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Twitter : @Rcoutouly

Il faut demander plus à l'impôt

et moins aux contribuables

 

Alphonse Allais

 

Outil fiscal

Les contributions incitatives sont des micro-taxes payées sur les activités polluantes. L'argent récolté permet aux plus démunies d'investir dans les transitions écologiques et énergétiques. 

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Un résumé de la pensée de l'auteur sur la crise écologique 
24 août 2011 3 24 /08 /août /2011 16:14

 

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Sur le site fiscalité environnementale, depuis maintenant 5 ans, nous développons des outils fiscaux innovants qui doivent aider les sociétés à trouver des solutions aux crises écologiques et économiques qui les menaçent. Au coeur de cette réflexion, le concept de contributions incitatives est central.

 

Nous voudrions développer, dans cet article, les moyens de régulation que l'on doit installer au coeur de l'action politique dans nos sociétés contemporaines. En effet, la complexité  des sociétés, la capacité d'adaptation et l'efficacité des systèmes d'informations vont croissants rendant rapidement obsolètes les décisions politiques. Les systèmes décisionnels de demain devront donc posséder des mécanismes permettant de faire évoluer l'injonction politique sans avoir à "repasser" par la voie législative ou réglementaire.

Présentons ici les mécanismes imaginés pour le système des contributions incitatives.

 

Rappelons les principes fondamentaux du système fiscal des contributions incitatives. Il s'agit de fiscalité environnementale innovante conçue autour de plusieurs principes que l'on rappellera ici brièvement:

-le produit de la taxe prélevée est intégralement réutilisé au profit d'investissements permettant de changer nos modes de consommation et de vie pour les orienter vers des modes moins polluants et plus durables.

-ces taxations sont très faibles et spécialisées : une taxe pour un problème donné. Elles évoluent en augmentant progressivement.

-le produit de cette fiscalité est entièrement reversé à des acteurs volontaires pour changer de mode de vie et investir dans ce domaine. Ceux sont les notions de communauté d'intérêts et d'auto-contribution.

-cette fiscalité n'a donc pas pour but d'alimenter les caisses de l'Etat, mais de participer aux investissements "verts" nécessaires.

 

Nous voudrions insister ici sur deux mécanismes de régulation, particuliers au système des contributions incitatives, celui de l'équité fiscal et celui de la variabilité des dons.

Les contributions incitatives sont prélevées l'année N pour être redistribuées l'année N+1. Mais leur redistribution, au sein d'une communauté d'intérêts donnée, nécessite des régles précises d'attribution.

L'équité fiscale consiste à faire varier le don fait à chaque acteur volontaire pour investir en fonction de ses moyens financiers. On regardera donc les déclarations fiscales des particuliers ou les résultats d'exploitations des entreprises, sur les cinq années précédentes, avant d'attribuer une aide qui va varier selon les moyens financiers du demandeur. Pour l'installation d'une petite éolienne ou de panneaux photovoltaïque, on aidera de manière conséquente le petit salarié alors que le riche homme d'affaires ne touchera qu'une prime symbolique.

Dans une époque où l'impôt sur le revenu a de plus en plus de mal à jouer son rôle de justice sociale, ce système participera à la réactiver.

La variabilité des dons est davantage originale pour un système fiscal. Il s'agit ici de faire un opération blanche entre les prélèvements l'année N et la redistribution l'année N+1. Comment équilibrer l'un par rapport à l'autre?

On se souvient que c'était un des principaux inconvénients du bonus-malus automobile : rapidement, victime de son succès, ce sommaire ancêtre des contribution incitative avait coûté cher à l'Etat. Les constructeurs et les consommateurs s'ingéniant à être du côté du bonus plutôt que du côté du malus, les pertes financières ont été importantes.

Pour éviter cet inconvénient, nous proposons de faire varier les dons en fonction de la quantité de demandeurs. Comment cela fonctionne-il?

A la fin de l'année N, les demandeurs déposent un projet avec une demande de subvention. A partir du nombre de dossiers remis et des sommes récoltées, le gestionnaire de la contribution incitative détermine le niveau de dons qu'il va faire de manière à équilibrer les comptes. Si des demandeurs renoncent à leur dossier, les sommes économisés sont remis en jeu l'année suivante.

Ce mécanisme a un double intérêt: il permet certes d'éviter des pertes financières à la collectivité, utile en ces temps de disette budgétaire. Mais surtout, il introduit un mécanisme d'offre et de demande dans ce système fiscal. Si de nombreuses personnes sont intéressées parce que une contribution se révèle financièrement trop avantageuse, alors mécaniquement la subvention va diminuer. Au contraire, un projet moins intéressant va solliciter moins de volontaires, qui toucheront alors des sommes plus importantes. 

Sur le long terme, le mécanisme de la variabilité des dons va donc avoir des effets régulateurs qui évitera les effets d'aubaine, limitera les profiteurs indus ... et récompensera ceux qui ont su prendre les bonnes décisions au bon moment.

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10 mars 2011 4 10 /03 /mars /2011 22:16

Suite à la publication de l'article  Pour en finir avec la taxe carbone (et passer à autre chose) j'ai eu de nombreux échanges avec des lecteurs, je transcris ceux que j'ai eu avec Antoine Deltour : ils sont très intéressants et révélateurs de la méfiance de nombreuses personnes face à la fiscalité et de leur difficulté à sortir du schéma de la taxe carbone qui a été imprimé dans toutes les têtes. Merci à Antoine Deltour pour ces échanges qui m'ont enrichi.

 

 

 

1)Antoine Deltour: Je trouve ces deux extraits contradictoires : 

 

"la taxe carbone ne sert à rien car le marché s'en est chargé tout seul" 

 

"nous n'avons probablement encore rien vu !" 

 

Rodrigue Coutouly: Je veux dire par là que le marché va continuer à augmenter la taxation du carbone au fur à et à mesure que les hydrocarbures vont augmenter en raison de leur rareté. 

 

Antoine Deltour: C'est bien ce qu'il me semblait avoir compris, mais l'analyse qui sous-tend les mécanismes fiscaux, c'est que le signal prix envoyé par le marché oriente les comportements de manière injuste trop lente par rapport à un horizon de long terme connu. Il s'agit bien d'anticiper une évolution quasiment certaine du marché qui s'annonce très douloureuse. Les prix ont déjà explosé, mais on sait que ce n'est qu'un début. C'est pourquoi, à mon avis, l'évolution des cours jusqu'à maintenant ne délégitime en rien une taxe carbone. Au contraire, elle révèle que la menace est sérieuse et qu'une taxe carbone nous y préparerait.

 

2)Antoine Deltour:  De plus, vous écrivez : "Pour financer ces changements, il faut utiliser la taxation pigouvienne". Mais la taxe carbone n'est-elle pas une taxe pigouvienne ? 

 

Rodrigue Coutouly:: Oui, mais il est dommage que la seule taxation pigouvienne dont on parle soit la taxe carbone considérée comme la seul taxation pigouvienne possible. Il y en a d'autres dont les contributions incitatives que je propose.

 

3) Antoine Deltour: Vous dites que la taxe carbone serait inefficace sans financement d'alternatives. Mais le renchérissement des énergies fossiles induirait un report de la demande qui permettrait un financement de marché des investissements alternatifs, ce qui réduirait le recours à un pilotage d'en haut. C'est d'ailleurs ce qui fait tout l'intérêt de l'internalisation des externalités. Par exemple, s'il devient (beaucoup) plus cher d'utiliser la voiture que le train, on préférera prendre le train. Il n'y aurait alors pas besoin de concevoir de systèmes kafkaïens pour financer le rail, la demande seule justifiant les investissements. 

 

Rodrigue Coutouly:non, car le problème provient de la nécessité d'anticiper sur les futurs problèmes que nous allons rencontrer, les prix des consommables peuvent augmenter très rapidement sans que nous ayons prévu les infrastructures écologiques d'un autre modèle de société, il faudra du temps pour les créer. De plus, si on attend que nous soyons ruiné par l'augmentation des prix du carbone pour agir, il y aura encore moins d'argent pour créer ces infrastructures. Autrement dit, le marché va certes créer la nécessité de changer de paradigme sans offrir les conditions d'installation car les investissements alternatifs ne seront plus là.

 

Antoine Deltour: En effet, mais la taxe carbone génère des recettes, elle est donc globalement neutre sur le niveau de la demande. Je ne suis personnellement pas favorables à ce qu'elle ne serve qu'à des investissements décidés d'en haut. En revanche, si elle est redistribuée uniformément, le consommateur moyen n'y gagne rien, celui qui émet beaucoup y perd, et celui qui est "vertueux" voit sont pouvoir d'achat pour des alternatives augmenter.

 

Rodrigue Coutouly:Dans le mécanisme des contributions incitatives, il ne faut surtout pas que la redistribution soit uniforme, elle est faite uniquement quand les acteurs font l'effort d'investir dans des technologies propres. Je vous renvoie à mes articles suivants sur ce mécanisme : Qu’est ce qu’une contribution incitative ? . et  L'auto-contribution, une autre forme de fiscalité environnementale

 

4)Antoine Deltour: Effectivement le climat ne doit pas occulter les autres enjeux. Mais je doute qu'une approche globale soit satisfaisante. Premièrement parce qu'une taxe efficace est une taxe simple, mais aussi parce que pour la préservation de la biodiversité ou pour le bio (par exemples) je pense qu'il faudrait avoir recours aux outils réglementaires plutôt que fiscaux. Si le bio est si vertueux, pourquoi ne pas le rendre progressivement obligatoire ? Si tel espace abrite une espèce menacée, pourquoi ne pas tout simplement interdire son artificialisation (plutôt que de la renchérir) ? 

 

Rodrigue Coutouly:Je suis d'accord mais pour moi, justement, la taxe carbone n'a rien d'une taxe simple car elle est trop globale, son application est donc très complexe et entraînera de multiples résistances. Des taxes plus simples pour lesquels les acteurs concernés auront un retour immédiat de leurs décisions serait préférable et cela s'appelle des contributions incitatives.

 

Antoine Deltour:Enfin, le principal atout de la taxe carbone est qu'elle est adaptée aux émissions diffuses, pour lesquelles on peut difficilement concevoir un mécanisme efficace de type "cap and trade". C'est une solution "faute de mieux" qui présente le gros désavantage que rien ne garantit qu'elle permette d'atteindre les objectifs d'émissions (contrairement au "cap and trade" qui détermine à l'avance le niveau d'émissions mais garde pour inconnue le coût économique). Il semblerait qu'avec les TEQ, les britanniques aient résolu ce problème : http://decroissance.blog.lemonde.fr...

 

Rodrigue Coutouly:Je vous remercie pour cette source, je ne connaissais par les TEQ et je vais creuser la question mais mon premier sentiment est négatif car cela nécessite une approche totalisante du problème qui me semble encore plus difficile à mettre en place : la taxation pigouvienne rencontre en effet de multiples résistances: une approche totalisante va entraîner de multiples résistances qui vont la rendre inapplicable dans une société démocratique. Or, ce dont nous avons besoin c'est d'une approche pragmatique et réaliste qui soit applicable rapidement.

 

Antoine Deltour: Oui, je suis l'auteur du commentaire sous le pseudo "Donatien" sous l'article en question, je suis aussi très sceptique sur la capacité des démocraties à accepter un tel mécanisme qui a plus ou moins la forme d'un rationnement.

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13 février 2011 7 13 /02 /février /2011 14:48

 

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Mercredi 16 février 2011, on verra sur M6, dans l'émission "Capital Terre" un documentaire qui va faire du bruit. "J'achète, je jette : comment consommer sans piller la planète?". Sur Arte, le jour précédent, "prêt à jeter" aborde le même sujet.  Le concept industriel de l'obsolescence programmée est au coeur de ce processus, celui qui a inventé les bas Nylon "qui file" car, auparavant ils duraient une année ! Vive l'auto-destruction qui permet de continuer à vendre et à gaspiller les ressources de la planète!

 

Comment en sortir? Chacun comprend qu'on n'y arrivera pas sans un minimum de volontarisme politique. Mais dès qu'on parle de cela, tout expert "sensé" sort son joker : la concurrence mondiale ne le permettra pas ! Allez vous rhabiller ! Y a rien à voir !

 

Et si on pouvait agir ? Et si on pouvait le faire en valorisant l'économie de nos propres pays? En développant l'emploi? Démonstration.

 

Première étape : dans une catégorie de produit donnée (prenons l'électro-ménager par exemple), il est crée une taxe supplémentaire sur l'obsolescence des machines. Rassurons-nous, il ne s'agit pas d'une lourde taxe dissuasive mais d'une petite contribution de l'ordre de l'éco-participation (1% du prix du produit par exemple).

Deuxième étape : le produit de cette contribution est récolté et attribué à un fond "obsolescence" géré par la caisse des dépôts. Ce fond servira à valoriser l'élaboration, la construction et la vente de machines ayant une durée de vie minimum de 10 ans (ou davantage).

 

Troisième étape : la moitié des ressources du fond peut être utilisée pour investir dans des usines et des entreprises qui fabriqueraient des appareils électro-ménagers pourvus d'une garantie de 10 ans (pièces et main d'oeuvre). L'entreprise s'engage à intervenir gratuitement auprès de l'acheteur pendant cette période. Ces entreprises développeraient des emplois soit dans l'industrie électro-ménager soit dans la réparation et la maintenance. Les constructeurs seraient dans l'obligation de sortir de l'obsolescence programmée pour tenir ce cahier des charges.

 

Quatrième étape : l'autre moitié du fond sera utilisé pour subventionner par une prime à l'achat, ces appareils disposant d'une garantie longue. Cette prime sera variable selon les années de manière à ne pas mettre le fond en déficit. Cette méthode permet aussi de réguler les tensions entre offre et demande.

 

Cinquième étape : la petite contribution d'1% évolue. Elle augmente progressivement d'années en années d'une manière prévisible et connue. Avec cette méthode, les entreprises et les consommateurs peuvent anticiper et adopter des "comportements rationnels". Au fur et à mesure, il devient de moins en moins intéressant d'acheter puis de jeter, pour le fabricant comme pour l'acheteur.

 

Conclusion : le processus décrit ici, celui des contributions incitatives, n'a que des avantages. Il n'impose pas de réglementations pointilleuses qui seront toujours contournées de toute façon. Il ne coûte rien au budget de la Nation. Il entraîne la création d'emplois. Il peut se reproduire à l'infini dans tous les secteurs de la vie économique, limitant à chaque fois les gaspillages, faisant faire des économies à tous. 

Ce processus que je décris a pour objectif de rallonger la durée de vie des produits. On aura intérêt à coupler l'exigence des garanties longues à celle  du Cradle to Cradle, du recyclage à l'infini des précieux composants d'un produit. La contribution incitative devra répondre à ces deux exigences. 

Si nous voulons sortir de la désespérance actuelle de nos modes de vie, nous n'avons pas d'autres solutions, au-delà de nos choix individuels, de mettre en place un volontarisme de l'action publique qui valorise les comportements vertueux en matière d'écologie.  On espère avoir montré ici que ce volontarisme n'est pas synonyme de coût supplémentaire et de perte de productivité, bien au contraire.

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11 décembre 2010 6 11 /12 /décembre /2010 11:30

Re-édition d'un article de mai 2009:  Détail, point par point, d'une contribution incitative précise, avec chronologie détaillée de sa mise en place.

 

 Objectifs de la contribution incitative réseau TGV :

— développer plus rapidement le réseau TGV à l’échelle de l’Europe

— réduire les consommations de kérozène et les émissions de CO2 par la réduction des liaisons aériennes qui sont, ou seront, doublées par des lignes TGV

— préparer, à l’horizon des vingt prochaines années, la reconversion des compagnies aériennes vers le ferroviaire, en prévision des pénuries annoncées en hydrocarbures dans les décennies à venir

Etape 1 : le parlement français vote la loi première sur la contribution incitative réseau TGV. La loi contient deux articles :

art1 : il est crée une contribution incitative pour développer les réseaux TGV au détriment des liaisons aériennes continentales. Cette contribution est prélevée sur le transport aérien de passagers et servira à développer les infrastructures et l’exploitation des lignes TGV. Elle sera mise en place à partir de (suit une date précise)

 

art 2 : il est crée un comité de pilotage chargé de sa mise en place.

Etape 2 : le gouvernement français désigne l’homme politique chargé de présider et d’animer ce comité de pilotage. Ces membres sont, à part sensiblement égal, issus de quatre milieux différents : 
— des élus de la République 
— des représentants des entreprises du secteur concerné (SNCF, réseau ferroviaire, compagnie aérienne, autre acteur du transport de passager) 
— des membres de la société civile (syndicat, milieu associatif, dont association d’usager, de consommateur, écologiste, collectif, etc...) 
— des scientifiques, des universitaires dont les travaux ont un lien avec cette contribution. Ce comité de pilotage se met au travail dans une démarche proche de celle du Grenelle de l’Environnement, et fait des propositions.

Etape 3 : à partir de ces travaux, le gouvernement puis le parlement construisent une nouvelle loi, la loi deuxième sur la contribution incitative TGV. La loi précise l’assiette de cette contribution, la manière dont elle va être prélevée, dont elle va évoluer, le mécanisme de redistribution de cette contribution, les bénéficiaires...

Etape 4 : la loi passe en application. Dans le cas qui nous intéresse, voilà ce qui se met en place. Une contribution d’un centime d’euro pour 10 km par passager est mise en place (soit environ 0.80 euro pour un billet Paris-Marseille). Cette contribution s’applique pour toutes les liaisons aériennes sur le territoire métropolitain (sauf la Corse donc). Elle est comprise dans la taxe d’aéroport.

Les évolutions sont déjà prévues : révision tous les deux ans, doublement de la contribution pour les liaisons où existent une liaison TGV, et une centime supplémentaire pour celles où elles n’existent pas. Le différentiel ne cessera d’augmenter. Par exemple, pour Paris-Marseille, on aura l’évolution suivante : 0.80 euro l’année 1, 1.60 euro l’année 3, 3.20 euro l’année 5, 6.4 euro l’année 7, etc... mais pour un Marseille-Toulouse, on aura 0.60 l’année 1 puis 1.20 l’année 3, 1.80 l’année 5, 2.40 euro l’année 7, etc...

Ce principe de tarification augmentera le différentiel entre les deux cas de figure, rendant le TGV toujours plus concurrenciel par rapport à l’avion, au fur et à mesure de l’évolution de la contribution. Mais la contribution demandée sera, au début, très faible.

Etape 5 : la première année, la contribution se met en place, l’argent récolté est placé sur un compte dans un organisme bancaire public (la caisse des dépôts par exemple). La deuxième année, cet argent est utilisé presque exclusivement pour développer les réseaux TGV, soit pour investir dans de nouvelles lignes, soit pour équiper le réseau de nouvelles rames à exploiter. Cet argent est utilisé de la manière suivante : soit il est utilisé comme de l’argent public pour doper l’investissement public dans l’agrandissement du réseau TGV, soit les compagnies aériennes, qui ont récolté cet argent auprès de leurs clients, l’utilisent pour investir, sous la forme de l’actionnariat, dans le réseau ferré ou dans l’exploitation de celui-ci (démarche d’auto-contribution).

Etape 6 : la mise en place est d’abord franco-française. Mais au bout de quatre ans, il est prévu que la contribution soit mise en place pour les liaisons aériennes avec les autres pays d’Europe. Rapidement, la Catalogne décide de rejoindre la contribution réseau TGV, elle applique, elle aussi, cette contribution, avec un décalage dans les tarifs correspondant aux années de retard de son entrée dans le dispositif. Dès son entrée, les contributions de la zone France-Catalogne sont redistribuées pour le réseau de l’ensemble de cette zone : le TGV reliant Barcelone à Avignon se met en place plus rapidement. Les compagnies aériennes des autres pays font pression sur leur gouvernement espérant que leur entrée dans "la zone TGV" facilite leur conversion à ce marché porteur, en plein développement.

Le comité de pilotage : mis en place par la loi première, son travail ne se limite pas à la préparation de la loi deuxième, il reste en place ensuite, pour répartir l’argent des contributions, piloter l’agrandissement des réseaux, en lien avec les politiques. Il est doté d’un comité scientifique qui finance des projets scientifiques en lien avec le transport terrestre de passager, à l’aide d’une petite partie de la contribution (5% environ)

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28 novembre 2010 7 28 /11 /novembre /2010 20:55
 Description précise du fonctionnement des contributions incitatives, une solution prônée par l'auteur de ce site, pour remplacer la taxe carbone. Re-édition d'un article écrit et publié en mai 2009.
Il s’agit d’un système de prélèvement et de redistribution de ressources financières, en fonction du comportement écologiquement responsable des acteurs (particulier, entreprise, collectivités publiques). Ce système s’applique à une catégorie particulière de comportement (le transport, les déchets, etc...) et il est géré de manière responsable par les acteurs concernés. La redistribution des ressources financières doit favoriser l’investissement et la recherche appliquée de solutions techniques écologiquement responsable. Ce système est encadré par la loi.
Il s'agit aussi de récompenser ceux qui font l'effort d'avoir un comportement responsable par une incitation financière, financée par les contributions de ceux qui ne font pas d'efforts. 
Il s'agit de contributions et non de taxes, toujours impopulaires et souvent inefficaces, c'est à dire que l'argent récolté sera utilisé (presque) exclusivement et directement au profit des personnes, des collectivités et des entreprises qui feront des efforts environnementaux.
Il ne s'agit pas non plus d'incitations fiscales, qui au-delà de leurs mérites, contribuent à la dégradation des comptes publiques. Il s'agit de redistributions, prenant de multiples formes comme on le verra plus loin, qui s'adressent à tous, sont progressives et qui permettent à chacun, en toute liberté de prendre des décisions en connaissance de cause.
« Je suis un particulier, ou un chef d'entreprise, je choisis de continuer à employer un mode de transport ou de consommation énergétique polluant, mais je sais qu'il faudra en assumer le prix de plus en plus élevé, j'ai eu connaissance des augmentations prévues, qui bénéficieront à ceux qui feront des efforts» ou « je choisis de changer mes habitudes et je sais que je vais récolter financièrement les fruits de mes efforts écologiques ». « Je suis une entreprise, j'ai choisi d'investir et de proposer des services ou des produits durables, je prend le risque de le faire parce que la nation s'est engagée à favoriser leur usage et à aider les entreprises qui iraient dans ce sens. »
Dans cette méthode, il y aura de multiples contributions incitatives précises, délimitées dans des domaines très diverses, et toutes seront progressives. Concrètement, comment cela fonctionne-t-il? Quelles sont les étapes dans la mise en place d'une contribution incitative?
Le parlement vote une loi fixant le principe d'une contribution incitative dans un domaine précis. A la suite de cela, un comité de pilotage se met en place. Il regroupe consommateurs (ceux qui vont financer la contribution ou/et en bénéficier), entreprises du secteur, pouvoirs publics, scientifiques et responsables politiques. Il organise, dans la concertation, l'organisation de cette contribution.
Il est créé une fondation, structure d'économie mixte, chargée de gérer les fonds récoltés et redistribués. Une administration, un ministère, ou une collectivité territoriale, est désigné pour prévoir l'assiette de la contribution, la récolter, organiser la redistribution.
Une fois la contribution mise en place, l'argent récoltée est redistribuée l'année suivante de différentes manières:
-soit ces fonds sont redistribués aux personnes qui ont eu un comportement responsable comportement défini de manière précis   dans la population où a été prélevée la contribution.
-soit ces fonds seront attribués aux entreprises qui, dans ce secteur, proposeront des services écologiquement responsables ou réaliseront des investissements .
-une part minime sera attribuée à l'administration en charge de la récolte et de la distribution (inférieure à 5%)
-une part mineure sera attribuée à la recherche dans le domaine considérée (de l'ordre de 5%).
Pour que cela fonctionne, il faut que la contribution reste faible au début, pour augmenter assez rapidement de manière à constituer à terme un handicap pour ceux qui n'auront pas fait les efforts nécessaires.
Pour en savoir plus:
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14 novembre 2010 7 14 /11 /novembre /2010 22:24

Re-édition d'un article de mai 2009 consacré aux exemples concrets de contributions incitatives.

 

Le développement d’un réseau TGV européen et la limitation du développement du transport aérien en Europe : Une contribution incitative, auprès des usagers de la voie aérienne est mise en place. Elle sert à financer le développement du réseau TGV. Elle est perçue sur les billets d’avion et redistribuée auprès des usagers du TGV et des entreprises participant au développement du réseau ferré à grande vitesse.

Le développement du parc automobile de voitures dites propres (sous réserve d’une définition de voiture propre, notion controversée) : Une contribution incitative est demandée aux acheteurs de voitures neuves traditionnelles, en fonction du nombre de CV, elle sert à la fois à baisser le prix d’achat des voitures propres et à aider les constructeurs automobiles et les fournisseurs d’énergie a développer leurs activités dans cette voie.

La réduction de la consommation énergétique des logements : En s’appuyant sur le nouveau diagnostic de performance énergétique, une contribution incitative est demandée aux propriétaires de logements mal isolés, elle sert à financer l’isolation que d’autres propriétaires ont la volonté d’améliorer.

Les efforts des communes pour développer les modes de transports alternatifs à la voiture : En fonction des efforts réalisés par les communes pour développer les transports en commun, les pistes cyclables, le covoiturage, selon un plan adapté aux spécificités de chaque commune, la dotation globale de fonctionnement de chaque commune est modulée.

Les efforts des particuliers et des copropriétés dans le domaine du tri sélectif : La taxe sur les ordures ménagères est modulée en fonction des efforts réalisés dans le tri sélectif.

Le développement des réseaux de transports en commun : Une contribution additionnelle à la TIPP permet de réduire le prix des tickets de transports en commun et de financer le développement des réseaux.

La production d’énergie renouvelable d’origine électrique : la production d’électricité solaire, éolienne, hydraulique est aidée financièrement par une contribution demandée aux producteurs d’électricité à partir d’énergie fossile.

Le développement de l’aquaculture et la maîtrise des ressources halieutiques : une contribution sur la consommation de poissons pêchés permet le recyclage d’une partie des entreprises de pêche vers l’élevage en pleine mer et la constitution de réserve marine.

la mise en place du ferroutage en France. Celle-ci se heurte à l’importance des investissements matériels à réaliser et à la difficulté à imposer un système contraignant à des entreprises de transports. Celles-ci privilégient la souplesse et la réactivité dans un contexte européen où la France reste une plaque tournante du transport terrestre de marchandises. La contribution incitative pour le ferroutage repose sur le système suivant : elle est perçue aux péages autoroutiers, elle sera très faible au début (quelques centimes par kilomètres pour augmenter progressivement).La majorité de cette argent servira à diminuer les coûts des entreprises de transports qui accepteront de jouer le jeu du ferroutage. Une part importante ira aider aux financements des équipements nécessaires auprès des entreprises concernés (réseau ferré, SNCF et autres entreprises se lançant dans le ferroutage). Le ministère des transports sera le support administratif de la perception et de la redistribution de cette taxe.

D’autres contributions incitatives peuvent être inventées sur le même principe. Ces différents exemples montrent la variété des différents contributeurs et bénéficiaires (usagers des transports, consommateurs, entreprises, collectivité territoriale, copropriétés, etc.) mais aussi la variété des modalités de perception et de redistribution : paiement au péage, paiement à l’achat de biens, dotation par l’Etat aux collectivités, alignement sur des taxes existantes...


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28 octobre 2010 4 28 /10 /octobre /2010 15:44

Re-édition d'un article publié en mai 2009

 

Les contributions présentés dans ce site ont un défaut : elles sont perçues, malgré tout, comme des taxes. L’auto-contribution consiste à rendre sa contribution à celui qui choisit un comportement différent, moins consommateur de CO2. Prenons deux exemples : 
 Une contribution incitative est mise en place sur le transport aérien, elle sert à développer le réseau TGV. Quand une compagnie aérienne met en place sa contribution, celle-ci peut être donné aux investisseurs dans le réseau (Etat, SNCF, réseau ferré de France, etc...), elle peut permettre à cette compagnie d’investir directement dans le réseau TGV en prenant des parts de capital dans les sociétés investissant dans les chemins de fer. 
 une contribution incitative est mise en place sur les transports automobiles individuelles sous la forme de prélèvement sur les péages autoroutiers. Cette contribution sert à augmenter les réseaux de transports collectifs interurbains. Le particulier (ou l’entreprise) qui subit cette contribution, peut décider, à partir d’un certain seuil, et à condition d’avoir pris un système d’abonnement aux péages, de récupérer ces contributions sous la forme d’investissement dans des sociétés investissant dans le transport collectif.

cette démarche est une autre façon de dynamiser le changement de paradigme économique et écologique.

 

Pour aller plus loin:

L'auto-contribution, une forme de fiscalité gagnant-gagnant


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27 octobre 2010 3 27 /10 /octobre /2010 05:44

La fiscalité écologique est-elle incompatible avec la crise économique?

Re-diffusion d'un article publié en mai 2009.


Nous, les convaincus du réchauffement climatique, et de l’épuisement des ressources fossiles, nous, qui savons qu’il faut agir maintenant, nous nous posons la question : Est-ce que cette crise économique n’arrive-elle pas au mauvais moment ?

En baissant le prix du pétrole et en relégant au second plan l’écologie du cercle médiatique, elle repousse la recherche de solutions que nous savons urgente.

Mais cette crise peut aussi relancer le paradigme écologique : à la recherche de la relance, nos élites politiques, intellectuelles et médiatiques, commençent à voir en l’écologie le moyen de faire repartir la machine économique.


Oui, mais quel sera le moteur de ce redémarrage ? L’écologie coûte cher dans un monde où l’argent devient rare. Il faut donc inventer un concept que nous puissions proposer aux élites comme outil, moteur de ce démarrage

La démarche des contributions incitatives peut être ce moteur car elle a toutes les qualités pour cela.


Les contributions incitatives n’ont pas besoin de capital pour démarrer, elles ne ponctionnent pas les Etats qui sont suffisament endettés. Les contributions incitatives permettent aux entreprises, aux consommateurs et aux politiques de se projeter dans une perspective sur le moyen terme. Or, le redémarrage de la machine économique nécessite que les différents acteurs puissent se projeter sur quelques années.

Les contributions incitatives evitent les deux écueils que l’on peut craindre dans les projets de relance économique : la relance uniquement par le marché avec tous les risques de dérive libérale,la relance par les politiques publiques avec tous les risques de rigidité et d’accroissement de la dette publique. Les contributions incitatives font des politiques les pilotes du dispositif tout en laissant le marché inventer en toute liberté les solutions nécessaires.


Un exemple, pour comprendre comment cela fonctionne : l’automobile. On sait que la relance de l’industrie automobile passe par un cahier des charges qui imposent la commercialisation de voitures encore plus propres. Mais comment l’imposer à des industriels et à des consommateurs en difficulté ? Par la réglementation avec ses limites et ses effets de lobbying ? Par la taxation traditionnelle et son impopularité ? Par le bonus-malus qui creuse le déficit de l’Etat ? Aucune de ses solutions ne convenant, il faut en imaginer et en proposer une autre.

Seule la démarche des contributions incitatives peut permettre cette relance écologique : de quoi s’agit-il dans l’exemple qui nous occupe ? Une contribution est demandée aux acheteurs de voitures neuves à partir d’un certain seuil de consommation de carburants (2 ou 3 lites/100km) ou d’émission carbone (40 à 60 gr CO2). Les seuils choisis sont particulièrement bas, nous verrons pourquoi ci-dessous.


Cette démarche des contributions incitatives applique quelques principes-clés : 

-la progressivité: héritée de la taxe carbone inventé par Jean-Marc Jancovici. La contribution augmente progressivement d’année en année, son augmentation est connue pour que tous les acteurs économiques puissent anticiper.

l’équilibre : les sommes récoltées par contributions sont intégralement réutilisés les années suivantes pour favoriser l’émergence de ce type de véhicule. Les premières années pour investir dans la conception de ces véhicules, les années suivantes pour faire baisser le prix de ces véhicules.

-la modestie : parce que la progression de la contribution est connue, elle doit être modeste les premières années. Mais cette modestie a pour corrolaire l’ambition des objectifs que l’on se donne.

 -l’équité : la contribution ne doit pas être payé par certaines catégories et l’incitation récoltée par d’autres catégories. Elle s’applique à une catégorie particulière et c’est le choix de chacun d’être un contributeur (l’acheteur de 4x4) ou un bénéficiaire de l’incitation (l’acheteur d’une voiture électrique)

-l’auto-contribution : en vertu de cette équité, il est envisagable de récupérer sa contribution. Exemple : une entreprise achète des 4x4 mais ses contributions lui reviennent sous la forme d’actions, d’augmetnation de capital pour des constructeurs automobiles investissant dans la voiture propre.

-le pilotage : les politiques créent la contribution par la loi et définissent l’évolution de cette contribution. Mais sa régulation réclame un outil de pilotage, chaque contribution a son comité de pilotage, présidé par un politique, mais comportant des représentants des entreprises, des consommateurs, des associations concernés. Le comité de pilotage fixe, par exemple, chaque année, l’évolution des incitations, de manière à équilibrer contribution (demandée à chaque acheteur de voiture « sale ») et incitation (donnée à chaque acheteur de voiture « propre »).

 -la régulation : les incitations varient chaque année de manière à ce que les contributions de l’année n permettent l’équilibre avec les incitations de l’année n + 1. Decette façon, il n’y a pas d’accroissement de la dette publique comme dans le système du bonus-malus

 -la disymétrie : on peut s’étonner, dans notre exemple, de mettre des seuils particulièrement élevés pour bénéficer de l’incitation (2 ou 3 lites/100km ou 40 à 60 gr de CO2). Mais c’est sur cette exigence que repose le moteur du système des contributions incitatives : des contributions très peu élevées (du moins au début), puisque payées par le plus grand nombre, des incitations élevées puisque peu de consommateurs et d’entreprises voudront ou pourront en bénéficier. Reste d’ailleurs à étudier comme ce modèle de départ évolue en fonction de l’augmentation prévue des contributions et de la variation annuelle des incitations.


La démarche permet la relance pour plusieurs raisons. Les constructeurs ont l’assurance d’avoir un marché qui se développe dans les années à venir. Grâce à l’incitation, ils disposent de capitaux les premières années pour démarrer leurs nouveaux modèles « propres ». La faiblesse des contributions les premières années ne gênent pas la relance sur les modèles actuels. Les consommateurs savent ce qui va se passer et peuvent faire des choix, qui seront , de toute façon, bénéfique pour le renouvellement du parc automobile : soit choisir les modèles actuels, pour échapper à la montée progressive des contributions et, dans ce cas, contribuer aux investissements dans ces nouveaux modèles. Soit attendre l’apparition de ceux-ci et relancer l’économie automobile à terme.


Voilà comment, nous pouvons proposer une démarche politique innovante et bénéficier, et non subir, la crise actuelle. Ce modèle, enrichi depuis deux ans, est complexe et innovant. Or cette complexité assumée renvoie aux complexité des sociétés humaines du XXIéme siècle, sa nouveauté est une exigence indispensable à tout écologiste qui se respecte : il nous faut convaincre mais il nous faut aussi proposer des solutions convaincantes aux hommes politiques.

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22 septembre 2010 3 22 /09 /septembre /2010 09:37

 

TERRE.jpg

Les idées que je défend sur ce blog depuis quelques années commencent à irriguer le débat public : autour du rapport et de l'ouvrage de Tim Jackson "Prospérité sans croissance", autour de l'économiste Daniel Cohen qui, en France, défend ces idées avec convictions et dont j'avais repéré le travail depuis septembre 2009.

"La seule solution est de reconnaître les limites physiques  dans lesquelles nous nous trouvons et de limiter la croissance. La nouvelle théorie macroéconomique que je propose nécessite de réparer le modèle existant." (Tim Jackson) Oui, mais comment limiter la croissance? Comment réparer le modèle existant?

"Il faut décourager la croissance des secteurs qui dégradent l'environnement et encourager la croissance des secteurs qui la respectent". (Daniel Cohen) Oui, mais comment décourager? Comment encourager?

C'est bien tout le problème. Nos spécialistes aussi pertinents et convaincants qu'ils soient ne nous expliquent pas comment faire pour mettre en pratique leurs louables intentions!

Ma conviction répétée  à longueur de pages sur ce site est qu'il faut s'attaquer au coeur du "il faut agir". Il faut réfléchir surtout aux outils, aux leviers dont dispose les pouvoirs politiques, le personnel politique pour peser sur le réel.

Ces outils ne sont pas nombreux dans le monde globalisé et complexe dans lequel nous évoluons. La fiscalité, la fiscalité environnementale, en est un des plus intéressants, des plus impopulaires aussi, un multi-outil dont je ne suis pas sûr que nous ayons utilisé toutes les lames. 

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22 septembre 2010 3 22 /09 /septembre /2010 07:14

 

malus-auto.jpg

Certains de mes lecteurs m'interrogent sur mon opinion à propos  des "coups de rabot" sur les niches fiscales "écologiques"  ou encore de la révision du système de bonus-malus automobile.

Sans me prononcer sur les choix politiques qui sont derrière ces décisions, je tenais à  souligner deux idées:

-La fiscalité environnementale actuelle est davantage un système d'aide aux "bonnes pratiques" écologiques qu'un système de taxation des "mauvais gestes" envers l'environnement. Il ne s'agit donc pas d'une fiscalité environnementale à proprement parler mais plutôt d' une utilisation du ressort fiscal au service d'une politique qui favorise l'environnement.

-les choix qui président à l'évolution du bonus-malus automobile comme aux niches fiscales vertes dépendent de la situation et des choix budgétaires de la France. Ces choix ne dépendent donc pas des problèmes écologiques mais de problèmes de gestion financière des deniers publics. La logique budgétaire n'est pas la logique environnementale, elles reposent sur des cohérences totalement différentes.

De cette analyse découle la proposition suivante : si on veut mettre en place une fiscalité environnementale efficace, il faut absolument la découpler du budget de l'Etat. Il faut, en quelque sorte, que cette fiscalité verte s'auto-suffise.

C'est pourquoi je propose que les taxations écologiques voient  leurs recettes immédiatement et intégralement ré-utilisées dans les investissements écologiques. C'est ce que je défend à travers la proposition d'instaurer des contributions incitatives spécialisées : si il y a bonus sur l'achat de voitures vertes, il doit être financé totalement par le malus prélevé sur l'achat de voitures polluantes.

La multiplication et la systématisation de ces compensations sont de nature à favoriser l'émergence d'une économie verte.  Celle-ci pourrait, secteur par secteur, se nourrir de la redistribution financière que permettrait chaque contribution incitative. Ainsi, on pourrait amorcer une transition économique vers une économie plus respectueuse de l'environnement et reposant sur des ressources renouvelables.

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