à l'utilisation du toit de la copropriété des Cèdres, deux personnes ont trouvé un travail pérenne et correctement payé : ils peuvent prendre leurs congés et leurs week-end. Les habitants ont gagné en qualité de vie: une partie de leurs déchets ménagers (les déchets organiques) sont récupérés localement; ils trouvent une partie de leur nourriture sur place, produite de manière biologique. Cette ferme urbaine est aussi une formidable manière d'éviter l'émission de carbone dans l'atmosphère en le stockant dans les déchets et dans la terre. Ecologie, économie et qualité de vie font ainsi bon ménage.

 

source image : écohabitation

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4 mai 2012 5 04 /05 /mai /2012 08:40

 

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Nos toits sont sur nos têtes et on y pense pas. Et si une partie des solutions à nos problèmes se trouvaient au dessus de nous? 

Depuis que les hommes sont sortis des cavernes et se sont construits des habitations, leur première préoccupation a été de se protéger des intempéries. Les toitures ont d'abord été conçu pour les abriter de la pluie. Elles devaient donc être étanches et pentues pour évacuer l'eau.

Il nous paraît donc évident que l'usage de ces toits reste cantonné à cette fonction. Avec le temps, ces toits se sont différenciés et chaque terroir à ses propres usages (toit en ardoise, en tuile canal, ...).

La situation de l'Humanité a beaucoup changé. Aujourd'hui, sur une planète qui court allégrement vers 10 milliards d'habitants, l'artificialisation des espaces naturels devient un phénomène préoccupant: pour la France, elle augmente de 6000 km2 chaque année. Or, en vision aérienne, l'artificialisation regroupe essentiellement des espaces bitumés (transport et stationnement) et des toits.

 

Les nouveaux enjeux environnementaux et la densification des territoires doivent nous amener à reconsidérer les fonctions de nos toitures.  L'installation d'antenne relais sur les toits a été déjà un moyen pour les opérateurs de téléphonie de leur trouver un autre usage. 

A l'avenir, il y en aura bien d'autres. Faisons une revue de détail de ces nouveaux usages.

1-Recueillir l'eau de pluie: Dans le passé, la toiture servait à étanchéifier l'habitation et a évacuer l'eau. Mais l'eau devient une ressource de plus en plus précieuse. On doit donc se donner les moyens de capter ces eaux puis de les stocker.

2-Capter le gisement d'énergies naturelles: Dans le passé, le toit renvoyait l'énergie lumineuse dans l'atmosphère par réverbération. Or, cette énergie du soleil peut être utilisé pour chauffer de l'eau, l'habitat ou produire de l'électricité. Le vent était un risque potentiel dont il fallait se prémunir. Or, il est aussi une énergie qu'il faut savoir capter.

3-Devenir un espace naturel: Dans le passé, le toit était un espace artificiel, constitué de matériaux minéraux fabriqués pour leur capacité à étanchéifier l'habitat.  Recouvert de terre, il va devenir un espace de vie biologique au service de l'homme.

4-Devenir un espace habité: Dans le passé, la toiture était un espace inhabitable, inconnu des hommes vivant dessous. Seuls les oiseaux et les chats en avaient l'usage. Désormais, nous allons en faire aussi des espaces de vie.

Nous sommes en train de découvrir que nos toitures possèdent des ressources et représentent un gisement qu'il nous faut exploiter. Conquérir nos toits, voilà le nouveau Far-West, la nouvelle frontière qu'il nous faut cibler. Nos toits deviennent un potentiel économique qu'il nous faut cultiver.

Pour cela, de plus en plus,  nous allons nous débarrasser de nos toits en pente, recouverts, de tuiles ou d'ardoises. Nous allons les remplacer par des toitures plates, bien entendu étanchéifiés, qui vont avoir de nouvelles fonctions.

A l'avenir, un toit sera un espace organisé avec différents usages:

Chaque propriétaire foncier aura intérêt à récupérer l'énergie passant à proximité de son bien car l'énergie deviendra de plus en plus cher. On y installera donc des capteurs solaires chauffant l'eau, des micro-éoliennes produisant de l'électricité et des cellules photovoltaïques. Une installation individuelle sur une maison (20 à 25m2 de panneaux) produit 120% de la consommation moyenne électrique d'un ménage, hors chauffage, en été en Picardie. En hiver, cela représente 50%. Les mêmes mesures, dans le midi de la France, représente 150% et 80%.

 Devant des espaces urbains de plus en plus denses, l'accès au soleil va devenir de plus en plus rare puisque les ombres des bâtiments vont s'accentuer. Posséder ou partager une terrasse sur les toits, à condition que les bâtiments voisins conservent la même hauteur, c'est profiter du soleil et de la vue pour le bien-être des habitants. 

 

Installer sur les toits de la terre permet d'en faire des espaces biologiques avec des fonctions variées:

-produire des légumes pour les habitants : alors que trouver un bout de jardin devient de plus en plus difficile dans les villes, les toits sont des espaces qui peuvent servir à cela.

Un exemple : Mohamed Hage a créé la ferme Lufa sur un toit d'immeuble de bureaux  à Montréal. Il y a installé une serre gigantesque de 3000 m2. C'est la plus grande serre potagère du monde. Elle emploie 19 personnes et produit essentiellement des tomates, des salades et des fraises. Sa production est vendue à près de 1000 familles du voisinage sous la forme de panier hebdomadaire. Sa serre utilise moins d'énergie qu'une serre traditionnelle puisqu'elle récupère la chaleur de l'immeuble. En retour, la serre facilite l'isolation du bâtiment. La production étant locale, l'économie se fait aussi sur le transport. C'est donc un concept économiquement viable et donc reproductible. 

-participer au maintien de la biodiversité: on sait aujourd'hui que la compartimentation des espaces naturels est un obstacle majeur face à la perte de biodiversité. Pour certaines espèces, des toits végétaux vont constituer des relais limitant cette compartimentation. Déjà, dans les villes, les abeilles ont trouvé des conditions de vie bien meilleures que dans les campagnes.

-installer des jardins d'agrément, décoratif, des espaces de vie, pour le bien-être des habitants.

 

En conclusion, on insistera ici sur le potentiel de ces "nouveaux" espaces. La concurrence pour l'usage des sols fait augmenter le prix des terrains et freine la croissance économique. En investissant ces nouveaux territoires, on va y trouver des opportunités facilitant la relance de l'économie, la réussite de la transition énergétique et l'ouverture de nouvelles perspectives aux hommes. 

 

Pour en savoir plus:    L'immeuble du futur : un écosystème au service de l'homme

 

 

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2 février 2012 4 02 /02 /février /2012 20:35

 

immeuble-grue.jpg

 

La fondation Abbé Pierre a utilisé la même stratégie que Nicolas Hulot, pour le Grenelle de l'environnement, en 2007: faire signer aux candidats son contrat social contre le mal-logement.  Mais les solutions proposées ne sont pas convaincantes.

 

Nicolas Sarkozy veut augmenter les droits à construire de 30%. Derrière l'effet d'annonce, la mesure reçoit un accueil mitigé des professionnels. Ceux-ci ont peur que cette mesure soit perçue comme un effet d'aubaine par les propriétaires fonciers qui risquent de cesser les opérations en cours, en attendant ... d'augmenter leur prix ! Au-delà de ce risque, même si la mesure concerne aussi la rénovation, on sait que la quantité de programmes neufs est limitée par la faible disponibilité foncière et une rénovation qui se fait au rythme de 1% par an: les 30%, appliqués à un petit nombre d'opération, ne devrait pas permettre d'atteindre la quantité  espérée de 500 000 logements  par an.

Le durcissement de la loi SRU qui impose les constructions de logement sociaux par les maires et un plan de rénovation des logements financé par les bénéfices d'EDF sont les solutions de François Hollande. Les effets de la première mesure resteront marginales et la deuxième va se heurter ... aux dépenses faramineuses que va devoir faire EDF, dans les décennies à venir, pour renouveler ou se débarrasser de son parc nucléaire. Là encore, les mesures semblent bien timides et insuffisantes.

La création d'un observatoire des loyers avec des références "opposables" et la création d'une mutuelle qui prendrait en charge les risques locatifs sont des jolis instruments proposés par François Bayrou. Mais là encore, on ne comprend pas bien comment ils vont permettre d'accroître la quantité de logements proposés.

La réquisition de logements vides, l'encadrement des loyers, la trêve des expulsions sont des belles idées défendues par Eva Joly et Jean-Luc Mélanchon. Mais on ne voit pas bien en quoi cela va accroître le parc de logements dramatiquement insuffisants.

 

Toutes ces mesures souffrent des mêmes défauts : elles sont révélatrices surtout de l'idéologie de leurs auteurs: laisser faire le marché ou, au contraire, être répressif envers les propriétaires. Dramatiquement insuffisantes par rapport aux enjeux de la pénurie de logements (il manque au moins un million de logements), ces propositions souffrent aussi de leur inadaptation à un problème particulièrement complexe qui ne peut se contenter de mesure simpliste. Il faut au contraire des idées innovantes et audacieuses qui permettent à la fois de relancer le marché, de contenter les populations concernées et de s'attaquer à d'autres enjeux (la rénovation énergétique, les méfaits de l'étalement urbain).

Faisons donc deux propositions allant dans ce sens:

-le développement de l'habitat léger et de l'auto-construction dans le rural profond. Il existe de plus en plus de populations paupérisées en chômage de longue durée qui décident d'aller s'installer dans un rural profond qui a besoin d'une revitalisation de sa démographie. Pourquoi ne pas prendre des mesures pour favoriser ces migrations?  En assouplissant, dans ces zones, les règles d'urbanisme pour permettre le développement d'habitat léger (Yourte, maison légère en ossature et paille, ...) dans un cadre d'auto-construction favorisé, on répond à des enjeux à la fois d'aménagement du territoire (rééquilibrage ville-campagne) et d'amélioration du cadre de vie socialement juste.

-le développement de la surélévation des immeubles existants. En favorisant ces réhaussements, on facilite la densification urbaine. Il est nécessaire pour cela de changer les règles d'urbanisme et d'autoriser les copropriétés à créer des SCI qui autorise le pilotage de ces extensions. Cela va permettre aux copropriétaires d'être les acteurs d'une extension-rénovation autorisant le financement de la rénovation thermique de l'immeuble existant. En utilisant une fiscalité incitatrice, les propriétaires d'appartements vont devenir les acteurs engagés dans la rénovation écologique de leur habitat. Si les incitations sont efficaces, on peut espérer un effet boule de neige qui va dégager des opportunités très nombreuses de création d'appartements au-dessus des immeubles.

 

Conclusion: les partis politiques ne sont pas capables de faire des propositions audacieuses. Ils se contentent de solutions déjà utilisées ou similaires à celles qui ont été prises. Ce manque d'imagination se révèle inquiétante pour notre avenir.

 

Pour en savoir plus:

Comment se débarrasser de la bulle immobilière?

La surélévation des immeubles est une idée réaliste


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8 janvier 2012 7 08 /01 /janvier /2012 11:03

 

karsavox.com.jpg

 

Les quartiers sensibles voient aujourd'hui le développement d'une économie parallèle. Cela prouve la dégradation sociale de ces habitats et la désespérance de la population qui y vit. L'auteur de ce texte, qui connaît bien cet habitat (*), propose un plan d'action pour faire entrer ces cités dans une économie positive.

 

Changer de regard:

Le filtre médiatique nous fait voir ces quartiers d'une manière très négative. Or, ils recèlent une énergie dormante importante, des diplômés chômeurs qui rongent leur frein, des compétences perdues et, en même temps, une volonté forte d'intégration économique. 

Les rénovations des années 80 et 90 ont entraîné un coup de jeune sur les cités. Elles ont été repeintes, on a dynamité quelques immeubles mais la situation économique est toujours la même : pas d'emplois sur place. 

Nous proposons une stratégie de reconquête économique qui installe des emplois pérennes au coeur de ces quartiers. Cette stratégie comporte quatre volets, interagissant les uns sur les autres. Elle est volontaire, ambitieuse et audacieuse. Certain la trouveront probablement irréaliste. Mais l'excès de réalisme ne mène pas forcément au bonheur de la réussite !

 

1-Revoir la "peau" des immeubles:

L'habitat social date, dans sa grande majorité des années 60 et 70. C'est un habitat mal isolé et dont la conception est dépassée. 

Pour le faire évoluer, nous proposons deux actions complémentaires:

-installer sur les façades sud, ou à défaut est ou ouest, selon les immeubles, des grandes vérandas, des grands balcons ayant au moins 2,5 mètres de profondeur. Construite de préférence avec des matériaux légers, il s'agira en réalité d'une nouvelle pièce. On obtiendra donc une augmentation de la surface de logements qui sont souvent trop exigus, avec une pièce supplémentaire "ouverte" sur l'extérieur. En appliquant les régles du bioclimatisme, ces pièces pourront aussi jouer un rôle dans le chauffage des appartements.

-installer, au contraire, sur les façades nord, une protection thermique extérieure supplémentaire. Cette seconde "peau" ne souffrira pas de ponts thermiques. 

Le résultat économique pour les habitants sera une diminution de leur factures de chauffage.

2-Faire de ces immeubles des producteurs d'énergie:

L'objectif est double: participer à la production du mix énergétique dont va avoir besoin la France de demain; mais aussi faire entrer ces immeubles dans un circuit de production économique dont les bénéficiaires seront les habitants de ces quartiers.

Les immeubles dans les cités ont d'immenses façades et dominent le paysage. On peut donc envisager d'installer des capteurs photovoltaïque sur les façades correctement exposées ou sur certains toits. On peut mettre sur les toits, et le long des façades les plus exposées au vent, des mini-éoliennes. 

Ces équipements seront acquis par les bailleurs avec des prêts à long terme. Car les recettes de la vente de l'électricité seront partagées : une partie remboursera le prêt, l'autre partie sera donné aux habitants. Ce complément de revenus, certes symbolique, donnera du sens à ces équipements pour les habitants.

 3-Comment financer ces opérations?

Dans le contexte économique actuel, il paraît de plus en plus difficile de dégager des capitaux publics pour ces quartiers. Il faut donc envisager d'autres méthodes de financement. En voici deux:

-quand cela est techniquement possible, on peut réhausser l'immeuble et lui rajouter deux ou trois étages en matériaux légers. La vente de ces appartements nouveaux va créer de la mixité sociale et permettre de financer l'installation de la nouvelle "peau" autour de l'immeuble.

-le financement de la rénovation thermique des bâtiments par une fiscalité environnementale originale : les contributions incitatives. Il s'agit de rajouter une petite contribution payée par les propriétaires. Le produit de cette taxe leur sera redonner exclusivement quand ils feront des travaux d'isolation ou de production d'énergie.

4-Installer des activités économiques au sein des cités : l'exemple des fermes urbaines.

Plutôt que de dynamiter certaines tours et barres, transformons les en fermes urbaines. On peut aussi installer ces fermes sur les toits des immeubles. Les avantages de ces activités sont multiples :

-elles fournissent du travail aux habitants (maraîcher, éleveur, vendeur, ...)

-elles permettent le recyclage des déchets organiques des habitants (les représentations courantes font de ceux-ci des personnes peu préoccupées par l'écologie.  Ils ont, il est vrai, d'autres priorités économiques. Mais leur conscience du problème n'est pas moins importante que chez d'autres publics).

-elles permettront aux habitants de reprendre en main leurs destinés et de sortir du fatalisme où ils se trouvent englués.

 

Pour l'opinion publique, l'image de ces quartiers est foncièrement négative. Et aucune piste ne se dessine pour en sortir, sauf à croire en un hypothétique retour de la croissance. Un urbanisme volontariste, comme celui que je propose, permettra de sortir, par le haut, de cette impasse.

De plus, cela permet de recycler des lieux et des espaces, bloqués depuis des décennies, dans une dynamique plus écologique, offrant de réelles perspectives économiques.

 

 

 

 

(*) Il y travaille depuis 20 ans, en contact direct avec les populations.

source de l'image : karsavox.com

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3 décembre 2011 6 03 /12 /décembre /2011 09:58

 

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Dans une interview récente (*), le tonitruant architecte Rudy Ricciotti tire à boulets rouges sur les normes environnementales. A propos du label HQE, il dit: Ce qui est grave, c'est que ces normes sont le résultat de lobbyings industriels et les bureaucrates, l'ombre portée de ce dispositif nécrophage. Prenez l'exemple de la réglementation thermique : elle ne fait que promouvoir davantage de machinerie et de suréquipement. Soufflez plus d'air dans des conduits pour l'aspirer plus est devenu le projet  révolutionnaire et romantique de tout bâtiment public ... L'indifférence générale à cette inflation réglementaire est critiquable mais compréhensible : elle permet de renouveler le champ existentiel de nombreux parasites....

Basta, les normes! j'avais proposé dans un rapport à Jean-Louis Borloo de ne donner comme seule contrainte qu'une consommation maximale d'énergie de 50 kWh/m2/an, pour laisser ensuite les propriétaires ou les constructeurs imaginer des solutions non normatives. Evidemment, on m'a ri au nez. L'inflation réglementaire a pour corollaire l'inflation consumériste.

 

Je souscris complètement à ces propos. Dans un autre article, j'avais pris un exemple qui montrait l'absurdité de ce système de normes.

Ricciotti explique le succès de ces politiques absurdes par le lobbying industriel. Il a probablement raison mais leur développement en France, où le lobbying n'est pas plus important qu'ailleurs, a d'autres causes.

Deux autres acteurs viennent renforcer le succès des normes urbanistiques.

D'abord, le(s) législateur(s). Dans notre pays, celui-ci pense souvent qu'il peux agir sur le réel en imposant des textes de lois précis. C'est une illusion dans de nombreux domaines, et particulièrement dans celui de l'urbanisme, où chaque bâtiment dépend de son environnement, de ses matériaux et de ... la culture et l'histoire de ses habitants. Ricciotti a raison : il faut imposer un seuil de 50 kWh/m2/an et laisser les acteurs urbains trouver des solutions à une situation qui est toujours singulière.

Ensuite, le haut fonctionnaire. Par les décrets, arrêts et circulaires d'application de la loi, celui-ci vient préciser, rigidifier et complexifier le dispositif législatif. Ayant la même maladie que le député, l'ingénieur des ponts et chaussée ou le polytechnicien, est profondément convaincu de sa supériorité intellectuelle et morale. Il ne fait pas confiance au citoyen ordinaire. Il aggrave alors le problème et met l'architecte et  le propriétaire devant des choix absurdes et coûteux. 

Le plus grave, dans ce processus, est la paupérisation croissante de nombreux propriétaires, à commencer par l'Etat et les collectivités territoriales, lourdement endettés. Les normes ne se contentent pas de contraindre, elles ont un coût absurde pour un pays en crise. 

Le raisonnement du personnel politique est, à ce sujet, à courte vue.  Penser que les normes créent des emplois et qu'il faut les maintenir, malgré leur absurdité, pour ces raisons, est une grave erreur. Car l'argent englouti dans cette "tuyauterie" absurde limite les possibilités de rénover rapidement l'urbain existant.

La moindre rénovation est soumise à de nombreuses normes contraignantes. Son coût, devenu astronomique, décourage le propriétaire qui préfère mette son argent dans  un voyage ou l'achat de biens de consommation. 

La conséquence de ce découragement ? La rénovation thermique des bâtiments avance à la vitesse de l'escargot alors que la précarité énergétique s'étend chaque année un peu plus. Ce phénomène participe au ralentissement économique qui devient aussi un ralentissement de la lutte contre le réchauffement climatique. Les normes participent ainsi à la crise généralisée que nous vivons.

Aujourd'hui, le personnel politique, celui qui donne l'impulsion et la philosophie générale de l'action publique, est pleinement responsable de cette situation. La lecture des pages potins, news et petites phrases de vos journaux ou magazines préférées ne sont pas rassurantes sur ce point: le personnel politique consacre 95% de son temps, à faire de la politique politicienne. Il lui en reste 5% pour réfléchir et prendre du recul, c'est bien peu pour trouver des solutions intelligentes à une société qui part progressivement à la dérive emportée par les crises économiques et environnementales qui la menace.

(*) Télérama du 3 décembre

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19 novembre 2011 6 19 /11 /novembre /2011 14:04

 

surelevationgeneve.jpg

 

Daniel Jagline, auteur du blog vers un avenir durable et partagé et fidèle lecteur me fait le commentaire suivant:

"Vous faites du rehaussement des immeubles comme un cheval de bataille, je pense que cette solution semble effectivement très intéressante,mais serait-elle possible et réalisable techniquement dans un nombre de cas significatifs, je crains que nombres de contraintes techniques ne viennent entraver de telles réalisations."

Excellente question car cette idée du réhaussement des immeubles, appelé aussi surélévation, peut sembler un doux rêve irréaliste d'un poète écologiste planant. Je veux donc vous montrer qu'il s'agit, au contraire, d'une proposition sérieuse et réaliste.

 

D'abord, si il s'agissait d'un délire irréaliste, il n'existerait pas d'entreprises qui se lancent dans ce secteur. Or, on commence à voir des cabinets d'architectes ou même des entreprises spécialisées qui proposent ces solutions. 

Ensuite, si il s'agissait  d'un doux rêve écologiste, le personnel politique ne s'en préoccuperait pas. Or, en février dernier, le député socialiste Jean-marie Le Guen proposant 11 mesures pour répondre à la crise du logement, incluait le développement du "foncier aérien", proposant de changer les règles de la majorité  en copropriété afin de favoriser la surélévation.

Depuis 2009, le canton de Genève s'est lancé dans la surélévation, d'un ou deux étages, des immeubles. Cette loi permet de répondre à la pénurie du foncier au bord du lac Léman. On a encore peu de recul sur cette expérience qui doit permettre de construire, sur 5000 immeubles, plus de 10000 logements supplémentaires dans une ville qui compte 250000 habitants.

Techniquement parlant, il est préférable de construire les réhaussements en ossature bois (le bois est cinq fois plus léger que le béton). Si on réalise les murs en béton de chanvre,   on peut espérer monter deux étages supplémentaires. On pourra aussi réaliser ces murs en paille, encore plus léger et rajouter encore un ou deux étages. Ces trois matériaux ont un autre avantage : ils constituent des pièges à carbone stabilisées qui faciliteront la lutte contre les émissions de carbone.

Si on travaille la surélévation pour la rendre autonome du point de vue énergétique (habitat passif, production électrique en petit éolien et photovoltaïque) et en limitant les réseaux (pas de conduite gaz, toilette sèche ...), on limite les surcoûts que peut entraîner la complexité de rajouter des réseaux à un bâtiment plus ancien construit avec des normes moins exigeantes.

Enfin, je défend la présence d'un toit végétalisé pour plusieurs raisons :

-il s'agira d'un nouvel espace de vie, en hauteur, ensoleillé. Il faudra rendre obligatoire la présence d'une terrasse partagée par les habitants. Le reste du toit peut être végétalisé avec une contrainte importante liée au poids de ce type de toiture. La couverture devra rester inférieur à 10 cm d'épaisseur pour ne pas alourdir de manière inconsidérée la surélévation: soit un poids inférieur à 60 kg par m2, équivalent à celui d'un toit en tuile ou en ardoise. 

La végétalisation permet d'améliorer le confort d'été (mais pas le confort d'hiver car l'isolation de la terre est faible). Elle facilite la rétention de l'eau de pluie. Elle permet la création de nouveaux écosystèmes qui ramène la nature en ville.

Conclusion: la surélévation est un des moyens qui permettra de favoriser la densification des villes et de lutter contre la crise du logement. L'exemple de la ville de Genève montre que le potentiel d'augmentation des surfaces bâties permettra de limiter la pression foncière et offrira des possibilités de résorber le déficit de secteurs constructibles.

 



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